lundi 29 septembre 2008

dimanche 28 septembre 2008

Le crépuscule du Noir et Blanc.







Ultime billet clôturant ma trilogie des négatifs anciens.

Dans la chronologie de mes diaporamas familiaux, l’année 1978 constituait jusqu’ici une sorte de chaînon manquant. L’explication est simple: je m’adonnais à l’époque à la photographie en noir et blanc et j’avais égaré ces négatifs. J’ai remis la main dessus à l’occasion de mes recherches archéologiques dignes d’Indiana Jones visant à numériser ces supports en danger. Ils étaient conservés en dépit du bon sens, dans une caisse en carton du grenier soumise aux aléas thermiques du rude climat lorrain. Dans les années qui suivirent la date évoquée, la mode ainsi qu'une évolution subite à la hausse du prix de certaines matières premières nécessaires à la confection des films et papiers photographiques dédiés au noir et blanc, entraînèrent son crépuscule grand-public. Les films avaient pourtant atteint un niveau de qualité permettant à l’ "Amateur du Dimanche" d’effectuer lui-même ses travaux sans courir à la catastrophe.

Pour ponctuer cette trilogie, amoureux de la symétrie, je propose trois portraits centrés sur mon premier fiston. Ils sont fruits du travail de mes pauvres mains aux doigts gourds dans ma salle de bain en 1978. L’émail de la baignoire de l’appartement de mes parents qui logeait notre trio (dommage, le numéro de la rue était 6 et non 3) a gardé les traces des débordements corrosifs de révélateurs et fixateurs issus des bacs.

Appareil photo: Canon EF
Objectifs : 50 mm Canon et 200 mm Tokina RMC
Film 24x36 : ILFORD FP4
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mardi 23 septembre 2008

Négatifs oubliés




J’ai retrouvé de vieux négatifs impressionnés par mon Canon EF acheté en 1973 à prix d’or pour un usage de butor. Ce reflex 24x36 semi-automatique avec priorité à la vitesse muni d’une cellule au silicium eut la vertu extraordinaire de me faire réussir des photos nettes et bien cadrées. Ceci représentait dans mon cas deux exploits au vu des tirages brumeux et insolites obtenus avec mes rossinantes antérieures. Mon scanneur actuel ayant la capacité d’exploiter ce type de support en sus des diapositives, j’ai vu renaître sur mon moniteur, à ma plus grande joie, des photos oubliées vite stockées sur mon disque dur multimédia. Les invités vont avoir droit à des séances diaporamas haute définition sur l’écran plat de la mansarde. Je sais, c’est sadique! Mais c’est une technique comme une autre pour reconnaître les vrais amis ou débusquer les faux-jetons et les individus au tempérament stoïque hors-normes.


Clic... clac (sur les 2 images)... merci Kodak

Ces deux clichés d’automne ressuscités illustreront ainsi ce court billet qui tient à perpétuer la tradition du blog sigant d'un billet chaque changement de saison.

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Pour quelques clichés de plus (ajouts le 26/09/08) : album Automne


lundi 15 septembre 2008

Le grand collisioneur de passions




Coupe d'un quadripole du LHC (image téléchargée du CERN)
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Tout spécialiste d’une discipline proche du domaine scientifique sait que l’exercice de la vulgarisation est complexe. Le fait de sortir le dernier article scientifique expurgé n’est jamais la bonne solution. En plus de rester souvent encore hermétique au grand public, il faut craindre sa relecture quelques années après. Dans le domaine de la Médecine qui m’est proche, une bibliothèque colossale ne suffirait pas à contenir les articles et publications obsolètes, contradictoires, surréalistes et totalement erronés aux antipodes d'avancées réelles. J’ai parcouru récemment un traité médical du début du XXème siècle dédié à la syphilis. Les chapitres sur la prophylaxie, les modes de transmission et l’étiopathogénie ont de quoi faire frémir, sourire ou vous fournir une bonne dose de philosophie sur les belles certitudes des tenants de la connaissance du moment. La Science ne refuse pas les théories et les hypothèses mais heureusement ne les valide ou ne les met au panier qu’au décours d’une multitude d’expériences devant corroborer ou réfuter les propositions. Pour en revenir à la Médecine moderne, on parle désormais de consensus thérapeutiques ou de médecine de preuves.

Dans le domaine de la physique des particules, la mise en service récente du grand collisionneur hadronique n’a pas échappé aux dérapages médiatiques ou même aux élucubrations proches d’angoisses millénaristes. Passant souvent à coté de la formidable entreprise collective et des avancées techniques extraordinaires mises en œuvre pour sa réalisation, les débats autour du sujet n’ont pu éviter de prendre des tournures métaphysiques paradoxales concernant un projet purement scientifique : doux mélange des genres. Les retombées pratiques de ces recherches théoriques ne sont bien entendu pas encore envisageables. Je ne me fais cependant aucun souci sachant que nombres d’objets qui m’entourent dans la pièce où je rédige ce billet ont bénéficié des retombées de découvertes de prix Nobel. Que certaines aient été détournées dans un sens n’allant pas dans celui du progrès n’est en fait qu’un phénomène banal. Aucune découverte n’est, de manière manichéenne, bonne ou mauvaise, seul, bien entendu, l’usage qu’on en fait peut porter un de ces qualificatifs.

Trois liens fournissant quelques éclaircissements sur le LHC: 1 2 3



jeudi 11 septembre 2008

La politique du chien crevé au fil de l'eau


« Je suis pour le communisme, je suis pour le socialisme et pour le capitalisme, parce que je suis opportuniste. Il y en a qui contestent qui revendiquent et qui protestent, moi je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste, je retourne ma veste toujours du bon coté… Je crie vive la révolution, je crie vive les institutions, je crie vive les manifestations, je crie vive la collaboration… A la prochaine révolution je retourne mon pantalon. »



Encore une expression ou citation dont on finit par perdre l’origine. J’avais notion d’une source chinoise. Une recherche sur internet la prête à un listing d’auteurs dont je vous épargne les noms. Peu importe, cette métaphore s’applique parfaitement à nombre d’entreprises humaines depuis que des décisionnaires élus ou autoproclamés veillent aux trajectoires rectilignes des tribus, peuplades, peuples ou nations à la surface de notre globe. "L’Homo Politicus", obnubilé par l’idée fixe de se faire réélire, agit avec parcimonie et uniquement dans l’urgence. Ses choix ne sont pas motivés par une volonté farouche d’anticiper les problèmes, mais par la pratique experte du boniment cherchant à persuader ses concitoyens qu’on agit, alors qu’on ne fait que poser une rustine de plus sur une chambre à air grêlée de patchs comme un visage d’adolescent acnéique. Tout le monde sait qu’on ne finit par mettre un panneau "Stop" à un carrefour dangereux qu’après bien des hécatombes. Ainsi, pour reprendre l’image du titre du billet, aucun responsable ne prend la décision de retirer le chien crevé qui pollue la rivière mais on envoie un lampiste municipal, muni d’un bâton, repousser la carcasse échouée sur la berge pour qu’elle aille se prendre plus en aval dans des branchages hors des limites du secteur administré.

L’écologie est un domaine qui illustre avec splendeur les habitudes irresponsables ou cyniques d’hommes cultivant une autre expression qui va dans le même sens : « Après moi le déluge ! »

Lycéen de l’Est de la France dans les années soixante, un de mes professeurs de Sciences Naturelles abordait souvent le sujet des mines de fer et de charbon de la région. Il nous indiquait que leur exploitation dispendieuse en comparaison de celle d’autres pays du globe, aux minerais plus riches et d’accès plus facile, devait nous faire envisager rapidement la fermeture progressive de nos puits. Il affirmait également que les réserves pétrolières mondiales n’étaient pas élastiques. Il jugeait intéressant de trouver dès maintenant des sources d’énergie renouvelables pouvant soutenir la demande exponentielle d’une population mondiale qui explosait. Il embrayait alors sur les produits de consommation faisant appel à d’autres ressources mais devant suivre la même logique d'anticipation. Il soulignait le rôle essentiel des grandes forêts pluviales, poumons de notre planète, et les dangers d’une déforestation massive ou d’une exploitation inadéquate. Il nous faisait valoir les risques de la surexploitation des terres arables, du remembrement à tout crin, et ceux d’une politique aveugle entichée de productivité. La pollution était pourtant à peine au goût du jour. Il prophétisait la spoliation future des ressources alimentaires des océans qu’on imaginait inépuisables au vu des surfaces qu’ils couvrent. Il nous faisait surtout découvrir la fragilité de la chaîne écologique en nous exposant les conséquences funestes des générations précédentes d’apprentis sorciers. J’avais retenu à l’époque l'explication exemplaire de la disparition éclair de tribus d’Amérique du Sud à l’époque des conquistadors. C’était l’importation de maladies non endémiques chez eux, plus que les tueries, qui était à la base de la fulgurance du phénomène.

Un demi siècle plus tard, je souris vaguement au discours, soi-disant novateur, d’un politicien américain bâtissant son fond de commerce sur le réchauffement de la planète. Je ricane de l’engouement, aussi soudain que troublant, de nos responsables pour cette cause, forcés une fois de plus d’agir dans l’urgence alors que leurs prédécesseurs, qui avaient le temps, ont pourri la planète en laissant voguer au gré du courant des flottilles monstrueuses de chiens crevés.

lundi 1 septembre 2008

PENJING BONSAI même combat



1 - Mon orme de Chine auquel je passe de la musique classique sur une chaîne stéréo japonaise (mon portrait en arrière plan!) 2 - Erable du Japon 3 - Erable de Burger au début de l'automne

Clic image
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Le mot Bonsaï est composé de deux caractères japonais: BON qui signifie coupe et SAI qui signifie arbre. Littéralement, les bonsaïs ne sont rien d’autre que des plantes qui poussent dans des bacs. Ils représentent en réalité des miniatures de grands arbres vénérables idéalisés dont la silhouette s’est conservée au fil du temps, parfois sur plusieurs générations.

Le bonsaï était déjà connu en Chine, il y a plus de mille ans. Les deux idéogrammes utilisés par les chinois sont les mêmes qu’en japonais mais la prononciation diffère: PEN-JING en chinois. La naissance de cet art s’explique par une volonté de représentation idéalisée de la nature propre aux asiatiques de confession bouddhique. Pour eux, tous les éléments qui sont sur Terre sont unis les uns aux autres et peuvent se réincarner l’un dans l’autre. Chaque étape de la métempsycose doit apporter une élévation spirituelle et tendre vers la perfection. Un des moyens pour y parvenir est la méditation. Plutôt que de contempler des heures un arbre en pleine nature, pour des raisons d’espace et de proximité, le bonsaï a vu le jour afin que chacun puisse le faire chez soi devant des arbres miniatures.

Une légende voudrait faire remonter la découverte du bonsaï aux premières heures du bouddhisme. Gautalama Siddhartha, le Bouddha, avait coutume de méditer et de prêcher sous des arbres. A sa mort, ces endroits devinrent des lieux de pèlerinage. Vers 60 après J.-C., la cour de l’empereur de Chine se convertit au bouddhisme. Pour échapper à la foule des pèlerins, la noblesse chinoise se mit à reproduire dans des parcs privés les différents arbres sacrés qui parfois même s’intégraient dans des paysages entiers. Les jardiniers faisaient de petits miracles en choisissant des arbres relativement jeunes qu’ils transformaient en copies conformes miniaturisés de ceux auxquels le culte était rendu. Lorsqu’au XI ème siècle, les femmes chinoises de la Cour durent se bander les pieds, il leur devint difficile de marcher et on dut les porter dans les jardins pour pratiquer leur méditation. Un jardinier astucieux aurait alors eu l’idée de renverser la situation en amenant les petits arbres plantés dans des pots à la dame!

Vers l’an 1200, des ambassadeurs chinois introduisirent les premiers penjing au Japon. Aussitôt, les japonais s’enthousiasmèrent pour ces petits arbres et ne tardèrent pas à exceller dans cet art, surpassant même parfois leurs maîtres. Au cours des huit-cents ans dernières années, ils sont parvenus à créer de très nombreuses formes stylistiques et inventer des techniques que nous pratiquons aujourd’hui. Un bonsaï doit avoir l’air vieux et noueux, comme s’il avait enduré l’assaut des éléments depuis des siècles. Sa couronne de feuillage doit être aérée de telle sorte que le tronc et les branches soient visibles. Le collet est à l’air libre comme celui d’un arbre dans la nature. La coupe raffinée complète l’équilibre du tableau. A noter que le bonsaï ne doit pas dépasser 80 cm de haut contrairement au penjing qui lui peut être beaucoup plus volumineux.

Originellement, le bonsaï était (et devrait rester) un arbre de plein air pour respecter sa fonction «d’objet de méditation». On ne rentre habituellement qu’un petit arbre dans la maison pour quelques heures ou quelques jours. Les Européens ont un autre rapport aux plantes. Ils les cultivent en pots toute l’année dans leurs appartements et laissent pousser les arbres librement en plein air. Ceci fait qu’ils préfèrent transformer en bonsaï les plantes supportant d’être en intérieur toute l’année : plantes des régions tropicales et subtropicales.

Source: Jochen Pfisterer «Bonsaï: pour une culture réussie» PETITS PRATIQUES HACHETTE.
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Pour se lancer dans la culture du bonsaï, il n’est point nécessaire de se convertir au bouddhisme et de se raser totalement le corps. Inutile également de se mettre en état de lévitation et de compulser un quintal d’ouvrages savants ou ésotériques détaillant les moindres subtilités techniques. Pas besoin non plus d’être snob. Quelques notions fondamentales suffisent, associées à un peu de bon sens.

Ainsi, beaucoup de personnes qui se lancent dans l’aventure méconnaissent un point clef. C’est pour cela que je vois régulièrement trôner dans des appartements des squelettes de bonsaï d’extérieur n’ayant rien à faire dans des pièces surchauffées aux lumières artificielles. Et c’est: «Et pourtant, je l’entretiens régulièrement comme indiqué sur la notice et j’ai acheté tout le matériel qui va avec. Si tu peux faire quelque chose, je te le donne ».

Merci ! fichtre, il fallait le mettre dehors ce petit arbre! Vous auriez même été étonné de vous apercevoir qu’il résistait petit à petit à des températures beaucoup plus basses que celles «autorisées sur la notice». Que des variétés au feuillage persistant dans leur milieu naturel, finissaient par suivre le cycle des saisons locales et perdaient leurs feuilles en hiver. Dès les premiers gels, rentrez cependant vos pots dans une pièce froide offrant de la lumière du jour, sans oublier de l'arroser au moins deux fois par semaine. Le pot ne protège pas suffisamment les racines du gel contrairement à un arbre profondément enraciné. Lorsqu’on peut retirer du pot, d’un bloc, l’arbre et la de terre incluse dans son réseau racinaire dense, le temps du rempotage tous les deux ou trois ans est possible en évitant de trop toucher aux racines. Leur taille est le point le plus périlleux de la culture du bonsaï. On peut souvent l’éluder. Un conseil simple, lors du rempotage: respectez la composition de l’apport en sol préconisé pour votre arbre. Faites le chauffer avant (le mélange préconisé... pas l’arbre !) dans une veille casserole à forte température pour détruire les vecteurs de maladies susceptibles de s’y trouver. Aseptisez régulièrement vos outils de taille si vous les utilisez pour d’autres plantes. En été, l’arrosage doit être quasi journalier et l’apport d’engrais parcimonieux bihebdomadaire. Pas besoin d’acheter des engrais spécialisés vendus à prix cocaïne et sans intérêt fondamental. L’eau de pluie est idéale pour l’arrosage (venant du ciel ou d’un récipient de recueil des eaux pluviales), sinon, laissez décanter l’eau du robinet et arrosez le bonsaï quand elle a dégazé et pris la température extérieure pour éviter des chocs thermiques racinaires. On arrose le soir, comme son jardin, pour conserver le plus durablement le bénéfice de votre hydratation*. Le pot accentue les principaux mécanismes responsables de l’évaporation. Beaucoup de bonsaï finissent leurs jours, suite à des manques d’arrosage en été. Si vous ne possédez qu’un tout petit bonsaï, pourquoi ne pas utiliser de l’eau de source en bouteille? Les jours de grosse chaleur, on peut vaporiser le feuillage quand le bonsaï n’est plus en plein soleil ou tremper le pot dans une bassine, sinon on risque de brûler les feuilles.

Derniers conseils personnels : pour vos débuts, choisissez des essences robustes et dociles à la taille. Evitez les essences à grosses feuilles donnant à votre composition des proportions peu naturelles. L’Ulmus parvifolia ou orme de Chine constitue un bonsaï idéal pour les débutants. Sa pousse rapide et vigoureuse gomme rapidement certaines tailles hasardeuses et son adaptation à nos climats est remarquable. Le Serissa foetida ou neige de juin est une essence donnant des bonsaï magnifiques, couverts de fleurs blanches en juin comme le nom l’indique, mais malheureusement, pour avoir discuté de mes échecs avec des spécialistes, chaque taille est une roulette russe pouvant aboutir au pourrissement des branches taillées. Les réanimations deviennent peu à peu hypothétiques. On n’en voit d’ailleurs presque plus chez les fleuristes revendeurs assaillis de demandes de sauvetage par leurs clients. Bonsaï assez faciles également à cultiver, les variétés d’érables sucriers dont les feuilles dentelées prennent une coloration rouge bien avant l'automne quand leurs réserves glucidiques augmentent.

*Pour faire pro, lien très technique sur le sujet de l’évaporation appliquée aux végétaux: ici