vendredi 15 mai 2009

Pas photo !





Réflexions philosophiques du soir, bonsoir.


La compression des données audio, une avancée technologique ?


Comme tout un chacun, j’ai stocké un temps une bonne partie de mon audiothèque sur différents supports multimédias: baladeurs MP3, disques durs externes multimédia... Cela facilite grandement l’échange des données et permet d’embarquer facilement une quantité astronomique de morceaux musicaux sur des supports de taille minime. Les téléchargements sont aisés, rapides et fiables. Les codecs sont variés mais le principe reste le même et la qualité de restitution, en modulant l'échantillonnage selon le type, très comparable.


Quid de la qualité musicale et du confort d’écoute ?


La clef USB baladeur avec écouteurs éponges qu’on se colle dans le conduit auditif externe pour écouter péniblement un morceau MP3 échantillonné en 128 Kbits/sec constitue à mes yeux, en plus de mes oreilles, une forme de régression. Qui plus est, je dois avoir une anatomie auriculaire atypique : ces trucs ne tiennent jamais en place.

Quand, quelques décennies plus tôt, je hantais les auditoriums des magasins spécialisés en matériel HI-FI et qu’on me décrivait avec volubilité et passion les caractéristiques techniques des chaînes en démonstration : rapport signal/bruit, taux de distorsion, réponse en fréquence, distorsion harmonique totale, bande passante… je voyais à l’ouvrage une fourmilière de chercheurs et des équipes d’ingénieurs soucieux d’atteindre des critères de qualité d’écoute suivant une courbe asymptotique visant à tutoyer la perfection, sans, "bien entendu", jamais l'atteindre, par définition.

Quand on me faisait entendre un CD audio dédié aux tests de réponse et aux capacités d’encaissement d’enceintes prestigieuses de la taille d’un bahut normand, j’imaginais des artisans perfectionnistes ayant un lit d’appoint dans leurs chambres acoustiques comparant sans relâche l’évolution de leurs matériels.

C’est comme si la vulgarisation du CD audio et l’apogée des techniques mises en œuvre dans de nombreux domaines de la haute fidélité avaient fini par lasser le consommateur et sonner le glas de ces beaux objets au design élaboré. Peut-être que la taille des appartements modernes ne permet plus de loger ces prestigieuses chaînes HI-FI. Les ingénieurs du son dorment désormais dans le métro ?

Bon sang de bonsoir ! Écouter une symphonie de Beethoven ou une étude de Chopin avec un baladeur dans la station d’accueil d’une structure improbable d’amplification de bruit de fond ! Voici revenu le temps des invasions barbares…

Rétro lien
sujet évoqué dans une nouvelle.

mardi 12 mai 2009

104 versus 127


Ma future épouse M. et moi-même revenions en voiture d’un hôpital mosellan où j’effectuais alors un stage d’interne en Médecine. Arrivés en haut du boulevard des Aiguillettes, où habitaient ses parents, je la revois aujourd’hui comme si c’était hier, enlever sa ceinture de sécurité. Son port n'était pas encore obligatoire en agglomération. A une trentaine de mètres de chez elle, figurait et figure toujours sur ce boulevard, une intersection protégée à droite comme à gauche par un panneau «STOP». Cette précision vise à bien faire comprendre que ce renfort de signalisations nous accordait, sans hésitation possible, la priorité de passage. Quelle ne fut pas ma surprise de voir arriver à la vitesse d’un gastéropode, sur ma gauche, qui plus est, une Fiat jaune banane flambant neuve pilotée manifestement par quelqu'un faisant totalement fi de mes prérogatives. Avec une couleur pareille, je ne pouvais pas la rater. Je pensais qu’il aurait tôt fait de dégager la chaussée. Non, il traînait épouvantablement. J'eus beau m'arc-bouter comme un malade sur la pédale de frein de ma 104, l’impact transversal eut lieu, inéluctable. Quand je disais que je ne pouvais pas la rater.

Les principes physiques et ses lois sur la quantité de mouvement appliquées aux chocs élastiques des masses firent que l’auto-tamponneuse folle se mit à décrire à plat sur la chaussée une gracieuse trajectoire parabolique qui la fit s'enrouler en banane, bien sûr, autour du panneau stop opposé. Des sons de laminoir pourraient enrichir enrichir la scène. Comme dans le ralenti du film où Michel Piccoli est victime d'un accident de la route au milieu d'un verger normand, "Les choses de la vie" de Sautet, je vis parfaitement le conducteur flotter un temps dans l'habitacle de sa voiture dépressurisé, puis rouler sur le coté en direction du siège passager avant d'être éjecté par la portière qui s’ouvrit au moment du second impact. Piccoli n’avait pas bouclé sa ceinture de sécurité, lui non plus.

Pendant que je m’agrippais au volant, M. était partie en direction du pare-brise faisant voler au passage, d'un coup de tête magistral, mon rétroviseur intérieur. Groggy après la tamponnade violente, je restai quelques secondes hébété, accroché stoïquement au gouvernail, capitaine du Titanic après sa collision avec un iceberg. M. et moi finîmes enfin par nous scruter individuellement et mutuellement de la tête aux pieds. Pas de dégâts corporels majeurs apparents. Nous giclâmes alors de nos sièges pour porter secours à l'homme volant. Son visage hagard émergea rapidement au dessus de l'accordéon du toit de son épave durant notre sprint. Les cheveux hirsutes, les lunettes de travers, dépenaillé comme un peau-rouge venant de passer sous un troupeau de bisons, il se mit à évoluer comme un robot revêtu d'un grand imperméable autour de sa voiture : spectacle rare. En plus, le cyber-cheyenne lançait des imprécations ahurissantes en direction du ciel. Il continuait à tourner autour de son véhicule comme s’il se fut agi d’un chariot yankee à truffer de flèches. Méprise totale cependant, il s’agissait du sien. Son cri de guerre était une litanie de cet ordre: « Où est ma chaussure? Vous n'avez pas vu ma chaussure? J'ai perdu ma chaussure. »

Non, il ne parlait pas de mocassin...

Seul détail rassurant au milieu de cette scène surréaliste, il avait bel et bien perdu une chaussure dans l’affaire. Nous ne fûmes pas longs à la récupérer pour tenter de le calmer au plus vite. L'objet vital de nouveau en sa possession, le brandissant comme un tomahawk, il se mit à psalmodier un autre chant rituel: « Vous vous rendez compte du pot, ma guitare n'a rien. Pas possible, même pas pétée. Pour un coup de pot, c'est un coup de pot. Ma guitare n'a rien, pas possible, vous vous rendez compte, ma guitare à l’arrière est intacte... »

Cela n’en finissait pas. Le malheureux occultait la vision d’épouvante que constituait son automobile morte, gisant en croissant de lune sur le trottoir. Il se rassérénait avec l’anatomie préservée de son précieux - comment en douter - instrument de musique. Notre homme avait perdu la notion des valeurs matérielles.

Bien que mes sens fussent encore sens dessus dessous (allitération), je m’aperçus enfin avec stupeur que le peau-rouge sous champignons hallucinogènes que je venais d'éperonner avec le rostre de ma Peugeot était un ancien camarade de classe. Un autre Pierre que je n'avais pas revu depuis des lustres. Je tenais enfin une parcelle d’explication rationnelle à ce télescopage absurde. J'avais en face de moi, la mine hagarde, semblant échappé du centre psychiatrique proche des lieux du sinistre, l'imperméable en bataille, une chaussure noire à la main, un des plus grands rêveurs de la planète: le Pierre Richard lorrain. Cette apparition jaune pétard nonchalante et cette traversée aberrante de la chaussée au mépris de toutes les règles de la circulation collaient parfaitement au personnage. Par bonheur, lui aussi recouvrait peu à peu ses esprits. Le fait qu’il gardât sa chaussure en main ne devait plus être considéré que comme un simple épiphénomène.

Ce fut alors le bouquet final, l’apothéose de cette scène ubuesque. Deux personnages heureux de se retrouver dans des circonstances cataclysmiques qui forçaient les badauds ébahis par le spectacle de cet amas de ferrailles, à concevoir qu’en pareilles circonstances, les victimes se devaient d’évoquer, assis sur le bord du trottoir, en attendant la police, les meilleurs passages des albums d'Achille Talon de leur adolescence. L’album "Cerveau-choc" en particulier pour ces encéphales bien ébranlés.



Mon futur beau père, journaliste aux faits divers à l'Est Républicain, était placé aux premières loges. Cet accident venait de se dérouler sous ses fenêtres. Il avait rapidement donné l’alerte avec son matériel de radioamateur. La planète était désormais au courant du scoop. On lui mâchait le boulot. Comble du comble au milieu de ces coïncidences étranges, il affirma connaître le père du sinistré. C’était un de ses anciens collègues du journal.

Dans le quart d’heure qui suivit, quelle fut l'attitude de M. dont le front se barrait d'un trait sanglant? Son organigramme comportait un départ impératif à cinq heures pétantes pour les vendanges avec des copains. Elle allait être en retard. Elle me laissa avec ma 104, version courte, compression de César.

Pour mettre un point final humoristique à cette aventure qui n'en manque pas par ailleurs, je précise que mon camarade fut invité à mon mariage, quelques mois plus tard. Le moins qu'on puisse faire en pareille circonstance. Dans le courant des festivités, il m'indiqua qu'il était professeur de français dans un lycée du nord de la Moselle, proche de la frontière allemande. Il avait donné ce sujet de rédaction à ses élèves pour les vacances de Toussaint: " Vous assistez à un accident de la route. Décrivez les éléments de la scène. Faites parler les acteurs et les spectateurs."

Il précisa, sur le ton de la confidence ironique: « Tu sais là-haut, ils n’ont pas peur du sang qui gicle et de la cervelle collée au pare-brise. J’ai dû me tenir une ou deux fois à mon fauteuil pendant les corrections ! »

Le scénario de ce film est à base de faits réels. Les personnages principaux ont existé et existent toujours. Aucun animal n'a été maltraité durant le tournage, hormis les chevaux vapeur. Les cascades ont été réalisées par l'équipe de Rémy Julienne.

dimanche 10 mai 2009

Traque sur Internet


Un diaporama PPS circulant sur Internet qui propose des vues célèbres de la capitale italienne a été adressé par une de ses amies à la mère de Vincent, mon plus jeune fils. Particulièrement observatrice, la messagère aurait reconnu le fiston sur une photo parmi les visiteurs de la Chapelle Sixtine.

Chapeau! fort étonnement, en bas à droite de la photo du billet, on découvre l'énergumène en maillot jaune. On voit mal la mère qui me paraît en galante compagnie. Big Brother nous surveille, n'oubliez pas...

Vous pouvez télécharger le diaporama musical en question remanié. Il n'est pas désagréable à regarder et à écouter, surtout maintenant que j'ai inclus la musique que j'appelais en local sur la première mouture: l'erreur classique avec Powerpoint ! J'espère que l'auteur ne m'en voudra pas pour les petites modifications apportées.

Clic Droit sur le lien puis Enregistrer la cible du lien sous... Visite de Rome

Clic Gauche tout aussi efficace si le "player PPS" est installé sur votre machine, que ce bouton va plus dans le sens de vos idées politiques ou que vous désirez lancer directement le diaporama comme un grand fou... ou une grande folle.


samedi 2 mai 2009

Blade Runner


Énormément de choses ont été écrites sur ce film de fiction qui honore et dépasse le genre. A son propos, je n'évoquerai qu'une courte anecdote personnelle contemporaine de sa sortie en salle.


La veille, je venais de prendre un uppercut au foie en découvrant «Blade Runner» de Ridley Scott - 1982. La fouineuse de l’appartement du-dessous était montée ce soir faire l’inventaire des transformations récentes que nous avions entreprises. Cela changeait un peu de ses débarquements intempestifs courroucés quand nos enfants faisaient trop de bruit à son gré. Fort possible avec le recul ! Cette personne d’une trentaine d’années vivait en couple avec un scientifique de réputation internationale, plus âgé qu’elle. Je n’ai découvert que bien des années plus tard ses compétences en la matière. Courtois, fin psychologue et beaucoup plus discret que sa compagne, il tempérait régulièrement son snobisme de secrétaire aux gouts de parvenue. La chair est faible...


La conversation avait fini par bifurquer sur les dernières sorties cinéma: "Elle était allée voir hier, avec J., un film indien d’une rare beauté." Je n’ai rien contre le cinéma indien, loin de là, mais le titre qu’elle m’avait donné alors n’est resté que dans les annales des mate-ma-culture-et-mon-masochisme. Prudent, j’avais indiqué que je venais de voir un film intéressant qui risquait de faire date.


- Ah bon ? Quel en était le thème ?... Ah, oui, un film de soucoupes volantes…


Sourire fugace de commisération et nette sensation de suspicion de gout de chiottes en ce qui concernait mes valeurs cinéphiles. Sa remarque modéra mon récent enthousiasme qui ne serait peut-être qu’un feu de paille. L’histoire a jugé.


J’ai vu dans ce film, ma chère voisine, des choses que vous ne pouviez croire. Elles ne se sont pas perdues dans l’oubli, contrairement à votre prétention qui ne me revient que de façon fortuite en rédigeant ce billet.





"J'ai vu tant de choses que vous humains ne pourriez pas croire. J'ai vu de grands navires de guerre, en feu, surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C. briller dans l'ombre de la porte de Tannhauser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie… Il est temps de mourir."


- Le "Chelsea Hotel" de New-York, peu avant sa restauration, a servi de cadre à plusieurs scènes du film pendant sa fermeture.

- Le titre du film est difficilement traduisible en français. "Commis faucheur", utilisé un temps dans le sous-titre du défilé texte du générique d'introduction, a été abandonné pour conserver l'expression anglaise originale.





Deux autres monuments dans le domaine des films d'anticipation