lundi 27 décembre 2010

Une soirée particulière




En garde académique Noble Art, dos plaqués au rideau de fer d’un magasin, Hugo Mancini et Angelo Napolitano se lancent un regard complice. Quelques secondes plus tôt, Hugo a glissé une consigne au gros Manu en anglais d’aéroport : « During our diversionary tactic, bring the girls to the hospital.».

Une bonne partie des internes de l’hôpital N., une sous-préfecture vosgienne, vient de fêter un anniversaire dans un restaurant du centre-ville. À peine sortis de l’établissement, la troupe est prise à partie par cinq loulous du cru copieusement avinés. Les bucherons sont descendus de leur montagne pour casser du pékin. Nos deux pugilistes ont attirés en retrait l’individu le plus hargneux de la bande qui pour l’instant mouline des poings devant leurs nez. Cette manœuvre est la première phase d’une tactique visant à sortir du guêpier leurs compagnons d’infortune. Ceux-ci subissent à quelques mètres, sans broncher, les bourrades d’échauffement d’avant-match de l’arrière-garde ennemie.
 
Le regard complice d’Hugo Mancini et d’Angelo Napolitano indique qu’il est temps d’enclencher de la deuxième phase du projet : l’envoi de métaphores courtoises et goûteuses susceptibles d’attirer le reste de la horde sauvage. Ils multiplient aussitôt bruyamment les qualificatifs vantant les tronches peu communes des coyotes qui leur font face. Alléchés par la fine conversation qui se tient devant le rideau de fer, les beaux esprits en retrait rappliquent en vitesse. Pas question de louper la Carte du Tendre qui s’improvise devant le magasin. Diantre, deux aristocrates forts en burnes ont la délicatesse de proposer un pugilat digne de ce nom en cette triste fin de soirée d’hiver! Une lueur glauque teinte avec parcimonie les prunelles vitreuses des assaillants. La tactique a fonctionné à merveille. Sorti enfin de son hébétude de pacifiste invétéré, le gros Manu en profite pour s’escamoter avec le restant de la troupe d’internes. Hugo est rassuré. Le message en anglais avait fini par arriver à son cerveau.

En pareille infériorité numérique, il n’y a que dans les westerns que les bons s’en tirent sans une égratignure. Hugo et Angelo engagent à la phase trois. Ils fendent le cinq adverse comme deux piliers de rugby et filent à toutes jambes. Ils ont tôt fait de rattraper le gros Manu qui s’est fait larguer depuis belle lurette par ceux dont il avait théoriquement la charge: « Remue ton cul, Manu, si tu veux garder ton pucelage, lui lance Angelo en le dépassant comme une fusée.»

Ayant fait vœu de chasteté jusqu’au mariage, Manu retrouve illico un second souffle qui lui permettra de franchir la ligne d’arrivée, en l’occurrence la barrière du centre hospitalier, peu de temps après le vainqueur. Les Wisigoths poussifs, lestés par les bières et les verres de mirabelles qu’ils se sont enfilés dans la soirée, n’ont jamais pu rattraper les félons qui ont usé d’une rouerie de bas-étage. Dépités, ils se livrent à de piètres compensations. Quelques vitres du service de Cardiologie trinquent avant qu’ils se décident à filer pour échapper à la maréchaussée prévenue par le gardien de nuit. Totale méconnaissance de la prudence légendaire des argousins. Ces derniers ne viendront prendre des dépositions de forme que le lendemain matin, juste après leur partie de tarots.

Suite à ce fait d’arme, Hugo Mancini se mit dans la poche Angelo, le gars de Villerupt, fils d’ouvrier syndicaliste, élevé au lait crémeux de la lutte des classes et adepte occasionnel des bastons de cité. Jusqu’ici, notre homme était resté en retrait du groupe. Étudiant en sixième année de Médecine, vague sosie de Georges Brassens au même âge, mais plutôt fan de Jimmy Hendrix, il s’était assigné comme mission en terrain hostile peuplé de fils et de filles à papa pétant dans la soie, d’obtenir au plus vite un diplôme de Médecin du Travail. Hugo Mancini, interne en Obstétrique à la Maternité, voyait dans ce choix peu ambitieux le pragmatisme et la modestie pesée d’un enfant de damnés de la Terre. Angelo était probablement un des étudiants les plus brillants de sa promotion. Ce taiseux n’intervenait dans les conversations d’internat qu’avec parcimonie. C’était surtout pour envoyer du lourd copieux destiné à faire rosir quelque interne féminine de bonne famille. Accoutumée aux propos en usage dans les salles de garde, même Christine, la sculpturale monitrice de natation tulloise, présidente d’un club de bébés nageurs, jeannette boyscout fleur bleue, ne mordait plus à l’hameçon. Elle avait compris que bien loin d’être le butor qu’il s’acharnait à jouer, Angelo mettait peu à peu de l’eau dans sa Vodka, appréciant ça et là quelques comportements sociaux des ploutocrates qu’il côtoyait. L’intelligence a de bons cotés, comme ouvrir à la tolérance et au respect des différences.

Charles-Henry Desvignes restait l’adversaire de classe favori d’Angelo. Ce fils d’un magistrat de sous-préfecture de la région Champagne-Ardenne cultivait avec zèle l’art de se rendre impopulaire. Il campait un personnage hautain prisant les sujets de conversations sérieux ou stylées. Ce dandy, un tantinet pédant, jouait au réactionnaire. Ses réparties cassantes ne s’aventuraient jamais sur le terrain du mépris et cherchaient avant tout à défendre la vérité. Hugo estimait que son jeu procédait d’un goût affirmé de la provocation et du plaisir de se singulariser en s’arrogeant quelques traits aristocratiques. Patrick Chopart, interne vosgien du cru, personnage madré, l’avait bien compris qui l’encourageait à forcer dans ce registre. Il jouait le candide de service qui lui passait les plats. Grand amateur d’arts martiaux qu’il pratiquait à l’occasion, ce vosgepatte louait à cet instant l’ingéniosité des deux experts du combat de rue. Il ventait aussi le respect scrupuleux de l’éthique qui les avait amenés à refuser de s’adonner à l’art de la savate en dehors des salles spécialisées.
- N’empêche, qu’eux, ils ont finement joué le coup, rétorqua Charles-Henry Desvignes qui n’était pas présent au repas d’anniversaire en ville car il était de garde.
- Mon sang vosgien m’a enjoint à ne pas m’impliquer. Je me devais de défendre le sens de l’hospitalité, certes un peu rustique, de mes compatriotes !
- Et tes principes éthiques n’interdisent pas le sprint, c’est ça, ironisa Charles-Henry ?
- Comme d’habitude, tu lis en moi à livre ouvert !
 
Pour élargir le panel des disciplines sportives, à ce moment de la conversation, le grand Houdelot, champion de France de Volley-ball, ouvrit la porte de l’internat. Ce personnage au calme olympien, sinon olympique, rentrait d’un secours aux accidentés de la route. Trahissant son flegme coutumier, il affichait en entrant une triste mine.
- Tu viens d’apprendre que tu ne faisais pas partie de la prochaine sélection nationale, lui demanda Angelo ?
- Non, c’est bon. On vient de ramener avec le SAMU un brûlé que les pompiers ont dû désincarcérer de sa caisse qui avait flambé dans un accident.
- Le type était diabétique et l’odeur du caramel t’incommode, enchérit Chopart ?
- C’est plutôt une odeur de méchoui carbonisé qui me reste dans les narines. Voyager pendant une demi-heure dans une ambulance avec un clone mort de Han Solo dont on a raté la mise en sommeil dans la carbonite, c’est pas mon trip.
- Tu veux dire qu’il puait comme Chewbacca?
- Même un vosgepatte comme toi, habitué à l’odeur du lard fumé, aurait gerbé.
 
Le "Bip" d’Hugo Mancini se mit à émettre. Il se dirigea vers le téléphone de l’internat.
- Tu peux me seconder, Charles-Henry? C’est parti pour une césarienne à la Mat. C’est un garçon. On va participer au renouvellement des hooligans vosgiens.

Une heure plus tard, mettant au panier leurs tenues chirurgicales, Hugo et Charles-Henry s’étaient engagés dans une conversation autour du mariage. La parturiente qu’ils venaient d’opérer était une jeune fille mère que l’équipe soignante avait accompagnée avec bienveillance durant son travail.
Hugo partit dans un monologue. Il indiquait à Charles-Henry que le mariage d'amour était une invention moderne. Au début du XIXe siècle on avait cherché à rétablir l'égalité entre époux en privilégiant le sentiment sur l'obligation. La période industrielle avait sacralisé le mariage pour stabiliser le couple et favoriser le rendement au travail. On avait souhaité gommer les malheurs de l’ancien mariage de convenance, mais le nombre de divorces, la consommation de partenaires abandonnés dès que l’ardeur de la découverte s’émoussait pour faire place à quelque chose de trop ordinaire, indiquaient bien que cette invention montrait de nos jours ses limites. Nul besoin de se marier désormais pour vivre ensemble ou avoir des enfants. Choisir qui l'on aime, aimer qui l'on veut, ces droits chèrement acquis eurent un prix. Comment l'amour, qui attache, peut-il s'accommoder de la liberté qui sépare? C'était à l’évidence le dilemme du couple moderne qui vénère à la fois la passion et l'indépendance. Il y avait progrès dans la condition des hommes et des femmes mais il n'y avait pas de progrès en amour.
 
Charles-Henry baignait dans son jus. Les références historiques et les dérives du modernisme étaient sa tasse de thé. Il louait les propos d’Hugo Mancini qu’il savait par ailleurs défendre la révolution culturelle de la fin des années soixante. Il le félicitait de manier l’antithèse.
- Et toi, pourquoi t’es tu marié, demanda-t-il à Hugo ?
- Pour ne pas imposer mes idées libertaires à ma future femme et à mes enfants à naître? Si tu veux connaître le fond de ma pensée, je pense qu’il n’est légitime de se marier que pour fêter un long passé de vie commune, et encore…
- Un constat, plus qu’un contrat ?
- Oui, c’est ça. As-tu remarqué que les vaches qui broutent dans un champ s’acharnent à passer la tête au travers des barbelés pour manger l’herbe à l’extérieur?
- Comme les hommes sont des bovidés, se sentir parqués les pousseraient donc à s’égayer hors de chez eux?
- Possible...
 
Une année s’était écoulée. Hugo Mancini était retourné à la Maternité régionale, la maison mère, pour accomplir sa dernière année d’Obstétrique et préparer son concours. Son ancien patron lui demandait assez régulièrement de venir le remplacer les samedis à sa consultation privée. Hugo avait gardé le contact avec quelques uns de ses anciens compagnons d’internat dont certains avaient prolongés leur bail au Centre Hospitalier où il avait sévi deux années durant.
 
Ce samedi, la secrétaire lui avait concocté un planning sadique. Elle avait mis tout son art à truffer son après-midi de rendez-vous surnuméraires. L’urgence de ces consultations avait laissé Hugo perplexe. Bon an mal an, sa concentration particulièrement chahutée, il arrivait au bout de son marathon. La dernière patiente, il l’avait déjà vue la semaine précédente. Il n’avait pas vraiment compris le motif de sa consultation. Une attente potentielle de support psychologique flottait-elle dans l’air ? La fabrication des mâles les a spécialisés dans la recherche de solutions rapides aux problèmes. Elle les fait évoluer principalement dans la sphère de la performance, et ce de manière parfois ridicule. La sphère des femmes serait plutôt celle de la sensibilité, des émotions et du partage. Bien souvent, quand elle demande un conseil à un homme, une femme n’attend pas vraiment de sa part une réponse pratique, automatique, mais un minimum d’écoute et d’attention. L’intérêt d’être la dernière consultante de la soirée, c’est que le praticien, libéré des contraintes horaires, peut s’y prêter: « Docteur, j’ai lu récemment dans un magazine un article sur la sexothérapie de groupe. Qu’en pensez-vous? »

Bon, elle annonçait cette fois clairement la couleur. Devant son bureau, cette jeune femme à la plastique irréprochable prenait des poses aussi naturelles qu’une candidate au titre de Miss France. Hugo l’interrogea rapidement sur une éventuelle problématique du coté de son fiancé. C’est le mot qu’elle avait employé. Pendant qu’il remplissait les bordereaux destinés au laboratoire de cytologie, elle lui confia qu’elle goûtait peu sa fréquentation forcenée des salles de musculation et son adulation pour Jeanne Mas et Dalida. Il collectionnait tout ce qui avait trait à ces deux artistes. Hugo comprit que ce n’était pas l’Empire des Sens tous les soirs à la maison. Voyant peu à peu se matérialiser à la droite de sa patiente le spectre de Geneviève de Fontenay, Hugo comprit que la fatigue commençait à lui jouer des tours. Il devait peser ses mots. Il renonça d’abord à affirmer à la nymphe que la sexothérapie de groupe risquait d’être un choc terrible pour elle. Voir son fiancé se jeter sur le premier mâle à portée de main lors d’une séance, ça peut heurter une âme sensible. Il évita aussi d’indiquer qu’il pouvait faire don de son corps à la Science pour cette noble cause. Si le gynécologue en venait imprudemment à mélanger travail et gaudriole, sa vie deviendrait vite un enfer et son diplôme partirait vite en fumée. Hugo s’était toujours étonné des questions scabreuses qu’on pouvait lui poser sur son exercice professionnel. Beaucoup d’entre elles cherchaient à savoir comment il était possible d’échapper à autant de sollicitations quotidiennes. Fantasmatique bizarre des interlocuteurs. Ah bon, toutes les femmes viennent consulter avec des idées de galipettes en tête ! Comment ne pas comprendre que l’annonce potentielle d’un diagnostic inquiétant participe peu à ce genre d’état d’esprit ? En plus, combien de femmes se rendent chez le gynécologue avec le même enthousiasme que lorsqu’on va chez le dentiste ! Hugo se permit uniquement de préciser que la découverte d’un bon partenaire est souvent un chemin semé d’embuches, qu’il fallait bien réfléchir avant de se faire passer la bague au doigt. Des banalités, en somme. Quant au type de thérapie qu’elle suggérait, il valait mieux ne pas tomber dans le panneau de pratiques exotiques douteuses.
 
Il passa la pomme de terre chaude à un correspondant sexologue en rédigeant un courrier à son intention. Souriant intérieurement, il se dit que ce dernier aurait peut-être la bonne idée de la demander rapidement en mariage pour la soutenir avec ardeur pendant les défilés de Miss Vosges. De là à lui recommander dans son courrier…

Quand Hugo sortit enfin des locaux, bien après 20 heures, Angelo Napolitano faisait le pied de grue sur le trottoir. Charles-Henry Desvignes pendait ce soir la crémaillère. Ils étaient tous les deux conviés à cet événement. Angelo était venu chercher Hugo pour le conduire à bon port. Hugo ne connaissait pas l’itinéraire pour s’y rendre.
- Merci pour ta patience. Tu sais que le prêtre dévoué à son sacerdoce ne saurait compter ses heures. Il y va du salut de ses ouailles! Alors, notre Prince a emménagé en périphérie la cité et par conséquence a abandonné sa chambre d’internat.
- J’ai appris ça récemment. Je ne vais plus avoir personne avec qui me fritter régulièrement le soir.
- Tu aurais tout de même pu passer un smoking. On va dans le grand monde…
- J’ai changé mon slip, tu veux que je te montre ?
- Je te crois sur parole.
 
Hugo, piloté par Angelo, gara sa voiture devant une bâtisse stylée du début du siècle. On montait aux appartements en franchissant un porche ouvrant sur un jardinet en arrière-cour. Au plein cœur de l’été, roses, lys et chèvrefeuilles l’emplissaient de senteurs enivrantes. De grands pots de fuchsias avec leurs petites danseuses égayaient la montée d’escalier en extérieur. Ils étaient adossés aux balustres d’une rampe en pierre grêlée de lichens.
 
Ils n’étaient pas les derniers convives attendus. Un verre de punch en main, Hugo en profita pour s’éclipser promptement après avoir salué l’assemblée. A l’écart, il s’installa confortablement dans le fauteuil en cuir d’une pièce qui devait servir de bureau, pour récupérer un peu. Il contemplait une belle aquarelle accrochée au mur en face de lui quand une petite femme brune, bien charmante, vint le rejoindre pour y déposer un bagage.
-    Je suppose que vous êtes Hugo Mancini, lui dit-elle en lui serrant la main? Charles-Henry m’a beaucoup parlé de vous. Il compte marcher sur vos traces.
-    Toujours aussi discret sur ses choix de vie. Il ne m’en avait jamais parlé. Vous êtes une de ses amies.
-    Je suis sa compagne. Le fait que je vous l’apprenne confirme bien le trait de caractère que vous évoquez.
 
Hugo Mancini tombait des nues. Pas particulièrement avide de cancans hospitaliers, il aurait du cependant avoir eu vent d’une pareille affaire. La rumeur avait prêté une aventure croustillante à Charles-Henry avec une praticienne du secteur. Celle-ci perdait toute crédibilité en pareille circonstance chez un personnage aux antipodes des situations sociales scabreuses pouvant faire douter de l’orthodoxie de ses mœurs.
- J’admirais l’aquarelle que vous avez accrochée au mur. Ce jardinet en fleurs laisse passer parfaitement les émotions et les sensations de l’artiste qui l’a peinte.
- C’est l’Art qui imite la nature ou c’est la nature qui imite l’Art, demandait Oscar Wilde ?
- Après avoir soutenu la seconde hypothèse de façon très subtile et parfaitement argumentée, il en semblait moins partisan à la fin de sa vie, indiqua Hugo à la jeune femme. Même chose quant à son éloge de la superficialité et du dandysme, «Seuls les gens superficiels ne jugent pas sur les apparences», devint dans son dans son De profundis, « Le crime, c’est d’être superficiel. ». Un personnage complexe, donc parfaitement attachant.
- Brillant qui plus est, donc profondément seul. Vous semblez aimer la peinture?
- Tout a fait, et je regrette de ne maîtriser aucune forme d’Art capable de communiquer ce que l’on ne peut formuler.
- Cela s’apprend et peut devenir source de grands plaisirs. Il ne faut jamais avoir peur de tester ses capacités artistiques et de chercher à améliorer celles dont on fait preuve.
- J’ai peur de n’avoir aucun don du genre et je pense que me jeter à l’eau reviendrait à couler  à pic !
- Dans ce cas, la noyade n’est pas fatale !
- C’est vrai, c’est probablement le manque de courage qui paralyse. Veuillez m’excuser, je dois passer pour le misanthrope de service, caché ainsi dans votre bureau. Il est temps que je rejoigne vos hôtes. Je suis très heureux d’avoir fait votre connaissance.
 
La soirée fut particulièrement joyeuse. Christine, la nageuse fleur bleue, experte dans la collecte des travers et talents cachés de son entourage, insista à plusieurs reprises pour que Charles-Henry interprète un morceau de piano, instrument présent dans la pièce où se déroulait la soirée.
- Charles-Henry a des qualités de musicien, demanda Hugo interloqué à Angelo ?
- C’est un organiste de talent très connu dans la région.
- Même sous la torture, ce type ne livrerait pas la moindre confidence intime!
Charles-Henry finit par céder aux demandes réitérées à condition que sa compagne se joigne à lui pour un morceau à quatre mains. Elle accepta sans trop se faire prier. Leur interprétation d’une danse Hongroise de Brahms fut d’un excellent niveau.
- Ils forment un très beau couple, ne put s’empêcher de signaler Angelo Napolitano à Hugo.
- Voilà le bolcheviste qui sombre dans la mièvrerie bourgeoise ! Il ne manquait plus que ça ! Tu ne vas pas y aller d’une petite larme !
- Je me la mettrais tout de même bien sur la queue, ne put-il s’empêcher d’ajouter, histoire de montrer qu’il se ressaisissait vite.
 
Coup de théâtre final. La soirée touchait à sa fin. Charles-Henry se lança dans une annonce courte mais solennelle: « Vous êtes tous cordialement invités à notre mariage qui aura lieu le mois prochain à C . »
Christine écrasa une larme au coin de son œil. Hugo faillit s’étrangler avec le dernier toast qu’il avait déniché sur un plateau. Angelo lui jeta un regard en coin indiquant que son fantasme était torpillé. Au moment où les convives prenaient congés, Hugo proposa à Christine de la raccompagner à l’internat. Il savait qu’elle n’avait pas de voiture et l’hôpital se trouvait sur son trajet pour rentrer à Nancy. En fait, plus qu’un geste de galanterie, sa proposition cachait l’idée sournoise d’en apprendre en peu plus sur cette invitation qui semblait avoir pris tout le monde au dépourvu. Dans la voiture, Christine lui affirma qu’elle aussi n’était au courant de rien. C’est dire.

- Que fait la future épouse de Charles Henry ?
- Elle est professeure de dessin. Elle fait de très belles aquarelles. J’en ai vu quelques unes. C’est à ce moment qu’elle se mit à fondre en larmes.
- Tu ne vas pas me dire que tu es amoureuse en secret de Charles-Henry, ou pire encore, de moi !
- Arrête tes idioties, arriva-t-elle à glisser entre deux sanglots.
Retrouvant peu à peu le contrôle de ses émotions, elle demanda à Hugo de garder our lui ce qu’elle allait lui confier et qui lui semblait lourd à porter seule.
 
 
Les molles rafales d’un vent chaud de Juillet donnaient un léger coup d’archet sur la cime des arbres. Hugo entendait bruisser les feuillages, craquer de menues branches ou geindre un fût d’épicéa. Attisées par ce soufflet dérisoire, les odeurs d’essences de résineux arrivaient par bouffées molles à ses narines. Au sein des pauses de cet adagio nocturne, un fourré bruissait parfois de la fuite rapide d’un mystérieux animal alerté par l’arrivée inattendue d’un noctambule. Le cri de nuit d’une chouette chevêche se faisait entendre dans le lointain. Hugo percevait la respiration ample et tranquille de la forêt qui sommeille.
Au sein de cette obscurité dense, prise en défaut, la vision laissait aux autres sens leur plein registre. L’ouïe s’affinait, l’odorat redevenait animal et le toucher un précieux guide. Même, si le temps passant, Hugo s’accoutumait progressivement à la vision nocturne, ce n’était pas au point de redonner à ses yeux leur hégémonie. Le promeneur devait se faire rôdeur aux pas précautionneux. Arrivé au faîte d’une courte ascension, la densité de la forêt s’atténua et l’éclat argenté des eaux du lac en contrebas se mit à l’éblouir par intermittences. La lune s’y mirait en surface. Aucun nuage ne venait contrarier son plaisir de coquette. Seules, quelques ondulations du tain, levées par ce vent malicieux, troublaient ça et là son occupation de Narcisse. Après tout, ce n’était pas plus mal. Cela gommait les imperfections de sa peau grêlée.

Sur le trajet du retour, Hugo avait ressenti le besoin de venir se détendre sur les berges de ce petit lac de montagne niché dans la verdure au creux des granits. Il avait abandonné son véhicule à l’entrée d’un chemin en orée de forêt. Désormais, allongé sur la mousse qui bordait le maigre ruisseau, la tête au ciel, il contemplait la voute et ses milliards d’étoiles. Un clapotis berçait son observation des alchimistes qui avaient fourni à la terre les briques de la vie. Celle-ci montait du sol, et parcourant son corps, lui procurait la sensation intense de sa propre existence. Sa vie aurait la durée d’une étincelle au regard de celle du grand univers. En perdre une seule miette, il y avait de quoi se sentir coupable. En fait, la durée importait peu. C’était l’intensité qui primait. Il aurait bien aimé, qu’allongée à ses cotés, une femme l’accompagnât dans ses rêveries nocturnes. Mélusine était peut-être là, le guettant au travers d’un buisson. Viendrait-elle se poser sur la mousse après son passage? Pourquoi ne pas chercher à transcrire un jour le souvenir de ces sensations crépusculaires? Une lectrice de passage pourrait alors l’accompagner dans ce songe d’une nuit d’été? Un peu de courage, Hugo, jette-toi à l’eau sans peur de t’y noyer. Hugo comprit qu’on écrivait peut-être pour plaire à une femme imaginaire. Au moment où cette idée germait, comme dans un paysage de carte postale de Forêt Noire, une biche et son faon vinrent boire au lac. Le moment était magique.

Au cœur de cette sérénité retrouvée, il put enfin comprendre qu’on venait de lui fournir quelques heures plus tôt l’exception qui confirmait la règle sur un sens possible du mariage inventé par les Hommes. Christine lui avait confié que la petite femme brune serait bientôt emportée par une leucémie aiguë dépistée trop tardivement. Qu’un homme veuille l’accompagner dans ce court final après avoir validé l’amour qu’il lui portait aux yeux de témoins ignorants, faisait perdre l’insignifiance de cet acte. De quoi, en plus, indiquer à ceux-ci, le temps venu, qu’accompagner quelqu’un en époux jusqu’en lisière de la vie était probablement sa grande vertu.


Pierre TOSI - Décembre 2010


mercredi 24 novembre 2010

Pour les vieux c....



Le chat de Philippe Geluck

"Old persons have the advantage that they are sure, at least, to have been young. Instead, no young person is sure to become old, one day."


Un présumé étudiant, dans un autobus plein à craquer, prit le temps d’expliquer à un monsieur âgé assis à ses côtés pourquoi la vieille génération ne peut pas comprendre celle des jeunes:

- Vous êtes nés et avez grandi dans un monde différent, presque primitif , dit-il d'une voix assez forte pour être entendue par tous. Nous, les jeunes d'aujourd'hui, nous avons grandi avec internet, la télévision, les jets, les voyages dans l'espace, l'homme ayant déjà marché sur la lune. Nos sondes spatiales ont visité Mars, nous avons des bateaux à énergie nucléaire et des ordinateurs qui calculent quasiment à la vitesse de la lumière. Et encore plus...

Après un bref silence, l'homme âgé lui répondit :

- Tu as raison jeune homme, nous n'avions pas toutes ces choses quand nous étions jeunes, par conséquent nous les avons inventées. Et maintenant, dis-moi, toi, ce que tu prépares pour la génération suivante qui t'expliquera pourquoi tu ne comprends pas les jeunes ?

jeudi 18 novembre 2010

Remaniement




Pantalon, personnage de la Commedia dell'arte - Provenance: Wikipédia




Doit-on pousser sa maîtrise de la tolérance jusqu’à l’ascèse? Faut-il convenir, comme d’aucuns l’affirment, qu’il fait bel et bien jour alors qu’on se trouve plongé au cœur d’une nuit sans lune? Libre à moi, en fait, de penser en mutin et de me demander, un brin chafouin, si le parangon, la quintessence de l’insignifiance, n’est pas tout bonnement le spectacle que nous donnent certains journalistes politiques, excités comme des puces et baignant dans leu jus, à l’annonce d’un prochain remaniement ministériel. Il est clair, même en pleine nuit, à les écouter et à les voir se dandiner de la sorte, qu’un manque total de personnalité mis au service d’une propagande qu’ils semblent ignorer est à la base de leurs comportements médiatisés bien étranges.

En fait, ne se trouve-t-on pas ici face à une simple variante dans son objet du besoin irrépressible qu’ont nombre de nos contemporains de s’enticher d’une quelconque idole, d’un mentor ou d’un gourou, pour donner sens à leur vie et les suivre jusqu’aux confins d’une addiction ouvrant au monde exquis de l’esclavage? Cherchent-ils, de la sorte, à se donner bonne contenance ou bon tonnage, à se gonfler d’importance, par la simple évocation des noms de leurs idéaux incarnés, pour les plus assujettis, le Jardin d’Eden où ils sont censés nous mener, pour les plus dévots. Lèvres gourmandes, ces gastronomes avertis de la restauration rapide nous proposent, tremblants d’émotion, le menu probable que sont en train de nous concocter les illusionnistes des hautes sphères politiques.

Mon copain Riton m’a toujours affirmé que c’était avouer qu’on s’emmerdait ferme à la maison que de se lancer un jour en politique. Que penser alors de nos serviteurs zélés de l’information qui suent le désir caché d’appartenir un jour à la caste idolâtrée, ou ragent, sans pour autant entrer en dissidence, de devoir se cantonner au rôle subalterne de messagers des dieux? Dans l’heure qui précède l’annonce solennelle et officielle, par l’endive commise à ce faire, des futurs séides ayant remporté le portefeuille garni à la Grande Tombola, ces instruments de la propagande, non contents de nous repasser à chaque fois le sketch élimé aux manches du meilleur pronostiqueur entre confrères spécialisés dans la daube, imaginent pouvoir nous tenir en haleine. Si l’on ne se trouve pas ici en plein reportage bateau – ceux qui demandant une imagination débordante comme pour les grands départs en vacances, l’arrivée du Beaujolais nouveau, les rentrées scolaires, ou l’augmentation du prix de la baguette - détrompez-moi vite?

Ces courtisans frétillants de la queue, alors qu’ils s’autoproclament spécialistes politiques, n’imaginent probablement pas une seconde que le spectateur ne puisse pas se trouver portés aux nues au décours de leurs subtiles arguties tactiques de stratèges napoléoniens, de leurs emportements magistralement contrefaits, de leurs abandons feints mimant piteusement l’extase, pour nous faire durer à ce point un suspens poussif au sujet d’une affaire qui n’agite en fait qu’un microcosme d’affairistes et d’énarques au comble des jeux d’intrigue, épiçant le clair brouet quotidien de leurs vies de quiche, à l’occasion de ces pantalonnades de grand théâtre burlesque.

A propos du personnage de Pantalon, Pantalone, de la Commedia dell'arte: lien Wikipédia

lundi 25 octobre 2010

Tous des machos




Il va sans dire que je désapprouve au plus haut point toutes les citations de ces personnages célèbres, machos impénitents, à part la dernière, celle d’une femme qui s’offre un droit de réponse. Bien entendu, ce billet ne se veut qu’un triste constat, mais, ô combien édifiant…


" Le misogyne ne méprise pas les femmes. Le misogyne n'aime pas la féminité. Chez la femme, l'adorateur vénère la féminité, alors que le misogyne donne toujours la préférence à la femme sur la féminité."


Milan Kundera - Le livre du rire et de l'oubli -


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"Quel besoin de se venger d’une femme ? La nature s’en charge ; il n’y a qu’à attendre." - Aurélien Scholl -

"Les femmes se prennent comme les lapins… par les oreilles." -
Victor Hugo -

"Les hommes intelligents ne peuvent être de bons maris, pour la bonne raison qu’ils ne se marient pas." -
Henry de Montherlant -

"La femme est naturelle, c'est-à-dire abominable." -
Charles Baudelaire -

"Le seul secret que gardent les femmes, c’est celui qu’elles ignorent." -
Sénèque -

"La femme : un chameau que Dieu nous donne pour traverser le désert." -
Mahomet -

"La femme parle à un homme, en regarde un autre, et pense à un troisième." -
Bhartrihari -

"Il y a mille inventions pour faire parler les femmes, mais pas une seule pour les faire taire." -
Guillaume Bouchet -

"C’est le rôle des femmes de fuir devant les hommes lors même qu’elles ont le dessein de se faire attraper." -
Montaigne -

"Femme qui dort ne fait mal à personne." -
Claude Mermet -

"La femme est comme une ville :
Quand la prise en est si facile,
Elle est difficile à garder." -
Jean Bertaut -

"Il est quelquefois agréable à un mari d’avoir une femme jalouse : il entend toujours parler de ce qu’il aime." -
La Rochefoucauld -

"Il vaut mieux être marié qu’être mort." -
Molière -

"Le style a un sexe et on reconnaît les femmes à une phrase." -
Pierre Marivaux -

"Les Français ne parlent presque jamais de leurs femmes ; c’est qu’ils ont peur d’en parler devant des gens qui les connaissent mieux qu’eux." -
Montesquieu -

"La femme coquette est l’agrément des autres et le mal de qui la possède." - Voltaire -

"Les femmes ressemblent aux girouettes, elles se fixent quand elles se rouillent." -Voltaire -

"Les femmes sont comme les côtelettes, plus on les bat, plus elles sont tendres." -
Frédéric II -

"Il est des femmes comme des prêtres appartenant à des religions différentes : elles se haïssent, mais se protègent." -
Denis Diderot -

"Les cigales sont bienheureuses d’avoir des femmes muettes." -
Claude-Adrien Helvétius -

"Certaines femmes ne deviennent spirituelles qu’en vieillissant ; on dirait qu’alors elles travaillent à se faire écouter pour empêcher qu’on les regarde." -
Jacob Bibliophile -

"Les femmes pardonnent parfois à celui qui brusque l’occasion, jamais à celui qui la manque." -
Talleyrand -

"Les femmes ressemblent aux maisons espagnoles, qui ont beaucoup de portes et peu de fenêtres. Il est plus facile d’y pénétrer que d’y voir clair." -
Jean Paul Richter -

"Dieu, dans sa divine prévoyance, n’a pas donné de barbe aux femmes parce qu’elles n’auraient pas pu se taire quand on les eût rasées." -
Alexandre Dumas -

"Rien n'est plus rare qu'une femme qui a tort et n'est pas de mauvais caractère." - Jules de Goncourt -

"Si tu veux connaître les défauts d’une femme, adresse-toi à sa meilleure amie." -
Jules Barbey d’Aurevilly -

"C’est à bon droit que l’île d’Ithaque est restée célèbre : une femme y fut fidèle." -
Stahl -

"C’est souvent la femme qui nous inspire les grandes choses qu’elle nous empêche d’accomplir." -
Alexandre Dumas Fils -

"Aux yeux des femmes, le plus joli causeur est celui qui les écoute." -
Edmond About -

"La bourse ou la vie, le voleur vous laisse le choix. La femme exige les deux." -
Samuel Butler -

"Une femme peut dire la vérité, mais c’est toujours quand elle prépare un alibi pour un prochain mensonge." -
Henry Becque -

"Que de femmes sont ridicules que parce qu’elles se donnent l’air de refuser ce qu’on ne leur demandait pas." -
Edouard Depret -

"Celui qui réussit avec les femmes est celui qui sait s’en passer." -
Ambrose Bierce -

"Les femmes sont faites pour être aimées, non pour être comprises."
"Les célibataires aisés devraient être lourdement imposés. Il n’est pas juste que certains hommes soient plus heureux que les autres."
"Les femmes deviennent comme leur mère, c’est leur malheur."
-
Oscar Wilde -

"On compare souvent le mariage à une loterie. C’est une erreur, à la loterie, on peut parfois gagner." -
Georges Bernard Shaw -

"Je veux bien être embêté par les femmes, mais pas tout le temps par la même." -
Alfred Campus -

"Je ne crois pas beaucoup à la loi de la pesanteur, il est en effet plus facile de lever une femme que de la laisser tomber." -
Georges Courteline -

"Le mariage est l’art difficile, pour deux personnes, de vivre ensemble aussi heureuses qu’elles auraient vécu, seules, chacune de leur côté." -
Georges Feydau -

"Il y a dans l’adultère une minute exquise : celle où on commence à préférer le mari à la femme." -
Albert Guinon -

"Il y a deux ans que je n’ai pas parlé à ma femme, c’était pour ne pas l’interrompre."
"La femme est un roseau dépensant."
-
Jules Renard -

"Les femmes ne sont guère changeantes ; elles restent elles-mêmes jusque dans leurs contradictions." -
Henri De Régnier -

"Ne rentrez jamais chez vous à l’improviste. Si votre femme n’est pas seule, vous l’ennuierez, et si elle est seule, c’est vous qui vous ennuierez."
"Quand une femme vous donne rendez-vous, elle ne sait jamais si elle consentira ou si elle ne consentira pas ; c’est même pour le savoir qu’elle donne le rendez-vous."
-
Tristan Bernard -

"Souvent les femmes ne nous plaisent qu’à cause du contrepoids d’hommes à qui nous devons les disputer." - Marcel Proust -

"Dieu créa l’homme et, ne le trouvant pas assez seul, il lui donna une compagne pour mieux lui faire sentir sa solitude." -
Paul Valéry -

"L’avantage d’être célibataire, c’est que lorsqu’on se trouve devant une très jolie femme, on n’a pas à se chagriner d’en avoir une laide chez soi." -
Paul Léautaud -

"Si vous voulez qu’une femme écoute ce que vous lui dites, dites-le à une autre." -
Marquis Robert de Flers -

"Livre prêté, jamais rendu ; femme prêtée, toujours rendue." -
Charles Régismanset -

"Il y a au moins un point sur lequel hommes et femmes sont d’accord : ils ont aussi peu confiance les uns que les autres dans les femmes." -
Henri-Louis Mencken -

"Les femmes croient sincèrement qu’elles s’habillent pour nous. Mais la vérité, c’est qu’elles s’habillent pour s’étonner réciproquement." -
Francis de Miomandre -

A une dame très laide, Groucho Marx déclara : « Je n’oublie jamais un visage, mais pour le vôtre, je ferai une exception. » -
Groucho Marx -

"Il y a un mariage qui rend un homme heureux : celui de sa fille." -
Marcel Achard -

"Il y a des femmes que l’on n’écoute que d’un œil."
"Il se mit à manquer de respect aux femmes : à ne plus se retourner sur leur passage."
-
Gilbert Cesbron -

"Le silence est la seule chose en or que les femmes détestent." -
Pierre Daninos -

- Quel décolleté, Madame ! Quel décolleté, Madame !
- Pourquoi le dites-vous deux fois ?
- C’est l’écho !

" Ma femme est sans défense : heureusement pour elle, on la confondrait avec un éléphant."

" Tant d'hommes perdent leur temps à demander à leur femme de changer, alors qu'il est plus rapide de changer de femme? "
-
Pierre Doris -

"Il est faux que les femmes frigides vivent plus longtemps que les autres. Simplement, le temps leur semble plus long." -
François Cavanna -

"Les longues fiançailles, c’est toujours autant de gagné sur la vie conjugale !"
"L’homme marié trouve dans le lit conjugal ce qu’il ne trouverait dans le lit d’aucune autre femme : la sienne." -
Noctuel -

"Les amours impossibles : elle est impénétrable, il est inébranlable." -
Roland Bacri -

"Les hommes adorent les connes, c’est pour ça qu’ils ont tout fait au cours des siècles pour qu’elles le restent." -
Georges Wolinski -

"En fait, en l’état actuel de nos connaissances, rien ne permet de confirmer la présence d’une âme chez la femme." -
Pierre Desproges -

"Toutes les femmes sont idiotes, sauf celles qui le savent." -
Inconnu -

"Si les femmes n’avaient que les défauts que les hommes leur prêtent, elles seraient bien prés de la perfection." -
Louise de Vilmorin -

lundi 18 octobre 2010

Le Tulipier de Virginie





Nom botanique : Lirodendron tulipifera, appartient à la famille des Magnoliacées.

Description : grand arbre pouvant dépasser les 60 m de hauteur. Feuilles alternes trilobées à sinus peu profonds rendant l’arbre parfaitement reconnaissable dans nos parcs lorsque celles-ci sont présentes. Long pétiole. Les fleurs sont odorantes, blanches ou jaune paille avec des reflets verdâtres. Au moment de la floraison, définitivement impossible de passer à coté de l’arbre sans le reconnaitre. Les 3 sépales et 6 pétales de sa fleur rappellent la tulipe, et, bien entendu, expliquent sa dénomination. Les fruits sont groupés en cônes aigus. L’écorce de l’arbre est grise et se fissure en crêtes chez les vieux sujets.

Biologie et acclimatation : espèce qui croît rapidement dans les sols fertiles mais supporte mal les terrains secs ou trop acides. Préfère les régions de plaines au climat doux. Longévité d’environ 500 ans. Multiplication par semis.

Intérêt : arbres de parcs ou d’alignement. Feuillage printanier et automnal attractif. Bois jaune clair à grain fin, utilisé en construction navale, en ébénisterie et en lutherie. Ce bois résistant était autrefois utilisé par les Indiens d’Amérique du Nord pour construire des canoës. Il est commercialisé sous le nom de White Wood (Bois Blanc).

Substances médicinales : succédané du quinquina extrait de l’écorce.

vendredi 8 octobre 2010

Le spectacle absolu


A la recherche de disques Blu-Ray pour donner la becquée à mon nouveau lecteur et histoire de tomber en pâmoison devant des d'images haute-définition tout en me poussant à me servir de mes anciens DVD comme combustible alternatif au charbon de bois pour mes barbecues, profitant d’une promotion racoleuse, "3 Blu-ray Discs pour 30 euros", j’avais inclus, dans ce que j’imaginais mon tiercé gagnant, « le film catastrophe le plus original qui nous ait été donné de voir depuis longtemps ». C'était marqué sur la pochette. Je m'en léchais les babines d'avance, ma serviette nouée autour du cou.

Film américain. Je m’attendais tout de même à quelques clichés irritants dont les grosses productions américaines ont le secret. Des héros plus-héroïques-tu-meurs, des assauts loufoques et parfaitement irraisonnés contre des monstres curieusement indestructibles malgré les mitraillettes Hi-Tech aux magasins inépuisables que tout citoyen des USA qui se respecte embarque dans son sac à main au-cas-où, des bimbos à la pelle - pour faire douter des statistiques pointant le fait que beaucoup d'américaines sont obèses - à extraire des décombres de tours venant de s’effondrer sur leur brushing sans pour autant exploser leurs prothèses mammaires en silicone ni entamer une once de leurs maquillages de combat, des poursuites effrénées à bord de véhicules d’outre-Atlantique dont la robustesse n'est plus à vanter - rien à voir, bien entendu, avec nos petites chiottes françaises - capables de cascades monstrueuses les délestant à peine d’un rétroviseur accessoire mais n’endommageant jamais leur tenue de route, l’intervention copieuse de la plus valeureuse armée du monde et de ses engins et armes de pointe aux gadgets outrageusement destructeurs que tout infâme dictateur de république bananière souhaite se voir offrir en cadeau d'anniversaire dans son jacuzzi bourré jusqu’à la gueule de filles nues, et maintes séquences saupoudrées d'arrière-plans de bannière étoilée claquant continument au vent, chaque fois que la justice triomphe au décours des carnages, que Dieu confirme qu’il a choisi le bon camp et nous « bless us », que les saintes vertus de la famille sont sauves au point de nous faire péter invariablement une larme au coin de l'œil, ou que les Yankees marquent un panier à trois points. Tout cela, et c’était le but principal recherché, sans le moindre pixel n’omettant de frétiller à l’unisson avec tous ses joyeux compères en extase sur mon écran plat.

Pas de générique. Pourquoi pas? Une image pourrie de caméscope des années 80 aux images tremblotantes, une succession de plans ne pouvant que donner illico le vertige à l’astronaute le plus chevronné. Un coup je vois des pieds, un coup le plafond, un coup les poils des jambes d’une adolescente attardée et donc hirsute à la fois, un coup le pif truffé de comédons du caméraman de service désigné d'office. Tout plan séquence dépassant la seconde est formellement proscrit. Ah, oui... c’est un coup de génie du réalisateur qui démarre son film par un rush de fête entre copains branchés qui vont mettre les meilleures scènes de cul et de beuverie sur le net. Après, le film normal va démarrer, c'est sûr...

... bein, non ! Quatre-vingt-cinq minutes de reality show déglingué au scénario faisant la nique à toute la série des Rambo réunis, sans pour autant voir les pectoraux de Loana dans la piscine. Des monstres tout pourris, rapatriés probablement de Jurassic Parc pour visiter Manhattan (les monstres hideux et agressifs, les envahisseurs de l'espace de tout poil, les cataclysmes en tout genre ne s'abattent que sur Manhattan, ou parfois la Californie. Le reste du monde, ils s'en tamponnent le coquillard), des cancrelats maous dans les couloirs du métro et Johnny Hallyday en cage à Medrano, un bordel de caméscope indestructible, malgré les bombardements hallucinants de l’aviation américaine sur sa propre population, et un super monstre, le boss de fin de niveau, impossible à cramer. Le héros est filmé tout du long par son copain abruti et suicidaire qui ne lâchera pas une seule seconde son engin démoniaque, même pour aller pisser, et témoigner à l'aide de sa vidéo que son pote a des testicules de la taille de pamplemousses en rut, et n'a jamais renoncé à voler au secours de sa chigneuse adorée qui s’est pourtant honteusement envoyée en l’air avec un autre avant de se faire embrocher par une ferraille de l’armature du bâtiment en ruine d'où l’on finit par l’extraire en la tirant bien tous ensemble pour éviter de trop la faire hurler quand le morceau de métal quitte son ventricule gauche…

Enfin, cerise sur le baeckeoffe, un happy-end frustrant: tout le monde meurt à la fin, parfait, mais le caméscope continue de tourner.

M’enfin, si malgré tout cela, vous voulez toujours acheter « Cloverfield », pour ne pas le citer, j’espère ne pas vous avoir découragé. Procurez-vous tout de même, par souci d’économie, la version VHS. L'image doit être meilleure.

Plus jamais, jamais, je n’achèterai un film sans avoir lu toutes les mauvaises critiques.

Note: je revends à un prix très attractif le Blu-Ray Disc n'ayant servi qu'une fois de trop à sa lecture.

Note N°2: restons positif. Il m'a été donné (mais là, je n'ai rien acheté) de regarder dernièrement et stoïquement le film lancé à grands renforts de matraquage médiatique "2012". Il mérite incontestablement la palme du film du siècle le plus affligeant dans le genre évoqué.


jeudi 30 septembre 2010

Étonnant, n’est-il pas ?




Quelques billets m’ont déjà donné l’occasion de plaisanter sur les enseignements qu’on peut tirer de l’examen des statistiques de consultation d’un blog tel que le mien. Il en est un que je n’aurais pourtant jamais imaginé pouvoir ajouter à la liste. Mes publications ont particulièrement fléchi ces derniers mois en raison de motifs aussi divers que d'automne, dont le principal est la décision, aussi sotte que grenue, de m’atteler à l’écriture de plusieurs nouvelles en parallèle. Je m’attendais à une baisse des visites, les amateurs de billets tout chauds sortis du four finissant par déserter les lieux. Les statistiques m’indiquent une nette progression des consultations…

Cela m’amène à supputer que le visiteur lambda, saisi d’effroi par les récentes publications, a attendu que je me calme pour revenir en catimini jeter un œil sur quelques vieilleries sympathiques. Voilà qui tempère ma tendance à vitupérer de la boulimie coupable des internautes primant la nouveauté vite consommée et régurgitée au détriment de billets de fond et de haute tenue dont regorge «Le blog-notes de la Mansarde». Merci d’opiner du chef à ce propos qui se veut en fait assertion. Cette constatation m'amènerais donc à mettre de l’eau dans mon vin. Bon… quand je bois de la piquette, alors. Autrement, faut pas gâcher.

J’aurai peut-être l’occasion de publier la version brute d’une de ces nouvelles dans le mois à venir. Cette phrase constitue en fait une admonestation suite au manque d’assiduité dont fait preuve votre serviteur, bourlinguant, comme Ulysse ou Énée, entre Charybde et Scylla, dans son entreprise, plus périlleuse qu’héroïque, je dois l’admettre …

dimanche 29 août 2010

Ça, c'est du JT !






J’ai mis récemment à niveau un album de photos de famille proposé en consultation privée sur Picasa. Après avoir pioché dans mon stock de clichés anciens numérisés, j’ai remis le nez incidemment dans quelques vidéos familiales. Je n’ai pas pu résister à l’envie de vous en proposer une datant de décembre 1991. C’est une capture d’une cassette de caméscope VHS de mon frère: un véritable document d’archives sur un journal télévisé remontant à près de vingt ans. En plus de nous rappeler des actualités de l’époque, elle nous révèle aussi quelques découvertes surprenantes passées inaperçues aux yeux et aux oreilles du grand-public.


samedi 24 juillet 2010

Eternal Sunshine of the Spotless Mind


" You can erase someone of your mind.
Getting them out of your heart is another story."

(Effacer quelqu’un de sa mémoire, pourquoi pas ? De son cœur, une tout autre histoire.)


Eternal Sunshine of the Spotless Mind (littéralement «Éclat éternel de l'esprit immaculé»), ou Du Soleil plein la tête au Canada, est un film américain du réalisateur français Michel Gondry, sorti le 6 octobre 2004. On pourrait préférer cette traduction du titre: «L’ensoleillement éternel d’une mémoire immaculée. »

Bien qu'ils ne semblent pas le réaliser au début du film, Joël (Jim Carrey) et Clémentine (Kate Winslet) sont en fait un ex-couple, séparé après près de deux ans de vie commune. Lassée des disputes incessantes et d’incompréhensions récurrentes finissant par miner leur relation, Clémentine prend contact avec la firme New-Yorkaise «Lacuna Inc.» afin de l'effacer de sa mémoire (l'amnésie lacunaire est une perte de souvenirs conscients d'un évènement particulier). Découvrant cette manœuvre de sa compagne par le biais de son ami Rob (David Cross), Joël décide de suivre le même traitement. Pourtant, alors qu'il est inconscient et que ses souvenirs de Clémentine sont peu à peu supprimés par un «effaceur» de la firme, il résiste avec vigueur à la perte définitive de cette partie de sa vie.

Le réalisateur reprend le sujet de l‘hypothétique manipulation technologique de la mémoire de «Total Recall» en 1990. On se trouve cependant aux antipodes. Jim Carrey, dans ce rôle à contre-emploi, n’est pas Schwartzy. Ça ne flingue pas à tout va dans ce film à la coloration essentiellement romantique, mais pas niaise, qui s’affranchit d’effets spéciaux pesants et refuse le contexte futuriste pour n’en faire qu’une fable intemporelle. Deux paumés marginaux, bien terriens, plutôt qu’un Rambo en mission d’effacement drastique des méchants avec son arsenal de guerre high-tech sur Mars. Original en diable et un brin esthétisant. J’ai bien aimé ce film aux éclats hivernaux ensoleillés.


How happy is the blameless Vestal's lot!
The world forgetting, by the world forgot;
Eternal sunshine of the spotless mind!
Each pray'r accepted, and each wish resign'd.

Eloisa to Abelard


Vous qui dans les langueurs d'un esprit monastique,
Ignorez de l'amour l'empire tyrannique,
Que vos cœurs sont heureux puisqu'ils sont insensibles.
Tous vos jours sont sereins, toutes vos nuit paisibles.

Traduction littéraire



jeudi 22 juillet 2010

En mission pour Dieu


J’étais en maraude au volant de ma Plymouth de police désormais passée dans le domaine public. J’avais troqué mon ancienne Cadillac contre un microphone de qualité. Allez savoir pourquoi, passant devant l’église du Révérend Cleophas James, celle-ci stoppa net face au porche dans un crissement de pneus assourdissant. Projeté violemment en direction du pare-brise, ma paire de Ray-Bans «Wayfarer» de guingois, une voix intérieure me somma aussitôt d’assister à l’office. Debout au fond de l’église, entouré par deux personnages en costumes noirs bigrement passés de mode, je fus la proie d’un sortilège étrange à la fin du sermon. Alors qu’une partie des fidèles reprenait place après s’être adonnée à quelques évolutions aériennes acrobatiques au décours d’un Gospel endiablé, par Saint James Brown et Saint John Lee Hooker réunis, je vous le jure, une lumière céleste filtrée par un vitrail de l’édifice vint me parer d’une aube opalescente d’une blancheur immaculée. Le personnage le plus rondouillard du duo se mit alors à m’apostropher sous l’emprise d’une transe subite :

- Hey man ! had you see the light ?
- Yeah, clearly !
- Now, you’re in a mission for God.

En mission pour Dieu, why not, mais laquelle, Estelle ? Ray Charles tomba du ciel pour me fixer droit dans les yeux comme je vous vois et en me vouvoyant me dit tout de go : « Vous êtes l’Elu qui allez écrire le livre que le monde attend depuis la mort de Sénèque, le cynique avant de devenir stoïque. »

Sacrebleu ! j’allais devoir tailler mes stylos à bille et raboter ma gomme. La mission était d’importance et le Prix Nobel de Littérature sans Rature en vue. Le style, je l’avais depuis que je m’en fichais comme d’une guigne. Le talent, à n’en point douter, sinon cela devenait douteux. Le matériau pour créer le chef d’œuvre? J’allais devoir probablement me départir de ma Plymouth pour l’obtenir. Les Ray-Bans, pas question.

Et maintenant, ça va chier dans l’univers littéraire. Ma présence sur ce blog s’en ressentira, mais ma mission passe avant tout. Pisseurs de lignes besogneux, scribouillards gonflés d’importance, rangez votre quincaille plumitive. Inutile d’imaginer une seconde l’impudence grossière qui consisterait à vouloir vous aligner. Le génie est en route pour sa création dantesque et rien ne saura l’arrêter dans sa mission sacrée. Vous voilà désormais en congé sabbatique sans solde obligé.

Avis aux maisons d’édition de prestige : il va vous falloir jouer serré pour obtenir les rouleaux du manuscrit reléguant au rang de babioles ceux de la Mer Morte. Un nouveau prophète fait son entrée solennelle dans l’arène. Il est temps de perdre votre superbe. Me voilà bien content de ne jamais avoir eu la faiblesse de vous proposer un jour une seule ligne de ma prose que vous vous empresseriez aussitôt de publier pour vous donner l’impression d’avoir déjà un pied dans la place.

Note : on vient d’augmenter ma dose d’antipsychotiques. Cet argument lamine l’hypothèse d’une poussée délirante à la base de cette déclaration fracassante. Aucune publication ne se fera dans ce blog car tout le monde s’empresserait de me voler mon texte. Je les sens rôder dans l’ombre tous ces pillards avides, prêts à s’adonner à leur larcin sans la moindre once de scrupule.




mardi 13 juillet 2010

Chutes diverses




Plusieurs jours durant, les dards de Phébus se sont faits flèches incandescentes tombant furieusement des nues pour transformer la Mansarde en haut-fourneau.

Ce n’eut été qu’au péril de ma vie et de celle du matériel informatique qu’elle héberge qu’un billet y fut imprudemment rédigé. Les doigts couverts de cloques sur lesquelles seraient restées collées quelques touches d’un clavier en voie de liquéfaction, j’eus pu, me direz-vous, descendre mon portable au sous-sol, et, la tête dans le congélateur et le cul immergé dans une bassine remplie de glaçons comme le recommande Rika Zaraï en pareilles circonstances, m’atteler tout de même à l’ouvrage. Faut pas charrier… de plus, pas sûr que ma borne wifi porte jusqu’en ces lieux crépusculaires, domaine réservé des araignées et autres bestioles tapies dans tous ses recoins et prêtes à vous assaillir. Un autre élément encore plus rédhibitoire ne pouvait que renforcer ma décision d’abandonner tout acte héroïque: la courbe des visiteurs coule à pic depuis le début de ce mois de juillet.

Hier, en fin d’après-midi, me penchant au bord du coup de chaleur et de la fenêtre de la Mansarde, je vis enfin disparaître l’image ondulante de la Mosquée Al Haram sur fond de dunes évanescentes. La sonde extérieure de ma station météo ne semblait plus embarquée par le rectum d’un paludéen en pleine fièvre quarte. La température affichée ne comportait plus que deux chiffres. Alors, à Laudes, je me suis décidé de poster ce petit billet, soutenu par l’iconographie qui l’accompagne symbolisant à la fois la fraicheur un temps revenue et la pente de la courbe des visiteurs épousant parfaitement celle de la proue du «Titanic glaçon» du verre.

lundi 5 juillet 2010

mercredi 30 juin 2010

L’Araucaria du Chili, l’arbre design.




Araucaria araucana ou Araucaria imbricata

Synonymes français : désespoir des singes, sapin du Chili.

Famille : Araucariacées (famille des plantes gymnospermes qui compte 32 espèces réparties en 3 genres).

Description : arbre de 30 à 50 mètres dans son aire d’origine, beaucoup plus petit en Europe. Port pyramidal chez les jeunes sujets garnis de branches épineuses jusqu’à leur base, devenant globuleux chez les adultes par chute des rameaux inférieurs. Houppier sphérique et dense avec l’âge. Feuilles en larges écailles, rigides, piquantes, disposées radialement. Espèce dioïque (se dit d'une espèce dont les fleurs unisexuées mâles et femelles sont portées par des pieds différents) à cônes femelles globuleux, hérissés, de 10 à 20 cm de diamètre, et à inflorescence mâles cylindriques, en chatons de 10 cm de long environ. Écorce grise et rugueuse, garnie d’écailles acérées.

Biologie et acclimatation : espèce résistant assez bien aux hivers rigoureux (-15 à -20 °C) à l’état adulte. Plus sensible dans la jeunesse. Supporte tous les sols, mais préfère les milieux profonds et frais dépourvus de calcaire actif. Craint les étés secs et chauds. Longévité : 100 ans environ.

Pathologie : aucun parasite signalé.

Intérêts : usage ornemental. Le bois serait d’une qualité semblable à celle du bois de sapin.

A noter : les graines constituent un dessert dans les pays d’Amérique du Sud. On rencontre cet arbre assez fréquemment dans nos parcs. Les formes en candélabre des jeunes spécimens donnent à l’arbre un design qui ne manque d’attirer l’œil du passant. Appelé communément chez nous «le désespoir des singes», nul besoin de préciser l’origine de cette dénomination au lu du descriptif des feuilles…



jeudi 24 juin 2010

Safari au crépuscule






Clic pour agrandir les photos

Depuis le temps que ma carte réseau ADSL œuvrait vaillamment sans regimber – on ne parle actuellement plus que de «box» parce qu’en France on se met à aimer les boîtes de rosbif – le jour devait arriver où elle allait décider de se mettre en grève. Logique alors que nos syndicats nationaux s’agitent. Deux jours sans internet, cela a du bon: j’ai enfin terminé la numérisation de mon stock de photos anciennes.

Dans ce billet, deux clichés argentiques de 1987 que j’aime bien. A mon humble niveau, ils illustrent un grand principe de la photographie en lumières naturelles que d’aucuns mésestiment alors que les photographes de métier le martèlent. On met de son coté les chances de réussir de bonnes photos du genre quand on part en expédition de bon matin (comme pour la bouillabaisse) ou en fin d'après-midi (comme pour la choucroute). On voit ici «les jumelles» s’adonner à la chasse aux lucioles et autres vers luisants, ou peu reluisants, dans les environs de Leucate-Village, peu avant le coucher du soleil, un de ces deux moments propices pour jouer avec les lumières rasantes et éviter les images trop plates.

Malgré le fait qu’elles soient bien engagées dans l’âge de raison, elles m’en voudraient encore beaucoup de ne pas clamer haut et fort qu’aucun animal n’a été maltraité à l’époque et que les proies ont été immédiatement remises en liberté après une courte observation entomologiste…

dimanche 6 juin 2010

Sans tambour mais avec trompette.

Quelques petits bijoux pleins d’humanité arrivent toujours à passer le tir de barrage des blockbusters, véritables safaris traquant l’argent du beauf et supermarchés ambulants du scenario à l’indigence flamboyante.

Il m’a été donné - une fois de plus dans la série séances de rattrapage – de regarder récemment deux films étrangers aux univers qu’on imaginerait de prime abord trop dissemblables pour cohabiter ou se trouver aux antipodes de nos soi-disants petits films intimistes franco-français qui laissent sur sa faim la bête traquée évoquée plus-haut suite au manque d’effets spéciaux époustouflants ou de cascades rocambolesques.

Que peut-il y avoir de commun entre la visite compliquée d’une fanfare égyptienne en terre israélienne et ce repas de famille japonais commémorant par une belle journée d’été à Yokohama la mort tragique du fils ainé?

La réponse: tout un lot de personnages plus attendrissants les uns que les autres qu’on aimerait rencontrer un jour pour échanger quelques paroles complices. Point de scénario alambiqué dans ces deux histoires. Aucun budget somptuaire mis à la disposition des metteurs en scène. L’absence de ces deux éléments n’empêche pas qu’à la sortie on obtienne deux films gonflés d’amour, de nostalgie et d’exotisme. Sans y changer grand-chose, on pourrait glisser leurs dialogues dans certains de nos "petits" films européens et bien comprendre que la tendresse, même si elle est souvent denrée rare, est un bien universel appartenant au patrimoine de l’humanité avec ou sans grand "h".

LA VISITE DE LA FANFARE d’Eran Kolirin : très nombreuses récompenses dont le Prix de la Jeunesse au Festival de Cannes 2007.

STILL WALKING de Kore-Eda Hirokazu : Asian Film Awards 2009.






Agrandir les affiches au clic

samedi 22 mai 2010

Médecine de guerre en Casamance



Photos personnelles proposées dans ce billet

Préambule: salutations cordiales à mes amis sénégalais qui m’ont reçu avec une gentillesse infinie dans leur magnifique pays. Je conserve de ce voyage une foule de souvenirs joyeux et garde à l’esprit leur sens de l’humour proverbial qui me permet d’évoquer sans crainte cette anecdote de voyage. Elle ne saurait manquer de les faire rire, eux aussi, s’ils venaient à la lire. Les noms des personnages ne sont pas évoqués, les localisations géographiques sont imprécises et les fait narrés suffisamment approximatifs pour que la plupart des personnages ne soient pas identifiables.

Un ami mien avait réservé un voyage en couple au Sénégal. Suite à une brouille sérieuse avec sa compagne du moment, il se retrouva en possession d’une inscription surnuméraire. Il me proposa d’en bénéficier gracieusement. Je ne parle pas, bien entendu, de l'accompagnatrice qui avait fait défection. Je dus régler les formalités du voyage et me munir des papiers nécessaires à l’embarquement en un temps record. Une fois n’est pas coutume, j’avais alors remercié une secrétaire de la Préfecture de la belle efficacité dont elle avait fait preuve pour accélérer le renouvellement de mon passeport. Ma compagne du moment (cela fait beaucoup de compagnes du moment, je dois en convenir) avait été tout aussi efficace en ciblant in extremis un vol sur une autre compagnie lui permettant d’arriver à Dakar peu de temps avant notre atterrissage.

La première partie du séjour consistait en un circuit de découverte de la Casamance. Sa logistique spartiate permit des rencontres de hasard peu communes et l’accumulation d’anecdotes hautes en couleurs. Us et coutumes importés, habitudes de vie au confort douillet, les touristes hébergés à la dure et partageant les produits locaux avec l’habitant, durent promptement les oublier. Deux membres du groupe, ayant perdu leurs bagages, mirent à contribution le reste de l’équipe pour se constituer une panoplie de bric et de broc du parfait touriste. Un mal pour un bien, ils furent les plus rapides à s’acclimater à l’ascétisme du séjour. Qu’on se rassure, leurs bagages furent retrouvés. Ils les récupèrent huit jours après leur retour en France. Pratique : ils purent les ranger tels quels dans leurs armoires sans passer par la case lessive.

A cette époque, un voyage en Casamance n’était pas sans danger. L’année précédant notre voyage, quelques touristes avaient été retenus en otage par des indépendantistes. Pour se rendre en minibus de Dakar en Casamance, on doit traverser la Gambie et franchir en ferry le fleuve du même nom. Ce détail géographique prit de l'importance pour moi. En effet, j'avais laissé mon passeport dans la poche intérieure d’une veste, elle-même laissée bêtement dans un placard d’une chambre étape sénégalaise. Un coup, au mieux à rester bloqué à la frontière, au pire, après son passage, à séjourner un temps dans un poste de Police gambien sympathique et coquet, en compagnie de moustiques et d’autochtones aux étreintes chaleureuses. C'était bien la peine d'avoir intrigué quelques jours plus tôt pour le renouvellement accéléré du dit-passeport...

Anecdote dans l’anecdote, l’évocation de ce diptère du sous-ordre des Nématocères m’amène à narrer le tour pendable que ma compagne me joua un soir. Nous fûmes amenés à passer une nuit dans une ville baptisée par les Sénégalais "la capitale mondiale du moustique". Ces gens là savent parfaitement de quoi ils parlent. Installés depuis quelques minutes dans ma chambre, j’étais déjà en train de combattre, héroïquement et court-vêtu, une nuée d’assaillants qui avait profité d'un trou béant dans une moustiquaire de fenêtre détériorée. Une faille terrible dans la défense. Jugeant que la savate que je faisais mouliner comme un fou furieux pour occire les hordes sauvages était une arme dérisoire, ma compagne était allée quérir un veilleur de nuit de l’hôtel. Il devait bien avoir en réserve du gaz moutarde, tant propice à calmer ma frénésie destructrice qu’à estourbir les bestioles. Un triomphe sans classe, je sais, mais mon combat à la savate blanche était perdu d’avance. Les moustiques tombaient en piquées de toutes parts avec des hurlements de Messerschmitt. En plein blitz, une parade malencontreuse - ma technique perdait en précision au prorata de mon épuisement progressif - explosa une applique murale et son ampoule. La chambre était constellée de tessons. Voilà-t-y pas que, figé en plein mouvement de quarte, je me retourne, nu comme un ver. Le «court vêtu» n’était qu'une métaphore pudique. Un indigène m’observe, ébaubi, les yeux en soucoupe. Il a un regard très proche du mien. Je parle de l’expression de son regard, plus que de sa proximité. Il se trouvait muni, lui, d’une bombe fly-tox à la Capitaine Haddock dans «L’affaire Tournesol». Toute explication circonstanciée visant à fournir un motif plausible quant à la position et tenue dans lesquelles il m'avait surpris était, vous l’imaginez facilement, vouée à l’incrédulité polie. En plus, les morceaux de verre éparpillés au sol... Vu ma posture, il me fallait avant tout rapidement protéger mes arrières. Le Sénégalais pouvait imaginer une danse européenne sur lit constituant une parade nuptiale qui lui était dédiée. Il conserva son flegme. Sens de l’hospitalité oblige, ou je n'étais pas son type d'objet amoureux. L’affaire Tournesol fut tuée dans l'œuf. Ceci évita que se répande comme une traînée de poudre les rumeurs les plus folles concernant mes mœurs ou une fragilité mentale dangereuse. Ma compagne, par contre, faisant preuve en la circonstance d’un manque d'esprit de corps condamnable, manqua de s’étouffer au milieu de fous rires irrépressibles qui durèrent une bonne heure. En la circonstance, je venais de perdre à ses yeux ma dernière once de prestance et de dignité.

Trêve de digressions labyrinthiques. Gagnant les jours suivants des secteurs moins hostiles pour la peau des visages pâles, je retrouvai rapidement le calme qui était ma signature officielle. Quelques regards narquois, portés à la dérobée sur ma personne par le guide, m’amenèrent cependant à soupçonner des fuites. Un manque de respect certain de la part de cet individu, pourtant jovial et bonhomme à l’accoutumée, qui ne m'appelait jusqu’ici avec déférence «le baratineur de l’équipe». 

Ce fameux guide, pour en venir enfin à ce qui aurait dû être le début de cette histoire, si des foucades et embardées imaginatives mal contrôlées ne m’avaient conduit à emprunter des chemins de traverses, vint nous faire, à mon ami et à moi-même, une requête inquiétante en fin de circuit. J’imaginai le pire. Cela avait probablement trop duré. Il était normal que je finisse par tomber dans la nasse policière, démuni que j’étais de tout papier pouvant justifier ma présence en territoire étranger:

 « Le colonel M. vous attend dans ma chambre. Il désirerait avoir un entretien officiel avec vous. »

Nous logions cette nuit dans une vaste case dont les couloirs, et anfractuosités architecturales nommées chambres, se trouvaient vaguement teintées par les lueurs mouvantes de lampes à pétrole ou autre combustible. Court tableau complétant l'atmosphère pesante qui régnait alentour, arrivés en fin d’après-midi dans cette localité, nous avions aperçu des contingents d’automitrailleuses agrémentant les principaux carrefours. Qui plus est, un arrêt inopiné en pleine brousse, quelques heures auparavant, avait été l’objet de palabres en Wolof interminables. Le guide s’entretenait avec des hommes armés ne portant pas d’uniformes. Il y avait du bakchich dans l’air pour que l’escapade continuât sans encombre. Rien d’officiel n’avait transpiré quant aux motifs de ces tractations.

Mon ami et moi-même, ne voulant aucunement mésestimer l’intérêt d’un appui des forces militaires officielles en place, suivîmes avec empressement l’émissaire jusqu’à ce P.C de campagne improvisé. Le Colonel nous y attendait. Cet homme bien de sa personne, au demeurant fort civil pour un militaire, s’engagea illico dans un discours affable mais alambiqué. Légèrement obséquieux, il formula une requête dans un style littéraire fleuri, mais somme toute convaincant:

«Messieurs, je suis très honoré du fait que vous ayez pu répondre aussi vite à ma mystérieuse mais prépondérante invitation. Je sais que vous êtes tous deux médecins diplômé de la Faculté territoriale française. Je n’irai pas par quatre chemins sachant que votre temps est précieux comme le bon pain. Je souffre depuis quelques mois de violentes douleurs de tête probablement consécutives au choc d’une rare violence reçu au décours d’une algarade traîtresse autant que traîtreuse. J’ai eu l’occasion de pratiquer une radiologie du cerveau humain qui n’a rien décelé d’épouvantable. Mais nos capacités dans le domaine médical locorégional sont bien rudimentaires comparées à celles d’un pays plus que développé comme le vôtre. Pourriez-vous me donner votre avis collégial quant aux douleurs qui handicapent mon exercice professionnel de manière sporadique, trop souvent, et douloureusement (sic)? »

Nous y allâmes alternativement d’un interrogatoire : anamnèse, irradiations algiques, signes d’accompagnement des céphalées, etc. Pas grand-chose à nous mettre sous la dent. Douleurs frontales accentuées quand il fléchissait la tête en avant. Nous avions beaucoup de mal à lui soutirer les circonstances exactes amenant le fameux traumatisme initial «d’une rare violence au décours d’une algarade…». Secret militaire, probablement. Un bref examen neurologique et une palpation des zones incriminées ne révélèrent rien de particulier, sinon une accentuation de la douleur à la pression. Battant alors d’une courte tête le généraliste, votre serviteur, spécialiste en gynécologie-obstétrique, élément particulièrement favorable en la circonstance, eut l’heur de poser enfin la bonne question: « Vous arrive-t-il de moucher jaune ou vert et d’avoir de légers accès de fièvre ?
- Ah ça oui, je n’arrête pas de moucher et j’ai souvent des frissons chauds. N’hésitez pas à me dire la vérité. Vous pensez comme moi à un caillot dans la tête ? »
- Mais non! Évitez de vous tourmenter outre mesure. Je diagnostiquerais plutôt une sinusite rebelle. J’avais peut-être lancé avec trop de légèreté, dans cette ambiance insurrectionnelle locale, l’adjectif qualificatif final?
- Ah bon ?! Le visage du colonel reprenait des couleurs, bien que l’expression soit également malheureuse.
- Problème, cependant, dis-je, j’ai déjà distribué tout le stock d’antibiotiques dont je m’étais muni pour le voyage.
- Moi, indiqua mon compagnon de voyage et confrère, il doit me rester de quoi instituer un traitement d’assez courte durée, mais probablement suffisant.»

Le colonel, respirait de mieux en mieux. Nous refusâmes le troisième verre d’alcool de palmes qu’il nous proposait et prirent congé en précisant que notre guide lui apporterait le traitement ad hoc et lui fournirait les consignes de prises. Celui-ci nous attendait dehors. Sous serment de tenir secrètes les confidences qu’il allait nous faire,  il nous fit part de l’anamnèse exacte de cette  bien triste affaire:
 «Vous comprendrez rapidement le coté délicat de la situation. M. (même plus précédé du grade: le respect se perdait dans les usines de mon grand-père...) rentrait très tard un soir d’une bamboula. Sa femme l’attendait furieuse. Tu es encore allé voir des putes... et je vous passe les noms d’oiseaux qu’elle donnait à son mari pour lui montrer que ça allait barder. Tu n’es jamais à la maison, et quand tu rentres, c’est pour aller te saouler comme un hippopotame. Prise de fureur, elle s’empara manu militari d’un banc pour s’en servir contre la tête de son mari qui n’avait pas eu le temps de la calmer sur une paillasse. Depuis il pense qu’elle lui a cassé une partie du cerveau. Jurez-moi que les précisions que je me sentais en devoir de vous communiquer pour votre enquête resteront bien entre nous.»

Il avait tout de même un vague sourire aux lèvres au décours de son intervention, et ce, malgré le coté gravissime des faits rapportés. Ceci pouvait confirmer un coté moqueur masqué...

Nous avions alors prescrit notre traitement dans un but diagnostic. Huit jours après, peu avant que nous embarquions pour le voyage de retour vers la France, le guide nous offrit une bouteille d’alcool de palmes de la part du Colonel, ainsi que ses remerciements renouvelés. Deux jours après le début du traitement, il n'avait plus ressenti aucune douleur et il ne mouchait plus purulent.

Un peu plus tard dans l’avion, mon copain me précisa ce qu'il lui avait prescrit: «Tu parles, je lui ai filé des céphalosporines de troisième génération. Déjà chez nous, tu montres la boîte au patient tout en posant ton stéthoscope sur son thorax et t’entends les bactéries les plus rebelles qui claquent des dents. Au Sénégal, pratiquement aucune résistance aux antibiotiques, tu montres la boîte et le type est guéri. »

Je pense que le Colonel aurait mieux fait de nous cracher tout de suite le morceau. Ça se passe de la même façon en France quand un homme rentre très tard le soir et que sa femme l'attend. Il n'avait pas à avoir honte.

Le 08/06/2014 : version définitive d'un texte, d'abord proprement illisible parce que posté à la sauvette, puis parsemé de coquilles et de fautes d'orthographe. Une relecture récente m'a amené à remédier aux problèmes et à lui donner plus de fluidité (ce n'est que mon propre avis!).

PIERRE TOSI


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