samedi 30 avril 2011

D'après KUPKA




L’image présentée a été réalisée en mode vectoriel dans un outil de dessin adapté, à partir de l’affiche d’une exposition d’aquarelles, gouaches et pastels de Kupka, ayant eu lieu du 24 mai au 24 juin 1960 à la Galerie Karl Flinker, rue du Bac, à Paris.

Télécharger le fichier au format .PSD pour y apporter d'éventuelles modifications.


František Kupka, né à Opocno, Bohême orientale, le 23 septembre 1871, et mort à Puteaux, Hauts-de-Seine, le 24 juin 1957, était un peintre tchèque comptant parmi les pères de l'abstraction avec Vassili Kandinsky et Piet Mondrian. En 1905, il suit des cours de physiologie à la Sorbonne et travaille au laboratoire de biologie tout en s’intéressant à l'optique et à la mécanique. Nombre de ses travaux portent la trace de ces autres centres d’intérêt.

Ne souhaitant surtout pas rouvrir le débat explosif sur les mérites et méfaits de l'Art abstrait, ou de l'Art moderne, je précise juste, sans me mouiller, que j'apprécie certains travaux de Kupka. D’autres peintres des courants évoqués me laissent circonspect, pour le moins, et pour éviter de sortir les mots qui blessent. Je n'évoquerai au passage que le "carré blanc sur fond blanc" de Kasimir Malevitch, qui, après le "suprématisme" du noir et celui du rouge, l'aida à franchir l'étape fondamentale de sa quête de l’absolu l’amenant à la pure jouissance de l’immatériel, tout en lui ouvrant à deux battants le portail de l’asile psychiatrique le plus proche de son atelier.

Quand on connait les siennes dans le domaine de l'art, inspirées parfois par l'observation des nouvelles technologies de son époque, on peut toujours imaginer que Kupka n'aurait pas été fondamentalement hostile aux expérimentations numériques ...


vendredi 29 avril 2011

La Sagrada Familia


Une partie de la "Sagrada Familia" rend visite en avril au fils aîné du rédacteur et à la famille de sa compagne à Barcelone. Pour que tous, y compris l’officiant commis aux prises de vues, se trouvent réunis sur le même cliché, j’ai fais un tour rapide dans «Magasin de photo», et, à coups de gomme et de baguette magique, composé un photomontage plus que discutable, voire tout bonnement abominable, dans sa conception et son rendu.


Il est bon de se laisser aller de temps à autre, c’est en tout cas ce que je me suis dit pour me rassurer. Je signale en plus qu’aucun animal n’a été maltraité durant le travail des calques, ainsi que lors des détourages effectués minutieusement, en tirant la langue.


Maintenant, j'attends la version dessin de Caroline sur son blog.

mardi 26 avril 2011

Liquidambar styraciflua




Synonymes français et origine du nom : Copalme d’Amérique, Styrax américain, Noyer satiné. Du latin «liquidus» et de l’arabe «ambar», doit son nom à «l'ambre liquide» qu'il produit. Il s'agit d'une résine à l'odeur de cannelle appelée malencontreusement "styrax" et utilisée en particulier dans les parfums.

Famille : Hamamélidacéees

Description : hauteur maximum de 40 m. Houppier pyramidal ou arrondi. Rameaux épais, glabres, bruns, à lenticelles saillantes. Feuilles alternes (20 à 30 cm), longuement pétiolées avec 5 lobes dentés. Nervation palmée. Espèce monoïque, à floraison discrète, vert jaunâtre. Infrutescences globuleuses (3cm), épineuses, contenant de nombreuses graines ailées. Bourgeons coniques, à écailles rouge verdâtre, luisantes. Tronc et branches à crêtes grises épaisses. Le feuillage du liquidambar, souvent confondu avec celui de l’érable, est très décoratif et prend de belles couleurs rouge pourpre en automne. Les feuilles dégagent une odeur balsamique lorsqu’on les froisse.

Biologie et acclimatation : Espèce très rustique, supportant tous les sols. Préfère les milieux frais, bien drainés, profonds, limoneux ou limono-argileux. Régions aux climats doux de préférence. Longévité : 150 ans.

Pathologie : Polypore sur blessures.

Intérêts : Espèce ornementale à feuillage attractif, vert foncé, prenant à l’automne une couleur jaune, orangée, ou rouge selon les sujets. L’écorce fournit une oléosérine appelée «Baume de Liquidambar» (ou ambre liquide), utilisée comme fixateur de parfum et en thérapeutique. Bois de qualité moyenne, utilisé en ameublement.




Confusions possibles :

Le liquidambar n’a aucun lien avec le genre styrax. Le nom «styrax» sert aussi de façon abusive à désigner la résine du liquidambar. Le genre styrax propose des arbres ou des arbustes poussant le plus souvent en Extrême-Orient, appartenant à la famille des Styracacées et comportant diverses espèces, quelques-unes très appréciées en parfumerie et en pharmacie pour leur baume. L'arbre est également appelé «aliboufier», en particulier lorsqu'il s'agit de l'espèce Styrax officinalis. Le baume ou résine se nomme alors «storax» ou «benjoin» selon les espèces, le premier de ces deux termes étant aujourd'hui inusité. La résine des Styracacées, d'une belle couleur jaune, est obtenue par incision du tronc. En pharmacie, le baume styrax, sous forme de fumigations, est efficace contre les affections des voies pulmonaires. On l'utilise aussi pour traiter certaines maladies de peau. Comme toutes les résines odorantes, elle peut être brûlée en tant qu'encens. En parfumerie, il joue le rôle de fixateur, le plus souvent dans des parfums féminins. Il a été utilisé dans les années 1920, en particulier dans Shalimar, de Guerlain, puis a été abandonné avant de revenir à la mode grâce aux créations de la maison Yves Saint-Laurent (Opium, Nu). La résine des arbres du genre Styrax était utilisée en Égypte par les embaumeurs.

La résine du Liquidambar connait un usage voisin sous le nom de "Baume de liquidambar", parfois abusivement confondu aussi avec le "Baume du Pérou"*.

En 1786, un savant anglais a l’idée de distiller la résine du Liquidambar et en extrait une huile baptisée Styrax (entrainant la confusion). On l’utilise alors en infusion comme stimulant des voies respiratoires, anti-diarrhéique et anti-stress. Aux États-Unis, les Cherokee utilisaient la résine de liquidambar comme chewing-gum.

Au XIXe siècle, des chimistes français parviennent à isoler la molécule de styrène à partir du Styrax et à la synthétiser en laboratoire. En 1925, un chimiste allemand réussit l’assemblage de plusieurs molécules de styrène et le baptise… le "polystyrène" !
Sources : Wikipédia

* Le baume du Pérou, ou balsam of peru, est une substance extrêmement fréquente dans notre environnement. Il s'agit d'un produit dérivé de la résine d'un arbre (Le Myroxilon balsamum ou Baumier du Pérou) poussant au San Salvador, en Colombie ou au Venezuela et acheminé autrefois via le Pérou (d'où son nom).

Le benzoate de coniferyl en est vraisemblablement l'allergène majeur. Il est fréquemment impliqué dans les allergies aux cosmétiques et aux parfums (stabilisant). Il est parfois responsable de lésions urticariennes. Fort étonnant donc quand on lit, en particulier, les vertus cicatrisantes et anti-prurigineuses invoquées au Baume du Pérou.

Le Baume du Pérou est retrouvé dans (liste non exhaustive):
1. Des produits cosmétiques: bâtons à lèvres, brillantines, crèmes antisolaires, dentifrices, eaux de toilette, lotions capillaires, lotions après-rasage, parfums, savons, aérosols
2. Des produits de pharmacie: balsamiques et sirops contre la toux, pastilles pour la gorge, suppositoires, topiques variés (baumes...), tulles gras, produits à base de benjoin, produits pour inhalation, antiparasitaires (benzoate de benzyle)
3. Des graisses à traire et produits à usage vétérinaire
4. Des produits alimentaires: se retrouve à l'état naturel dans les citrons, les clous de girofle, les mandarines, les oranges, les pamplemousses . Est utilisé comme aromate dans les apéritifs (curaçao, rhum, vermouth,...), cakes, cannelle, caramels, chewing-gum, chocolats, confiture à l'orange, dragées, friandises à l'orange et au citron, glaces à l'orange, limonades au cola, limonades à l'orange, marmelades, miel, pains d'épice, sucre vanillé, vanilline...
5. Des tabacs et thés aromatisés
6. Des ciments et liquides aromatisés utilisés en dentisterie
7. Agent désodorisant de certaines huiles de coupe
8. Des produits d'entretien ménagers (désodorisants...)
9. L’industrie des peintures à l'huile et de la porcelaine
10. Des adhésifs et laques
11. Anciennement utilisé dans le traitement des crevasses du sein survenant parfois au décours de l’allaitement maternel (ajout personnel à ce listing incomplet).




Note: il semble bien que depuis quelques jours, les commentaires envoyés autrement qu'avec l'option "identifiant Google" soient inactifs et vous dirigent sur la page de création de compte. Pourquoi pas, c'est rapide, gratuit, vous ouvre des services gratuits, et semble passer outre les perturbations du moment. Mais ça donne l'impression de forcer la main, si, un peu quand même. De plus, si cela continue, il faut supprimer les autres options...

jeudi 21 avril 2011

Aujourd’hui, j’ai envie de me fâcher avec la blogosphère (encore cela et tu vas voir)


C’est avant tout un goût abscons et inexplicablement constant pour l’informatique qui m’a amené, voilà bien des années, à ouvrir un blog. En complément de la création de sites, ce type de publication en ligne pouvait m’aider à perfectionner mon apprentissage du langage de marquage qu’est HTML. J’y ponds régulièrement des équivalents de billets, minés parfois par l’inclusion de gadgets baroques en Flash dont l’intérêt public est plus qu'à démontrer. Accessoirement, par tocade, ça et là, au pif, je glisse un billet vaguement travaillé dans l’espoir fou d’allumer une pâle et furtive lueur d’intérêt dans les yeux d’une âme désœuvrée pianotant sur son clavier dans une contrée éventuellement reculée ou exotique (ou vice-versa, peu me chaut, lapin) du globe, plutôt terrestre qu’oculaire. Il faut être réaliste, la belle âme doit obligatoirement disposer pour ce faire d’une connexion Internet, et ainsi fondre en larmes. La lueur d’intérêt dans les yeux, par contre, est parfaitement hypothétique et subsidiaire. Je m’en persuade cependant à l’occasion, histoire de disposer d’un alibi légitimant cette occupation trouble. Les trop rares publications princeps (faut pas donner de la confiture aux cochons) proviennent de recherches personnelles que j’en viens à publier en guise de sauvegarde en ligne de mon disque dur. Pour être plus clair, lorsque mes détecteurs d’intrusion m’indiquent qu’un pirate va finir par se lasser de ses visites et conclure qu’il n’y a vraiment rien à hacker de raisonnable sur ma bousine. J’aime simplifier la tâche aux travailleurs de l’ombre. Je signale au passage au correspondant qui, de temps à autre, se travestit en responsable technique de mon fournisseur d’accès, qu’il est inutile de pourrir ma boîte de messages, sympathiques, certes, mais auxquels je ne répondrai pas car il n’a pas besoin de connaître mon numéro de carte bleue, et moins encore mon tour de tête, même si c’est pour m’envoyer une casquette avec «Ducon» marqué dessus. On peut douter d'ailleurs de la bonne réception de ce généreux envoi, car, vu l’orthographe impressionnante de ses messages bon enfant, qui plus est, à la typographie non accentuée, le facteur aurait bien du mal à retrouver mon adresse libellée en ces termes.

Trêve de préambule, je dois vider illico la bile qui gonfle ma vésicule au prorata d’odyssées récentes sur la toile cirée m’amenant de blog en blog, comme Ulysse naviguait d’ile en ile (parce qu’ile était misogyne), et de la sorte libérer mon ire d’atrabilaire.

Oh ! que j’aime pas :

Les gens qui critiquent les blogs sur lesquels le rédacteur étale sa vie privée à longueur de billets alors qu’ils ne font eux-mêmes que cela dans les leurs. Bonus aux possesseurs d’un compte Tweeter ou Facebook.

Les visiteurs qui ne laissent jamais de commentaires.

Les rédacteurs qui ne répondent jamais aux commentaires.

Les blogs ou sites sur lesquels on s’étripe. Ceux à thème politique font obligatoirement partie de cette catégorie et ont de surcroit la particularité de regorger de commentaires de gens catégoriques qui se prennent au sérieux pour finir par n’en plus douter.

Les sites et blogs de footeux à la prose surréaliste et rarement cubiste dont l'écriture a l'heur tout de même de me rappeler invariablement la phrase de Pierre Desproges: " Si tant est qu’on puisse appeler 'écrire' n’importe quelle tentative de représentation d’une ébauche de pensée par le biais de symboles graphiques incohérents couchés dans le désordre au mépris total de la grammaire, de la syntaxe, de l’orthographe et du souvenir de mon aïeule Germaine Philippin, institutrice de l’époque missionnaire, qu’une cédille oubliée décourageait aux larmes.".
Si je devais attribuer des notes à ceux que j’ai visités les soirs de grande débâcle psychique, elles s’étaleraient de 0 à 0,1 sur l’échelle de Richter qui est pourtant une échelle parfaitement ouverte. Difficile de départager les ex-æquo quand on sait que mes mesures se font aux erreurs d’incertitude près de ± 0,1. Cette cotation au tir ciblé, proche du nombre ou objet mathématique permettant d’exprimer une absence comme une quantité nulle, est tout de même largement inférieure aux Q.I des intervenants, assez voisins, si l’on en croit les études du Professeur Adam Lanus de l’Université d’Athènes, aux chiffres affichés en degrés Celsius par le thermomètre qu’on doit leur conseiller de placer dans le rectum plutôt que dans l’oreille pour optimiser leurs scores. Les chiffres mesurés lors d’une poussée de paludisme sont, bien entendu, à exclure.

Les sites et blogs de fans dédiés à leur ou leurs idole(s): liste incommunicable du fait de son volume pléthorique et de son caractère continûment expansif (voir la théorie du Big Bang). Le manque de personnalité porté à sa quintessence est probablement responsable de cette pratique monomaniaque. Le site des adorateurs de l’œuf remporte la palme.

Les blogs qui affichent leurs classements récupérés sur les sites usines à gaz censées répertorier et noter les meilleurs de la Terre. Pour faire «court», j’aime pas les concours de bite. Cela dit en passant, vous avez beaucoup plus de chance de tomber sur un bon blog s’il n’appartient pas au peloton de tête. Pour grimper dans le classement, à l’intention des compétiteurs indécrottables, il existe mille techniques plus ou moins tordues pour y parvenir. La prise d’EPO n’en fait pas partie. Les blogs qui caracolent au sommet de ces classements et racolent les visites d’ovins font aussi partie de la catégorie suivante. Pour ne citer qu’un exemple prurit me prenant le chou à l’occasion et à l'improviste: le blog d’illustrations de la nana BCBG branchouille dont l’humour ravageur prête à croire qu’elle a définitivement pris ses distances avec la dernière crise métaphysique qui l’a étreinte lors de l’achat récent d’un flacon de vernis à ongles, et pour ne pas être trop injuste, parfois aussi ses états d’âme suant l’angoisse avant d’opter pour la couleur de son nouveau rouge à lèvres. Cet exemple vise à montrer que je tape sur les deux sexes, et que les footeux qui ont déjà trinqué savent que cela fait très mal, même quand ce n’est pas avec un ballon.

Les blogs ou les sites qui donnent l’impression, quand on passe rapidement de l’un à l’autre (lentement, aussi) qu’on est toujours sur le même: présentations clones, commentaires superposables, personnalisations Ikea de rigueur.

Pour synthétiser l’embrouillamini qui précède, maintenant que j’ai fini par occire la mouche du coche qui m’a piqué sournoisement, et qui au vu d’une courte étude entomologique ne paraît pas être tsé-tsé mais plutôt zin-zin : " Oh, que j’aime pas tous ces blogs et sites qui ne servent à rien, comme le mien ! "

Et vous, chers commentateurs – et pas (ices), car même si ça énerve la gent féminine, le masculin l’emporte toujours à plat de couture sur le féminin d’après les grammairiens qui sont un peu moins misogynes qu’Ulysse - vous qui êtes la crème des crèmes et dont le nombre se compte facilement sur les doigts de la main d’un manchot – je n’évoque aucunement l’animal genre pingouin - rien ne vous empêche, par le biais de vos commentaires lumineux auxquels je ne répondrai pas puisque c’est la mode, de compléter cette liste.

Note: voilà deux jours, m'est venue l'idée aussi sotte que grenue de m'initier au langage JavaScript. Pour ce faire, j'ai sorti de la médiathèque municipale un opuscule d'à peine 1200 pages que j'ai décidé de maîtriser en une soirée. Un pareil livre de chevet a de quoi tempérer encore un peu plus l'homme placide que je suis au demeurant, aidé en cela par la part de contingent génétique italien que mes ancêtres paternels m'ont légué. A preuve, je vous propose ce script testant mes avancées fulgurantes:


Note 2: au messager ou aux messagers obstiné(s). C’est bien, les accents sont désormais présents, le mail a un semblant d’officialité, encore quelques fautes de Français tout de même. Bien entendu, les images contenues dans le mail ont été bloquées pour éviter l'identification de l’ordinateur du récipiendaire, mais mon banquier me téléphone en cas de soucis. Désolé de ne pas pouvoir vous fournir un enregistrement de sa voix ni le numéro de mon téléphone portable. J'attends toujours la casquette pour aller au phishing.

lundi 18 avril 2011

Le flambeau de Nicéphore

Photographie personnelle : Pierre TOSI

"Oublier le passé, c'est se condamner à le revivre."

Hugo peinait dans la bourrasque. L’averse qui cinglait Nancy en ce milieu d’après-midi d'automne perçait son vieil imperméable. Une humidité froide s'insinuait au cœur des êtres et des choses. Des rafales balayaient l'asphalte luisant. Hugo marchait sur les eaux du déluge. Il tirait des bords en évitant les parapluies qui brandissaient des rostres menaçants. Les étraves d’autobus bondés remontaient à contre courant la grande artère. Elles décollaient de la chaussée des gerbes traîtresses qui faisaient maugréer les passants aspergés. Un été brinquebalant partait dans la débâcle. Le long des rives, seuls de rares argonautes aux épidermes bronze pâle s'en souvenaient encore.

Hugo avait eu enfin la bonne idée de se mettre à l’abri sous un auvent. Tout en guettant une accalmie improbable, il profitait de son havre pour observer le flot grouillant des citadins. Beaucoup s'affairaient aux derniers préparatifs de la rentrée. En détaillant les éléments de la flotte, il imaginait de minuscules arches de Noé charriant dans leur cabotage une animalerie hétéroclite. Reconnaître un visage au sein de cette armada en transit l'eut conforté dans l'idée que ce flux continu n'était pas une substance amorphe, mais un bouillon constitué de mille ingrédients. Un peu d'adresse, il capturerait un aromate. Quelques secondes sur les papilles, il en percevrait la saveur caractéristique. Hugo aimait saisir l'essence de nouveaux êtres. Il avait compris qu'il ne s'ennuierait jamais une minute s'il gardait toujours en lui le goût de la rencontre.

Qui peut se vanter - à part le butor abouti - de conserver contre vents et marées une thymie au zénith? Depuis quelques minutes, Hugo éprouvait une de ces mystérieuses variations de l'humeur. Son vigoureux positivisme estival se délitait sous les embruns corrosifs, mauvais fruits de ce vent d'est et de ce ciel bas d'automne. Ce frisson qui le parcourait annonçait-il le coup de déprime ou la sudation curatrice? Il était transi et ne devait pas rester planté là, plongé dans ses cogitations aquatiques. En quelques brasses, il gagna l'abri salutaire de la rade Stanislas. Les cieux déchaînés avaient drossé vers les digues de la Place Royale la foule qui habituellement anime son centre à la belle saison. Sans faire le faraud plus longtemps dans ce grain, il décida d'accoster en regard d'une des tavernes du port.

Au "Café du Commerce", Hugo commanda une boisson chaude pour se revigorer. Vautré sur une banquette, il put reprendre à loisir le cours de ses pensées aigres-douces. Alors qu’il sortait son portefeuille pour vérifier qu'il avait de quoi régler sa consommation, une photo racornie oubliée dans la poche intérieure de son imperméable s'en échappa. Elle montrait, au cœur d'un paysage méditerranéen gorgé de soleil, une jolie femme brune assise sur un rocher. Elle tenait dans sa main droite un bouquet de fleurs sauvages. Son visage légèrement incliné reposait au creux de son autre main. Elle souriait tendrement au photographe. Hugo ramassa ce flambeau de Nicéphore tombé au sol.


Quand, pour la première fois, un inventeur français réussit à fixer sur une couche photosensible les images inversées de la "camera obscura", un nouvel outil d’exploration des souvenirs enfouis dans les ténèbres venait de naître. Figer la lumière d'un instant, voler à la vie ce que l'on appellerait plus tard un instantané, préserver du temps qui passe un monde en équilibre, conserver l’image d’un visage à la fleur de l'âge, tout cela devenait possible. La surface sensible de Niepce sauvait du temps qui passe et abîme le visage d’une personne aimée, jeune à jamais. Il emprisonnait en sus dans ce nouvel épiderme une part d'émotions d'antan. Plus tard, en juxtaposant une ribambelle d'images fixes, le cinématographe saurait ranimer des séquences entières de palpitations de vie. Orphée, autorisé par les dieux et la puissance de son désir, put retrouver Eurydice aux enfers à condition de ne jamais la regarder. Hugo, lui, pouvait revoir ce visage sur papier couleur. Il sentait qu'à l'heure actuelle, celui-ci n'était probablement plus tout à fait le même, marqué par les six années passées. Y avait-il encore dans ces yeux la même chaleur, le même enthousiasme, la même ferveur? Il se remémorait les paroles de la chanson d'Alain Souchon :
"J'aime les regretteurs d'hier / Qui trouvent que tout c'qu'on gagne on le perd
Qui voudraient changer le cours des rivières
Retrouver dans la lumière / La beauté d'Ava Gardner
Retrouver les choses premières / La beauté D'Ava Gardner..."
Pourquoi avait-il désormais dans les yeux "cet air de savoir que tout va dans la mer"? Pourquoi cette Ava lui remontait-elle au cœur? Pourquoi, lui si friand du moment à venir, devenait-il soudain ce nageur à l'envers?

Il sentit peu à peu l'atmosphère de la salle populeuse se mettre à frissonner. Il entendait d'étranges éclats de voix au milieu du brouhaha. Les sons ne correspondaient pas à ce qu'il observait. Il regardait un film mal synchronisé. Sa soudaine torpeur était-elle responsable d’une sorte d'hallucination? En fait, son cerveau dégrippait un rouage bloqué par la rouille des ans, tout en ressuscitant un désir de l'enfance. Quand il fuyait la peine ou l'ennui, le petit Hugo aurait souhaité avoir le don de revivre à sa guise, sans la moindre altération, les événements qui avaient laissé en lui une empreinte heureuse. Papy Sigmund parlait d'un refus de la perte de l'éden utérin, mais cela devait être particulièrement barbant de se retrouver accroché par un pipeline à la chaude matrice, comme un astronaute à sa capsule, flottant au sein d’une obscurité liquidienne douceâtre. Hugo désirait simplement conserver intact au fond de sa mémoire certains morceaux de vie - échos d'archaïques de sensations fœtales, pourquoi pas? - dont il était sûr de ne jamais se lasser. Le jardin d'Eden ouvert à toute heure du jour et de la nuit, en somme. Étrange refus du temps qui efface, gomme ou détruit. Il aurait dû se féliciter que l'oubli existât. Il a l'heur de dissiper les grandes douleurs. Hugo refusait en quelque sorte, de façon absurde, que bonheur et malheur subissent le même traitement.

C'est suite à ces réflexions sur l'hier que lui vint cette idée : les voix étranges qu'il entendait dans ce café étaient peut-être ramenées par le ressac du temps? C'est çà, il assistait en surimpression à des scènes anciennes dont cette salle avait été le théâtre. Là-bas, sous ce lustre, les échos d’une joie oubliée. Au-dessus de la table voisine, des pleurs aujourd'hui évaporés. Les voix du passé prirent soudain le timbre de la voix de Donald Duck quand il s'énerve. Retour accélérée vers un territoire où hibernait un vieux souvenir. Les doigts fébriles du présent, activiste frénétique, ne pouvaient pas produire cette alchimie mentale. Hugo les savait inaptes à fournir un travail de synthèse qui requiert recul et pondération. Seul, le passé, vieux mage taquin à la patience infinie, pouvait accomplir ce tour de passe-passe. Ces deux entités temporelles s'opposaient-elles de façon aussi caricaturale ? Hugo en prise à ce phénomène étrange qui ne le privait pas totalement de sa perspicacité, percevait que cette diablerie devait l’en dissuader. Conviant le dernier composant de la trinité à entrer dans sa théorie, il comprit que passé, présent et futur s'entendent comme larrons en foire. Cette séparation artificielle et commode disparaît, comme quand un myope repose ses lunettes sur son nez et voit se reformer la continuité de l'espace. Le présent, vague qui plisse la surface du temps, n'est que l’avant garde en transit du passé qui part vers le futur. Un souvenir travesti peut réapparaître, donnant l'illusion de la nouveauté. Le futur fera revivre beaucoup de nos souvenirs à notre insu. Inconditionnels du présent ou du futur qui vous pensez les enfants chéris de l'évolution et vous comparez à des athlètes structurés face aux passéistes souffreteux et involutifs que sont les "rêveurs de l'hier", n'oubliez pas que vous êtes débiteurs du passé.

La recherche de l'index sur la grande bande de la mémoire ne fut pas bien longue. Hugo perçut une brusque décélération, puis, "arrêt sur image". Figée, devant ses yeux, là-bas dehors, il voyait la terrasse du «Café du Commerce» peuplée de consommateurs profitant d'un beau soleil de début d'après-midi de mai. Détaillant la scène fixe, il distingua bientôt au milieu des clients deux silhouettes connues. L'une était son double. L'autre, assise en face, était la belle femme brune qui souriait sur la photo. Mais oui! c’était, cinq ans plus tôt, le lieu de rendez-vous dont ils avaient convenu pour se retrouver après une longue séparation. Quelques jours avant, un peu plus en arrière sur la bande, elle lui avait adressé un courrier succinct et bigrement précis: "Veux-tu m'épouser?". Il lui avait répondu de façon encore plus concise en gros caractères : "OUI". La concision de sa réponse était sans commune mesure avec le débat intérieur qui l'avait animé pendant des heures avant de glisser cette vaste page de littérature dans une enveloppe timbrée.

Pour décrire son cheminement de pensée, il faut sortir de la naphtaline quelques mots ronflants et les revigorer dans un fougueux dithyrambe. Hugo, déchiré entre la réponse que lui intimait le devoir et celle que lui hurlait la passion, était écartelé par les deux pur-sang du dilemme. Ce beau mot de la langue française peut être remplacé par une expression moins élégante, mais plus imagée: un piège à cons. Choisir entre deux inconvénients, c'est assez typique du truc où "à tous les coups on perd". Hugo devait se faire héros, se hisser à la force des pectoraux vers les cimes de la tragédie. Horace, Phèdre, Cinna, Britannicus, Andromaque, deviendraient alors ses compagnons de bac à sable. Entré dans la confrérie, il obtiendrait la carrure de démiurge nécessaire pour intimer l'ordre à Corneille et Racine de s'engager dans un duel à mort dont l'issue lui indiquerait le choix de Dieu. Une histoire propice à se vautrer dans le sublime, ou à tutoyer au minimum.
À ma droite : Corneille, reconnaissable à sa matraque de C.R.S et à ses "rangers", digne représentant du "Devoir d'abord". À ma gauche : Racine, identifiable à son blouson de James Dean et ses Ray Ban, sponsorisé par "Passion avant tout". Devoir faisait valoir à Hugo qu'il était normal qu'on lui demandât de s'engager enfin, de prendre de fermes résolutions pour rassurer la femme qu'il aimait. Passion lui criait de ne pas trahir "Liberté chérie". Le mariage est une tartuferie monumentale dans laquelle tu t'es déjà fourvoyé, jugeait-il. Molière pointait son nez, et avec lui un brin d'humour !

Hugo manquait d'assurance. Il n'avait jamais su dire comme un grand: "Qui m'aime, me suive, après tout!". Il craignait probablement de se retrouver tout seul comme une cloche en clamant pareille fanfaronnade. La peur de la solitude rend affreusement prudent. Hugo transigeait donc parfois avec ses grands principes, y mettait des bémols, faisait des choix de faux culs. Il aurait dû pourtant comprendre, qu'au bout du compte, ils avaient toujours repris le dessus, quand, pour un temps trop long, il les avait bafoués. Hugo aurait dû parler simplement à la dame brune. Il aurait dû défendre les propos de ce personnage de film dont il avait oublié le titre: "Le mariage s'impose à partir du moment où deux êtres qui se sont aimés n'auront plus rien à se dire d'intéressant. Mariés ils vont pouvoir à nouveau deviser : " Jour de folie que celui où je t'ai épousé(e)... Tu m'as fait perdre les plus belles années de ma vie...etc."

En fait, ce jour de mai sur cette terrasse, il avait eu peur de perdre la femme qu'il aimait en tergiversant. Sa réponse, qui eut pu faire croire que le devoir avait triomphé, était saupoudrée d’une bonne dose d'opportunisme. Elle voulait entendre "oui", puisqu'elle avait posé la question. Hugo n'était pas un héros de tragédie grecque, mais un homme banal qui essaie de s'en sortir tant bien que mal dans sa navigation sur le grand océan.

Les mois qui suivirent le rendez-vous réel sur la terrasse du café se chargèrent de décanter radicalement la situation. Bien que demande et réponse allassent toutes deux dans le même sens, ils se séparèrent, à bout de souffle, exténués par une kyrielle de règlements de comptes mesquins. La sagesse aurait voulu qu'ils n'oublient jamais ce qui à leurs yeux constituait l'essentiel. Ils avaient liquidé un bien précieux comme des enfants gâtés qui brisent leur jouet de peur qu'on leur prenne. Aujourd’hui, dans ce café, cette photo en main, Hugo savait que le bonheur était un bouquet de fleurs cueillies sous le coup d'inspirations subites, çà et là, tout au long du chemin de la vie. Que ce n'était nullement une composition florale rigoureuse et méthodique.

Pourquoi sa mémoire lui renvoyait-elle cette séquence oubliée? Une triviale bouffée de culpabilité? Comme dans "La rose pourpre du Caire", on l'invitait à entrer dans la toile de projection du Souvenir dans ce café où il était venu se réfugier, fuyant les averses. Hugo la traversa pour aller s'asseoir sur la terrasse du passé. Pouvait-il impunément engendrer une manipulation hasardeuse du temps? Il patienta jusqu'à ce qu'une voix paisible, celle du vieux mage sans doute, lui prodigue ce conseil: "Vas-y Hugo, ne change rien. Tu ne peux d'ailleurs rien changer. Le présent des amoureux est éternel."

Rassuré, il se superposa au personnage masculin de la scène pour quelques minutes de plaisir retrouvé. Il n'aménagea aucune variante. Un air printanier baignait la scène. L'air était transparent. Elle était tout essoufflée la "bella ragazza". Peur d'être en retard au rendez-vous, sans doute. Toujours aussi orgueilleuse, elle ne voulait rien laisser paraître de sa fébrilité. Elle lui apprenait qu'elle avait trouvé son mot une heure plus tôt, juste avant son départ. Le bonheur se lisait sur son visage. Hugo se dit en lui-même: "Si la sincérité existe, elle a ce visage. La femme qui te fait face ne tergiverse pas comme toi. Le mariage est pour elle une preuve d'amour."

Son cœur se pinça en comprenant soudain ce que le vieux projectionniste souhaitait lui montrer : il se pourrait bien qu'aucune autre femme ne sache plus lui montrer avec une telle intensité son amour. Hugo l'avait-il perçu à l'époque? Non, c'était certain. Il regarda avec une infinie tendresse et un profond respect la femme du mois de mai qui savait aimer. Ce regard qu’il lui adressait tentait de lui communiquer sa plus sincère reconnaissance. Elle ne pouvait pas savoir, elle, qu'en cet instant, c'était un Hugo plus vieux de quelques années qui lui adressait ce tendre sourire, cherchait à lui dire de rester toujours la même. Hugo savait bien que les êtres s’abîment ou s'avilissent parfois en vieillissant. Bondissant d'un miroir aux alouettes à un autre, ils perdent peu à peu la pureté de leur essence première. C'est en fait cette crainte qui l’avait toujours poussé à ne jamais revoir les femmes qu'il avait aimées. A ses yeux, seuls les domaines de l'art et de l’œnologie échappaient à la cruelle érosion. Pas de quoi cependant dissiper la tristesse qui s'emparait de lui, quand, les jours de tempête, il se penchait imprudemment à la fenêtre du temps qui passe et au balcon de la nostalgie.

La séance prit fin. La lumière se ralluma. Dehors, la terrasse était grise et les chaises étaient vides. De grandes rafales de vent soulevaient l'eau des tables. Hugo, au travers des vitres, contemplait une place qui s'évanouissait comme un mirage dans la vapeur de sa tasse de thé.

Poursuivant ses rêvasseries d’octobre, il mit un bémol à son " Ne jamais revoir une femme que l’on a aimée". Il entra sur le compteur du magnétoscope du souvenir qui manquait de précision : « Fin octobre, trois ans après l’année de la terrasse de printemps». Play…

Novembre et ses fleurs mortuaires. Décembre et ses pères Noël exténués. Janvier et ses pesanteurs gastriques. Février et ses carambolages autoroutiers. Les mois passaient sans coup férir. Mars de tous les espoirs fait poindre joyeusement son nouvel arrivage floral et avril le douche à grands coups de giboulées. Il faut insister sur mai qui suit immanquablement jusqu'à présent. Ce mois-là, pourquoi ne nous en a-t-on pas mis trois ou quatre dans l'année ? Les jours croissent à vue d’œil. Le soleil qui a cruellement manqué depuis de nombreux mois s'installe, mine de rien, pour faire éclore les belles fleurs printanières des projets en germes. Juin, quant à lui, ne fait que préparer l'apothéose de juillet le torride.

Celui de cette année l'était tout particulièrement. Un soleil ardent vous l'avait fait rôtir à souhait. Les grands-mères se plaignaient de la chaleur. Elles jalousaient probablement son ardeur juvénile. Elles appelaient de leurs vœux le retour d'un froid vivifiant. L'hiver venu, on les entendrait se plaindre de la rigueur des premiers frimas. Le froid tenace évoquait trop pour elles celui du sépulcre qui approche à grands pas. L’âge ne freine pas le culte du paradoxe. Le vieillard conserve intact le sempiternel besoin de se plaindre de son sort, le cou crispé en direction de l'autre rive où l'herbe est plus verte, même si c'est celle du Styx. Hugo, lui, le natif d'août, baignait dans son jus, jamais rassasié par les chauds rayons nourriciers de ce mois. Un rythme biologique calqué sur la nature - ou l'arrivée de la constellation du Lion aux abords de l'écliptique pour les fervents du zodiaque – faisait que chaque année, à la même époque, il sentait décupler ses performances. Le taux d’une amine cérébrale, dopé par l'ardeur des dards de Phébus, était plus probablement en cause !

En cette fin de matinée de juillet, le thermomètre frôlait les trente cinq degrés sur cette place allemande où Hugo attendait près d'une cabine téléphonique. Un ami tentait de joindre sa compagne pour modifier lieu et heure d’un rendez-vous. L'atelier Mercedes où ce dernier avait amené son véhicule en révision était débordé. Le transfert d'un bataillon de mécaniciens sur le front des plages en était la cause. L'organigramme de la journée s’en voyait perturbé. Plutôt qu'un déjeuner à Metz, l'homme au téléphone proposait à sa dulcinée un "Mittagessen" en Germanie. Privé momentanément de son véhicule, il lui demandait de venir le rejoindre à Sarrebruck avec le sien. Sa douce Juliette lui indiqua qu'elle avait prévu de passer son après-midi avec une amie, mais que cela ne poserait sans doute pas de problème si elle lui suggérait cette inversion d'objectif : shopping en bordure de Sarre contre courses en bordure de Moselle. Rendez-vous aux alentours de midi devant l’entrée d’un grand magasin du centre.

Les trottoirs de la ville crépitaient sous les coulées du haut-fourneau solaire. En plein brasier, la cité sarroise gagnait le statut de ville équatoriale. Les promeneurs rougeauds, baignant dans cette friture atmosphérique, portaient des tenues adaptées à ce brusque changement de latitude. Hugo et son ami savouraient depuis quelques minutes le souffle frais qu'exhalait la bouche du magasin climatisé où ils s'étaient mis en poste. Ils guettaient à droite, à gauche. Comme sœur Anne, ils ne voyaient rien venir. Piège classique, ils se firent bêtement surprendre par le revers. Hugo entendit dans son dos une voix rieuse au timbre clair connu : "Hugo, comment vas-tu depuis tout ce temps?"

Il se retourna pour sourire à la femme brune de mai. Séduction et élégance déployées, le teint éclatant de soleil, vêtue d'une tunique mi-longue et d'un pantalon d'un blanc lumineux à forte inspiration asiatique, elle n’avait pas changé. Ses jolis yeux bruns en amande et ses longs cheveux noirs étaient à l'unisson. Cette bougresse avait conservé son charme pétillant. Ne présumant en rien de l'état d'esprit de la belle panthère qui venait de le surprendre, et connaissant bien ses foucades, il se contenta de rester civil et courtois. Si, tout comme lui, elle se trouvait la victime d'une vile conspiration, rien dans son attitude n'indiquait toutefois qu'elle était contrariée.

Tout le monde mourrait de faim. D’un commun accord, on prit la décision de se diriger vers le restaurant le plus proche. Une trattoria fit l’affaire. Hasard étrange, c’était l'endroit où Hugo et la Chinoise avaient dîné la première fois qu'ils avaient passé une journée ensemble en Allemagne. Quelle attitude adopter durant le repas? La conversation se déroulait dans une complicité joyeuse. Quelques remarques à double sens amenaient tout de même Hugo à conserver ses distances. Les deux joueurs d’échecs, pour donner le change, privilégiaient la défense. Il ne fallait surtout pas laisser croire au couple ami qu'un des deux tentait une manœuvre de rapprochement. L'après-midi, les femmes firent quelques emplettes en compagnie de leurs chevaliers servants. Hugo expérimentait les lois du magnétisme. S’approchant trop du champ émis par son ancienne dulcinée, il risquait le brusque accolement. Tout au plus, il flirtait en limite.

L'heure fixée pour récupérer l'automobile approchait. On se rendit de nouveau au garage. Avec beaucoup de délicatesse, la compagne de l'ami d'Hugo exprima le désir pressant de rentrer avec son homme. Elle laissait son cabriolet à Hugo qui pourrait ainsi, s'il le désirait, rester un peu plus longtemps en compagnie du pôle plus. Ce dernier n'émit aucune réserve. Cela fit plaisir à Hugo. Après le départ du couple ami, il lui proposa aussitôt une petite escapade au jardin franco-allemand, symbole végétal de la réconciliation de deux nations rivales.

C'est en passant sous les premiers arbres qu'il osa prendre le bras de la dame brune. Il ne se déroba point. La nature était immobile, sidérée par le bombardement solaire. Ils marchaient du même pas dans la touffeur, retrouvant la complicité qui leur permettait avant de se comprendre à demi-mots et de passer des journées entières à échanger sans ennui. Le grand catalyseur chlorophyllien y avait sa part :

- Tu te souviens, quand, le nez rouge de froid, on voyait poindre les premiers crocus, là bas sur cette grande pelouse?
- Et les magnolias, les premiers jours d'avril, avec leur opulente floraison céramique?
- Et la splendeur de ces massifs de rhododendrons aux dégradés subtils?
- Et les fleurs de ces grands tulipiers aux feuilles insolites?
- Et l'or clair, à l'automne finissant, de ce vieux pionnier de la planète, l'Arbre aux quarante écus? Te rappelles-tu pourquoi on lui donne ce nom chez nous ?

Elle lui confiait quelques bribes des années écoulées. Il lui demandait des nouvelles de ses enfants. Hugo se sentait protégé de tout ce qui pouvait se passer d'humain alentour, calfeutré dans une parenthèse. Ils planaient dans la même bulle de savon, contournant avec élégance les sujets épineux pour ne pas endommager irrémédiablement leur fragile aéronef.

De l'autre coté du grand champ à crocus, là-bas sous un immense platane au tronc pistache, deux chaises vertes semblaient les attendre, invisibles à d'autres yeux qu'aux leurs. Hugo prit la taille fine qu'il avait tant serrée contre lui. Ils volèrent en rase-motte au-dessus du pré pour venir s'asseoir à l'ombre du somptueux quinquagénaire. Assis côte à côte, Hugo comprit qu'il avait affaire à un instantané de vie qui déclenche le rideau de l'appareil photo des souvenirs heureux. Le parc était à son apogée. Sur leur gauche, de grands massifs déroulaient leurs damas mauves et roses. Ils entendaient au loin le tintement de rires d'enfants éclaboussés par le bouquet cristallin d'un petit jet d'eau. Présent et passé signaient l'union sacrée. Les yeux de la Chinoise se reflétaient dans ceux d'Hugo. Les bouches étaient si proches : "Hugo, est-ce que tu m'aimes toujours ?"

Il colla ses lèvres aux siennes, en guise de réponse. Derrière eux, ils entendirent fuser des rires et des sifflets. Le petit train du parc, rempli de voyageurs, passait en actionnant sa cloche. Il en fallait plus pour rompre le charme. Hugo se dit en lui-même que cet instant de bonheur passerait, mais qu'il avait pris la photo à temps... au temps. Un jour, il tenterait peut-être de fixer la scène sur une autre surface sensible pour préserver la chaleur de cet instantané.

Le souvenir est un fluide subtil qui nous surprend parfois. Il nous ramène à grands coups d'élastiques vers des jours ensoleillés du passé. C'est l'influx qui anime le bras qui cueille la fleur rare qui va grossir le bouquet du bonheur.

Que rien n’abîme jamais nos souvenirs heureux.



Pierre TOSI - novembre 1993 -


Composition graphique personnelle : Pierre TOSI

Liste des nouvelles du recueil

Octobre 2013: j’ai allégé cette ancienne nouvelle qui me paraissait très brouillonne et dans laquelle j'avais voulu faire entrer trop de matériau. Les photos qui illustrent le billet datent pratiquement d’un quart de siècle... et peuvent alimenter les discussions habituelles concernant la part autobiographique d'un texte romancé…


mercredi 13 avril 2011

Tous les soleils de Philippe Claudel

"Tous les soleils à l'aube dorment encore un peu engourdis, nonchalants, ils se moquent bien du feu du jour qui les attend. Ils chassent les ombres des hommes et des guerres.Tous les soleils à l’aube sont comme de grands enfants qui n’ont que faire du temps…" *

Philippe Claudel ?

P
hilippe Claudel, «Le Glaude», avance dans ce qui constituera peut-être, si les petits cochons du parisianisme ne le mangent pas, une trilogie des villes de l’Est. Après Nancy, «Il y a longtemps que je t’aime», Strasbourg sert de toile de fond à son dernier film, «Tous les soleils». Un clone de Nanni Moretti, dans son «Journal intime» de 1993, troque vespa contre Solex. Ayant quitté Rome, remake de sa scène d’introduction, il déambule dans la capitale du «Hans im Schnokeloch». Les moustiques y sont désormais moins nombreux et une population cosmopolite bigarrée a largement abandonné le patois alsacien. Quelques ressortissants conservent cependant un «léger» accent.

D’habitude, avant d’écrire un billet, histoire de ne pas trop sombrer dans le parti-pris, il n’est pas rare que je jette un œil amusé sur les critiques des arbitres des élégances sévissant sur des sites prétendument spécialisés dans le domaine du cinéma. Quelques avis diamétralement opposés m’amènent alors régulièrement à me demander s’ils ont vu le même film. Résultat des courses, dans la plupart des cas, je me cantonne à mes impressions premières et campe sur mon propre avis.

Pour ce film, je n’attends aucun verdict des procureurs du cinématographe. J’ai aimé, et c’est tout ce qui compte au fond. Je ne tiens pas à me faire casser la baraque par quelques "scrogneugneus" de la toile. Les amateurs de blockbusters y crient probablement famine, les ayatollahs du Septième Art y pleurent peut-être Sautet, quelques nostalgiques campent sans doute mordicus sur les mérites inégalées des films des grands réalisateurs de la "Comédie à l’italienne". Rappelons-nous cependant de ce que Dino Risi, en bon Italien désinvolte, disait avec humour: «Pourquoi s'obstiner à dire ‘comédie à l'italienne’ ? Celles qui sont faites en Amérique ne sont pas appelées ‘ à l'américaine’. Si les critiques aiment les étiquettes, je proposerais celle-ci: "La comédie à l'italienne comme la définissent les critiques à l'italienne." ».

Les acteurs principaux parlent souvent italien et le sont. Ils chantent, dansent, s’engueulent comme en Italie. Mais, ils vivent en France et l’aime. Ils mangent, boivent, échangent avec des autochtones ou des assimilés aux racines bien diverses. Ceux-ci se tourmentent peu de leurs différences ou de leurs origines respectives. Ils ne s’opposent en termes agressifs passagers que lorsqu’ils cherchent à motiver leurs points de vue ou vider leur sac, histoire d’avancer quand des situations s’enlisent. Seul l’ermite du film, pique-assiette ne quittant jamais son peignoir de bain à rayures fétiche, continue au loin de l’autre coté des Alpes, à poursuivre de ses foudres tenaces Berlusconi. Il a pris la ferme décision de ne sortir de sa retraite que le jour de la destitution de l'usurpateur, pour motifs multiples, dont celui d'exercice illégal de la Médecine... L'anar se trouve pourtant en porte-à-faux avec un point de son réquisitoire à charge: devant ses écrans, il donne aussi à l'occasion dans la gaudriole salace...

On rit, on pleure, on aime, on chambre et l'on s’entraide beaucoup dans cet épisode de traversée du long fleuve pas-vraiment-tranquille qu’est la vie. Il est par moments hanté par des fantômes bienveillants, plus soucieux d’aider l’équipage des vivants à gouverner le radeau qu'à les tarabuster sans cesse. Au final, ils les accompagneront d’un dernier signe de la main, ombres évanescentes sur l’autre rive que les survivants en pleine navigation ont bien du mal à quitter des yeux, même emportés par la tarentelle impérieuse et impétueuse des rapides de l’existence.


Note: maintenant que mon billet est pondu depuis plus de 24 heures, en bon maso, je suis tout de même allé jeter un œil sur quelques critiques de la toile, histoire de me flageller. Je ne peux résister à vous proposer  ce lien vers un post antérieur au mien au lu de sa date. On y trouve des passages étrangement similaires. Je ne peux même pas crier au plagiat, on me rétorquerait l'inverse !

* N'ayant pas retrouvé d'autre auteur possible, j'attribue arbitrairement à Philippe Claudel, ce court poème. "All suns at dawn still sleep, a little numb, careless, they make fun of the heat of the day ahead. They chase the shadows of men and wars. All suns at dawn are like big children who have no use of time ... "

vendredi 8 avril 2011

Dispositifs intra-utérins ou stérilets


Tableau des principaux DIU de 1909 à 1989

Le dispositif intra-utérin (DIU), encore appelé improprement stérilet en France, est, dans sa forme moderne, un contraceptif inventé en 1909 par Richard Richter. Il était constitué par un anneau en crin de Florence. Actuellement, il s'agit souvent d'un petit objet de polyéthylène en forme de "T", inséré dans l'utérus par le vagin pour prévenir parfois la fécondation et plus spécifiquement la nidation.

Le DIU serait désormais utilisé par quelque 150 millions de femmes dans le monde et constitue la méthode contraceptive temporaire la moins coûteuse pour une utilisation à long terme. Depuis le début des années 1960, époque à laquelle les DIU étaient fabriqués à partir de matériaux inertes, ces dispositifs ont connu de nombreuses améliorations, notamment grâce à l’utilisation de cuivre, puis d’un système qui libère un progestatif. Seul le DIU au cuivre peut également être utilisé en guise de méthode contraceptive d’urgence, aussi appelée «contraception du lendemain».

Historique :

Avicenne, dès le XIe siècle, signale déjà l’utilisation de pessaires contraceptifs. Au XIXe siècle, des pessaires en matériaux divers (ivoire, ébène, étain, argent, or, platine et même parfois sertis de diamants !) étaient introduits dans le vagin et le canal cervical dans un but contraceptif mais aussi abortif. Ils furent rapidement condamnés par le corps médical car entraînant des complications hémorragiques et infectieuses entraînant parfois la mort des utilisatrices. Mais, en fait, si l’on en croit B.E Finch et H. Green, l’emploi de cette technique de contraception serait encore plus ancien : des marchands arabes introduisaient des cailloux dans l’utérus des chamelles lors des traversées du désert pour éviter chez elles des grossesses intempestives durant ces longs voyages.
De gauche à droite, pour apprécier l'échelle: ML au cuivre, T au cuivre, T progestatif. Photo François Destoc / LE TELEGRAMME - Lorient (56)


Les générations des DIU modernes :


Génération des dispositifs dits « inertes »:


De nos jours, la plupart des modèles de ce groupe ont disparu du marché, remplacés par ceux des générations suivantes à l’efficacité contraceptive plus élevée. Certains restent encore utilisés dans des pays en voie de développement, du fait de leur plus faible coût de fabrication. On les a déclinés sous diverses géométries et matériaux entrant dans leur composition. Dès les années soixante, le polyéthylène s’est imposé comme composant principal associé, pour les moins anciens, au sulfate de baryum pour les rendre opaques aux rayons X. L’évolution des techniques échographiques rendit par la suite cet artifice moins intéressant pour une bonne localisation pelvienne.

Mode d’action contraceptive : cette première génération de dispositifs intra-utérins contraceptifs ne libérait aucune substance active. Son action contraceptive s'expliquait par la simple réaction inflammatoire aseptique endométriale à un corps étranger, associée à une activation lysosomiale rendant la muqueuse de la cavité utérine impropre à la nidation.

Génération des dispositifs actifs au cuivre :

Le support en polyéthylène est conservé. Les modèles ont varié au fil du temps au gré des recherches visant à trouver le meilleur positionnement du cuivre sur le support et sur la surface active nécessaire et suffisante au contact de l’endomètre (muqueuse interne de la paroi utérine) pour obtenir le meilleur effet contraceptif. Actuellement, les stérilets contenant une surface de cuivre inférieure à 350 mm2 sont à proscrire car en-dessous du seuil d’efficacité maximale. Eux aussi ont des formes variées, certaines configurations spatiales sont dédiées à des cavités utérines atypiques : béances isthmiques, tailles inhabituelles, entre autres. Les dispositifs du type Multiloads (voire iconographie du billet) en font partie. Ils sont parfois plus difficiles à retirer car ils finissent au fil du temps par s’implanter en partie dans l’endomètre et se replient mal au passage du défilé cervical.

Mode d’action contraceptive : aux actions de la génération précédente, s’ajoute celle du cuivre dont l'oxydation des atomes au contact de l’endomètre et à la dissolution ultérieure des oxydes dans le milieu intra-utérin perturbent la fécondation ou/et font de l’œuf lui-même un corps étranger. La présence intra-utérine d'un stérilet au cuivre ne cause pas une augmentation mesurable des concentrations sériques en cuivre ni en céruloplasmines. La libération moyenne journalière de cuivre par les dispositifs intra-utérins ne représente qu’environ un centième de la prise moyenne journalière de cet élément au cours de l'alimentation.

Au fil du temps, l’efficacité de ce type de stérilet s’est rapprochée de celle des pilules oestroprogestatives pour devenir quasi identique.

Durées d’action moyenne de 2 à 5 ans selon les modèles.

Dispositifs actifs aux stéroïdes :

La forme en « T » s’est imposée. Sa tige verticale comprend un réservoir contenant, soit de la progestérone (Progestasert), soit du Lévonorgestrel (DIU 20 et SIU-LNG). Certains modèles possèdent en sus un fil de cuivre pouvant théoriquement encore accroitre l’efficacité contraceptive.

Modes d’action contraceptive : le réservoir contenant un progestatif recouvert par une membrane de diffusion, libère en permanence une très faible quantité de ce progestatif dans la cavité utérine. Cette hormone a un impact sur la qualité des règles qui diminuent parfois jusqu’à disparaître. A noter qu’une période d’adaptation de 3 à 6 mois est possible durant laquelle des saignements génitaux (métrorragies) fréquents ou irréguliers peuvent survenir. Les concentrations plasmatiques induites en stéroïdes sont très faibles : de l'ordre de 0,15 à 0,20 nanogrammes/ml. Les effets métaboliques sont donc négligeables. Le progestatif agit localement sur l'endomètre: diminution du nombre de récepteurs aux estrogènes, inhibition de la fibrinolyse locale, atrophie des glandes et des artères spiralées, autant de phénomènes expliquant la diminution du volume des règles et le fait qu’il devienne impropre à la nidation. Le progestatif modifie aussi quantitativement et qualitativement la glaire cervicale entravant ou empêchant sa pénétration cervicale par les spermatozoïdes, expliquant les très rares possibilités de fécondation observées. De ce fait, ce type de DIU peut difficilement être incriminé de produire de « mini-avortements ».

L'efficacité de ce type de stérilet hormonal a un indice de Pearl de l'ordre de (0 à 0,2), comparable à celui des pilules contraceptives oestroprogestatives. Cet indice s’exprime en années-femmes et correspond au nombre de grossesses observées pour 100 femmes utilisant une contraception donnée durant un an.

Pour ne citer qu’un modèle, l'action du SIU-LNG est de 5 ans.




Quelques questions posées régulièrement au Docteur :


La pose et le retrait d’un stérilet sont-ils douloureux ?

Posé ou déposé par un spécialiste durant la période du cycle adaptée (5ème jour des règles en moyenne), celle-ci est indolore et n’oblige aucunement une prémédication par antispasmodiques. Ceux-ci sont proposés cependant à des patientes anxieuses ou pusillanimes et jouent avant tout sur l’effet placebo. La prescription d’anti-inflammatoires est théoriquement contre-indiquée car pouvant altérer l’efficacité contraceptive des DIU, comme on peut l’imaginer après avoir pris connaissance du mode d’action. Toutes les études ne confirment pas ce fait. Le retrait de certains dispositifs de formes différentes des « T » peut-être légèrement douloureuse (voir plus-haut).
En cas d’utérus rétroversé (utérus basculé fortement en arrière), la manœuvre de traction sur les pinces posées sur le col, nécessaire pour «redresser» l’utérus peut se révéler douloureuse chez certaines patientes.

Pourquoi mon mari sent-il le fil durant nos rapports?

On coupe les fils du dispositif afin de les laisser dépasser de 2 à 3 cm de l'orifice externe du col utérin. Ceci permet de visualiser d'éventuels déplacements du DIU, mais surtout permet de le retirer facilement avec une pince gynécologique par simple traction. Le fait qu'il soit perçu durant les rapports pourrait être expliqué par le fait qu'il ait été coupé trop court ou que le dispositif soit remonté dans une cavité utérine mal adaptée au DIU mis en place. Cette question doit amener le gynécologue à rechercher la cause. La souplesse et la finesse des fils les rendent normalement "indétectables", sauf appareil génital externe masculin doté de récepteurs sensitifs particulièrement pointus !

La pilule n’est-elle pas plus efficace que le stérilet ?

Pas vraiment. Avec les stérilets modernes, et si l’on tient compte des oublis possibles durant la prise des oestroprogestatifs, les indices de Pearl sont proches.

On m’a dit que le stérilet pouvait augmenter la durée des règles ou les rendre douloureuses ?

Ceci peut-être effectivement le cas avec les DIU au cuivre. C’est plutôt le volume des règles qui est augmenté. Mais c’est l’inverse qu’on observe, le temps passant, avec les DIU aux progestatifs.

Peut-on tomber enceinte avec un stérilet, et si c’est le cas, est-ce dangereux ?

Il existe encore actuellement de rares cas de grossesse sur stérilet. La plupart du temps, elles découlent de la pose d’un stérilet mal adapté à l’anatomie de l’utérus de la patiente, à l’absence de contrôles gynécologiques réguliers du dispositif, à une pose incorrecte par l’exécutant, ou à de rares cas d’utérus doubles, cloisonnés, cordiformes ou bifides non dépistés. En pareils cas, on note très peu de répercussions sur la grossesse, aussi bien du coté maternel que fœtal. Le retrait du stérilet avant la 12ème semaine favorise l’avortement. En cas de non désir d’interruption volontaire de grossesse, on ne retire pas le stérilet. Il est expulsé spontanément pendant l’accouchement. Des surveillances échographiques permettent de rassurer la gestante en lui montrant bien la situation extra amniotique du DIU souvent voisin du placenta. Tout symptôme fébrile ou saignements vaginaux doivent cependant être rapidement signalés au médecin et bilantés. L’histoire du bébé qui tiendrait victorieusement le stérilet en main à la naissance, est bien entendu une plaisanterie !

A ce jour, il n'a pas été prouvé que la poursuite d'une grossesse à terme avec un dispositif intra-utérin en place entraînait des malformations congénitales.

Pour les DIU aux stéroïdes, le déroulement de la grossesse doit faire l'objet d'une surveillance attentive. Des risques portant sur la différenciation sexuelle du fœtus (en particulier féminin) ont été décrits avec d'anciens progestatifs très androgénomimétiques et à une dose totale supérieure à 500 mg reçue au-delà de 8 semaines d'aménorrhée (SA). Ces risques n'ont pas lieu d'être extrapolés au lévonorgestrel, nettement moins androgénomimétique et utilisé en faible quantité dans les DIU actuels.

Les stérilets au cuivre ne protègent pas des GEU (grossesses extra-utérines), leur taux de survenue est donc identique au tout-venant. Toute grossesse sur stérilet doit faire envisager ce diagnostic au gynécologue-obstétricien et l’amener à dépister cette pathologie souvent redoutable quand elle n’est pas diagnostiquée rapidement. Les stérilets aux progestatifs s’avéreraient plus protecteurs.

Peut-on poser un stérilet chez une femme qui n’a jamais eu d’enfants ?

Plutôt non que oui.

Oui en cas de contre-indications formelles à la prise d’oestroprogestatifs après un interrogatoire et un examen gynécologique minutieux ne relevant aucune anomalie. Le principal danger chez la nullipare consisterait à favoriser la propagation microbienne d’une infection méconnue du bas vers vers le haut appareil pouvant être responsable d’une stérilité secondaire (salpingites bilatérales).

Oui chez une jeune fille incapable de prendre correctement une contraception hormonale suivie. Cas sociaux, retards psychiques, etc.

Oui, on pourrait l’envisager avec un DIU au cuivre chez une jeune comme mode de contraception d’urgence après rapports non protégés, mais les pilules du lendemain ont actuellement une excellente efficacité quand elles sont prescrites à temps et correctement. La pose est plus difficile chez une toute jeune fille nullipare (utérus petit et défilé cervical étroit).

Le stérilet est plutôt le mode de contraception de la femme mure ayant déjà eu des enfants. C’est un relais idéal après une contraception hormonale de longue durée. Le but est de limiter les effets secondaires de cette prise au long cours. C’est également chez elle une alternative intéressante quand la contraception orale est mal tolérée pour des raisons variées et pas uniquement médicales (certaines femmes ont tendance à rapporter à la pilules des symptomatologies variées d'autre provenance, psychologique, entre autres).

Quels sont les maladies qui empêcheraient que je puisse me faire poser un stérilet?

Contre- indications formelles:
- Maladie maligne du corps utérin ou du col de l'utérus.
- Saignement génitaux d'étiologie non diagnostiquée.
- Grossesse (établie ou suspectée).
- Anamnèse de grossesse extra-utérine ou présence de facteurs prédisposant à cette condition tels qu'une salpingite, une endométrite ou une péritonite pelvienne.
- Malformations congénitales ou acquises, distorsions de l'utérus ou du col de l'utérus ; fibromyomes utérins de grande taille ou multiples en présence de menstruations excessivement importantes ; hyperplasie endométriale ; dysplasie cervicale.
- Infection génitale (à l'exception d'une candidose).
- Maladie sexuellement transmissible durant les 12 derniers mois (à l'exception d'une vaginite bactérienne, d'une candidose, d'une infection récidivante à virus herpétique, d'une hépatite B ou d'une infection à cytomégalovirus).
- Avortement infecté dans les 3 derniers mois.
- Maladie inflammatoire pelvienne (MIP) active ou antécédents de MIP récidivante.
- Allergie au cuivre (très discuté, voire discutable).

Contre-indications relatives :
- Maladie cardiaque valvulaire. L'utilisation d'un dispositif intra-utérin peut, dans cette condition, augmenter le risque d'endocardite bactérienne subaiguë. Une prophylaxie par antibiotiques s'impose lors de la mise en place ou du retrait d'un dispositif intra-utérin.
- Anémie ou antécédents de saignements utérins excessifs.
- Coagulopathies ou administration fréquente d'anticoagulants.
- Dysménorrhées sévères.
- Cicatrices utérines provenant d'une intervention chirurgicale antérieure autre qu'une césarienne ou d'une perforation antérieure de l'utérus.
- Fibromyome utérin de petite taille, polypes endométriaux ou endométriose. On conseille aux patientes présentant des fibromes de se soumettre à un examen pelvien régulier de manière à évaluer leurs changements de taille.
- Traitement intensif de longue durée par corticostéroïdes ou médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens susceptibles d'intervenir dans le processus inflammatoire induit par le stérilet et diminuer son efficacité contraceptive.
- Traitement immunosuppresseur intensif de longue durée (Interactions).
- Troubles du métabolisme du cuivre (maladie de Wilson).
- Infection des voies génitales inférieures fréquente ou récurrente.
- Partenaires sexuels multiples

***

Lien: un site assez complet présentant une bonne iconographie. Quelques coquilles et peut-être un peu brouillon ou trop détaillé pour le grand-public.

Technique de pose d'un modèle de DIU au cuivre

Note: ce billet se veut avant tout synthétique et a pour but de répondre à la curiosité de certains internautes sur le sujet.

A titre anecdotique, jeune étudiant externe dans un petit hôpital de Moselle, j'ai été amené à retirer chez une patiente un dispositif barbare en argent de plus 15 cm à proposer à un musée. Il était du type mentionné dans l'historique du billet. Cette personne âgée de plus de 80 ans avait oublié depuis des décennies qu'on lui avait posé ce machin en Allemagne dans les années 30. Elle se plaignait alors uniquement de légers saignements
depuis une semaine. J'avais alors estimé, sans état d’âme, qu'elle pouvait arrêter sa contraception! Par ailleurs, aucune pathologie grave de la sphère gynécologique ne fut retrouvée au décours des examens cliniques et para-cliniques...


mardi 5 avril 2011

Au risque d'être lourd



Rule number 1:

Never leave anywhere your laptop when you live with a blonde.

Règle numéro 2 :

Toujours respecter la règle numéro 1... (Always follow rule number one.)