samedi 22 mai 2010

Médecine de guerre en Casamance



Photos personnelles proposées dans ce billet

Préambule: salutations cordiales à mes amis sénégalais qui m’ont reçu avec une gentillesse infinie dans leur magnifique pays. Je conserve de ce voyage une foule de souvenirs joyeux et garde à l’esprit leur sens de l’humour proverbial qui me permet d’évoquer sans crainte cette anecdote de voyage. Elle ne saurait manquer de les faire rire, eux aussi, s’ils venaient à la lire. Les noms des personnages ne sont pas évoqués, les localisations géographiques sont imprécises et les fait narrés suffisamment approximatifs pour que la plupart des personnages ne soient pas identifiables.

Un ami mien avait réservé un voyage en couple au Sénégal. Suite à une brouille sérieuse avec sa compagne du moment, il se retrouva en possession d’une inscription surnuméraire. Il me proposa d’en bénéficier gracieusement. Je ne parle pas, bien entendu, de l'accompagnatrice qui avait fait défection. Je dus régler les formalités du voyage et me munir des papiers nécessaires à l’embarquement en un temps record. Une fois n’est pas coutume, j’avais alors remercié une secrétaire de la Préfecture de la belle efficacité dont elle avait fait preuve pour accélérer le renouvellement de mon passeport. Ma compagne du moment (cela fait beaucoup de compagnes du moment, je dois en convenir) avait été tout aussi efficace en ciblant in extremis un vol sur une autre compagnie lui permettant d’arriver à Dakar peu de temps avant notre atterrissage.

La première partie du séjour consistait en un circuit de découverte de la Casamance. Sa logistique spartiate permit des rencontres de hasard peu communes et l’accumulation d’anecdotes hautes en couleurs. Us et coutumes importés, habitudes de vie au confort douillet, les touristes hébergés à la dure et partageant les produits locaux avec l’habitant, durent promptement les oublier. Deux membres du groupe, ayant perdu leurs bagages, mirent à contribution le reste de l’équipe pour se constituer une panoplie de bric et de broc du parfait touriste. Un mal pour un bien, ils furent les plus rapides à s’acclimater à l’ascétisme du séjour. Qu’on se rassure, leurs bagages furent retrouvés. Ils les récupèrent huit jours après leur retour en France. Pratique : ils purent les ranger tels quels dans leurs armoires sans passer par la case lessive.

A cette époque, un voyage en Casamance n’était pas sans danger. L’année précédant notre voyage, quelques touristes avaient été retenus en otage par des indépendantistes. Pour se rendre en minibus de Dakar en Casamance, on doit traverser la Gambie et franchir en ferry le fleuve du même nom. Ce détail géographique prit de l'importance pour moi. En effet, j'avais laissé mon passeport dans la poche intérieure d’une veste, elle-même laissée bêtement dans un placard d’une chambre étape sénégalaise. Un coup, au mieux à rester bloqué à la frontière, au pire, après son passage, à séjourner un temps dans un poste de Police gambien sympathique et coquet, en compagnie de moustiques et d’autochtones aux étreintes chaleureuses. C'était bien la peine d'avoir intrigué quelques jours plus tôt pour le renouvellement accéléré du dit-passeport...

Anecdote dans l’anecdote, l’évocation de ce diptère du sous-ordre des Nématocères m’amène à narrer le tour pendable que ma compagne me joua un soir. Nous fûmes amenés à passer une nuit dans une ville baptisée par les Sénégalais "la capitale mondiale du moustique". Ces gens là savent parfaitement de quoi ils parlent. Installés depuis quelques minutes dans ma chambre, j’étais déjà en train de combattre, héroïquement et court-vêtu, une nuée d’assaillants qui avait profité d'un trou béant dans une moustiquaire de fenêtre détériorée. Une faille terrible dans la défense. Jugeant que la savate que je faisais mouliner comme un fou furieux pour occire les hordes sauvages était une arme dérisoire, ma compagne était allée quérir un veilleur de nuit de l’hôtel. Il devait bien avoir en réserve du gaz moutarde, tant propice à calmer ma frénésie destructrice qu’à estourbir les bestioles. Un triomphe sans classe, je sais, mais mon combat à la savate blanche était perdu d’avance. Les moustiques tombaient en piquées de toutes parts avec des hurlements de Messerschmitt. En plein blitz, une parade malencontreuse - ma technique perdait en précision au prorata de mon épuisement progressif - explosa une applique murale et son ampoule. La chambre était constellée de tessons. Voilà-t-y pas que, figé en plein mouvement de quarte, je me retourne, nu comme un ver. Le «court vêtu» n’était qu'une métaphore pudique. Un indigène m’observe, ébaubi, les yeux en soucoupe. Il a un regard très proche du mien. Je parle de l’expression de son regard, plus que de sa proximité. Il se trouvait muni, lui, d’une bombe fly-tox à la Capitaine Haddock dans «L’affaire Tournesol». Toute explication circonstanciée visant à fournir un motif plausible quant à la position et tenue dans lesquelles il m'avait surpris était, vous l’imaginez facilement, vouée à l’incrédulité polie. En plus, les morceaux de verre éparpillés au sol... Vu ma posture, il me fallait avant tout rapidement protéger mes arrières. Le Sénégalais pouvait imaginer une danse européenne sur lit constituant une parade nuptiale qui lui était dédiée. Il conserva son flegme. Sens de l’hospitalité oblige, ou je n'étais pas son type d'objet amoureux. L’affaire Tournesol fut tuée dans l'œuf. Ceci évita que se répande comme une traînée de poudre les rumeurs les plus folles concernant mes mœurs ou une fragilité mentale dangereuse. Ma compagne, par contre, faisant preuve en la circonstance d’un manque d'esprit de corps condamnable, manqua de s’étouffer au milieu de fous rires irrépressibles qui durèrent une bonne heure. En la circonstance, je venais de perdre à ses yeux ma dernière once de prestance et de dignité.

Trêve de digressions labyrinthiques. Gagnant les jours suivants des secteurs moins hostiles pour la peau des visages pâles, je retrouvai rapidement le calme qui était ma signature officielle. Quelques regards narquois, portés à la dérobée sur ma personne par le guide, m’amenèrent cependant à soupçonner des fuites. Un manque de respect certain de la part de cet individu, pourtant jovial et bonhomme à l’accoutumée, qui ne m'appelait jusqu’ici avec déférence «le baratineur de l’équipe». 

Ce fameux guide, pour en venir enfin à ce qui aurait dû être le début de cette histoire, si des foucades et embardées imaginatives mal contrôlées ne m’avaient conduit à emprunter des chemins de traverses, vint nous faire, à mon ami et à moi-même, une requête inquiétante en fin de circuit. J’imaginai le pire. Cela avait probablement trop duré. Il était normal que je finisse par tomber dans la nasse policière, démuni que j’étais de tout papier pouvant justifier ma présence en territoire étranger:

 « Le colonel M. vous attend dans ma chambre. Il désirerait avoir un entretien officiel avec vous. »

Nous logions cette nuit dans une vaste case dont les couloirs, et anfractuosités architecturales nommées chambres, se trouvaient vaguement teintées par les lueurs mouvantes de lampes à pétrole ou autre combustible. Court tableau complétant l'atmosphère pesante qui régnait alentour, arrivés en fin d’après-midi dans cette localité, nous avions aperçu des contingents d’automitrailleuses agrémentant les principaux carrefours. Qui plus est, un arrêt inopiné en pleine brousse, quelques heures auparavant, avait été l’objet de palabres en Wolof interminables. Le guide s’entretenait avec des hommes armés ne portant pas d’uniformes. Il y avait du bakchich dans l’air pour que l’escapade continuât sans encombre. Rien d’officiel n’avait transpiré quant aux motifs de ces tractations.

Mon ami et moi-même, ne voulant aucunement mésestimer l’intérêt d’un appui des forces militaires officielles en place, suivîmes avec empressement l’émissaire jusqu’à ce P.C de campagne improvisé. Le Colonel nous y attendait. Cet homme bien de sa personne, au demeurant fort civil pour un militaire, s’engagea illico dans un discours affable mais alambiqué. Légèrement obséquieux, il formula une requête dans un style littéraire fleuri, mais somme toute convaincant:

«Messieurs, je suis très honoré du fait que vous ayez pu répondre aussi vite à ma mystérieuse mais prépondérante invitation. Je sais que vous êtes tous deux médecins diplômé de la Faculté territoriale française. Je n’irai pas par quatre chemins sachant que votre temps est précieux comme le bon pain. Je souffre depuis quelques mois de violentes douleurs de tête probablement consécutives au choc d’une rare violence reçu au décours d’une algarade traîtresse autant que traîtreuse. J’ai eu l’occasion de pratiquer une radiologie du cerveau humain qui n’a rien décelé d’épouvantable. Mais nos capacités dans le domaine médical locorégional sont bien rudimentaires comparées à celles d’un pays plus que développé comme le vôtre. Pourriez-vous me donner votre avis collégial quant aux douleurs qui handicapent mon exercice professionnel de manière sporadique, trop souvent, et douloureusement (sic)? »

Nous y allâmes alternativement d’un interrogatoire : anamnèse, irradiations algiques, signes d’accompagnement des céphalées, etc. Pas grand-chose à nous mettre sous la dent. Douleurs frontales accentuées quand il fléchissait la tête en avant. Nous avions beaucoup de mal à lui soutirer les circonstances exactes amenant le fameux traumatisme initial «d’une rare violence au décours d’une algarade…». Secret militaire, probablement. Un bref examen neurologique et une palpation des zones incriminées ne révélèrent rien de particulier, sinon une accentuation de la douleur à la pression. Battant alors d’une courte tête le généraliste, votre serviteur, spécialiste en gynécologie-obstétrique, élément particulièrement favorable en la circonstance, eut l’heur de poser enfin la bonne question: « Vous arrive-t-il de moucher jaune ou vert et d’avoir de légers accès de fièvre ?
- Ah ça oui, je n’arrête pas de moucher et j’ai souvent des frissons chauds. N’hésitez pas à me dire la vérité. Vous pensez comme moi à un caillot dans la tête ? »
- Mais non! Évitez de vous tourmenter outre mesure. Je diagnostiquerais plutôt une sinusite rebelle. J’avais peut-être lancé avec trop de légèreté, dans cette ambiance insurrectionnelle locale, l’adjectif qualificatif final?
- Ah bon ?! Le visage du colonel reprenait des couleurs, bien que l’expression soit également malheureuse.
- Problème, cependant, dis-je, j’ai déjà distribué tout le stock d’antibiotiques dont je m’étais muni pour le voyage.
- Moi, indiqua mon compagnon de voyage et confrère, il doit me rester de quoi instituer un traitement d’assez courte durée, mais probablement suffisant.»

Le colonel, respirait de mieux en mieux. Nous refusâmes le troisième verre d’alcool de palmes qu’il nous proposait et prirent congé en précisant que notre guide lui apporterait le traitement ad hoc et lui fournirait les consignes de prises. Celui-ci nous attendait dehors. Sous serment de tenir secrètes les confidences qu’il allait nous faire,  il nous fit part de l’anamnèse exacte de cette  bien triste affaire:
 «Vous comprendrez rapidement le coté délicat de la situation. M. (même plus précédé du grade: le respect se perdait dans les usines de mon grand-père...) rentrait très tard un soir d’une bamboula. Sa femme l’attendait furieuse. Tu es encore allé voir des putes... et je vous passe les noms d’oiseaux qu’elle donnait à son mari pour lui montrer que ça allait barder. Tu n’es jamais à la maison, et quand tu rentres, c’est pour aller te saouler comme un hippopotame. Prise de fureur, elle s’empara manu militari d’un banc pour s’en servir contre la tête de son mari qui n’avait pas eu le temps de la calmer sur une paillasse. Depuis il pense qu’elle lui a cassé une partie du cerveau. Jurez-moi que les précisions que je me sentais en devoir de vous communiquer pour votre enquête resteront bien entre nous.»

Il avait tout de même un vague sourire aux lèvres au décours de son intervention, et ce, malgré le coté gravissime des faits rapportés. Ceci pouvait confirmer un coté moqueur masqué...

Nous avions alors prescrit notre traitement dans un but diagnostic. Huit jours après, peu avant que nous embarquions pour le voyage de retour vers la France, le guide nous offrit une bouteille d’alcool de palmes de la part du Colonel, ainsi que ses remerciements renouvelés. Deux jours après le début du traitement, il n'avait plus ressenti aucune douleur et il ne mouchait plus purulent.

Un peu plus tard dans l’avion, mon copain me précisa ce qu'il lui avait prescrit: «Tu parles, je lui ai filé des céphalosporines de troisième génération. Déjà chez nous, tu montres la boîte au patient tout en posant ton stéthoscope sur son thorax et t’entends les bactéries les plus rebelles qui claquent des dents. Au Sénégal, pratiquement aucune résistance aux antibiotiques, tu montres la boîte et le type est guéri. »

Je pense que le Colonel aurait mieux fait de nous cracher tout de suite le morceau. Ça se passe de la même façon en France quand un homme rentre très tard le soir et que sa femme l'attend. Il n'avait pas à avoir honte.

Le 08/06/2014 : version définitive d'un texte, d'abord proprement illisible parce que posté à la sauvette, puis parsemé de coquilles et de fautes d'orthographe. Une relecture récente m'a amené à remédier aux problèmes et à lui donner plus de fluidité (ce n'est que mon propre avis!).

PIERRE TOSI


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mardi 18 mai 2010

L'arbre dinosaure: le pin Wollemi ou Wollemia nobilis


Le pin Wollemi est l'une des plantes les plus anciennes et les plus rares du monde dont l'histoire remonte jusqu'à l'ère des dinosaures. Moins de 100 arbres adultes sont connus dans la nature. Le pin Wollemi est actuellement au cœur d'innombrables travaux de recherche permettant d'assurer sa survie.

Lorsque le garde-chasse australien, officier de la gestion du parc national, David Noble, entreprend, en 1994, l'une de ses excursions dans les territoires isolés du Parc National Wollemi, en Nouvelle-Galles du Sud (Australie), Highslide JS
Plantation d'un Wollemia nobilis au Jardin Botanique du Montet à Nancy - France - octobre 2006
il découvre, dans un canyon, une espèce d'arbre qui lui est inconnue. Ses feuilles sont vert foncé et ressemblent à de la fougère. L'écorce lui rappelle spontanément du chocolat en ébullition. En partant, David emporte l'un des rejets et décide de l'identifier à Sydney. De retour dans la métropole australienne, il cherche de l'assistance auprès des services de la flore et des parcs nationaux de Nouvelle-Galles du Sud, et auprès des Jardins Botaniques Royaux de Sydney. On prend d'abord la branche pour une fougère, et on s'étonne d'entendre David évoquer un arbre de 40 mètres de hauteur.

Après des visites sur place et d'autres recherches, on conclut qu'il s'agit d'une espèce tout à fait nouvelle, voire d'un genre nouveau. D'abord appelé pin Wollemi en raison du site de sa découverte, il est officiellement baptisé Wollemia nobilis, d'après le nom de l'auteur et du lieu où on l'a trouvé. Il est classé dans la famille des Araucariaceae. Comme il n'était alors connu que d'après des découvertes fossiles, le pin Wollemi est également souvent appelé " fossile vivant ".

Plantes apparentées Aghatis, araucaria, Araucaria cunninghamii, Araucaria bidwilli et Araucaria du Chili (appelé aussi communément "Désespoir de singes" du fait de ses aiguilles ou feuilles particulièrement acérées dissuadant d'éventuels locataires)
Découvert précisément où? à 200 km de Sydney, dans une gorge de la forêt tropicale, à l'intérieur du parc national de Wollemia National Park de 500 000 hectares dans les montagnes bleues ('Blue Montains').
Age Le pin Wollemi appartient à la famille des Araucariaceae qui remonte à plus de 200 millions d'années. Cet arbre serait apparu il y a 90 millions d'années comme l'atteste le fait qu'on le connaissait déjà sous forme de fossile ayant cette datation.
Caractéristiques Conifère au feuillage inhabituellement vert foncé et à l'écorce semblable à des bulles de chocolat; pousse avec plusieurs troncs. Croissance Rapide lorsqu'il est exposé à la lumière, préfère les sols acides et les températures de -12 à 45°C. La taille des pins Wollemi dans la nature, dans la gorge de la forêt tropicale atteint 40 mètres. Le diamètre du tronc principal étant de 1,2 m.


Sources:
http://france.wollemipine.com/
http://www.cjbn.uhp-nancy.fr/Francais/popupArchiveNewsletter.php4#annee2006

http://www.cjbn.uhp-nancy.fr/Francais/index.php4


samedi 15 mai 2010

Diogène



 " Ôte-toi de mon soleil."
Réponse qu'aurait faite Diogène de Sinope à l'empereur Alexandre qui lui demandait s'il voulait quelque chose.

L'homme s'attaquait péniblement à un adret enneigé. Une haleine floconneuse ponctuait sa lente progression. Pourquoi ce sherpa solitaire arc-bouté sous un volumineux paquetage s'adonnait-il à une cruelle ascension au cœur d'un hiver si mordant? Un fanatique usant d'âpres mortifications pour abasourdir une coulpe térébrante? La saison du zéro et de l'infini qui puise en abondance dans ses tubes de noir et de blanc pour peindre sa toile est celle où tout vient s'engloutir pour renaître. Faire cohabiter les extrêmes, clore la boucle: l'essence même de son art millénaire. Un animal, chien ou loup, hurlait dans la nuit du solstice. Le montagnard opiniâtre en milieu hostile grimpait vers un ciel de laque sombre pailleté d'étoiles aux clignements froids. Une lune sans voile l'incisait au Nord de sa griffe d'argent. Le halo d'une lanterne guidait ses pas. Diogène cherchait un homme équipé de la sorte, mais c'était aux abords du Capitole en plein midi.

À mi-pente, il s'assit sur une souche pour reprendre son souffle. Le visage au ciel, il scrutait la voûte. Son cerveau pulsait au rythme élevé de ses battements cardiaques. Comme quand parfois le dormeur au moment de s'abandonner au sommeil sent la surface sur laquelle il repose se dérober, il chût brusquement dans la spirale du temps. Par les hublots de son vaisseau spatiotemporel, il observait les fanaux du cosmos égrainer les étapes de l'organisation de l'univers bruissant sans fin des échos de l'explosion initiale. Les étoiles concoctaient patiemment les briques universelles. Certains de ces alchimistes besogneux, dans une aveuglante apothéose, ponctuaient leur fin de vie d'un bouquet dont les éclaboussures nourrissaient l'espace du fruit de leurs transmutations. Mitraillé par ces éclats terminaux, l'océan primaire de notre bonne jeune terre recevait cette flore mal filtrée par une atmosphère en devenir. Au milieu des éclairs des grands orages atmosphériques, des fournaises de volcans titanesques éructant laves, scories et gaz suffocants, les premières molécules de la vie commençaient à s'organiser à tâtons dans des marais amniotiques.

Assis sur sa souche, l'infime chaînon de pointe de l'odyssée de la vie reprenait peu à peu ses esprits repensant à l'image qu'un scientifique lui avait fournie pour mieux appréhender cette chronologie démesurée. Si de nos jours, l'on rapetissait l'histoire de notre planète à une année terrienne, ce n'était que vers mi-novembre qu'apparaissaient les premières cellules aquatiques, fin novembre les premières plantes terrestres. Noël voyait naître le premier mammifère. Le 31 décembre, les premiers Hominidés commençaient à coloniser le continent primaire. Quatorze secondes avant la nouvelle année débutait l'ère chrétienne. Un calcul rapide lui fit comprendre que sa vie, dans le meilleur des cas, correspondrait à quelques dixièmes de seconde de cette année, en perpétuelle croissance, qui plus est. Se pencher imprudemment à la fenêtre de l'infini déclenche un violent vertige. Se percevoir animalcule à la présence éclair sur une boule de matière gravitant au sein de l'incommensurable, parmi des milliards de milliards d'autres planètes, ne peut qu'enjoindre à la stricte humilité.

Il lui fallait quitter ces évocations écrasantes. Le froid perçait sa chair. Il reprit sa route. Une demi-heure plus tard, il posait son bagage devant un chalet à demi enseveli sous la neige. Il alluma aussitôt un feu. La voix des escarbilles lui tiendrait compagnie. L'âme des conifères ranimée par le brasier, lui conterait cette fois l'histoire de ces grands pionniers végétaux. Bercé par la voix du feu, le visage attisé par ses chaudes exhalaisons, une douce torpeur finit par l'envahir. Entre veille et sommeil, il entendit alors une porte grincer. Elle ouvrait sur une immense bibliothèque tapissée d'ouvrages aux cuirs multicolores. L'odeur caractéristique des temples vénérables de la connaissance baignait le lieu. Distillé au fil des ans, un mélange de composition complexe fait de fragrances boisées et d'effluves du savoir millénaire filtrait des peaux blotties dans la moiteur de cette serre culturelle. Les strates de la connaissance humaine s'empilaient sur des rayonnages exposant comme une faille terrestre des couches géologiques au paléontologue. Allez savoir pourquoi, au sein de cette pléthore, ce fut un petit fascicule qui attira le rêveur: "Essai de Métaphysique réductionniste" du Professeur Piotr Toumichtouf de l'Université de Vladivostok. Est-ce le lecteur qui choisit un livre ou le livre qui choisit son lecteur? La logique voulait cependant que notre homme passât du "D'où viens-je?" à "L'où vais-je?"

La préface de l'essai reconnaissait la légèreté de l'ouvrage. Pas d'annotations en bas de page, pas d'addenda, pas de bibliographie fleuve. C'était de bon augure pour Hugo. Cela n'était souvent que poudre aux yeux tentant de masquer la médiocrité d'un travail. Bien des thèses fumeuses se parent de tels colifichets. Quel lecteur soupçonneux n'a jamais découvert l'aberration ou la substance dérisoire des références produites dans un ouvrage universitaire? Les charlatans cherchent à bluffer leurs lecteurs avec des bibliographies ronflantes. Celui-ci, impressionné par leur densité se fait moins attentif au fond. L'auteur peut alors insidieusement au fil du texte ériger une hypothèse en postulat, muter à grands coups d'alchimie verbeuse une arrière-pensée prosélyte en dogme. En fait, le Professeur Toumichtouf livrait à l'emporte pièce le fruit d'une longue étude sur la quête métaphysique de l'homme au travers des siècles. Il le faisait sur un mode subjectif non voilé. A l'évidence, il en sortait fourbu. Ça sentait l'ouvrage bâclé d'un chercheur proche de la retraite, dégagé du souci d'un plan de carrière. Une chaire de métaphysique à Vladivostok validait déjà la sanction en territoire Soviet.

Comme par magie, le livre s'envola en direction du sous-main en cuir à frises aux ors vieillissants d'un pupitre vénérable. Celui-ci baignait dans le cône de lumière accueillant d'un lustre araignée. Ses corolles marbrées d'ocres étaient suspendues à de longs fils électriques sécrétoires. Le rêveur s'installa confortablement pour s'abandonner à la lecture :

"D'où viens-je? La Science fournit des embryons de réponse. Qui suis-je? Un homme qui cherche. Où vais-je? Voilà une question qu'elle est bonne et qui ne date pas d'hier. Elle exhale des relents fauves de nuits d'Hominidés. Dans un univers bigrement plus hostile que celui du nanti occidental de la seconde moitié du 20ème siècle, nos ancêtres monstrueusement ébouriffés de poils pouvaient légitimement perdre leur sérénité. Ils croisaient la mort à chaque détour de fourrés. Invasions de hordes sauvages, kyrielles de luttes fratricides, déferlements de redoutables pestilences. Autant d'occasions de la côtoyer régulièrement. En ces temps reculés, journellement, l'homme percevait sa finitude. De nos jours, en pays développé, la société dissimule la mort sous les draps d'hôpitaux ou dans les coffres des funérariums. Si elle hante moins le quotidien moderne, la pétoche préhistorique ne nous a pas pour autant abandonnés. L'image de la mort devenue quasi virtuelle et la lutte pour la survie quotidienne moins âpre, la peur s'est mutée en angoisse. On lutte plus efficacement contre un adversaire tangible. En tout lieu et en toute époque, l'imaginaire humain fut fécond en hypothèses sur le devenir de l'homme après la mort. Trop triste, trop ridicule, trop vide de sens de supposer qu'elle mène au néant. Parfaitement démobilisateur en plus.

Après avoir ingurgité des pavés indigestes détaillant rites funéraires pointilleux, cultes des ancêtres abscons, croyances baroques et tabous inattendus, après avoir visité des ménageries totémiques tarabiscotées, mis le nez dans des cosmogonies délirantes, fouillé les moindres recoins de panthéons pléthoriques à la vie sociale tourmentée, m'être gavé de légendes d'univers minés de monstres telluriques capables de vous hérisser le moindre poil ou de vous laisser dans les narines une âpre odeur de soufre, grouillant de créatures aquatiques abominables, saturés de nuées de spectres hallucinants, après m'être chargé l'esprit d'ouvrages au point de chanceler sous un amoncellement de genèses tantôt simplistes tantôt fumeuses, de mythologies aux similitudes étranges fruits de vulgaires plagiats, de métissages de convenance, de phagocytoses pures et simples, je fus, coup de Jarnac final, totalement miné par la lecture détaillée d'eschatologies à couper le souffle ou à ne plus en dormir la nuit. Ce brassage monstrueux de connaissances protéiformes m'avait laissé sous le coup d'une confusion totale, tout comme vous, j'imagine, cher lecteur, la phrase démesurée qui précède. Je décidai de soulager mon esprit en me réfugiant dans la lecture des auteurs dits «réductionnistes». Ma mémoire en voie de saturation s'en vit bien soulagée et mes recherches d'archiviste maniaque stoppées net.

Herr Sigmund affirmait que l'Homo Sapiens, en proie à la résolution de son fameux complexe Œdipe piqué aux grecs, se devait de liquider le père en lui trouvant une image substitutive salutaire. Esprits, totems, sorciers, gourous, dieux, chefs charismatiques, idéologues habiles, führers en tout genre (liste hétéroclite non exhaustive) servirent au fil des siècles de supports mentaux d'efficacité variable. Le réducteur de tête y voyait la genèse du «bel avenir d'une illusion». Il comparait les rites religieux à des actes de défense compulsifs comparables à ceux des obsessionnels. Nietzsche, l'homme au marteau, affirmait que les élucubrations métaphysiques servaient avant tout à fédérer le « troupeau bêlant des fidèles». Marx, l'homme à la faucille, parlait d' "opium du peuple" capable de le maintenir dans le fatalisme le plus abrutissant.

Nos ancêtres, donc, pour juguler l'angoisse, cherchaient de nouveaux protecteurs paternels capables de circonvenir les forces maléfiques. Dans les temps reculés, on dansait à tours de jambes, on "incantait" à grandes trilles, on sacrifiait à tours de bras pour leur graisser la patte. Le chasseur qui s'identifiait souvent à l'animal chassé ou à l'ennemi massacré voyait sa propre mort au travers de celle qu'il leur infligeait. Il portait parfois à même la peau une partie de leur squelette ou buvait leur sang pour régénérer sa force vitale et capter certains de leurs pouvoirs. Pour cet acte de mort, il devait implorer le pardon du Seigneur des Fauves en lui faisant des offrandes et des sacrifices adaptés. Les armes qui donnaient la mort à distance prirent rapidement une valeur magico-religieuse. La parole aussi. Comme la lance qui blesse ou tue à distance, on lui prêtait la faculté de devenir une arme redoutable quand on savait la manier.

Respecter des traditions complexes, des rituels précis élaborés au fil du temps et des générations prenait un temps fou. Il faut manger pour vivre et la nourriture n'est jamais tombée du ciel, pas plus au néolithique qu'aujourd'hui. On décida de répartir les tâches. Les costauds, les gros bosseurs, les bons chasseurs furent chargés du versant matériel. Les faiblards rusés et les baratineurs habiles s'approprièrent le versant spirituel. La souche des psychanalystes, des assureurs, des gourous et des «Madame Irma» émergea en ces temps reculés sous les traits du sorcier: «Confie-moi ton angoisse, mon frère, et rapporte-moi une partie du fruit de ta chasse en échange. Pars, que la force soit avec toi. Je danserai et ferai des incantations pour ta réussite. N'oublie pas mon petit cadeau, chéri. Évite d'être rat. Je peux être victime d'un léger trou de mémoire ou prononcer bêtement des formules qui déchaînent "Scoumona", l'Esprit de la guigne.»

Cette caste saprophyte alimentée dans tous les sens du terme par l'angoisse humaine offrit un piédestal idéal aux dictatures. Les religions furent toujours les adjointes zélées des potentats. Unifiant les productions des générations de précurseurs, la découverte de l'écriture permit la rédaction de textes princeps dont certains contenaient même des enregistrements authentiques de conversations avec les divinités suprêmes. Lecteurs ou fidèles analphabètes, les bigots pouvaient désormais s'accouder aux balcons donnant sur les cimes couronnées des nuées de la Transcendance. Seuls les membres du culte, les vrais initiés, s'investissaient du pouvoir et du droit de s'aventurer au-delà. Faits historiques magnifiés et croyances dont l'amalgame s'était peaufiné autour des feux et étoffés grâce à la faconde de conteurs de talent, se cristallisèrent en mythes universels, matériaux de l'inconscient collectif de Jung. Les religions polythéistes riches en cette matière, après s'être répandues au gré des conquêtes et des échanges, finirent par céder sous les coups de boutoir des religions monothéistes, plus habiles à faire résonner certaines composantes du fameux inconscient freudien. Le père terrestre trouvait son substitut sublimé dans le Père Céleste. Le monothéisme disposait d'une arme redoutable capable de jouer sur l'horlogerie cachée de la Psyché. Les divinités qui peuplaient les panthéons et les olympes des anciens avaient des imperfections et des travers qui fleuraient bon l'approximation ou l'utilitarisme terrestre. Le Dieu monothéiste, Lui, ne faisait plus dans l'approximation. Plus parfait que Lui, tu mourrais. Toute déviance ou entaille à la Loi du Grand Livre, devenait faute, péché ou carrément hérésie. La punition terrestre ou céleste qu'elle imposait se voyait amplifiée du poids de la culpabilité à laquelle on ne peut échapper, même dans la tombe, vous dirait Caen. Exit des débordements dionysiaques et de la mauve lueur festive colorant les débordements institutionnalisés. La quête d'un absolu, ou du moins d'une discipline de vie pouvant conduire à la sainteté, taraudait désormais les consciences. Toute déviance vous giclait dans la psyché une dose de culpabilité acide et la perspective inquiétante d'un châtiment terrible dans l'au-delà.

Bible (Ancien Testament avec la Torah, Nouveau Testament avec les Évangiles), Coran, Talmud fournirent des textes définitifs vous expliquaient pour le même prix, une affaire en or, la naissance du monde, les trucs essentiels pour vivre une existence qui vous permette d'arriver à la mort dans les meilleures conditions pour être accueilli dignement au grand banquet de l'au-delà. On avait donc droit en prime à une eschatologie individuelle et universelle. Ce dernier point fut un véritable coup de génie. La naissance du monde, la Genèse, après tout on pouvait s'en battre l'œil, la traversée de la vie, on faisait ce que l'on pouvait avec ce que l'on avait ma bonne dame, mais la mort restait quoi qu'il en soit une belle cochonnerie. La vie ne serait qu'une pantalonnade ébouriffante propre à légitimer tous les débordements si elle ne faisait que vous précipiter en fin de parcours dans l'abîme du néant. Les malheurs de la vie, nous disaient ces ouvrages cultes, trouveraient leur récompense dans l'au-delà au pro rata de leur densité sur terre. Belle aubaine, pour les aigrefins, charlatans, camelots, escrocs, docteurs "Feelgood" en herbe qui avaient tout bénéfice à confiner les malheureux dans le fatalisme. C'est sans doute pour cela que les potentats temporels avides de conforter leurs privilèges s'entendaient comme larrons en foire avec ceux du spirituel.

Il serait naïf de croire que ces périodes d'obscurantisme sont révolues depuis le Siècle des Lumières. Les époques défilent, les instruments du pouvoir mutent. Les révolutions en font que renverser des despotes pour en couronner d'autres. L'arnaqueur est une espèce particulièrement adaptative. De nos jours, aux États-Unis par exemple, les grandes messes médiatiques font office de cérémonies religieuses modernes. L'araignée médiatique et sa propagande, championne du recyclage, tissent leurs toiles depuis quelques décennies avec une dextérité et une vélocité insoupçonnées sur toute la planète. L'émergence d'un adversaire à sa taille devient de plus en plus improbable. »

Encore quelques chapitres troussés à la hussarde et le livre iconoclaste de l'auteur Ouzbek finissait par la sentence célèbre légèrement traficotée du philosophe : «Tout ce qu'on sait dans le domaine, au bout du compte, c'est qu'on ne sait rien. Toute conviction d'un sens caché de la vie et d'une vie dans « l'au-delà » ne procède que d'hypothèses individuelles arbitraires reposant sur la notion de foi ou de croyance avec tout ce que cela peut contenir d'irrationnel et de fanatisme potentiel. »

On imaginait bien le chercheur, après cette conclusion foireuse, s'ouvrir prestement une bouteille de Vodka avant d'aller finir la soirée dans un lupanar glauque propice à la perdition des sens. Avait-il mis pour autant Dieu à mort comme Friedrich, Sigmund et Karl ? Il avait finement éludé le sujet du culte de la personnalité. Staline et Lénine pouvaient dormir en paix. La lucidité est fille de prudence. En éludant la question, il endiguait le courroux de supérieurs hiérarchiques pouvant taxer son ouvrage de déviationnisme s'il avait englobé dans sa thèse cette autre mode de dérive.

Hugo ouvrit un œil. Se percevoir fer de lance de la grande histoire de l'évolution ne le flattait guère. Les glorieux ressortissants actuels de l'espèce bipède étaient devenus grâce à l'accélération stupéfiante des technologies du dernier millénaire des fabricants d'outils extraordinaires. L'arme nucléaire, un exemple, pouvait faire péter la planète en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Sans aller jusqu'à cette folie, cette horde de plusieurs milliards d'individus à la soif de consommation stupéfiante risquait de mettre à sac les ressources naturelles du globe en quelques siècles et de détraquer sous peu la belle machine écologique par ses exactions forcenées. Optimiste impénitent, Hugo espérait une régulation de dernière minute, une mutation génétique capable de léguer aux générations futures une sagesse salutaire. Quel était le poids d'un individu, même le plus sage d'entre eux, face à cette folle machinerie? La plume peut vaincre le canon mais elle paraphe aussi les commandes d'armes et les sentences iniques.

Hugo prit quand même quelques grandes décisions : il montrerait l'exemple en ne jetant plus n'importe où ses papiers de chewing-gum et, surtout, il conseillerait aux gens de regarder désormais d'un œil méfiant Claire Chantal et Patrick Poivredabord commentant les actualités du 20 heures soupçonnant qu'ils puissent être à la solde du Pouvoir !

Dans le triptyque évoqué, Hugo s'intéressait surtout au « Qui suis-je ? ». Il percevait également à la source de l'angoisse humaine une demande perpétuelle de réassurance. On la voyait dans cette question qui taraude la pensée de tous les êtres de la naissance à la mort : «M'aimez-vous?». On la trouvait à la base de la plupart des entreprises humaines: recherche de notoriété, besoin d'adulation, quête de respectabilité, de reconnaissance et de façon plus commune, de l'être aimant. Hugo n'était pas monté dans ce refuge pour philosopher. Il souhaitait plus humblement se pencher sur quelques mécanismes régissant en catimini la "grande affaire de sa vie" pour reprendre l'expression de Stendhal. La recherche de la passion amoureuse ne l'avait pas quitté depuis l'adolescence. Cette forme de quête contenait en elle son lot d'angoisse. Elle l'avait amené à négliger au fil des ans les contingences matérielles les plus élémentaires.

Il ne redescendrait de la montagne qu'une fois sa recherche aboutie. Enfin adulte dirait le psychanalyste. A quoi bon pensait notre homme.

Hugo savait bien que la psychanalyse n'est en aucun cas une science. Son fonctionnement se rapproche de celui d'une secte qui déifie son gourou. Sigmund, au moins, avait toujours gardé une part de démarche scientifique. Il attendait impatiemment des avancées dans ce domaine expliquant les processus biochimiques cérébraux pouvant donner crédit à ses théories. On attend toujours. Beaucoup des membres de la secte l'oublient. Ils se cabrent à la moindre critique estimant aussitôt que leurs contradicteurs sont des malades à exorciser d'urgence à grands coups de thérapies mentales hasardeuses. A l'opposé, le scientifique est friand de preuves contradictoires pouvant l'amener à remettre son travail à plat. Il peaufine ses équations et ne tolère aucune exception. Hugo s'interrogeait sur cette pseudoscience qui n'avait pratiquement pas évolué depuis un siècle et semblait ne jamais vouloir remettre en cause les paroles du Père. Les partisans de la théorie sont-ils figés en plein Œdipe? Sigmund n'a sans doute pas écrit que des idioties. Il n'existe malheureusement aucun outil capable de valider ou d'invalider ses théories empiriques de façon probante. Freud, en bon messianique, espérait l'avènement de la science de la Psyché. En fait c'est l'Église psychanalytique qui a assis son hégémonie.

Hugo préférait les écrivains qui rapportaient depuis des siècles les travers de l'âme humaine et ses mécanismes dans un langage qui évitait l'hermétisme et le sabir verbeux des réducteurs de tête souvent plus occupés à colmater leurs dérapages mentaux qu'à soulager leurs patients. Hugo aimait les artistes. En particulier ceux qu'on pouvait ranger dans le troisième volet du fameux triptyque de la classification humaine des trois «M»: les moutons, les mutins et les mutants.

Pierre TOSI - Octobre 2003



Note: quelques passages de cette nouvelle recyclée, à l'heure où le dernier livre de Michel Onfray fait couler l'encre et la salive en abondance, auraient pu servir de références !

mardi 11 mai 2010

Amicalement vôtre


Dans ce travail de longue haleine qui risque de me mener jusqu’à l’aube du XXII ème siècle - la numérisation des archives photographiques familiales - si ma souris tient le coup ainsi que mon scanneur (moi, pas de problème), il m’arrive de remettre la main sur des documents d’intérêt médiatique. On peut voir, sur celui du haut, votre serviteur arborant, en 1968, le blouson de cuir que lui achètera quelques années plus tard, pour une bouchée de pain, Danny Wilde, avant de tourner dans la série anglaise: «Amicalement vôtre».

Ci-dessous : en arrière-plan, mon véhicule de couleur sobre filant à toute allure après la transaction. L'acheteur tient le sac qui contenait les billets. On clique bien entendu sur les clichés pour les agrandir: "Marre de le répéter!"




Note: "Merci, effectivement, non, je n'ai pas channegéééé...".