jeudi 24 décembre 2009

A geek, geek et demi



En juillet 2002, ARCHOS sort le premier lecteur multimédia de poche couteau suisse: l'Archos Jukebox Multimédia 20.

Excusez du peu: disque dur de 20 GB permettant le stockage et la lecture de fichiers sons aux formats MP3 et WAV, de fichiers vidéo au format DIVX4, de fichiers images au format JPEG et possibilité d’ajout d’un module caméra le transformant en caméscope ou d'un lecteur de cartes d'appareils photos numériques. Cerises sur le gâteau: ce disque dur était reconnu par un PC et pouvait donc faire usage de disque dur externe de capacité non négligeable pour l'époque. Un cordon vidéo vous permettait de le brancher directement sur un téléviseur pour la diffusion de son contenu image, sons et vidéos. Cerise sur les cerises, l’appareil pouvait servir aussi de magnétophone et une entrée externe convertissait directement au format MP3 la source sonore.

L’autre jour, je discutais avec un adolescent qui ne tarissait pas d’éloges sur les performances de l’incontournable IPod du moment, décliné en une foultitude de versions. Sept ans après, pour un prix équivalent de celui de mon antiquité qui fonctionne toujours et fait encore merveille pour mes échanges informatiques de PC à PC: «Nihil franchement nove sub sole ».

On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Pour moins de 100 euros, je me suis déjà fait mon petit cadeau de Noël: un ARCHOS Vision 3 qui tient la dragée haute à la plupart des produits concurrents d’Apple, et en bien moins cher. Écran tactile, contenu multimédia identique, magnétophone, tuner FM et le gadget qui a assommé mon plus jeune fils, un émetteur FM qui permet d’écouter sans la moindre interface ou câble, en voiture sur un autoradio des années soixante, ou sur le transistor de papy, «Petit papa Noël» de Tino Rossi en MP3!

NB: petit conseil de tonton Pierre. N’oubliez jamais d’utiliser un format JPEG classique pour vos photos stockées. Le format progressif est rarement bien traité par les disques durs externes multimédias. Pour en avoir testé un bon nombre, c’est ce que j’ai constaté. Non, l'Archos Juke box Multimédia, ne faisait pas décapsuleur ou tournevis multiple. On entrevoit le vénérable appareil sur une antique application Flash figurant en bordure de blog: "Flash sur la Mansarde".

Archos est une société française créée en 1988 par Henri Crohas (Archos est une anagramme de Crohas). L'entreprise s'est d'abord positionnée sur les décodeurs de télévision (set-up box) et des disques durs externes pour les micro-ordinateurs de marque Amiga, avant de se lancer en 1996 sur les périphériques informatiques fournis en marque blanche pour les grands constructeurs. C'est à la fin des années 1990 que l'entreprise mise sur sa propre marque. Aujourd'hui, elle conçoit, fabrique et distribue un ensemble de périphériques informatiques mobiles, principalement des baladeurs numériques. Portée par la devise « Entertainment your way » (anciennement « On The Go » et avant « Think Smaller ») elle cherche à pousser toujours plus loin l'innovation et la miniaturisation de ses produits.

mercredi 23 décembre 2009

Oups !

Pour conserver cette excellente habitude de faire travailler dans ce blog mes correspondants Internet, une brève de comptoir adressée par l'un d'eux avant les fêtes.

On fêtait le départ en retraite du curé de la paroisse par un souper d'adieu auquel le député maire était convié pour prononcer un bref discours de remerciements. Comme il tardait à arriver, le prêtre décida de prendre la parole pour faire patienter l’assemblée:

«Ma première impression de la paroisse, je l'ai eue avec mon premier confessé. J'ai tout de suite pensé que l'évêque m'avait envoyé dans un lieu terrible, quand celui-ci me confia qu'il avait volé un téléviseur, soustrait de l'argent à son père malade et avait détourné à des fins personnelles de l’argent au sein de son entreprise en plus d'avoir eu des relations sexuelles avec l'épouse de son supérieur. A l'occasion, il s’était même adonné au trafic de stupéfiants. J'étais atterré, apeuré, mais, le temps passant, je compris que l’immense majorité de mes fidèles étaient de braves gens. J'ai vu une paroisse remplie de personnes responsables, avec des valeurs morales en adéquation avec une bonne pratique de leur foi et le salut de leur âme. C’est pourquoi, j'ai vécu ici les 25 années les plus merveilleuses de mon sacerdoce. »

Sur ces mots arrive le député maire qui prend aussitôt la parole. Bien sûr, il s'excuse de son retard et poursuit son discours: «Jamais je n'oublierai le premier jour de l'arrivée du Père dans notre paroisse. En fait, j'ai eu l'honneur d'être le premier à me confesser à lui…»

Moralité : «N'arrivez jamais en retard.»



Une photo jointe au courriel du même correspondant - CLIC

lundi 21 décembre 2009

lundi 14 décembre 2009

Trouvez l'épithète

- Se noyer est une mort affreuse car on meurt à petit feu.
- La Lune est habitée puisqu'il y a de la lumière.
- L'étoile polaire se trouve à la queue du gros ours.
- Dans l'hémisphère Sud, la constellation qui permet de s'orienter est la Croix rouge.

Je me souviens encore de l’époque où Jean-Charles publiait dans le journal Pilote, ainsi que dans "La foire aux cancres", les perles d’élèves de primaire ou de collèges de France et de Navarre. Parfois, il m’arrivait de me demander si certaines d’entre elles n’étaient pas trop belles pour être vraies. Mon dernier fiston, actuellement en CM1, en a déjà pondues quelques unes. Malheureusement, le temps passant, je finis par les oublier. J’ai décidé de publier la dernière en date pour éviter cela.

L’exercice de grammaire consistait à trouver les adjectifs épithètes à apposer juste avant ou après les noms (fort logique pour des épithètes) à partir de phrases les évoquant. Ainsi :

Un champignon dangereux pour la santé de celui qui en consomme = un champignon ….
On pouvait répondre, à mon avis, vénéneux ou toxique.

Un transport qui permet aux passagers de voyager par les airs = un transport ….
Là, je pense qu’on ne pouvait légitimement que proposer aérien.

Un transport qui permet aux passagers de voyager sur la mer = un transport ….
Et là, le fiston qui s’empresse toujours de répondre plus vite que son ombre, à la vitesse à laquelle fonctionne son imagination, a laissé tomber avec sérieux:

« Un transport merdique » …

vendredi 4 décembre 2009

Vous pensez à quoi?




Bon, pour ceux qui ne comprennent, ni l'allemand, ni l'anglais: la confusion de ce pauvre garde-côtes allemand, trop hâtivement promu à un poste névralgique par son collègue, se fait entre deux verbes anglais to sink = couler et to think = penser. "Nous sommes en train de couler" devient alors pour lui "Nous sommes en train de penser" et notre malheureux de demander "... à quoi?", bien entendu. Vous pouvez imager facilement le reste du dialogue.

jeudi 3 décembre 2009

A bon entendeur, Chao


Manu Chao, né Jose-Manuel Thomas Arthur Chao le 21 juin 1961 à Paris, est un chanteur auteur-compositeur-interprète et musicien français devenu une figure majeure du rock ( ? sa musique dépasse les classifications réductrices) français et de la musique latine avec son ancien groupe Mano Negra. Il accomplit depuis plusieurs années une carrière solo internationale à succès et se produit dans le monde entier avec son groupe Radio Bemba.

Sa mère, Felisa, est originaire du Pays basque espagnol et son père, Ramón, de Galice, est écrivain et journaliste à RFI Amérique latine ; Ramón Chao a reçu une formation de pianiste classique en Espagne, puis a obtenu une bourse d'étude de musique classique pour venir à Paris. Ainsi, durant l'enfance de Manu Chao, de nombreux écrivains d'Amérique Latine passeront à la maison, dont certains amis proches de son père comme Gabriel García Márquez, Alejo Carpentier et Juan Carlos Onetti. Manu a un frère de deux ans son cadet, Antoine. Peu après la naissance de Manu, la famille emménage dans la banlieue parisienne (Boulogne-Billancourt puis Sèvres).

L'implication latino-américaine prise par Manu Chao à travers les extraits radios, les thèmes musicaux, les textes et son accent inqualifiable sont telles que beaucoup d'hispano-américains ne savent toujours pas qu'il est d'origine française.


Quand on évoque en musique le métissage des genres, ce n’est pas un vain mot avec notre homme. Cette performance scénique d’énergie pure que présente le clip vidéo du billet associe une faune (le terme ne se veut aucunement désobligeant) luxuriante improbable, à la Kusturica. Le groupe compte en son sein la guitare de Madjid Fahem, la batterie de David (Bourguignon), la basse de Gambeat, les trompettes siciliennes du napolitain Angelo Mancini, déjà présentes sur le disque Clandestino.

Un truc à donner la pêche dès le réveil.


mardi 1 décembre 2009

Le président a une dent contre lui


Vidéo adressée par un correspondant œuvrant dans le conseil juridique. Je doute que le personnage principal de ce clip soit un de ses clients. Ce n'est pas à souhaiter...

Logo Star Wars




Le Logo d'à nous

Le blog-notes de la Mansarde et La Porte dans la Pendule ont été mis à contribution pour la création d’un logo destiné au club sportif, «Triathlon Nancy Lorraine». Après un départ tardif de notre part du à des directives mal comprises – les couleurs imposées et la référence obligatoire à la région en particulier - nous avons fourni un travail commun adressé à mon voisin d’en face, membre du club et participant au concours. La « dead line » a été repoussée de justesse au jeudi de cette semaine. Pour influencer le jury, garantir nos droits d’auteurs et éviter tout plagiat de Phil le filou, le dit-voisin, qui nous ferait passer sous le nez la récompense éventuelle en cas de victoire – une mousse les rats ! – nous publions notre logo faisant foi devant Maître Jonas, Huissier de Justice, de la pérennité de cette création.

Plaisanterie mise à part, cela m’a permis de mettre le nez dans l’outil de conception graphique redoutable qu’est Illustrator. Je connais désormais le millième des capacités nécessaires à sa maîtrise. Cela va me permettre tout de même de me lancer dans la commercialisation de T-shirts avec transferts graphiques que je pourrai vendre sur les plages pendant mes futures vacances et rentabiliser ainsi le séjour!

N.B: nous ne proposons pas le fichier source vectoriel au format .ai pour éviter l'erreur du débutant ! Ce fichier est gardé précieusement au Pavillon de Breteuil à Sèvres à coté du mètre étalon en platine iridié.

N.B2: je signale à Caroline que je m'inscris en "freelance" au projet de conception d'un "flyer" soirée seventies demandé par son école. Oui, je sais, tous les objets ne sont pas en vectoriel pur , la thématique est un brin sixties et la taille de mon affiche est au dessus des chiffres imposés, mais on travaillait comme ça dans le temps, cool my friend, il est interdit d'interdire, take this joint. On constatera le rendu calamiteux du JPG pour ce genre de travail: bavures au niveau du soleil, pour exemple.


Raaah! Notre logo est arrivé deuxième sur une cinquantaine de projets. Le vainqueur:



Mars 2010:

Pour le fun, je propose le lien Flickr où un enseignant de l'IUT Charlemagne de Nancy présente les "flyers" réalisés par ses étudiants sur deux thèmes imposés (soirée 70 et soirée Harley Davidson) devant respecter des consignes qui me sont par ailleurs inconnues. Les appréciations du correcteur sont présentes en commentaires. A noter que ce dernier n'apprécie guère les effets de biseautage... On notera une légère différence entre la qualité de ma conception de butor ayant mis le nez quelques heures dans les logiciels ad hoc et celle des travaux de jeunes pousses maîtrisant déjà avec talent quelques unes de leurs subtilités. Malheureusement, les notes données aux travaux ne sont pas accessibles, histoire de polémiquer un peu !

vendredi 27 novembre 2009

La basse obstinée de Pachelbel


Source Wikipédia

Johann Pachelbel est un compositeur allemand de la période baroque né et mort à Nuremberg: baptisé le 1er septembre 1653 et décédé le 3 mars 1706.

Le Canon de Pachelbel dont le nom complet est Canon et Gigue en ré Majeur pour trois violons et basse continue - en allemand Kanon und Gigue in D-Dur für drei Violinen und Basso Continuo - est l'œuvre la plus célèbre de ce compositeur.

Elle a été écrite en 1677, en pleine période baroque comme une pièce de musique de chambre pour trois violons et basse continue, mais elle a depuis été arrangée pour une grande variété d'instruments. Le Canon était à l'origine suivi par une gigue reprenant le même thème musical, mais cette composition est rarement exécutée ou enregistrée de nos jours.

Ce morceau est extrêmement connu pour les mouvements répétitifs de ses instruments à cordes qui en ont fait un des morceaux les plus utilisés de la musique populaire.

Le canon original est joué par trois violons au dessus de la ligne de basse. Au début, le premier violon joue la première variation. Lorsqu'elle touche à sa fin, il entame alors la seconde variation, alors qu'un second violon démarre lui la première variation. À la fin de la deuxième variation, le premier violon entame la troisième variation, le second la deuxième, le troisième la première, et ainsi de suite. La complexité de la structure du canon augmente vers le milieu du morceau alors que les variations deviennent plus complexes. Après cela, le morceau retourne graduellement à une structure plus simple. Il y a au total 28 variations.

Le nom de "Canon en Ré Majeur" est d'ailleurs relativement inexact car la pièce n'est pas strictement un canon mais davantage un chaconne ou un passacaille. Elle est basée, aussi bien harmoniquement que structurellement, sur un ostinato (ou ligne de basse) de deux mesures. Les accords de cette séquence sont : RE majeur (tonique), LA Majeur (dominante), SI Mineur (tonique parallèle), FA# Mineur (dominante parallèle), SOL majeur (sous-dominante), RE majeur (tonique), SOL majeur (sous-dominante), LA majeur (dominante). Cette séquence (ou davantage de proches imitations) peuvent être retrouvés dans d'autres canons de la musique classique.

Mozart l'a ainsi utilisé dans un passage de La Flûte enchantée (1791), au moment où les trois jeunes garçons apparaissent pour la première fois. Il pourrait s'être inspiré de la séquence que Haydn utilisa dans le menuet de son quatuor à cordes op. 50 nº 2, composé en 1785. Cependant les passages de Haydn et de Mozart ne concordent pas exactement avec celui de Pachelbel : ils divergent en effet tous deux sur les deux dernières mesures.

Le canon de Pachelbel représente peut-être le plus extraordinaire phénomène de reprise dans toute l'histoire de la musique. En une courte période, au début des années 1970, il passa du statut d'œuvre assez obscure de musique baroque à celui d'objet culturel universel familier de tous. Il a été joué en d'innombrables versions, aussi bien en utilisant les partitions et instruments originaux qu'en l'arrangeant pour d'autres instruments ou genres musicaux. Le processus ne semble d'ailleurs pas s'essouffler.

La "popularisation" a certainement démarré avec la parution en 1970 d'un album de l'œuvre par l'Orchestre de chambre Jean-François Paillard. Le canon a également été enregistré la même année, arrangé et dirigé par Karl Münchinger, Orchestre de chambre de Stuttgart. Cet enregistrement est toujours considéré comme l'un des meilleurs jamais effectué.

Le canon fut adapté musicalement pour la première fois dans une chanson pop en 1968 par le groupe espagnol, Los Pop Tops dans "O Lord, Why Lord ?" et par les Aphrodite's Child dans "Rain and Tears". Le fim, L'Énigme de Kaspar Hauser de Werner Herzog, sorti en 1974, fait entendre le Canon, de même que sa bande-annonce.

Il a même été utilisé comme Hymne national de la Russie en 1918 par Alexander Vasilyevich Alexandrov.

jeudi 26 novembre 2009

Margotte et Picasa vont en promenade


Asters - Photo Margotte

Dans la série "les contacts Picasa", je tiens à vous faire partager un lien vers les albums publics de Margotte qui fait ma foi de fort jolies photos de nature de nombreuses régions de France. Je me suis permis de réaliser un diaporama musical PPS à base de quelques unes de ses photos partagées pour les amateurs du genre.





lundi 23 novembre 2009

Cyclopes


Un cyclope très gentil


L’histoire ne retient que les vainqueurs, paraît-il ? Quoi de plus faux en fait, puisque tous un jour ont connu la défaite tout en restant dans l’histoire avec celui ou ceux qui les ont vaincus. Même les héros de la Mythologie ont connu au moins la mort et parfois se sont vus astreints à un châtiment exemplaire après le grand passage. On ne me retirera pas de l'esprit que cette dernière constitue pour le moins une forme de défaite pour le gagnant né.

La destinée d’un compétiteur farouche a toujours quelque chose de pathétique. Même si ce dernier a la sagesse de quitter les feux de la rampe en pleine gloire, c'est plus un aveu caché qu’elle touchait à sa fin que l’affirmation d’un triomphe définitif. Le temps qui passe en aurait fait, quoi qu’il en soit, un jour ou l'autre, un "has been".

Quand on observe les rapports humains, même à l'intérieur d'un microcosme, ils calquent de façon sommaire ceux des animaux dans leurs combats entre dominants et dominés. On a tendance à survendre le rôle, soi-disant, enviable du dominant. Sa vie durant, il use pourtant sa belle énergie à déployer avec constance ses capacités susceptibles de maintenir son leadership. Le reste du troupeau, le plus grand nombre, se cantonne aux rôles d’adulateurs, de courtisans ou d’employés subalternes. Il serait intéressant de savoir qui, au bout du compte, se retrouve avec le bilan énergétique le plus favorable un fin de course: le numéro un qui a du maintenir une vigilance de tous les instants pour conserver son rang ou celui qui a pris régulièrement sur lui pour avaler des couleuvres et manigancer pour rester en grâce ? Pour caricaturer les théories de Laborit, comme dans le film de Resnais, "Mon oncle d'Amérique", on pourrait dire que ces deux extrêmes courent droit aux pathologies psychosomatiques induites par un stress répété.

Le philosophe qui comprend bien que l’individu est un animalcule éphémère, errant un temps infinitésimal à la surface d’une planète perdue dans l’immensité du cosmos, n’est pas mieux loti. Ses réflexions l'amènent vite à se démobiliser vis-à-vis des mots d’ordre prônés par la société à laquelle il appartient. L’hédoniste pensera que le seul mot d’ordre qui puisse tenir la route consiste à vivre le plus agréablement possible la trajectoire qui va de sa naissance à sa mort. Cela ne dégage pas pour autant des idées claires sur les techniques à mettre en œuvre pour y parvenir. Quelles que soient celles qu’il ait choisies, nombre de ses congénères lui mettront bien entendu, volontairement ou involontairement, des bâtons dans les roues durant ses entreprises. Même ayant décidé de se faire ermite et de suivre cette fois Laborit dans son éloge de la fuite en mode outrancier, il risque rapidement de devenir son propre ennemi.

Me voilà donc bien songeur, en plein milieu du gué, avec ma belle philosophie ou psychologie de comptoir. Me reste tout de même la possibilité d’affirmer mes gouts concernant les congénères que j’aime croiser sur ma route. Il est une vertu tombée en complète désuétude. En parler vous fait courir le risque de passer illico pour un individu aimant se vautrer dans la mièvrerie, pour le candide de service, le cucul la praline du canton, l’amateur de guimauve. Parler de bonté humaine est déjà fort suspect. Évoquer la gentillesse vous rend parfaitement suspect et vous ostracise dans l’univers de Walt Disney.

Pourtant... pourtant, je dois avouer que je juge favorablement ceux que je croise à l’aune des gestes qu’ils ont eu à mon égard lorsqu’ils sont sous-tendus par cette vertu qui aide à traverser la vie, le souvenir en tête des petits bonheurs simples et des moments joyeux vous ayant évité de désespérer de la race humaine. Je ne les prends pas pour autant pour des pauvres êtres cantonnés à leur partition de dominés, sachant que d’aucuns affirment que gentil n’a qu’un œil !

lundi 16 novembre 2009

L'optique de Johnny...

Brève de comptoir adressée par un correspondant:

Laetitia demande à Johnny : "J'aimerais faire un cadeau à mes neveux, mais je ne sais pas quoi ?"
Johnny réfléchit et lui dit: "Tu donnes 5.000 euros au grand."
Laetitia : "Et au petit ?"
Johnny (en gueulant) : "Au p'tit qu' 2.000 !"

mercredi 4 novembre 2009

Le singe nu de Desmond Morris


Il est des livres que l’on a prêtés et qu’on estime ne plus jamais revoir. Celui-ci a fait cependant sa réapparition dans ma bibliothèque, bien des années après son prêt. Les nombreuses remarques et les remerciements au crayon figurant sur sa deuxième de couverture, ainsi que les annotations des divers lecteurs sur un grand nombre de ses pages, m’indiquent que de nombreux intermédiaires en ont fait bon usage.

Desmond Morris est né le 24 janvier 1928 au Royaume-Uni près de Swindon, Wiltshire. C’est un zoologiste vulgarisateur et un artiste peintre surréaliste.

Il réalise en 1957 une exposition de peinture faite par Congo, son chimpanzé, avant d'être remarqué comme présentateur pour l'émission Zoo Time dans les années 1960. Également producteur de shows télévisés et auteur de livres de zoologie, son éclectisme n'a pas contribué à sa crédibilité scientifique dans sa présentation animale de l'être humain. Il reste pourtant un précurseur en matière d'éthologie humaine (voire de la sociobiologie humaine), notamment à travers l'ouvrage «Le Singe nu», best-seller de 1967 vendu à plus de dix millions d'exemplaires.

Le teaser des Éditions Bernard Grasset en 1968 :

En tête, depuis plusieurs semaines, de la liste des best-sellers américains (460.000 exemplaires vendus en trois mois), « Le Singe Nu », qui nous vient d’Angleterre, triomphe dans dix-huit pays. La raison de ce raz de marée ? C’est qu’il nous est montré, démontré, expliqué que, loin de descendre du singe, comme on l’affirme et le dément chaque jour, nous en sommes… On sourira, on rira, on s’émerveillera, on se récriera, on s’indignera. Les révélations que Desmond Morris apporte, en particulier sur notre sexualité, paraîtront à beaucoup scandaleuses. Cette enquête aux multiples surprises est menée par un jeune savant réputé qui se fonde sur les recherches les plus récentes et sur des années d’observations. Mais « Le Singe Nu », c’est aussi et surtout, un document captivant dont l’humour a fait dire à Arthur Koestler : « Quand on se regarde dans une glace, après avoir lu ce livre, on ne se voit plus de la même façon. »





J’ai toujours été amusé par cet angle de vision sur les comportements de l’Homme moderne. L'hypertrophie de son prosencéphale le pousse à trouver à l’origine principale de ses actes mythes et transcendance. La provocation doit nous faire remonter encore plus loin et nous contenter de ce fait brut : le but principal de la vie est la conservation de la cellule depuis plusieurs milliards d'années. L’individu, ses états d’âme et le fait de savoir qui va gagner la prochaine Coupe du Monde de football, m’est avis que le sens de la vie s’en bat l’œil.
" Qui suis-je? D'où viens-je? Où vais-je? Pourquoi elle veut pas cette salope? "


dimanche 1 novembre 2009

Valse avec Bachir



Valse avec Bachir (en hébreu ואלס עם באשיר) est un film d'animation documentaire réalisé par Ari Folman et sorti en 2008. C'est une coproduction israëlo-franco-allemande. Le film a obtenu de nombreux prix dans le monde, dont le Golden Globe Award du meilleur film étranger et le César du meilleur film étranger en 2009. Il était en compétition pour la Palme d'Or 2008 et l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2009. Je pense que le jury de Cannes, cette année, est malheureusement passé à coté dans sa distribution des récompenses. Il a peut-être été perturbé par ce mélange singulier des genres que proposait le réalisateur, alliant animation atypique époustouflante, documentaire et travail de mémoire personnel.


Par sa pureté formelle, Valse avec Bachir double son précieux travail de mémoire d'une folle aisance à repousser les limites du cinéma d'animation. Éblouissant.
Vincent Malausa

Ari Folman vient de nous faire un dessin, peut-être même le dessin de l'année. Il vient aussi de tirer un trait définitif, rageur, sur ce que l'on croyait savoir sur la frontière entre la fiction et le documentaire.
Philippe Azoury



vendredi 23 octobre 2009

Seven

Highslide JS
Pour utiliser le terme technique en vigueur: migration hier soir vers Windows Seven.

J’avais fini par m’habituer aux petites contrariétés persistantes de Vista. Des fenêtres qui ouvrent avec des modes de présentation que l’on n’a jamais enregistrés: une fois des icônes de grandes tailles, une fois des petites, une fois des listes. Des sons Windows qu’on finit par ne plus entendre le temps passant, comme le "stong" quand on retire un périphérique USB, même dans les règles de l’art: problèmes connus de compatibilité avec les cartes son. La mise en veille simple qui se transforme en veille prolongée sur un portable quand on est sur batterie alors qu’on a bien configuré le gestionnaire de fermeture. Les anciens logiciels remisés au placard. La définition graphique du fond d’écran qui varie selon la technique utilisée pour sa mise en place. Le petit gadget avec les cadrans d’utilisation du système dont celui de gauche monte régulièrement en flèche et celui de droite indique en continu une occupation copieuse de la RAM par le système. Les mises à jour qui tombent drues...

Le graphisme de l’interface de Vista était quoi qu’il en soit fort réussi avec son mode Aero et la prise en main du système d'exploitation très intuitive et un peu moins pagaille que sous XP.

Le passage à un autre système d’exploitation est souvent éprouvant pour les nerfs dans les heures qui suivent. L’application que vous utilisiez journellement, celle-là et pas les autres, ne fonctionne plus qu’imparfaitement et vous pousse à acheter la dernière version du marché: technique commerciale classique. Et bien, que nenni ! La mise à jour en direction de Seven est longue, certes, pour moi une heure et demie, mais ne nécessite aucunement votre présence. Tout est automatisé jusqu’à l’étape finale des paramétrages classiques obligatoires et de l’entrée de la clef d’enregistrement de la licence.

On fonce bien entendu immédiatement sur les bizarreries antérieures évoquées, pour tester, comme ça, en pensant que tout était peut-être du au concepteur de votre ordinateur : plus rien... tout tourne comme une horloge. Seule singularité, Windows Mail n’est plus présent dans Seven. On vous indique le fait et comment y remédier. Résultat des courses pour moi: juste à importer un carnet d’adresses dans un autre mailer.

Refonte importante et astucieuse de la barre de tâches. L’Aero est toujours présent et devient même Aero Shake et Aero Peek. Resté très gamin, j’adore virer les fenêtres qui encombrent le bureau en secouant celle que je veux conserver ou les rendre transparentes en amenant le pointeur tout à droite de la barre de tâches. La mise en réseau assez galère de Vista est devenue simplissime avec Seven. De nouveaux raccourcis facilitent hautement le positionnement des fenêtres et évitent les redimensionnements laborieux. A noter aussi dans le menu contextuel de la poubelle la disparition de l'option suppression qui m'a fait disparaître plusieurs fois par erreur cette icône du bureau alors que je souhaitais simplement vider la poubelle!

Highslide JS

Le passage à Seven vaut vraiment le coup pour les prudents qui ont conservé XP comme système d’exploitation tout en ayant une machine éligible pour Vista.

L’obsessionnel qui sommeille en moi, et que j’ai évoqué dans un ancien billet, a réussi tout de même, on s’en doute, à planter le système en effectuant ce qui est clairement déconseillé: télécharger des mises à jours facultatives et en particulier la dernière version du pilote de la carte graphique, quand tout fonctionne à merveille. Mode sans échec, dernier point de restauration, sueurs froides et coucouche panier après avoir revêtu mon cilice !

Après utilisation:
- Paint est enfin devenu un outil dessin de base digne de ce nom.
- Présence d'un outil de capture performant pouvant enfin remplacer la touche "Impression d'écran" pour les captures.
- Belle évolution de Windows Media Player en synergie avec Windows Media Center.
- Mise à niveau intéressante des jeux Windows.
- Outils de gravure et de sauvegarde des données moins hermétiques.
- Bonne idée avec l'épinglage possible dans le menu démarrer ou dans la barre des tâches des programmes favoris.
- Bonne ergonomie du centre réseau et partage permettant enfin une bonne compatibilité avec les kits de connexion des fournisseurs d'accès sans ralentissement de l'ouverture des connexions.
- Possibilités de redimensionnement des fenêtres en glissant celles-ci en bordures d'écran.
- Amélioration sensible de la rapidité de certaines applications.
- Windows Live permet enfin de choisir les applications gratuites proposées par Microsoft sans surcharger votre installation en embarquant la totale: Windows Movie Maker est devenu plus ergonomique et à la portée des débutants, Windows Live Mail remplace définitivement Outlook Express. Ces applications doivent être téléchargées et ne sont plus installées d'office.

jeudi 22 octobre 2009

Jardin d'Automne à Nancy

" On devrait construire les villes à la campagne car l'air y est plus pur !"
Alphonse Allais



Photos personnelles

samedi 17 octobre 2009

Postscript, TrueType, OpenType


Les curieux qui ont déjà mis le nez dans le dossier d’installation des polices de caractères ou fontes - en référence aux anciennes techniques d’imprimerie - de leurs ordinateurs, ont sans doute remarqué que plusieurs familles y cohabitaient : pas la même extension de fichier, pas les mêmes lettres sur les icônes.

TrueType est le nom d'un format de fonte numérique créée par Apple vers la fin des années 1980, en concurrence frontale avec le format Type 1 du standard PostScript, développé par Adobe Systems. Comme pour PostScript, les polices TrueType sont définies par des vecteurs grâce aux courbes de Bézier, mais seulement quadratiques, ainsi que par des algorithmes d'optimisation («hinting») sophistiqués. Ceci constituait une avancée importante par rapport au rendu d'images matricielles (ou «bitmap»), car il était possible de synthétiser une police à plusieurs tailles différentes, en atténuant de surcroît le problème du crénelage.

La granulation des pixels pouvant créer des effets optiques indésirables pour certaines petites tailles de caractères, la spécification TrueType admet des indications supplémentaires permettant de les éviter. Celles-ci permettent l'utilisation de techniques que connaissaient bien les concepteurs de fontes depuis que la photocomposition les avaient rendues nécessaires (l'impression au plomb, pour sa part, n'avait pas une précision suffisante pour justifier en son temps l'usage de telles techniques). En revanche, la conception de polices TrueType utilisant les hints est fastidieuse, mais les fontes ne les utilisant pas n'ont pas la même efficacité optique : elles donnent dans certains corps l'impression de « baver ».

Depuis le milieu des années 1990, ces polices sont gérées par une couche logicielle intégrée au système :
* FreeType pour les systèmes libres comme GNU ;
* intégré à GDI pour Microsoft Windows ;
* Suitcase pour Mac OS X.

Ce format a servi de base pour la conception du format OpenType, développé conjointement par Adobe et Microsoft, vers la fin 2002, et reste encore très largement utilisé.

OpenType est un format de fonte numérique pour les ordinateurs, développé conjointement par Adobe et Microsoft.

Annoncé la première fois en 1996, ce n’est qu’en 2000-2001 que les fontes OpenType sont retrouvées en nombre significatif. Adobe a terminé la conversion de toute sa bibliothèque de caractères en OpenType vers la fin de 2002. OpenType a été conçu par Adobe et Microsoft comme successeur des formats précédents de fontes, TrueType (développé par Apple et Microsoft) et des fontes de Type 1 PostScript (créées par Adobe). Il emploie, essentiellement, la structure générale d’une fonte TrueType Windows, mais tient compte des contours TrueType, ou des contours PostScript (stockés sous le format CFF/Type 2).

OpenType a plusieurs caractéristiques spécifiques :

* les fontes OpenType peuvent avoir jusqu’à 65 536 glyphes.
* le codage des fontes est basé sur Unicode et peut être utilisé pour n’importe quel système d'écriture connu d'Unicode, avec un mélange possible entre écritures. Néanmoins, aucune fonte ne comporte tous les caractères Unicode.
* les fichiers des fontes sont indépendants de la plateforme : Windows, Mac OS, Linux, BSD etc.
* les fontes peuvent avoir des fonctions typographiques évoluées, qui permettent le traitement approprié des écritures complexes, et utiliser des effets avancés pour des écritures plus simples, telles que l’anglais.

L’utilisation des fontes est protégée comme celle d’une œuvre artistique.

Sur Windows comme sur Mac OS, l’extension « .ttf » (TrueType Font) a été conservée pour les fontes à courbes TrueType. Les fontes à courbes PostScript utilisent l’extension « .otf ».

Sources Wikipédia.

Mon "dessin" du billet est composé au clavier avec plusieurs variétés singulières de fontes vectorielles. Seul le dégradé d'arrière-plan, le positionnement et le redimensionnement des caractères nécessitent quelques manipulations. Le fichier source, conçu dans un éditeur graphique, supporte ainsi les agrandissements les plus extravagants sans souci. Bien entendu, l’image du blog, au format JPEG, ne peut pas vous en faire la démonstration.

Note: attention! Si la plate-forme de réception des fichiers utilisant les polices ne contient pas celles utilisées par le concepteur, elles devront être remplacées par d'autres présentes sur vos machines par vos applications. A utiliser, donc, avec parcimonie. Pas de problème si le résultat final est un fichier image, comme ici. J'ai constaté cela par exemple au début, sans comprendre le hic, dans des applications Flash utilisant des secteurs de texte non convertis en clip. Ne vous amusez surtout pas à vider des fontes résidentes de votre système, en particulier celles essentielles à vos navigateurs! Effet "space" garanti!

jeudi 15 octobre 2009

Bang, bang !

Dans le but d'éviter la trentaine de pages s’attardant sur un descriptif fouillé des lieux -Balzac en avait le secret et moi la parfaite incapacité - je dirai simplement que la scène avait pour cadre un café de l’ancienne place Royale de la cité des Ducs de Lorraine. Non loin du lieu, se tenait pour quelques jours un important salon du livre. Quelques écrivains s’étaient échappés de la touffeur du chapiteau pour venir s’attabler en terrasse devant un rafraîchissement.

Depuis quelques minutes, un Diogène trentenaire soliloquait au comptoir de l’établissement. Il s’entretenait avec un verre de scotch taiseux. Pour l’alcoolique de service accoudé au bar, je dois avoir la tête du type à qui ce serait pure folie de ne pas s’adresser. Et bien voilà, m’ayant aperçu seul à une table proche, il ne fut pas long à me prendre à parti. Avec une voix de stentor, il se lance dans un pamphlet haineux dirigé contre les écrivains du moment. En cette fin d'après-midi d'automne aux lumières et à la chaleur encore tout estivales, allez savoir pourquoi, il s’attache opiniâtrement à traîner plus bas que terre ses dignes représentants.

- Putain, tous ces plumassiers miteux qui posent comme des paons au milieu de nuées de mouches à merdes attirées par leurs derniers étrons!
- Vous pourriez crier un peu plus fort, lui dis-je, m’étant assis à coté de lui pour éviter d’ameuter la salle. Je pense que tout le monde n’a pas bien entendu votre panégyrique. J’avais une chance sur deux que le gars pète une bouteille sur le coin du comptoir pour me placer le goulot sous la carotide. Non, le type tenant compte de mon conseil, poursuit ses vociférations, cinq décibels au-dessus.

- Quel est le dernier livre qui t’a marqué depuis un demi-siècle?

Ne désirant pas continuer à jouer avec le feu, mon cerveau se met à carburer au propergol. J’accouche illico du premier titre de bouquin qui me vient en tête: « L’étranger » de Camus. Le tribun se fige en statue de sel. Cette fois, je sens plutôt le coup de boule arriver.

- Tavernier, servez la même chose que moi à ce gentleman!

Ouf, la chance du débutant! J’avais tapé dans le mille !

- Ah! Albert Camus: « L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde. Et face à l’absurde, l’une des seules positions philosophiques cohérentes, c’est la révolte ». La salle nous adresse des regards réprobateurs. On va dire plutôt, les consommateurs. Lui, au moins, il n’est pas tombé dans les couillonnades maoïstes de Sartre, même s’il a fait un stage de communisme accéléré avant de les envoyer chier. Et son «Étranger», quel coup de tonnerre dans un ciel serein! Ces cons du salon vous parleraient savamment de sa fameuse écriture blanche. Ni blanche, ni orange Marengo. La nitroglycérine, c’est incolore. Et ces petites bites qui se prennent pour les agitateurs du millénaire, des épées de la littérature, se vautrent dans leurs petits cacas. Meursault se permet de conduire l’absurdité de la condition humaine à son extrémité, le crime d’un inconnu, sans mobile apparent.

Blanc, Meursault, le type ne décollait pas du monde du pinard. Le challenge, avec un poivrot qui vous harponne, consiste à deviner rapidement ce qui l’amène à en vouloir à la Terre entière. Le dépit amoureux, c’est le pronostic facile, la petite cotte qui a pourtant le mérite de vous faire rentrer souvent dans vos mises. Je n’ai jamais eu le goût d'écourter une conversation avec un type bourré. Probablement le chic de vivre dangereusement. En dix minutes de confidences sous désinhibant alcoolique, on en apprend plus qu’un psychanalyste en une centaine de séances. Là, en cinq minutes chrono, j'étais au cœur du complexe: la perte d’une passion adolescente, son premier amour, le vrai, le seul, l'unique, celui que l'on cherche à retrouver sa vie entière, à reproduire, à revivre dans son intensité originelle. Bon, c’est ce qu’il déclamait. Lui conseiller la lecture immédiate du livre d’Alberoni sur le choc amoureux, la passion débutante, n'était pas raisonnable, vu son état d’ébriété avancée et le fait que je n’avais pas la nuit à lui consacrer. Une lecture, cependant, qui vous met rapidement les yeux en face des trous, vous fait comprendre qu'il existe un terreau propice à la germination de ce désordre amoureux en lisière de névrose qu’est la passion amoureuse. Tout le monde cherche à savoir tout au long de sa vie s’il est suffisamment aimable. En fait, le seul intérêt de connaître les circonstances favorables à la germination, c’est d’éviter de voir une quelconque pertinence de son choix d'objet amoureux dans ces moments de la vie à charge dépressive. Pour ce qui me concernait, je pouvais revendiquer mon entrée dans le livre des records de choix à la con dans ce domaine. Je décidai donc de continuer à écouter patiemment son histoire, sans m’engager dans les théories du sociologue italien. À un moment, tout de même, je crus bon de l’interrompre. Je m’adaptai avec la facilité dérisoire du caméléon de commando au style de ses propos.

- Bein oui, elle a fini par te quitter, et t’es le seul à qui une histoire pareille est arrivée. Ce soir, ce serait mieux qu’elle ne te voie pas dans cet état. Tomber sur un pochtron en vrac qui fait le show dans un bistrot, ce serait le saccage des dernières miettes de ta divine idylle.
- Toi, je te remercie de ne pas m’avoir placé le « dix de perdues dix de retrouvées », laissa-t-il tomber avec le vague bégaiement du pochard.
- Oui, au fait, t’en as retrouvé combien depuis? Ample mouvement du bras droit du désespéré.
- J’ai testé tout le panel de ce qui se fait de mieux pour oublier. La Ginette de Prisunic ramassée à la sortie du Chat Blanc avec son caniche qui vient me lécher les couilles pendant que je l’enfourche dans sa chambrette rose anglais. La reine de la Mirabelle, pas sur la bouche à cause du maquillage. Le presque top model chargé à mort en coke qui vomit sa biscotte de la semaine. Un spécimen féminin de la jeune génération étudiante qui ne peut prendre son pied qu’en se faisant sodomiser en coma éthylique dans un confessionnal. La chef de PME surbookée, vite fait, deux coups de lime à l’arrière de la Mercédès la tête coincée sous le volant. La journaliste sadomaso avec un masque en latex et la boule de ping-pong entre les dents. La polonaise aux nichons icebergs qui se signe après chaque gémissement. L’enseignante à lunettes, broutée sous le bureau à la cadence de ses coups de règle sur le tiroir. Et même, l’apothéose, la mère de famille nombreuse, reproductrice aux larges flancs, qui ne prend normalement son pied que dans les réunions de défense pour l’allaitement maternel en sortant un nibard en public pour donner la tétée au marmot.
- Tu as quasiment l’album Panini au complet! Il te manque peut-être la pipe de la grande bourgeoise emperlousée, derrière le tas de foin, au fond de l’écurie, pendant qu’elle se fait prendre par Mirbeau, l’étalon favori de son haras. Ouf, premier sourire de la soirée de mon interlocuteur! T’es peut-être passé un peu vite du romantisme intégriste à la débauche exponentielle, non?
- Et c’est pour ça que je bois, hein?
- Et c’est pour ça que tu trinques, Dorian Gray. Tu sais, il y a aussi l'a défonce aux bonbons Haribo pour monter d'un cran dans la décadence, pour saccager définitivement ton amour moribond. Ta Juliette, elle s’est barrée à temps! Fais moi confiance !
- C’est vrai, je faisais un peu dans l’outrance en fin de parcours.
- Tu m’étonnes!
- Et tu me conseillerais quoi pour mon salut?
- A part l’ermitage troglodyte, je vois pas trop. Mais pour l’heure, un roupillon, ce serait pas mal. Je te raccompagne?
- T’es pas pédé au moins?
- Non, ou je suis passé à coté d’une belle carrière. Et puis, tu sais, je crois qu’ils ont les mêmes problèmes que nous, et bien d’autres encore avec des débiles dans ton genre.
- Je disais ça au cas où t’aurais pu me donner une image de plus pour mon album. Tu sais, j’ai plein de copains pédés qui ont tenté le coup. Mais j’ai vraiment pas l’âme à ça.
- T’inquiète pas pour ton âme, je n’abuserai pas de la situation. J’épouse le même concept que toi. On ne refait pas sa nature.

Le gars se servait de la sexualité comme d’une drogue anesthésiante en sus de l’éthanol. La sexualité qu’on voudrait séparer des sentiments, c’est la bévue. On met en vrac son égo. Cela eut pu constituer "mon" conseil de la soirée, s’il avait été en état de le recevoir. Par chance, le pochard avait réservé une chambre à l’Hôtel de la Reine. Juste la place à traverser. Je confiai le fils de Bukowski aux bons soins du veilleur de nuit qui ne put cacher une pointe de mépris au moment du bonsoir.

Le lendemain matin, en sortant de chez moi pour prendre ma voiture, je m’aperçus que je n’avais plus mon portefeuille. Je l’avais probablement laissé sur le comptoir du Café du Commerce. L’idée d’une arnaque d’un faux ivrogne me traversa un instant l’esprit. Un coup de fil rapide au Café du Commerce confirma la première hypothèse. Ouf ! Une heure plus tard, le garçon de service me signala, après m’avoir rendu mon portefeuille, qu’une cliente avait laissé un mot pour la personne qui viendrait le récupérer. J’en pris connaissance aussitôt: « Pourrais-je vous rencontrer demain dans l’établissement où vous avez eu la gentillesse de prendre en charge Alexandre et de tempérer ses diatribes publiques. Anne Rênal »

Adulateur du trait névrotique qui pousse l’individu à multiplier les situations scabreuses, je la contactai le lendemain matin au numéro de portable figurant sur sa carte. La voix qui me répondit était tout à fait charmante. Anne Rênal s’exprimait avec aisance et savait mettre son interlocuteur à l’aise. Elle m’apprit aussitôt ce que j’imaginais. Elle était bien la fatale qui avait descendu le cowboy en plein vol, il y a deux ans. Je répondis favorablement à son rendez-vous.

- Je porterai frac et chapeau clac, ainsi qu’un hortensia mauve à la boutonnière, pour que vous me puissiez me repérer. Peut-être serait-il préférable de ne pas trop s’attarder sur place au cas où l’amoureux bafoué roderait encore dans les parages?
- Ce genre de tenue ne sera pas nécessaire, même si elle me paraît du meilleur goût. Je vous ai vu l’autre soir au café. Alexandre est reparti à Paris, vous n’avez rien à craindre.

Coquet par nature, j’hésitai tout de même longuement quant à la tenue vestimentaire pouvant convenir à pareil entretien. On juge un homme à la façon dont il est chaussé. Je gardai les chaussures que j’avais aux pieds la veille au soir. C’était les seules potables.

J’avais le nez dans un bouquin, quand une jeune femme, tombée de Vénus et ayant promptement dissimulé son parachute dans son sac à main, arriva à ma table. Le style Joan Fontaine. Un mélange de classe et de beauté naturelle. Une fois de plus, je me trouvais être le héros de la soirée dans cet estaminet. Les regards convergeaient en notre direction. Je conviai la vénusienne à s’asseoir à ma table et accouchai d’une balourdise de gros dragueur car j’avais les neurones en capilotade.

- Je comprends mieux la cause du désespoir d’Alexandre le Grand. J’imaginais juste un autre genre de fatale.
- Monica Belluci, en mieux?
- Une variation sur le thème. Mais je suis plus sensible au type de féminité que vous développez. Mon éducation judéo-chrétienne y est sans doute pour quelque chose.
- Ah bon! J’ai des airs d’icône pieuse?

Plutôt que de m’enliser un peu plus dans les compliments de bazar, je lui demandai alors pourquoi elle avait voulu me rencontrer. C’était une bonne question. En fait je me l’étais posée tout de suite en lisant sa carte, l’avais conservée en tête toute la journée, et l’avais complètement oubliée depuis deux minutes. Elle voulait me dire en face qu’elle était tombée totalement folle de moi dès qu’elle m’avait vu hier soir.

- Comme vous l’avez appris sans doute, Alexandre et moi, nous nous sommes séparés voilà deux ans. Nos dernières rencontres avaient tourné au drame et aux règlements de comptes sordides. Je l’ai aimé follement dès l’adolescence, et l’aime peut-être encore un peu trop. Je serais heureuse que vous me donniez de ses nouvelles. Vous avez eu l’occasion de vous entretenir hier avec lui pendant plusieurs heures.

Destinée tragique que la mienne. Les femmes que je rencontrais adoraient me parler de leurs amours défuntes avec des trémolos dans la voix. En plus des alcooliques, j’attirais irrésistiblement les femmes éplorées.

- Pour être franc, l’état dans lequel je l’ai trouvé hier ne me permet pas de vous apprendre grand-chose. Sauf que ses tirades ébrieuses cherchaient à masquer un profond désespoir sentimental. Rien qui puisse vous étonner.
- J’ai aimé Alexandre pour sa force de caractère, son esprit de décision, et probablement aussi, pour l’image rassurante qu’il m’inspirait. Vaguement paternelle. Un stéréotype. Classique, voire banal. J’ai lâché prise quand cette image s’est délitée.
- L’espèce humaine n’a pas basculé d’un coup d’un seul vers de nouveaux modèles après les écrits de Simone de Beauvoir. Comment imaginer faire table rase aussi facilement de conditionnements féminins entretenus de la préhistoire à un passé récent. Peut-être que vous n’avez que choisir un modèle en creux après l’avoir quitté. Une version d’homme à la Souchon, non?
- Un peu ça. Je vis depuis un an avec un écrivain à la fantaisie et besoins bien éloignés de ceux d’Alexandre. Je l’ai accompagné au Salon du Livre. C’est la raison de ma présence ici pour quelques jours.
- Pauvre de nous qui voyons partir sans nuances nos compagnes, tantôt pour un cow-boy, tantôt pour un Souchon.
- Et vous pensez que c’est plus facile pour nous les femmes ?
- Non. L’époque est trouble. Les repères sont flottants. J’ai cru comprendre qu’Alexandre avait abandonné une carrière de juriste suite à votre rupture et ses états d’âme consécutifs?
- Oui, il avait perdu, à ses dires, la foi sacrée.
- Même sans ça, dur de se prendre indéfiniment pour un représentant de Dieu sur terre appliquant la Justice des hommes dans des affaires ou parfois le seul outil pour trancher est l’intime conviction. Je comprends mieux son amour pour Albert Camus. Après « L’étranger », « La chute ».
- Comment un homme aussi solide a-t-il basculé aussi vite dans le doute absolu, suite à notre rupture?
- Parlez-en à un psychologue. C’est son fonds de commerce.
- J’aimerais trouver les mots pour le convaincre de reprendre le dessus.
- Ces scrupules vous honorent. Moi, je n’ai jamais eu la chance d’avoir un ange gardien qui continue des années durant à veiller sur moi. Qu’est ce qui l’a mis dans cet état l’autre soir?
- Il m’a vu avec mon compagnon. Alexandre écrivait lui aussi à l’occasion avec un certain bonheur.
- Ne me dites pas que vous sortez avec un ancien journaliste qui s’est fait greffer un paillasson sur la tête?
- Non, je ne fais pas dans la figure nationale. Vous avez constaté comment cette simple confrontation avec la réalité a pu le perturber. Il n’est pas alcoolique, vous savez. Vous avez vu Alexandre dans un très mauvais jour !
- Et encore, ce fut surtout en début de nuit. Dans le domaine de la passion amoureuse finissante, les femmes ont plus d’armes en main pour quitter le bateau à temps avant le naufrage.
- Qu’entendez-vous par là ?
- On en revient aux stéréotypes vivaces. Les femmes ont du mal à pérenniser une relation qui consciemment ou inconsciemment leur laisse supposer qu’elle n’aura jamais l’assise suffisante pour garantir la protection d'une potentielle couvée à éclore
- Je n’avais jamais envisagé la chose sous cet angle, mais pourquoi pas? Vous ne me prodiguez aucun conseil salutaire, alors.
- Grosse demande en ce moment sur le produit. Empiriquement, excusez la métaphore, j’ai souvent constaté qu’il faut qu’un clou chasse l’autre pour que ces affaires amoureuses évoluent dans le bon sens. Trouvez lui un objet amoureux de substitution: une femme qui tienne la route. Vu son choix de départ, cela va être coton. Ou mieux, retrouvez son ancien doudou, son « Rosebud » à lui...
- Je ne suis pas directrice d’agence matrimoniale et je n’ai pas accès au grenier de sa mère.
- Et circonstance aggravante, vous m’avez laissé entendre que vous l’aimiez encore un peu dans cette histoire en miroir, plus complexe encore que celle de la chanson «Bang Bang». Peut-être le pressent-il obscurément?
- J’ai pourtant pris mes distances. Vous le constatez, je fais appel à vous pour obtenir des renseignements que pourrait me donner directement l’intéressé.
- Peut-être pas suffisamment encore, c’est comme si vous gardiez le secret espoir de revivre un jour avec lui ?
- Non, on ne rafistole jamais une histoire qui a mal tourné. Revient sans cesse le temps des reproches. Je vous remercie de m’avoir écoutée patiemment. Peut-être dois-je laisser encore un peu plus de temps au temps?
- Sans doute. Vous savez, l’angoisse d’abandon est notre lot commun. À chacun d’apprendre à la gérer.

La jeune femme me regarda un instant dans les yeux, avant de me sourire avec une pointe de tendresse dans les pupilles. Elle quitta enfin les lieus après m’avoir remercié une fois de plus de l’avoir écoutée avec attention.

Je demandai alors au patron de me servir deux scotchs au comptoir.

- Deux! Vous faites des infidélités à votre sempiternel diabolo-grenadine! Un coup de moins bien?
- Servez, servez! Je viens d’accompagner un temps la trajectoire d'une comète. Vous me videz de votre établissement dès que je me mets à haranguer la foule.

Souriant intérieurement de cette histoire à la Nestor Burma, je me récitai en silence le poème de Gérard de Nerval. Dans mon verre flottait entre les glaçons un bon zeste d’autodérision:

Elle a passé, la jeune fille,
Vive et preste comme un oiseau,
A la main une fleur qui brille,
A la bouche un refrain nouveau.
C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait.
Mais non, ma jeunesse est finie,
Adieu, doux rayon qui m’a lui,
Parfum, jeune fille, harmonie,
Le bonheur passait, il a fui.





Note :

Je pars assez souvent d'une chanson pour écrire une nouvelle. Ainsi, celle qui m'a inspiré ici est un peu l’histoire que raconte l’homme au comptoir du café. Vous savez, la chanson de Nancy Sinatra, "Bang bang!", reprise dans « Kill Bill » de Tarantino. Comme, par bonheur, tout le monde ne parle pas encore anglais de nos jours, je me dois de vous donner la traduction française maison, sans filet :

J'avais cinq ans et il en avait six / Nous chevauchions des chevaux faits de bâtons de bois / Il était habillé en noir et moi en blanc / Il voulait toujours gagner la bataille / Pan, pan, il m'a descendue /J'ai heurté le sol / Ce bruit affreux / Mon amour m'a descendue.
Les saisons ont passé, emportant avec elles cette époque / En grandissant je l'ai appelé mien / Il voulait continuer à en en rire et disait/ Tu te souviens quand on jouait / Pan, pan, je te descendais / Tu tombais / Pan, pan, ce bruit affreux / Pan, pan, chaque fois, je te descendais.
La musique jouait et les gens chantaient /Les cloches de l'église ne sonnaient que pour moi / Maintenant il est parti / Je ne sais pas pourquoi / Et depuis ce jour / je pleure parfois / Il n'a même pas dit au revoir / Il n'a pas pris le temps de mentir / Pan, pan, ... mon amour m'a descendue
.

mardi 13 octobre 2009

Se porter comme un pin Bristlecone


Ma passion pour les arbres m'amène à publier, bien que je ne sois aucunement un spécialiste en botanique, ce court billet qui résume la cueillette que je viens d'effectuer sur des sites américains traitant d'une variété de conifère remarquable par sa longévité et ses capacités d'adaptation au climat. Dans le style, anciens emballages de "Malabar": "Incroyable mais vrai."

Le pin Bristlecone, Pinus longaeva (D.K. Bailey 1970) est un arbre appartenant au genre Pinus et à la famille des Pinacées.
Syn: P. aristata Engelmann var. longaeva (D.K. Bailey) Little (Kral 1993).
Noms communs anglosaxons: Great Basin bristlecone pine (Lanner 1983), intermountain bristlecone pine (Kral 1993).

Description
Arbres pouvant atteindre 16 m de haut et un diamètre de tronc de 200 cm. Couronne ronde ou irrégulière. Écorce brun-rouge, fissurée avec d’épaisses écailles irrégulières à crêtes polyédriques. Branches tortueuses, pendantes. Cônes polliniques cylindro-ellipsoïdes de 7 à 10 mm de long, rouge-pourpre. Maturation des graines des cônes en 2 ans.

Répartition
États Unis: Californie, Nevada et Utah. Altitude: 1700-3400 m (Kral 1993). Sur de nombreux sites il montre une préférence marquée pour les sols riches en carbonates (calcaire, dolomite, marbre). Dans les Montagnes Blanches de Californie, par exemple, la limite du bocage Bristlecone coïncide avec une strate dolomite/grès. Les Bristlecones croissent donc à des altitudes remarquablement élevées.

Arbre remarquable
Sur l'arête nord-est du Mont Charleston dans les Spring Mountains proches de Las Vegas au Nevada, pousse un arbre isolé au tronc de 368 cm de diamètre et de 15,8 m de haut (Robert Van Pelt e-mail du 4 février 2004).

Longévité
L’espèce Pinus longaeva est généralement considérée comme celle à reproduction sexuée non clonale possédant le plus d’individus dépassant les 4 000 ans. En raison de son bois résineux et du froid extrême et sec de son habitat, la décomposition du bois mort est extrêmement lente, et sur le terrain de certains peuplements, a des âges supérieurs à 10 000 ans. Cela a permis la construction d'une chronologie continue de plus de 8000 ans qui a été utilisée pour calibrer l'échelle de temps radiocarbone (le taux de production de radiocarbone dans l'atmosphère n'est pas constante dans le temps, d'où la nécessité d’un étalonnage).

Le plus vieux spécimen vivant est un arbre auquel on a donné le nom de "Methuselah" (Mathusalem), étudié par Schulman et Harlan dans les White Mountains, en Californie. Schulman a compté sur cet arbre, en 1957, 4 789 anneaux de croissance. Il pousse encore actuellement et a donc atteint 4 840 ans en 2008. Sa localisation précise reste cependant secrète afin d'éviter tout acte de vandalisme. Un autre, encore plus ancien, surnommé Prometheus a été abattu par erreur en 1964 alors qu'il avait 4900 ans. La raison de leur longévité est due au fait que ces arbres vivent à haute altitude, sous un climat sec et froid en hiver. Ils se sont adaptés en ne se développant que quelques mois par an, ce qui explique leurs formes particulières et leur petite taille pour leurs âges.

Lieux d’observation
L’endroit le plus connu pour voir des Bristlecones se trouve dans la Forêt Nationale d'Inyo en Californie, où l’ US Forest Service entretient un sentier de découverte qui traverse un bosquet de Bristlecones exceptionnel. Dans le parc national du Grand Bassin (Nevada), le National Park Service offre des installations similaires, quoique beaucoup moins remarquables. D'autres lieux célèbres pour voir ces arbres sont: le Bryce Canyon National Park (Utah) et le Cedar Breaks National Monument (Utah).

http://www.conifers.org/pi/pin/longaeva.htm

vendredi 9 octobre 2009

Le placenta, ce grand oublié de la grossesse


L’accouchement ne se résume pas à l’expulsion du bébé. Celle des annexes qui suit, appelée délivrance, signe en fait sa fin véritable. Avec le cordon ombilical, les membranes de l’œuf et le liquide amniotique, le placenta appartient aux annexes fœtales, formations temporaires destinées à protéger, nourrir et oxygéner le fœtus.

Durant les premières semaines de grossesse, l'œuf a vécu grâce aux réserves embarquées par l'ovule à sa maturité. A partir de la fin du premier mois - grossièrement - l'embryon continue à se développer par l'intermédiaire des apports du placenta. C'est une masse de chair en forme de galette ayant l'apparence d'une éponge et contenant de nombreux vaisseaux par lesquels transitent les sangs maternel et fœtal, sans jamais s'y mélanger. Le placenta possède une face maternelle issue de la modification de la partie interne de la paroi utérine appelée caduque utérine basale au niveau du secteur utérin de nidation de l’œuf. On observe, en particulier, la formation de multiples chambres intervilleuses recueillant le sang maternel provenant des artères utérines. La face fœtale sur laquelle s’insère le cordon ombilical est recouverte par les membranes de l’œuf : chorion et amnios.

Le placenta assure tous les échanges entre la femme enceinte et son bébé. C'est une véritable plate-forme vitale. En physiologie, il sera expulsé naturellement avec le reste des annexes dans la demi-heure suivant la naissance . Le disque placentaire a un diamètre d’une vingtaine de centimètres en fin de grossesse. Son nom vient du latin: gâteau, galette.

Iconographie personnelle libre de droits


Les différents rôles du placenta :

Le placenta est:

- Un échangeur de gaz, oxygène maternel et gaz carbonique fœtal, de minéraux et de vitamines.

- Un lieu de passage pour les nutriments (glucides, lipides, protides parfois transformés par des enzymes placentaires pour faciliter leur passage), les liquides (renouvellement de 3 litres d’eau par heure en fin de grossesse), les anticorps maternels pour protéger le fœtus, mais malheureusement aussi certains toxiques (alcool, tabac), médicaments et virus, voire parasites (toxoplasme entre autres après effraction des parois)

- Une glande endocrine qui secrète des hormones. La plus connue du grand public, avec sa fraction beta qui permet de détecter la grossesse dès les premiers jours, est l’hormone gonadotrophine chorionique ou HCG. Il sécrète aussi en grandes quantités des Œstrogènes et de la Progestérone qui assurent la poursuite de la grossesse et la croissance du fœtus après le troisième mois en relai des ovaires. Enfin, l’hormone placentaire lactogène ou HPL favorisant elle aussi la croissance du bébé tout en préparant la glande mammaire à la lactation.

- Un élément de la chaîne des déclencheurs du travail (rôle particulier de la balance œstrogènes-progestérone) avec ceux d'origine fœtale et maternelle.

Pathologies du placenta :


1 - En mauvaise position du placenta peut poser problème au moment de l’accouchement. Normalement il se loge dans le fond utérin, à distance de l'orifice interne du col. Mais il arrive parfois qu'il se greffe trop bas et que des contractions utérines, même faibles, provoquent des saignements. Un des enjeux de l’échographie est de repérer la situation du placenta et la distance séparant sa périphérie de l’orifice interne du col de l’utérus qui peut s’ouvrir, même avant l’accouchement. Si le bord du placenta est proche du col on parlera de placenta bas-inséré.
Le stade le plus préoccupant est le placenta prævia recouvrant empêchant non seulement le passage du bébé, mais pouvant entraîner une hémorragie mettant en péril le couple materno -fœtal. La césarienne devient alors obligatoire.
Ces termes n’ont leur validité qu’à partir de 18 semaines de grossesse. L’augmentation des volumes respectifs de l’utérus et du placenta font que souvent ce dernier « migre de manière relative » et s’éloigne de l’orifice interne du col.

2- L'hématome rétroplacentaire peut compliquer certaines grossesses. Une collection sanguine de plus ou moins gros volume entre le placenta et la muqueuse utérine, liée à un décollement partiel du placenta, perturbe les échanges foeto-maternels et par suite la croissance ou la survie du fœtus. Cette pathologie peut engendrer chez la mère des troubles de la coagulation redoutables s'ils ne sont pas dépistés à temps.

3 – Parfois, au moment de la délivrance, le placenta reste entièrement à l’intérieur de l’utérus. L’obstétricien doit alors pratiquer ce que l’on appelle une délivrance artificielle pour l’extraire manuellement.

4 – L’examen du placenta expulsé permet de constater parfois qu'il est incomplet. L’obstétricien pratique alors une révision utérine pour recueillir dans l'utérus les parties manquantes et vérifier que la totalité du placenta et des membranes peut être reconstituée avec les parties extraites. Les laisser en place ferait courir le risque d’hémorragies en suites de couches, et parfois même au moment du retour de couches. Le placenta dit accreta (qui reste très adhérent au niveau de la caduque utérine) est une forme compliquée de cette pathologie de la délivrance.

5 – Les tumeurs placentaires:
- la môle hydatiforme ou vésiculaire est un œuf pathologique ressemblant à une grappe de raisin . Elle résulte d’un processus à la fois hyperplasique et dysplasique. Elle entraîne un dysfonctionnement des villosités choriales. Elle peut être embryonnée: présence en son sein d’un embryon développé. Méconnue du grand-public, elle se termine par un avortement spontané dans le premier trimestre de la grossesse. Les signes gravidiques, en particuliers les nausées et les vomissements, sont souvent très importants, au point de mettre le médecin sur cette piste, en dehors d'une grossesse multiple. Ce sont les taux très élevés d’HCG sont à la base de ses manifestations majorées. L'échographie précoce la détecte aisément.
- le redoutable chorio-carcinome ou épithéliome est une tumeur maligne métastatique unique en son genre, inconnue chez les animaux. Très rare, une grossesse pour 15000 grossesses dans les pays occidentaux mais 1/3000 environ en Extrême-Orient. Elle peut faire suite à une môle. Le contrôle de la chute régulière jusqu'à disparition des taux d'HCG signe l'évolution favorable.


Que fait-on des annexes après la naissance ?

Des laboratoires pharmaceutiques recueillaient les placentas dans les maternités pour l'élaboration de certaines spécialités, en particulier en cosmétologie. Désormais, ce sont les laboratoires de recherches spécialisés dans les domaine des cellules souches qui sont présentes dans le cordon ombilical lui-même et surtout dans le sang du cordon qui s'en portent acquéreurs en respectant des règles éthiques: Voir ce lien

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Pour aller plus loin

Le placenta humain est chorio-allantoïdien (la circulation placentaire choriale est reliée à la circulation fœtale allantoïdienne), hémo-chorial, discoïde, pseudo-cotylédoné (les villosités sont groupées en amas, séparés par des cloisons incomplètes) et décidual, c’est un placenta qui lors de la délivrance entraîne une partie de la muqueuse utérine, la décidue.
• le placenta est épithélio-chorial chez le porc, le cheval…
• le placenta est endothélio-chorial chez le chien, le chat…
• le placenta est hémo-chorial chez l’homme, les rongeurs, les primates…

La surface de contact restreinte entre la mère et l'enfant, telle qu'elle se présente en cas de placenta discoïde, ne peut être augmentée que par une interdigitation intense présente au niveau des villosités. La forme la plus simple est le placenta lamellaire. En présence de placenta lamellaire les plis sont fins, allongés et interdigités. Chez l'homme on est en présence d'un placenta villositaire, dont la structure est très complexe en raison de son système d'interdigitations (septa). La section séparant deux septa est appelée cotylédon. Toutefois comme dans le cas du placenta humain ces septa divisent incomplètement le placenta, on parle de placenta pseudo cotylédoné.

La circulation placentaire met en commun deux circulations, situées de chaque côté du placenta. Le débit en est élevé: 500ml/min (80% du débit utérin) et est influencé par divers facteurs tels que notamment la volémie, la tension artérielle, les contractions utérines, le tabagisme, les médicaments et les hormones.

La circulation maternelle

Le sang maternel est injecté dans les chambres intervilleuses par les artères spiralées (80-100 mm Hg), branches dérivées des artères utérines et repart par les veines utérines. Les artères s'ouvrent au centre du cercle formé par les villosités crampons, tandis que les veines en drainent la périphérie. Le sang maternel a un débit de 600 cm3/min et a une pression sanguine de 70 mmHg. Il arrive sous forme de jets qui se brisent sur le toit de la chambre intervilleuse où règne une pression de 10 mmHg. Le sang dans la chambre intervilleuse est changé 2-3 fois par minute. La circulation utérine subit des modifications considérables au cours de la grossesse pour satisfaire aux nécessités métaboliques croissantes du fœtus.

La circulation fœtale

Les capillaires des villosités sont reliés aux vaisseaux ombilicaux. Le sang fœtal arrive par les deux artères ombilicales dans les villosités et repart par une veine ombilicale unique! Son débit représente environ 40% du débit cardiaque du fœtus. Dans les artères ombilicales la pression sanguine est égale à 50 mmHg et passe par les ramifications qui traversent la plaque choriale pour arriver dans les capillaires dans lesquels la pression tombe à 30 mmHg. Dans les veines, la pression est de 20 mmHg. Notons que la pression dans les vaisseaux fœtaux et leurs ramifications villositaires est toujours supérieure à celle qui règne dans les chambres intervilleuses. Cela évite aux vaisseaux fœtaux de se collaber.


NB: en raison de leur désaturation chez le fœtus, les artères ombilicales sont en bleu, alors que la veine riche en oxygène est en rouge.

1 artères ombilicales 2 veine ombilicale 3 capillaires fœtaux

Deux liens sources: un et deux


Un lien d'excellente qualité qui peut vous apprendre encore plein de choses sur le placenta