samedi 24 juillet 2010

Eternal Sunshine of the Spotless Mind


" You can erase someone of your mind.
Getting them out of your heart is another story."

(Effacer quelqu’un de sa mémoire, pourquoi pas ? De son cœur, une tout autre histoire.)


Eternal Sunshine of the Spotless Mind (littéralement «Éclat éternel de l'esprit immaculé»), ou Du Soleil plein la tête au Canada, est un film américain du réalisateur français Michel Gondry, sorti le 6 octobre 2004. On pourrait préférer cette traduction du titre: «L’ensoleillement éternel d’une mémoire immaculée. »

Bien qu'ils ne semblent pas le réaliser au début du film, Joël (Jim Carrey) et Clémentine (Kate Winslet) sont en fait un ex-couple, séparé après près de deux ans de vie commune. Lassée des disputes incessantes et d’incompréhensions récurrentes finissant par miner leur relation, Clémentine prend contact avec la firme New-Yorkaise «Lacuna Inc.» afin de l'effacer de sa mémoire (l'amnésie lacunaire est une perte de souvenirs conscients d'un évènement particulier). Découvrant cette manœuvre de sa compagne par le biais de son ami Rob (David Cross), Joël décide de suivre le même traitement. Pourtant, alors qu'il est inconscient et que ses souvenirs de Clémentine sont peu à peu supprimés par un «effaceur» de la firme, il résiste avec vigueur à la perte définitive de cette partie de sa vie.

Le réalisateur reprend le sujet de l‘hypothétique manipulation technologique de la mémoire de «Total Recall» en 1990. On se trouve cependant aux antipodes. Jim Carrey, dans ce rôle à contre-emploi, n’est pas Schwartzy. Ça ne flingue pas à tout va dans ce film à la coloration essentiellement romantique, mais pas niaise, qui s’affranchit d’effets spéciaux pesants et refuse le contexte futuriste pour n’en faire qu’une fable intemporelle. Deux paumés marginaux, bien terriens, plutôt qu’un Rambo en mission d’effacement drastique des méchants avec son arsenal de guerre high-tech sur Mars. Original en diable et un brin esthétisant. J’ai bien aimé ce film aux éclats hivernaux ensoleillés.


How happy is the blameless Vestal's lot!
The world forgetting, by the world forgot;
Eternal sunshine of the spotless mind!
Each pray'r accepted, and each wish resign'd.

Eloisa to Abelard


Vous qui dans les langueurs d'un esprit monastique,
Ignorez de l'amour l'empire tyrannique,
Que vos cœurs sont heureux puisqu'ils sont insensibles.
Tous vos jours sont sereins, toutes vos nuit paisibles.

Traduction littéraire



jeudi 22 juillet 2010

En mission pour Dieu


J’étais en maraude au volant de ma Plymouth de police désormais passée dans le domaine public. J’avais troqué mon ancienne Cadillac contre un microphone de qualité. Allez savoir pourquoi, passant devant l’église du Révérend Cleophas James, celle-ci stoppa net face au porche dans un crissement de pneus assourdissant. Projeté violemment en direction du pare-brise, ma paire de Ray-Bans «Wayfarer» de guingois, une voix intérieure me somma aussitôt d’assister à l’office. Debout au fond de l’église, entouré par deux personnages en costumes noirs bigrement passés de mode, je fus la proie d’un sortilège étrange à la fin du sermon. Alors qu’une partie des fidèles reprenait place après s’être adonnée à quelques évolutions aériennes acrobatiques au décours d’un Gospel endiablé, par Saint James Brown et Saint John Lee Hooker réunis, je vous le jure, une lumière céleste filtrée par un vitrail de l’édifice vint me parer d’une aube opalescente d’une blancheur immaculée. Le personnage le plus rondouillard du duo se mit alors à m’apostropher sous l’emprise d’une transe subite :

- Hey man ! had you see the light ?
- Yeah, clearly !
- Now, you’re in a mission for God.

En mission pour Dieu, why not, mais laquelle, Estelle ? Ray Charles tomba du ciel pour me fixer droit dans les yeux comme je vous vois et en me vouvoyant me dit tout de go : « Vous êtes l’Elu qui allez écrire le livre que le monde attend depuis la mort de Sénèque, le cynique avant de devenir stoïque. »

Sacrebleu ! j’allais devoir tailler mes stylos à bille et raboter ma gomme. La mission était d’importance et le Prix Nobel de Littérature sans Rature en vue. Le style, je l’avais depuis que je m’en fichais comme d’une guigne. Le talent, à n’en point douter, sinon cela devenait douteux. Le matériau pour créer le chef d’œuvre? J’allais devoir probablement me départir de ma Plymouth pour l’obtenir. Les Ray-Bans, pas question.

Et maintenant, ça va chier dans l’univers littéraire. Ma présence sur ce blog s’en ressentira, mais ma mission passe avant tout. Pisseurs de lignes besogneux, scribouillards gonflés d’importance, rangez votre quincaille plumitive. Inutile d’imaginer une seconde l’impudence grossière qui consisterait à vouloir vous aligner. Le génie est en route pour sa création dantesque et rien ne saura l’arrêter dans sa mission sacrée. Vous voilà désormais en congé sabbatique sans solde obligé.

Avis aux maisons d’édition de prestige : il va vous falloir jouer serré pour obtenir les rouleaux du manuscrit reléguant au rang de babioles ceux de la Mer Morte. Un nouveau prophète fait son entrée solennelle dans l’arène. Il est temps de perdre votre superbe. Me voilà bien content de ne jamais avoir eu la faiblesse de vous proposer un jour une seule ligne de ma prose que vous vous empresseriez aussitôt de publier pour vous donner l’impression d’avoir déjà un pied dans la place.

Note : on vient d’augmenter ma dose d’antipsychotiques. Cet argument lamine l’hypothèse d’une poussée délirante à la base de cette déclaration fracassante. Aucune publication ne se fera dans ce blog car tout le monde s’empresserait de me voler mon texte. Je les sens rôder dans l’ombre tous ces pillards avides, prêts à s’adonner à leur larcin sans la moindre once de scrupule.




mardi 13 juillet 2010

Chutes diverses




Plusieurs jours durant, les dards de Phébus se sont faits flèches incandescentes tombant furieusement des nues pour transformer la Mansarde en haut-fourneau.

Ce n’eut été qu’au péril de ma vie et de celle du matériel informatique qu’elle héberge qu’un billet y fut imprudemment rédigé. Les doigts couverts de cloques sur lesquelles seraient restées collées quelques touches d’un clavier en voie de liquéfaction, j’eus pu, me direz-vous, descendre mon portable au sous-sol, et, la tête dans le congélateur et le cul immergé dans une bassine remplie de glaçons comme le recommande Rika Zaraï en pareilles circonstances, m’atteler tout de même à l’ouvrage. Faut pas charrier… de plus, pas sûr que ma borne wifi porte jusqu’en ces lieux crépusculaires, domaine réservé des araignées et autres bestioles tapies dans tous ses recoins et prêtes à vous assaillir. Un autre élément encore plus rédhibitoire ne pouvait que renforcer ma décision d’abandonner tout acte héroïque: la courbe des visiteurs coule à pic depuis le début de ce mois de juillet.

Hier, en fin d’après-midi, me penchant au bord du coup de chaleur et de la fenêtre de la Mansarde, je vis enfin disparaître l’image ondulante de la Mosquée Al Haram sur fond de dunes évanescentes. La sonde extérieure de ma station météo ne semblait plus embarquée par le rectum d’un paludéen en pleine fièvre quarte. La température affichée ne comportait plus que deux chiffres. Alors, à Laudes, je me suis décidé de poster ce petit billet, soutenu par l’iconographie qui l’accompagne symbolisant à la fois la fraicheur un temps revenue et la pente de la courbe des visiteurs épousant parfaitement celle de la proue du «Titanic glaçon» du verre.

lundi 5 juillet 2010