jeudi 26 mars 2015

Kéké l’argot

Fôte d'ortografe dans un ST frog: " Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ! "

Ma minche qu'avait pourtant zoné, quand elle était loupiote, une ou deux berges dans l'neuf cube, pas loin du bitume du bousbir des six-fesses, s’est r'trouvée les mirettes au flaquet en esgourdant la consigne d'arguemuche balancée en lousdé par un jaspineur affranchi : « J'préférerais en talbins », lui avait glissé piano l'apache dans la portugaise qu'elle avait pas ensablée. Faut signaler ici, pas question d’un commerce de châsses qui r'gardent en Champagne si la Bourgogne brûle pas, ou si t'entraves que dalle, d'un trafic de boules de loto qui s'croisent les bras.

J’eus beau m'frotter à l’affranchir en lui tortillant qu’on mettait plutôt les talbins dans son larfeuille que dans son morlingue, elle phosphora quelques broquilles avant d'entraver qu’on lui causait d’persil, version Château-Lapompe va sans dire: artiche, as, aspine, aubert, avoine, balles, beurre, biftons, blanquette, blé, boules, braise, brèles, brique, bulle, caire, carbure, carme, craisbi, douille, faf, fafiots, fifrelins, flouze, fourrage, fraîche, fric, galette, galtouse, ganot, gen-ar, gen-gen, gibe, graisse, grisbi, japonais, love, maille, mornifle, némo, os, oseille, osier, patate, pépettes, pèse, picaillons, pimpions, plâtre, pognon, radis, ronds, sacs, soudure, trèfle, thune… quoi !

P'tit talbin visant à colmater l'jar de la gigolette en la musiquant un brin. Et ça, sans faire tomber cent sacs au toubib, ce qui brancherait fissa dans l'embrouille à la Tontons Flingueurs, hein, la belette qu'est bonne...

Pour éviter au lecteur les pièges du contresens liés au sabir dans lequel sont libellées les lignes qui précèdent, estimant de surcroît qu'il pourrait y être totalement hermétique, je propose derechef et nonobstant une traduction "quasi" littérale:

Ma fiancée, bien qu’ayant séjourné quelques temps en Seine Saint-Denis, et ce, non loin de la rue qui abrite le sélecte établissement des Trois-Sœurs, resta un moment dubitative quant au sens à donner à la réponse que lui fit un collègue suite aux deux options qu'elle lui avait proposées pour acquitter un achat qu'il avait fort obligeamment effectué pour la contenter : « Je préférerais en talbins », lui avait glissé à l’oreille qu’elle a particulièrement fine ce personnage, courtois nous l'aurons compris, mais non dépourvu de malice. Je me dois de signaler au plus vite qu’il n'était nullement ici question d’un commerce présentant l'ébauche d'une dérive louche, ou si vous préférez, une once de transaction prêtant au strabisme.

J’eus beau tenter au moyen d'une formule didactique et alambiquée de la mettre sur la piste du sens précis de sa formule kabbalistique, il lui fallut tout de même quelques minutes pour bien peser toutes les nuances à apporter aux expressions argotiques et à l'arsenal des mots dont il dispose concernant les échanges en numéraire. Un versement en liquide était à l'évidence le vœu le plus cher de son fournisseur. Souhaitait-il s'encombrer de ferraille? C'était en fait le seul détail qui restait à élucider. Le mot sur lequel elle avait achoppé, celui-ci l'avait probablement pioché dans un ancien film "françois" monochrome pour lequel Michel Audiard avait été commis aux dialogues, réputé qu'il était pour les réparties goûteuses dont il savait émailler ses textes. Et d’y aller des moults synonymes qui abondent dans cette langue verte remontant à la Communauté des Gueux, et qui n'ont fait que se multiplier au fil du temps jusqu'à nos jours. Le mot "talbin" désigne avant tout un billet de banque en argot. J'eus pu lui répondre tout simplement cela, me direz-vous? Oui, mais je me serais privé du plaisir de me lancer dans ce petit exercice aidé, entre autres, par mes lectures adolescentes d'ouvrages de Frédéric Dard...

Ce petit billet aura peut-être l’heur de tenir lieu de galop d’initiation au parler des bas-fonds à cette personne de qualité que je taquine avec bienveillance au passage. Cela va sans dire, je n’attends de sa part aucune contrepartie vénale à ce geste qui se veut aux antipodes de pareille arrière-pensée. Nous sommes sans nul doute en parfaite symbiose sur ce point, accorte jouvencelle qui représentez à mes yeux l'indicible quintessence des charmes féminins… 

68 ; ma gerce et son frangegomme en classe dans l'neuf cube

Bonus à la désormais instit pour ses moutards d'CM2 :

LA CIGALE ET LA FOURMUCHE

La cigale ayant bagoulé tout l'été,
En grattant sa guimauve dans les karaokés,
Vira dans la mouscaille et se cailla les miches
Quand l'hiver rallégea, la laissant sans artiche
Pas la queue d'un hareng, ni morcif d'astibloche
Que dalle dans le frigo pour se taper la cloche.
Ne voulant pas clamser, crever la gueule ouverte,
Elle fila aussi sec chez fourmuche s'entremettre:
« T'aurais pas ma frangine un restant de tambouille
Un kil de beaujolpif, j'ai le bide qui gargouille.
Quand l'été rappliquera, j'aboulerai l'artiche,
J'allongerai le tir, t'auras même un pourliche. »

La fourmuche qu'est, on l'sait, constipée du morlingue
Se fendit de balpeau, engueula la grande bringue:

« Pendant que cet été je mouillais ma limace,
Tu dormais sur l'rôti, alors maintenant tu t'casses !
Grimpe pas au cocotier, dans les bals le samedi !
- Je poussais ma goualante, j'amusais la galerie.
- Tu goualais pauvre gniasse, j'en ai rien à cirer.
Tricote donc des gambettes, moi j'retourne tortorer! »

Une version en argot parmi d'autres glanée sur la toile d'une fable célèbre du Jean de La Fontaine.

Le dictionnaire de Bob