dimanche 28 décembre 2008

Seventy-four... Seventy-five



L'actualisation des archives photographiques de mon voisin d'en face et de votre serviteur, nous a permis de numériser d'anciens clichés que nous aurions du brûler au plus vite. Je ne résiste pas cependant au plaisir sadomasochiste d'en mettre deux en ligne qui peuvent enrichir la saga des "ex fans des seventies, où sont tes années folles? Que sont devenues toutes tes idoles..." .

Pour éviter les plaintes émanant des artistes affichés, de la part de Mike ce serait beaucoup plus étonnant que de celle de Patrick, je tiens à signaler que "The Webpupil" est en-haut à gauche et le voisin en question, en-bas à droite.




Bonus 70': the Webpupil en chemise à feuilles mais au milieu des fleurs. Seconde photo, pas de panique, en août 1973, on ne lui passait pas la bague au doigt...

lundi 15 décembre 2008

World of Goo



Le marché du jeu PC est en train de se diviser en deux secteurs. D'un côté, les superproductions, toujours plus coûteuses en main-d'œuvre et en ressources, imposées en tête de gondole par le rouleau compresseur du marketing. De l'autre, les jeux indépendants, réalisés par une poignée de passionnés sans argent, mais avec beaucoup d'amour, un peu comme mémé avec les confitures. Parmi ces titres, on trouve parfois une petite perle innovante. Aujourd'hui, c'est "World of Goo" qui vient insuffler un vent de fraîcheur. Et bon sang, quel pied !

Développé à l'ancienne par 2D Boy, un jeune studio composé de deux personnes (!!!), ce puzzle-game aurait très bien pu rejoindre l'écrasante masse des anonymes, comme de trop nombreux titres du genre. Mais ce serait compter sans le talent de Ron Carmel et Kyle Gabler, qui savent indéniablement ce qui fait un bon jeu.

Le concept de "World of Goo" est enfantin : il faut amener un certain nombre de petites boules, les fameux Goos, à la sortie de chaque niveau. Un principe vieux comme Lemmings. Or les Goos ont une propriété étonnante: ils sont capables de créer des liaisons entre eux, un peu comme des atomes au sein d'une molécule. En les assemblant, il devient alors possible de créer des structures, comme des tours ou des ponts, qui permettent de franchir astucieusement des obstacles. Voilà pour les bases, très faciles à assimiler, d'autant que tout se fait en quelques clics de souris.

Kyle Gabler, l'artiste du duo, a réalisé un travail remarquable. On ne parlera pas ici d'éclairage dynamique ou de bump mapping, juste de talent artistique à l'état brut. Le monde des Goos est un petit bijou d'inventivité, même si on notera une certaine influence "burtonienne" par endroits. Il n'empêche, World of Goo a un charme fou.

Source: Captain Obvious jeuxvideo.com



Eh! oui! je donne encore parfois à mon age dans le jeu vidéo, sans vergogne ni honte !

Une "démo" gratuite du premier niveau du jeu est proposée sur le site des développeurs. Le jeu complet, lui, est vendu en ligne 20$ US. Il sera proposé en coffret en France au premier trimestre 2009. Rien que le prix et le fait qu'aucune protection que les hackers finissent toujours par "cracker" ne soit mise en place, doivent absolument vous pousser à ne pas pirater ce jeu et à encourager le travail de création de cette équipe épatante, en achetant "World of Goo" pour vos enfants, bien entendu.

Astuce: on peut franciser le jeu en remplaçant "en" par "fr" dans le fichier "config.txt" du dossier "Properties" contenu dans celui de l'installation du programme. Les développeurs ont anticipé la vente française!

Ma tour de Goo, construite avec les tenaces, courageux et entreprenants petits Goos sauvés avec brio par mon entremise, culmine ce jour à plus de 25 mètres: avis aux insignifiants compétiteurs qui font dans le rasemotte...

Résolution d'une étape de haut-vol par un spécialiste du dernier niveau, bien entendu beaucoup plus difficile que les autres: ici

vendredi 5 décembre 2008

Pandore est au piano mais Pan dort.



Mauvaise éducation, sans doute, je ne parle jamais politique ni argent à table. Je pense que c’est un manque de respect total pour la nourriture qu’on consomme. Mes élucubrations se voulant post prandiales, il m’arrive de temps à autres de tousser dans un billet abordant, en douce, le premier sujet évoqué. Ce n’est pas une envie d’appliquer le poncif, m’occuper de politique avant qu’elle ne s’occupe de moi qui a engendré celui-ci. Je laisse les politiciens à leur foire d’empoigne et la politique s’occuper de leurs yeux au beurre noir. Quelques histrions de la famille, gonflés d’importance, comme le batracien de la fable, n’imaginent pas sans doute un instant le spectacle pathétique qu’une fausse manœuvre sur la télécommande inflige au téléspectateur qui les voit au passage d’un débat parlementaire. Les quintes de toux que j’émets en écrivant ce billet sont dues ce soir aux pneumallergènes véhiculés par quelques vents mauvais ou copieuses flatulences émanant de ce microcosme qui se croit sérieux et responsable alors qu’il fourmille de collégiens en mal d’image jouant consciemment ou inconsciemment aux apprentis sorciers. Depuis quelques temps, les orientations autoritaires prises par certains de leurs casse-cou me font penser qu’ils ont invité le diable à leur table. Munis de leurs grandes cuillères ils se disputent les rogatons de la boîte de pâté frelaté de Pandore qu’il leur a offerte en pitance: variante de la jarre initiale du mythe grec. Qu'importe, le diable, c'est bien connu, sait faire feu de tout bois… Il me semble que, sournoisement, profitant du bouillon de crise qu’on maintient habilement à feu doux, certains politiciens, mine de rien, sont prêts à nous mitonner la bonne vieille recette de la dictature. Pour faire une bonne dictature, il n’est pas nécessaire de se lever de bon matin. Le vieux pot du mécontentement populaire est à portée de main pour y faire la meilleure des soupes possible.

Personnel en cuisine politique suggéré à ces enragés :

- Un Maître Saucier es Propagande et son équipe de marmitons maniant à la louche la désinformation, piquant les bas instincts populaires et faisant entrer dans la composition de leur mayonnaise une bonne dose de mots clefs populistes bien faisandés. Leur fouetté de main professionnel montera en neige, en un éclair (au chocolat éventuellement), un organe de presse parfaitement noyauté capable de concasser tout médium d’opposition. Ils affectionneront les sabayons médiocres et les sirops moralistes dans lesquelles flotteront à plaisir le journalisme télévisé du moment et les présentateurs grand-public de nos chaînes, comme de peu ragoutantes iles flottantes.

- Un Grand Inquisiteur Magistrat abricotant la censure et bridant les libertés. A ses temps perdus, il pourra blondir les sceaux. Il saura raidir le phantasme de l’insécurité et nous pondre des lois liberticides qu’il imposera aux magistrats, babas, voyant partir en fumée leur belle indépendance.

- Un Conseiller en Image et Communication Cyniques épaulé par des politologues onctueux pouvant pousser l’exercice de leur art jusqu’à décrire aux médias saisis à feu vif et un auditoire restant comme deux ronds de flanc, la méthode employée par Le Grand Chef pour farcir et monter au beurre la dinde électorale tout en lui faisant payer la motte en pommade. Une ancienne mère maquerelle devenue présidente de ligue de vertu, comme toute vieille morue qui se respecte, pourrait parfaitement faire l’affaire en salle. Elle sait comment flatter les goûts du client et braiser leurs perversions à couvert. Un publiciste, ce n’est pas mal non plus pour clouter nos oignons. Qu’on martèle à l’envie que se sont les temps modernes qui imposent d’en passer par là, sera l'incantation de la caste saprophyte soucieuse, on le comprendra, de gaver la poule aux œufs d’or pour faire choux gras.

- Un Grand Argousin de la Répression rompu à la chasse aux sorcières, maître veneur, expert du rabattage des boucs émissaires jetés en pâture aux innocents martyrs constituant le gros de la volaille. L’incarcération massive d’opposants et de lampistes, service minimum auquel il serait astreint. Incarcérer des lardons de douze ans, après avoir agrafé à leurs oreilles leur fiche signalétique de traçabilité dès la maternelle, serait une bonne recette au fumet rance d’eugénisme d'antan pouvant aviver le palais des plus intégristes.

- Un Alchimiste de la Cour versé dans la confection des purges radicales dédiées aux conspirateurs internes avérés ou potentiels. Qu’il avoue ouvertement que l’homme au sommet de la pyramide a pu y parvenir suite à un travail acharné et approfondi à l'officine des poisons: seule méthode infaillible pour devenir champion de la peau de banane et du pic à glace planté dans l’entrecôte des opposants ou des alliés trop compétents. Un risque, faire monter la moutarde au nez de l'électorat ou laisser perplexe sur la qualité de la viande. Il sait cependant que le peuple est prêt à tout entendre, même la vérité. Il affirmera, en cas de besoin, que les lacunes dans le domaine du calcul mental de nos politiciens ont fait préférer ce critère d’élevage. Seules, les mauvaises langues, prétendent que cela explique également leur propension à mal calculer leurs dépenses sur les marchés couverts ou non, mais ils savent parfaitement proposer au peuple la galette ou l’oseille qu’ils n’ont pas, devra-t-il ajouter.

- Le Grand Mécène des Arts et de la Culture contrôlera impitoyablement la qualité des marchandises de luxe et limitera leur accès au personnel en tenue blanche pour éviter l’apport de germes fécaux propres à de potentielles remises en cause émétisantes, à des questions pertinentes mais foireuses et aux débordements diarrhéiques, donc incontrôlés, des fous du Roi, nos humoristes. Il doit remettre à la mode les grands barbecues conviviaux que sont les autodafés. Il imposera l'image pieuse de Saint Epvre accrochée au mur en cuisine. Le Grand Conducteur a besoin de Dieu, c'est Stendhal qui l'a dit, alors... sorte d'alter ego pour appuyer ses commandements. Pour ce, ne pas hésiter à bourrer le chinois des sujets. Eh là! attention, toutes les métaphores ici sont culinaires, je précise pour éviter tout dérapage imaginatif.

- Le Maître-Queue, cordon bleu blanc rouge, petit père du peuple, devra incarner l’image du père solide, sévère mais sachant récompenser les délateurs et les serviteurs zélés. Le moindre fait divers lui offrira une tribune pour éructer de nouvelles directives improvisées, lancées à la sauvette, sans concertation ni recherche de faisabilité. Discours interminables fourmillant de vœux pieux, de promesses sans lendemain. Quelques phrases pompeuses au lyrisme ronflant alternées avec des odes grandiloquentes et racoleuses pourront aller sans crainte jusqu’à la mièvrerie. Il faut laisser entrevoir que sous son masque d’homme de fer, le Grand Vizir, reste avant tout un grand sentimental, ami du genre humain. Il prendra des postures photogéniques de Grand Timonier tenant fermement le gouvernail du galion de la nation au milieu des tempêtes, sur fond de musique wagnérienne. Pointer du doigt l’Eldorado de carton pâte qui se profile sous le plus beau des ciels d’opérette qui soit, constitue également une belle attitude. Sa puissance et son rang lui imposeront de se présenter au peuple qui le vénère dans des tenues d’apparat indiquant qu’il use avec discernement des fruits de la dîme et de la gabelle. Porter au poignet un chronographe de prestige peut « le faire ».
"Citoyens, si vous pensez qu'on vous prend pour des pommes et qu'on vous retourne dans la farine, sachez que c'est pour votre bien: faire une bonne tarte tatin", pourrait être une phrase magnifique ponctuant un de ses discours. "Plus ça baigne dans l’huile ou la mélasse, plus ça passe facilement… alors, pourquoi s’en priver.", pourrait en conclure plus d'un.

Bon, en parlant de conclusion, l’heure est venue de prendre une bonne cuillère à soupe de sirop antitussif pour me garantir une nuit vanillée. Après tout, certains diront qu’il n’y a pas de quoi en faire un fromage ou sortir de sa coquille, au beurre d’ail, s’entend.

Les personnages et situations évoqués dans ces élucubrations dyspeptiques sont de pure fiction et toute ressemblance avec des personnages ou situations réels ou ayant existé ne serait que pure coïncidence ou fruit de votre imagination chafouine.

samedi 29 novembre 2008

César et Rosalie

" Mes films ne sont pas réalistes. Ce sont des fables malgré moi."

Claude Sautet


Les films de Sautet sont des variations sur thèmes récurrents d’amitié, de compassion et de communication difficile.Au final, ils s’intéressent aux personnages et à leurs émotions. Jeux de vitres, atmosphères de bistros, tiens... une averse traitresse. La pluie figure souvent au scénario, comme pour exalter les parfums des paradis perdus qu’elle arrose. Et puis, et ce n’est pas rien, Romy Schneider est souvent à l’écran. La femme dont on est tous secrètement amoureux, celle dont la mort précoce glisse les films dans les archives consacrées aux histoires d’amour envolées, participe grandement au charme de l’œuvre de Claude Sautet. A chacun la Romy de ses amours anciennes auxquelles on prête quelques traits de l’actrice mythique. Plus le temps passe, heureux stratagème, plus elle en prend l’image. César et Rosalie est un petit bijou de Sautet que le temps n’abolit pas. Images d’un passé lumineux rempli de personnages qu’on rêverait d’avoir eu comme amis, vitalité de jeunesse, nostalgie d’une époque, parfum d’une France qui nous quitte et balaye de sa grâce la laideur de celle qui point.


Réalisateur Claude Sautet - Scènes et dialogues J.L Dabadie et C. Sautet
Photo J. Boffety - Mus. P. Sarde Octobre 1972



A partir d'un montage de Mounak

vendredi 28 novembre 2008

Pinaillerie



L'article de Wikipedia en forme de dithyrambe portant sur l'expression célèbre employée dans son discours par John F. Kennedy lors de sa visite à Berlin-Ouest le 26 juin 1963, «Ich bin ein Berliner», balaye d'un trait de plume la remarque de quelques journalistes signalant que son conseiller eut du lui faire préférer alors: "Ich bin Berliner". L'auteur de l'article se rattrappe aux branches en mettant l'expression en parallèle avec une plus antique: "Civis romanus sum".

Il est de bon ton de faire l'apologie de ce président des États-Unis assassiné durant son mandat, comme d'autres, ne l’oublions pas. De bon ton, de se pâmer devant l'image d'Epinal de ce jeune et beau père de famille à la vie exemplaire, mort en campagne. Quelques biographies actuelles font plus que la ternir. Les maladresses diplomatiques de ses services officiels (ou non) ont bien failli tout de même déclencher une guerre nucléaire. Pourquoi vouloir dénier à tout prix la possible méprise?

Dernièrement, ARTE, dans son émission récurrente consacrée à l'usage variable des mots ou d'expressions de chaque coté du Rhin, "Karambolage", revenait incidemment sur l'anecdote. Leurs spécialistes semblaient moins péremptoires: je suis «un» Berlinois fait plutôt imaginer chez nos amis Allemands qu'on se prend pour un beignet...

Je n'ai malheureusement pas retrouvé la vidéo de cette émission sur le site de la chaîne. Vous aurez peut-être plus de chance que moi en fouinant à partir de ce lien: lien pour les fouineurs.

lundi 24 novembre 2008

Pékins dans le blizzard




Le lac de Gérardmer

Votre serviteur au volant, passagers, mon frère et un de ses camarades de classe, ma future épouse et l’une de ses sœurs, la 404 paternelle fonce sur la nationale en direction d’Epinal. Destination : Le Phény, un hameau surplombant Gérardmer et son lac. La troupe est invitée à passer le réveillon de 1975 dans le chalet des parents d’un ami. De rares flocons sont balayés prestement par les essuies glaces de la limousine. Nous avons fait l’impasse sur les équipements neige. Tu parles, on va en basse montagne. A peine 400 m de dénivelé avec notre point de départ. Par contre, les luges sont dans le coffre ainsi que la partie des victuailles dont nous avons la charge. Notre équipement vestimentaire a aussi de quoi faire frémir: cliquer le lien en bas du billet. Huit heures et demie du soir, une centaine de kilomètres avalés sans encombre, nous longeons les berges du lac. La forêt environnante est sous la neige. L’année précédente, j’avais organisé un camp d’été dans le secteur. J’aurais pu trouver «Le Phény» les yeux fermés. Deux itinéraires possibles à partir de la cité géromoise : le chemin de Sapois, plus long, conseillé par mère-grand, le chemin des Rochottes, le raccourci du grand méchant loup. Nous sommes un peu à la bourre. J’engage la 404 sur le second. Le chemin sommairement bitumé serpente sec à flanc de montagne. Croisement de véhicules impossible à moins de recourir à une manœuvre sur un des rares sentiers en épi jalonnant la montée. Au bout de deux kilomètres, la voiture commence à faire des embardées, puis finit par refuser l’escalade. Je sors du véhicule et m’étale de tout mon long après quelques pantomimes de rattrapages que n’aurait pas renié un Candéloro des grands soirs. Eclat de rire général des malins qui se calment après quelques doubles saltos, vrilles et autres spécialités connues des spécialistes du patin. On décide dans un premier temps de laisser la voiture et de se rendre à pied à travers la forêt au chalet qui doit se situer tout au plus à un kilomètre à vol d’oiseau. Nous n’avons pas d’ailes malheureusement. Enfoncés jusqu’aux genoux dans la neige, qui une tarte à la mirabelle en main, qui une bouteille de champagne sous le bras, qui un poêlon à fondue sur la tête, nous renonçons rapidement à l’acte héroïque. Second plan de conquête de la face nord: attendre un véhicule charitable sur la route. Le vosgien est intrépide mais pas débile. Par temps de verglas, comme le parisien, il reste à la maison. Le chef de cordée, décidé de ne pas abandonner ses sherpas dans le blizzard qui commençait à souffler, s’est tapé alors deux kilomètres de marche arrière périlleuse à flanc de montagne jusqu’au parking du bord du lac. C’est ici que le destin allait enfin nous être favorable. Notre hôte, inquiet de notre retard et grand visionnaire des foucades routières qui pouvaient me venir en tête, arriva avec sa bonne deuche dans les minutes qui ponctuèrent l’exploit de grand rallyman. Embrayage centrifuge, poids plume et faible puissance du moteur font que ce véhicule était à l’époque un véritable isard des neiges. Pas au point cependant de prendre le raccourci du grand méchant loup ! Excellents souvenirs de réveillon dans un habitat rustique chauffé au bois et éclairé par des lampes à pétrole. Le lendemain, les skieurs et touristes d’une station proche «La Mauselaine» ont assisté à un spectacle peu commun dans le secteur. Le jeu de boules du coffre de la 404 nous a permis d’organiser un concours de pétanque sur neige qui a fait date… Les pékins aux sports d’hiver sont allés vraiment jusqu’au bout du délire.


jeudi 20 novembre 2008

L'esprit arithmétique



Cela faisait longtemps que mon ancien professeur de Maths n’était pas revenu faire de la figuration dans un billet. Notre homme portait aux nues "l’esprit arithmétique" qu’il mettait bien au-dessus de "l’esprit algébrique". Ce petit test, ou l'une de ses variantes, selon lui, permettrait de "dépister" à coup sûr ceux qui ont la «bosse de l’arithmétique». Je pense qu’il se faisait beaucoup d’illusion quant au crédit réel à donner à son gadget.

Allez ! Personne ne regarde... Testez vos capacités. Sachez en plus que le hasard peut voler à votre secours et flatter bassement votre orgueil…

mardi 11 novembre 2008

Vieux motard que jamais !



Durant la période hyperactive de ma vie où je jonglais avec les casaques de jeune père de famille, président d’une Maison des Jeunes, étudiant en Médecine, membre de plusieurs associations sportives, la folie m’a pris d’en endosser une de plus: celle de l'imprésario véreux d’un groupe musical qui terrifia un temps par sa puissance de feu et ses représentations cacophoniques quelques évêchés de l’est de la France. C'est un concert ponctué par un pugilat d’anthologie qui sonna le glas des représentations. Durant celui-ci, totale inconscience de ma part, j'avais fendu le champ de bataille pour monter sur scène et m'emparer d'un micro. Plein d'illusions juvéniles, je souhaitais calmer la foule contrariée par la défection (il n'y a qu'un "a" de résignation qui m'a empêché d'écrire "défécation" ..) d’un groupe à l'affiche de la soirée. Ma souplesse reptilienne m’avait permis d'éviter les canettes de bière décochés par quelques spécialistes d'un lancer pas encore homologué en athlétisme. Cette scène a été honteusement repiquée dans le film des Blues Brothers, mais eux, jouaient à l’intérieur d’un poulailler grillagé barrant les projectiles…

Autre inconscience coupable, au vu des troubles publics qu’engendraient le groupe au premier accord plaqué, son inscription à une session du célèbre mais désormais défunt Golf Drouot de Paris, un soir de février de l'an de grâce 1980. L’établissement baissa le rideau de fer peu de temps après notre passage. Les experts n’ont pas tranché: la relation de cause à effet n'était pas indiscutable. Je pense cependant - je cite le nom du groupe pour soulager ma conscience - que BAD PROPANOL y était tout de même pour quelque chose. Cette assertion n’engage que moi, bien entendu, et mon psychiatre qui m'a exhorté à verbaliser mes traumas.

Fin des digressions. En Lorraine, le mois de février peut s’avérer légèrement «frisquounichet». La nuit qui précéda notre départ pour la capitale - prévu en utilitaire "Pigeot" - d’abondantes chutes de neige s'ingénièrent à faire capoter ce projet hardi. Mais les Argonautes en avaient vu d’autres. Pour honorer le contrat, ils prirent la décision héroïque de recourir aux services de la Société Nationale des Chemins de fer Français, appelée plus communément SNCF. Malheureusement, ils durent abandonner au départ la quasi-totalité de leur matériel de musique. Impossible de le transbahuter dans le train et le métropolitain. Ce dernier est appelé vulgairement métro par le parisien pressé, même en mode locutif.

Nous voyant arriver les mains dans les poches, Henri Leproux, le directeur du Golf Drouot, avait accusé le coup. D'un stoïcisme que n'aurait pas renié Zénon de Kition, il laissa tomber: « Je m’attendais bien, un jour ou l'autre, à ce que des martiens viennent jouer chez moi ! ». 

La franche camaraderie des baroudeurs du spectacle servit Dame Providence. Un des groupes à l'affiche nous proposa une partie de son matériel contre deux Carambars. La prestation du groupe fut somme toute honorable puisqu’elle lui permit de ne pas finir dernier du classement de la soirée. Le jury craignait probablement des représailles. La musique punk en acier trempé émise durant le Blitz Bad Propanol avait du faire réfléchir les officiels. Henri Leproux, lui, montra sa capacité à faire feu de tout bois. Il vint trouver le chanteur à l’issue du spectacle pour faire cette proposition au groupe : « Je recherche en ce moment un groupe musical pour faire de la figuration dans un film. Votre jeu de scène est particulièrement spectaculaire. Un doublage musical serait tour de même judicieux. »


Souvenirs… Souvenirs...

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Il y a quelques jours, remettant à niveau mon espace d'hébergement Internet qui abrite courageusement quelques pages HTML dédiées à Bad Propanol, je souhaitais insérer un lien proposant un petit historique du Golf Drouot, celui-là qu'on peut cliquer ici sans risque. Un lien courriel du site proposait d’adresser des photos de groupes ayant joué dans l’établissement. J'ai pris l'initiative d'entrer en contact épistolaire électronique avec son gestionnaire, Jacques Mercier. Cet homme fort courtois m’a répondu rapidement et a inséré une photo d’archive au milieu de la saga de groupes prestigieux, ou non, ayant officié dans les murs de la vénérable institution. BAD PROPANOL s’y trouve désormais à la gallerie 4.

« Il faut bien de tout pour faire un monde, ma brave Dame... ».
*
Merci à Jacques dont la carrière de musicien et d’accompagnateur bien remplie (Charles Trenet, Michel Polnareff, etc.) l’amène toujours à faire partie d’un groupe. Il a laissé une trace officielle de Bad Propanol dans la saga du Golf Drouot. Tardive, certes, mais sans rancune pour son passage cataclysmique qui toucha cruellement la rue Drouot au début de l'année 1980.

Eh oui! Vieux motard que jamais...

Note :
Lien vers YouTube . Il vous propose Faust 72 interprété par Jacques Mercier et Dynastie Crisis, sorti l’année du même nombre. A noter que cette musique fait partie de la bande son du film «Ocean’s Twelve». On entend aussi sa voix dans quelques dessins animés longs métrages très connus de Walt Disney. Les dingos dans notre genre, ça ne lui fait pas peur...

Les liens ayant tendance parfois à être volatiles: remise à niveau de ceux-ci le 03/04/2015

vendredi 7 novembre 2008

Le disque terrestre

*
J’avais décidé de pondre un court billet sur un précurseur dont l’Histoire, sélective oublieuse ou amnésique, perd trop longtemps la trace du génie. Un de ces personnages dont la curiosité jubilatoire éveille toujours en moi une émotion sans commune mesure avec celle censée dégager l’évocation enjolivée de hauts-faits d’armes ou l’exposé des bilans de règnes de grands monarques. Un de ces hommes dont la grande qualité d’observation a permis parfois de chambouler quelques dogmes ou partant de constatations évidentes méprisées par leurs contemporains d'aboutir à des découvertes qu’a postériori, avec facilité, on juge évidentes comme l’œuf de Colomb.

Eratosthène, philosophe, astronome, géographe et mathématicien, grec du IIIème siècle av. J.C., m’était rapidement venu à l’esprit. Sa déduction purement géométrique de la circonférence de la Terre représentait à mes yeux un des exemples les plus démonstratifs de personnage s’attelant à l’observation de ces évidences méprisées et mettant à bas les divagations encouragées pourtant par les siècles futurs. La Terre est restée plate pendant plus d’un millénaire encore après lui pour les brillants penseurs occidentaux. Pourtant, une simple observation marine pouvait laisser perplexe les curieux: un bateau partant vers le large, disparaît progressivement de bas en haut. Si la Terre était plate, comment expliquer alors ce phénomène?
*
Les manuels de trigonométrie des collèges et de nombreux sites Internet ont devancé évidemment mon entreprise. Une page bien faite d’un particulier consacrée à ce pionnier moins connu que Pythagore ou Galilée va économiser mon énergie et enfoncer le clou qui prouve, cette fois, qu’il est rarissime de faire preuve d’originalité. Bon, vous me direz, Galilée avait pompé sur Copernic. Le site dont je vous propose le lien ci-dessous regorge d’autres illustrations apportant de l’eau au moulin de ma mission de grand redresseur de torts.
*

dimanche 2 novembre 2008

Le meunier, son fils et l'âne


La fable


Quant à vous, suivez Mars, ou l'Amour, ou le Prince;
Allez, venez, courez ; demeurez en Province;
Prenez femme, Abbaye, Emploi, Gouvernement:
Les gens en parleront, n'en doutez nullement.


Qui gère un site ou un blog peut utiliser de beaux outils statistiques, souvent offerts gracieusement, pour contrôler ses «conversions d’objectifs». Les objectifs en question sont variés: publicitaires ou commerciaux (fort utile quand on ne vend rien), recherche d’ergonomie subtile pour la consultation de ses pages (Clic, page suivante...), capacité à cibler les visiteurs (encore faut-il en avoir!), favoriser sa pénétration de la sphère Internet (un truc de vicelard).

Pourquoi se priver d’outils puissants? Quant à pénétrer la fameuse sphère, autant y aller avec du mahousse. J'utilise à fond les performances d'un de ces outils en tant que "compteur de visites" et accessoirement "d’anticipateur-spam". Je précise ma méthodologie pour ce second usage très professionnel: à la lecture de visites exotiques, j'anticipe l'envoi de courriels à buts variés: me fournir à un prix avantageux des pilules étranges voulant améliorer mes performances sexuelles (désobligeant, surtout après ce que je viens de préciser), me demander d'aider des personnes sur lesquelles se sont abattues toutes les misères du monde, aux abois, mais disposant de sommes d’argents colossales dont elles veulent me faire bénéficier dès que je prendrai contact avec elles (on me prend pour une bille), me proposer des accès exclusifs à des casinos en lignes, histoire, dès que j'aurai cliqué sur le lien d'acceptation ou de renoncement associé, de valider mon adresse courriel ou d'inonder mon système d’exploitation de logiciels espions capables de débusquer les données sensibles d’un disque dur qui ne contient que des futilités sans nom insensibles. J’en passe, bien entendu, et des meilleurs, cela soule de course. Hop là, malin comme un singe, non, cette exploitation performante de l'outil?


Je mes suis astreint depuis quelques mois à le consulter régulièrement dans un but de curiosité statistique: c'est peut-être aussi fait pour ça? Les lots de mes données sont, de façon rédhibitoire, hors du significatif. Mon «portillon ou tourniquet internet» qu’on va dire "confidentiel" pour ne pas me fustiger outre mesure, affiche glorieusement un peu plus de 20.000 consultations de pages en près de deux ans: Google n’a qu’à bien se tenir… Mon blog, qu’on va nommer généraliste, pour ne pas dire - faudrait songer à varier la formule - souk est affligé de publications se faisant à un rythme erratique, à la va comme je te pousse ou je le sens, pour tout dire (enfin, et pas trop tôt!). Formidable pour les statistiques ce truc. Pour couronner le tout, j’ai inclus en marge, près des archives, un lien permettant de connaître les billets les plus consultés: stratagème fatal pour biaiser définitivement les résultats et laisser totalement dans l'oubli les autres billets.

Résultats:
...du statisticien "hors-paire", qui persite dans les équivoques graveleuses, après étude savante de ses flots de données ou "ce qui se conçoit bien s'énonce normalement clairement".

- Le billet le plus consulté, et de loin, se résume grossièrement à une image piquée à un diaporama PPS dont l’origine de production est inconnue.

- La plus grand nombre de consultations dans les heures suivant la publication d'un billet est apporté par une «carte postale» que mon fournisseur de blog a probablement incluse dans le diaporama qu’il propose à ses membres pour observer ce qui se publie sur la "planète" dans ce domaine. Grosse consultation des internautes du Boukhistan, en particulier.

- Des billets qui m’ont fait suer sang et eau, à peine entraperçus. Quelques billets de fumiste, au sommet du hit-parade.

- Je ne parlerai même pas du nombre de commentaires, que tout «tenancier de blog» doit se résigner, sous peine de baisse du moral, à considérer comme infinitésimal en proportion de celui des visites, quel qu’en soit le nombre et surtout s'il tend vers zéro. Je précise au passage que cela vaut mieux d'ailleurs quand on lit certaines divagations d'un de mes chers lecteurs, proviseur marocain, en fuite du territoire français... Je rigole, bien sûr!
*
- Je fais l'impasse sur l'étude des taux de rebond, du schéma de l'entonnoir de conversion, pour passer immédiatement à la statistique essentielle: 0,03% des internautes visiteurs du blog utilisaient une Playstation Portable.

Pour être juste, de bonnes surprises avec une consultation honnête de petites choses personnelles de la série délires et anecdotes. Deux ou trois billets qu’on dira (Eh! non! ce n'était pas ma dernière utilisation de cette expression poubelle..) de "fond" pouvant avoir reculé de quelques minutes, ou le contraire, la tentative de suicide d'un étudiant dépressif, solitaire, exilé, consultant un de mes billets sur l’ordinateur de sa chambre lugubre de deux mètres carrés.

Conduite à tenir:

Ces beaux outils, si j'ai bien compris, devraient m'inciter, si je veux entrer dans le panthéon des meilleurs blog de l'Univers, à produire des machins qui flattent avant tout le goût des clients et clientes: "N'oublie pas mon petit cadeau, Chéri.". Bon, alors là, il faut taper "sexe" dans les moteurs de recherche, c'est plus simple. Je n’ai jamais testé le mot clef "blaireau" mais ça doit marcher aussi. Merci et encouragements sincères aux «Happy few» consultant stoïquement, au mépris de leur santé mentale, certains de mes billets. Ma résolution est prise, après m'être immergé dans les études statistiques savantes dont j'ai su vous faire profiter des richesses: ne rien changer. Passez de temps en temps visiter la Mansarde. Vous aussi, ne changez rien à vos habitudes (Prière tout de même de s'essuyer les pieds avant d'entrer), suivez la morale de la fable de Jean de La Fontaine placée en exergue.

lundi 27 octobre 2008

Isola Bella


Avant que ma région ne s'enfonce au creux des brumes automnales, une carte postale ensoleillée du pays de mes ancêtres paternels italiens. Un point de vue sur le Lac Majeur à partir des Jardins du Palais d' Isola Bella, une des îles Borromée. Pas de référence sur l'auteur.
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dimanche 26 octobre 2008

Il est un air pour qui...



Qui jetterait un œil à ma "cédéthèque", constaterait vite que mes goûts musicaux vont du classique à la musique contemporaine. Selon mes humeurs, je pioche ça et là dans les rayonnages. Cependant, le secteur "années 70", est le plus souvent mis à contribution quand je souhaite abandonner une idée bougonne. Oui, cette musique de barbare pratiquée par des exécutants un peu bucheron aux attitudes scéniques souvent simiesques et outrancières a des relents de révoltes adolescentes. Oui, sa technique musicale est souvent approximative et l’on est loin de celle des instrumentistes classiques. Mais il est des morceaux de l’époque pour lesquels je donnerais, pour paraphraser Nerval, tout Rossini, tout Mozart et tout Weber, des airs pas si vieux que cela, toniques et sincères qui pour moi seul ont des charmes secrets.


Ainsi, je réécoutais ce matin un titre des Creedence Clearwater Revival, pas le plus connu du groupe: Ramble Tamble. Un Folk-Rock basique à l’instrumentation rudimentaire et au message sans portée philosophique. Le solo central de guitare mugissant, assez proche des sonorités de quelques titres des Shadows, me réconcilie toujours avec l’humanité et suggère que la simplicité n’est pas forcément une faute de goût.
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vendredi 24 octobre 2008

L'écran plat du geek qui a la dalle


Faut savoir vivre avec son siècle, que non! Le poste de télévision de 2 tonnes avec son tube cathodique bombé et ses coins ronds offrant une image en noir et blanc avec ses jolis parasites brillants dus, en partie, à la fourchette à escargots que vous avez enfichée dans la prise d’antenne à l'arrière, a vécu. En bon «geek», vous auriez du faire l’acquisition du premier téléviseur plasma proposé en 1999 pour une bouchée de pain de moins de 10.000 euros actuels, à l'époque, on comptait encore en francs. Ce produit, excellent consommateur d’énergie, a la vertu sympathique d’être sensible au "burning" (brûlures d’écran laissées par des images fixes, style logo des chaînes). Les techniques de fabrication industrielle extrêmement complexes passent à la casse un pourcentage non négligeable de dalles défectueuses et expliquent la baisse lente de leurs prix de vente. Ensuite, révisant votre choix, vous auriez du foncer sur les premiers téléviseurs LCD, tout aussi couteux au départ que les précédents, vous proposant une image pâlotte correctement visible si vous vous placiez face à l’écran... dans le noir total. Bon... un peu de patience, les prix vont baisser, les indices de luminosité progresser et les angles de vision devenir acceptables. On se lance alors, maintenant? Coup dur, arrivée de la TNT en France. Les anciens téléviseurs LCD ne possédaient pas de décodeurs TNT intégrés: "Ouf, bien fait d’attendre!".


 Les directives actuelles imposent désormais la vente de téléviseurs équipés de décodeurs MPEG2. Comme quoi, la patience a du bon, surtout quand on sait le temps qu’il a fallu pour que la TNT débarque dans certains départements, «because» discussions serrées pour l'attribution des fréquences d’émission avec nos voisins. Parfait, la TNT est chez vous, le progrès avec! Succès commercial de la TNT et premières expérimentations d’émissions sur les satellites en haute définition. Fallait acheter, bien entendu, un téléviseur HD. Oui mais Ready ou Full. Proposant le 1080i (interlace = entrelacé) ou le 1080p (progressive scan = balayage progressif) en 1080 lignes. Non malheureux, HD Full, c’est mieux: "Ah bon! Banco alors?". Pendant ce temps, bagarre sur les standards haute définition et bataille entre Blu-ray et HD-DVD. On va attendre encore un peu que tout cela se décante... Un an après, on peut y aller, on casse sa tirelire.



 Oui, mais, avez-vous pensé à la connectique arrière (ou en façade d’ailleurs)? Combien de prises HDMI, VGA, S-vidéo, péritel, Y.cb/pb.cr/pr, DVI et RCA? Hein! C’est quoi tous ces standards «zarbis» pour lesquels on ne voit pas de différences flagrantes sur son écran. Il semble bien que la norme HDMI se généralise sur la plupart des beaux appareils du commerce qu’on va brancher sur son téléviseur. Alors, franchissez le Rubicon : «Alea jacta est !», foncez sur l’affaire du mois. A la fin de l’année 2008, mise en place progressive de chaînes TNT haute définition en natif en France. Les téléviseurs vendus jusqu’ici n’avaient pas l’obligation de proposer des décodeurs TNT-MPEG4, nécessaires à la réception. Les constructeurs ne se sont pas privés de ne pas les inclure! Faudra acheter un décodeur externe de plus de 200 euros pour recevoir les chaînes en haute définition, ou pour le Geek, un nouveau téléviseur! Excellent pour la vente ces avancées à petits pas des technologies de télévision. Rien à envier à l'informatique.
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Tous ces rebondissements font que ceux qui ont décidé d'attendre la fin 2011 et l'arrêt des émissions hertziennes en analogique pour changer leur téléviseur, n'ont pas fait un trop mauvais calcul: conserver son bon tube cathodique, moins gourmand en énergie et offrant une image lumineuse, contrastée, respectant les noirs. Je ne parle pas de racisme, mais du rendu correct de l’absence théorique de couleur qu’est le noir sur votre écran. Pour être juste, les images HD, ça change un peu de celles du téléviseur «Radiola» noir et blanc avec la fourchette qui sert d'antenne...


N.B: j'ai fait l'impasse sur le format 16:9 et ses images offrant des formes gracieuses aux présentatrices de la météo qu'on finit, par lassitude, à ne plus passer en mode zoom, surtout les téléspectateurs de extrême Nord et Sud de la France ne voyant plus alors figurer leurs villes à l'écran. L'écran cathodique reste toujours le moins gourmand en énergie: peu de gens sont au courant (électrique bien sûr...).

Ajout: dernier coup de commerce douteux en vogue, les téléviseurs à LED


jeudi 23 octobre 2008

Le vieil homme et l'enfant (1967) - Claude Berri



Nous ne sommes pas dans la fable. Le fait que ce film soit en grande partie autobiographique et la qualité extraordinaire du jeu de ses acteurs font sans doute qu’il sonne parfaitement «juste». L’histoire de cet ignoble pépé pétainiste, ancien poilu «bouffeur» de curés, de « rouges », de juifs et de tout ce que la propagande de l’époque durant laquelle le film se déroule pouvait donner en pâture à la crédulité et à la frustration populaire, bascule suite à une rencontre. A son insu, il va héberger pendant l’occupation, un enfant juif envoyé dans les Alpes par ses parents pour le protéger des rafles nationales socialistes. La complicité touchante qui naît entre les deux êtres révèle l’humanité cachée du vieillard tout en faisant de lui «un juste parmi les Nations malgré lui».

La profonde haine des autres qui l’avait fait se réfugier dans l’amour exclusif de son chien et de ses lapins le quitte peu à peu, et cette façade hideuse qu’il avait bâtie autour de sa forteresse révèle, lorsqu’elle finit par s’écrouler, sa profonde humanité. La scène finale, sans pathos ni mièvrerie ne peut qu’émouvoir le spectateur.

Cette œuvre maîtrisée de bout en bout par Claude Berri joue sur les paradoxes, fait voler en éclat les clichés et donne, mine de rien, une superbe leçon de philosophie et d’histoire à ceux qui n’ont pas connu cette triste époque. Cette peur de l’autre, de «l’étranger qui est en nous», montre à quel point les rapports humains gagnent à passer du virtuel au réel. Mon enfance et mon adolescence m’ont mystérieusement protégé des a priori racistes, xénophobes et corporatistes. Ce n’est que sur le tard que j’ai perçu ces grands travers humains auxquels tous autant que nous sommes pouvons céder un jour, aigris par les difficultés de la vie qui nous font alors chercher à nos déboires des responsables extérieurs, un bouc émissaire sur lequel décharger le poids de notre mal être.
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Michel Simon, un acteur colossal du cinéma français !

lundi 20 octobre 2008

Vicky Cristina Barcelona: Woody amène son psy à Barcelone


Le sujet est vieux comme Hérode: sexualité et culpabilité. Puritanisme contre libertinage. Il reste cependant d’actualité dans nos sociétés occidentales qui nous refont une poussée de moralisme. La libération des mœurs consécutive à la révolution culturelle des années soixante était donc une belle galéjade. La sexualité humaine reste un univers secret que chaque génération doit redécouvrir pour son propre compte, faute de communications réelles avec les adultes qui ont défriché le terrain avant eux et pourraient leur apporter quelques orientations claires si eux mêmes en avaient. Amour raison, amour passion, amour à trois, amour des autres, amour de soi. Je discutais récemment avec un psychiatre sexologue. Je m’attendais de sa part à un discours abscons fourmillant de citations freudiennes tentant de m’expliquer les principaux motifs amenant dans son cabinet consultants et consultantes. Une phrase basique de café du commerce était alors tombée comme sentence : «Si tu savais à quel point les gens n’arrivent pas à s’aimer eux-mêmes ! »

Je restai un temps sur ma faim avant de comprendre qu’il avait parfaitement résumé un grand travers humain: la question obsessionnelle qui tente de rassurer: «Est-ce que vous m’aimez ? Et sinon, quelle faute ai-je donc bien pu commettre? »

Le roman moderne y puise une bonne partie de sa matière. Choderlos de Laclos et ses «Liaisons dangereuses» avait exploré l’art du libertinage et ses dérives. Stendhal, le précurseur du roman moderne, les eaux tempétueuses de la Passion amoureuse. Ses chroniques italiennes et ses promenades dans Rome ont-elles ouvert la porte aux "espagnolades" de Woody Allen? «Chambre avec vue», d’Edward Morgan Foster avait servi de base au splendide film éponyme de James Ivory traitant parfaitement du sujet: quand le puritanisme anglo-saxon perd pied en bordure de Méditerranée, les yeux trop clairs éblouis par des lumières trop vives. Le film en question se déroule en Toscane, mais en Italie, la mer n'est jamais bien loin...
*Dans «Vicky Cristina Barcelona», il faut attendre le milieu du film pour que déboule l’incendiaire Penelope Cruz éclipsant illico la concurrence et nettoyant prestement les oreilles et les yeux de ses rivales du reliquat cailleboté victorien laissé par leurs dernières tétées. Les cow-girls qui croyaient maîtriser leurs pulsions amoureuses, aidées par de solides références apportées par Walt Disney et les grandes séries américaines, sombrent corps et biens dans l'aventure. Retour au pays, tourneboulées par le coup de tabac, de nos deux femmes "modernes".

dimanche 19 octobre 2008

Dix ans après




1998 - argentique

Retour de d’Artagnan sur les lieux où Constance Bonacieux coule de jours heureux dans son Château du Montet. Les techniques photographiques ont évolué entre temps. L’argentique s'est vu traîtreusement blessé au flanc d’un vilain coup d’estoc dans le guet-apens tendu par le numérique. La forêt du château a été balayée par la tornade, mais, doucement, la nature a repris le dessus. Le mousquetaire a rengainé son fleuret. Il l'a troqué contre un mousquet moderne dissimulé sous sa cape. Un son de gâchette électronique a remplacé le feulement familier du rideau d’obturation. Une image à la netteté implacable nargue le tirage vaporeux du passé.




2008 - numérique

vendredi 17 octobre 2008

La date des dernières règles



Madame la vendeuse, vous avez des règles bleues ?
- Oui, bien sûr.
- Vous devriez aller consulter votre gynéco !

Il n’est pas nécessaire de se plonger dans les grandes théories psychanalytiques pour vite comprendre que les troubles du comportement alimentaire sont souvent intriqués avec ceux touchant à la sexualité. L’anorexie mentale en est une illustration relativement typique. Dans cette pathologie difficile pouvant mettre en jeu dans ses formes extrêmes le pronostic vital des jeunes filles et adolescentes qui en souffrent, on constate que l’absence des premières règles ou l’arrêt des règles précède souvent la cachexie. Les spécialistes ne sont pas unanimes sur ce fait, tout comme le contexte familial type pouvant favoriser la pathologie. Les adolescentes et post adolescentes anorexiques auxquelles j’ai pu être confronté (le terme s’impose) répondaient la plupart du temps au contexte classiquement décrit: jeune fille de milieu aisé au parcours scolaire brillant avec mère possessive et père symboliquement absent; activité sportive intense; volonté farouche et désir de maîtrise personnelle inquiétant parfois l’entourage. De l’autre coté du bureau, quand ces jeunes filles me fixaient par instants, je sentais bien dans leur regard qu’il y avait du défit dans l’air. Ne serait-ce qu’à constater la capacité qu’a l’anorexique mentale de contrôler au gramme près sa courbe pondérale, on comprend vite qu’on n’a pas en face de soi un personnage banal. La prise en charge de cette affection est une affaire de spécialiste qui dépasse les compétences du "simple" gynécologue. Celui-ci est cependant consulté en début de bilan pour rechercher d’éventuelles anomalies organiques ou fonctionnelles de la sphère gynécologique en présence d'une aménorrhée.

L’aménorrhée se définit comme une absence de règles. Il existe deux types d'aménorrhées:

- l’aménorrhée primaire c’est-à-dire l'absence de règles chez une adolescente ou une femme n'ayant jamais été réglée. Cette absence de règles de l'adolescente devra être distinguée du retard pubertaire. En pratique, cela signifie absence d'apparition des premières règles à partir de l'âge de 16 ans.
- l’aménorrhée secondaire ou absence de règles depuis plus de 3 mois chez une femme déjà réglée.

«Causes et physiopathologie des aménorrhées», une des questions redoutées aux examens par l’étudiant en Médecine. Le catalogue est vaste et complexe. Quelques années de pratiques vous font comprendre, qu’avec un interrogatoire rapide et quelques examens cliniques de base, on a tôt fait de démêler l’écheveau dans la plupart des cas. Exit alors des pathologies rares aux noms ronflants ou alambiqués.

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ANECDOTE

Le remplaçant harassé du gynécologue obstétricien d’une préfecture de la région Champagne-Ardenne ouvre la porte du cabinet médical pour laisser entrer la trentième consultation de la journée. Madame XX, en compagnie de sa fille C., engage immédiatement la conversation :

«Le Docteur R. est en vacances ? Peut-importe, il faut bien que la jeune génération entame sa formation. Vous êtes issu de quelle Faculté ? ». Rupture avec le discours habituel : «Tiens, ce n’est pas comme avec le Docteur R., vous prenez à l’heure, vous au moins… »

Madame XX est la femme d’un notaire en place dans la grosse bourgade. Une jolie femme accorte portant la panoplie vestimentaire qui va avec la fonction du mari. Sa fille, 18 ans 1/2, brune au morphotype longiligne, répond aussi aux critères de mise. Durant l’interrogatoire médical, c’est la mère qui prend la plupart du temps la parole. Sa fille me regarde alors, sourire aux lèvres, semblant louer mes efforts pour rester courtois et ne pas suggérer à sa mère que la consultation médicale n’est pas pour elle. Elle m’apprend que sa fille est de retour des Etats-Unis où elle vient de passer une année de Droit dans une Université prestigieuse du pays.

«J’avais été amenée à demander les conseils de notre ami le Docteur R. pour C., il y un près d’un an. Ceci, à la suite de troubles alimentaires entraînant un fort amaigrissement associés à l’absence persistante de ses premières règles. Elles sont survenues en fait peu de temps après son exil. Chez moi aussi d’ailleurs, Docteur, cela a toujours été la pagaille dans ce domaine. Elle m’a appris qu’au bout de quelques cycles peu réguliers et pas bien glorieux, elle était repartie à la case départ et qu’elle ne voyait de nouveau plus rien. Je profite qu’elle est de retour en France pour refaire un petit bilan.»

Moi, intérieurement: elle ne parle pas de cécité, cela me paraît "clair", et je suis confronté à un diagnostic d’aménorrhée secondaire. Désireux de garder ma réputation de "médecin qui prend à l’heure", je demande rapidement à la jeune fille de passer dans la salle d’examen, de se dévêtir et de monter sur la balance. Au bout de quelques secondes, j’entends, encore assis à mon bureau : « J’ai pris tout juste un kilo depuis un an». Noté, ainsi que la date des dernières règles remontant à Mathusalem. J’abandonne la mère pour rejoindre la fille. Elle n’est pas squelettique et tous les signes sexuels secondaires sont présents et bien présents. Tension normale. Installez-vous, Mademoiselle. Pas de mouvements d’appréhension particuliers ou d’attitudes farouches classiques chez la jeune fille dans ce genre de circonstances. Plutôt même, quelques signes semblant indiquer qu’elle recherche de ma part une forme de connivence. Je vous épargne la chronologie en usage des gestes gynécologiques à entreprendre pour passer tout de suite au classique toucher vaginal redouté par les externes en médecine. Redouté parce que parfaitement symbolique et gênant, vu leur manque de pratique qui rend ce geste peu profitable à l'élaboration d'un diagnostic précis. Le mien s’affine. On est en présence d’une masse pelvienne de la taille d’un pamplemousse, légèrement déviée vers la droite. L’examen est indolore et le doigtier ne porte pas de traces de sang. On était encore à l’époque bénie où le gynécologue pouvait faire des échographies au cabinet sans risquer de se retrouver devant un juge d’instruction en cas de compte rendu incomplet ou de non habilitation à cette pratique.

La conversation va prendre désormais une tournure surréaliste. Annoncer son "verdict" à une patiente demande dans certaines circonstances un peu de psychologie et peut amener à le formuler en utilisant quelques tournures de style. Bon, on pouvait hésiter avec un gros kyste de l’ovaire droit, pour la forme. Tenant la barrette d’ultrasons sur son ventre, je regarde la jeune fille. Quelque chose dans son regard m'indique que je dois y aller franco : «Vous voyez, ici, sur le moniteur, c’est la tête du bébé. Là, on voit bien son cœur qui bat. Si on mesure le diamètre bipariétal et la longueur cranio-caudale, on peut évaluer l'âge du fœtus à 3 mois dix jours, et en m’avançant beaucoup, que c'est un garçon. On va essayer d’accélérer la procédure de déclaration de grossesse pour ne pas trop sortir des délais. Je vais vous prescrire les examens biologiques obligatoires et vous donner les conseils d’usage. L’examen gynécologique est tout à fait normal par ailleurs. »

Retour au bureau. La mère reste muette comme une carpe, droite dans ses bottes. En l’occurrence, des escarpins de marque. Elle a tout entendu, bien sûr. C'est ce que m'autorisait tacitement sa fille dans les minutes précédentes. Retour de celle-ci, comme si de rien n’était.

« On va aller faire la prise de sang demain C... Je vous dois combien, Docteur ? »

Je n’ai pas eu le courage de facturer l’échographie. Mademoiselle C. me salue avant de sortir et m’adresse un regard complice que j'imagine vaguement teinté de soulagement. Pourtant, son histoire à venir est loin d'être simple et il faut imaginer un étudiant de l'autre coté de l'Atlantique qui va prendre un méchant coup de mou à la nouvelle. Comme quoi, la vieille technique parfois décriée de la séparation temporaire mère fille dans les «anorexies mentales qui n'en sont pas», peut amender certains symptômes gynécologiques au-delà de toute espérance et vous confirmer une fois de plus que la première cause d’aménorrhée secondaire, c'est la grossesse.

dimanche 12 octobre 2008

Das deutsche Kino ist nicht kaputt !



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Non, je ne fais pas l’impasse sur le cinéma de Rainer Werner Fassbinder mort en 1982, ni celui de Wim Wenders avec leurs belles éclaircies des dernières décennies, mais, plus récemment à intervalle réduit, le cinéma allemand nous a offert deux pépites extraites du même filon: l’ancienne DDR, la mal nommée «République Démocratique d’Allemagne».
*Wolfgang Becker - « Good Bye, Lenin ! » - 2003 -
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L’histoire:

Le 7 octobre 1989, Christiane doit assister aux célébrations du 40e anniversaire de la RDA. Elle est sur le trajet contrainte de s'arrêter, à cause d’une manifestation à laquelle participe son fils Alex. Elle voit les policiers réprimer la manifestation et arrêter avec violence son enfant. Elle s'évanouit et tombe dans le coma. Quelques semaines plus tard, le Mur de Berlin tombe et les deux jeunes gens s'intègrent dans la vie occidentale. En juin 1990, leur mère se réveille. Le médecin conseille à Alex de tout mettre en œuvre pour éviter la rechute que causerait un choc trop important. Ceci conduit Alex et sa sœurAriane à cacher à Christiane les changements politiques qui ont eu lieu. Ils réaménagent l'appartement familial comme avant, cachent toutes les améliorations technologiques et les nouvelles mentalités, retrouvent les marques des produits d'avant. Ils y parviennent plutôt bien avec l'aide de voisins et d’amis.
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Ce film extrêmement touchant qui oscille entre humour et tendresse est une ode à la tolérance, au respect des hommes et des femmes qui, emportés malgré eux par des courants idéologiques qui les dépassaient, n’en ont pas tous perdu, loin s'en faut, leur capacité à conserver une profonde humanité.
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Florian Henckel von Donersmarck - « La vie des autres » - 2007 -

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L’histoire:

En 1984 à Berlin-Est, Gerd Wiesler (HGW XX/7), capitaine de la Stasi, se voit confier la surveillance du dramaturge Georg Dreyman, sans se douter au départ qu'il s'agit d'une intrigue orchestrée par le ministre est-allemand de la culture Bruno Hempf qui, amoureux de son amie, l'actrice Christa-Maria Sieland, souhaite faire disparaître l'écrivain qui vit avec elle. Le lieutenant-colonel Grubitz espère, quant à lui, tirer de cette mission un bénéfice pour sa carrière.
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Chacun peut extraire de ce film habile et déroutant un message. Une condamnation implacable des régimes totalitaires et de leurs méthodes d’investigations qui violent sans vergogne l’intimité des individus avec un profond mépris : «Z» et «L’aveu» de Costa Gavras l’avaient déjà fait bien avant, pour exemple. Un tableau cynique des « intelligentsias » des ex républiques soviétiques socialistes : «Soleil trompeur» de Nikita Mikhalkov est un film magnifique sur le sujet de 1994. Des illustrations variées de la bassesse humaine ou de l’opportunisme à la base de collaborations, de traîtrises et de dénonciations calomnieuses : «93 rue Lauriston» de Denys Granier-Deferre en a fait, il ya peu, un catalogue éloquent. J’y vois surtout une magnifique démonstration que l’accès à la culture est à la base de la chute de toutes les dictatures qui, le sachant d’ailleurs, pour s’imposer, commencent à enfermer les artistes et à brûler les livres.
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HGW XX/7 «passe peu à peu à l’ouest» devant ses écrans de surveillance, son casque d’écoute sur les oreilles. Il s’attache progressivement à un monde qu’il ne connaissait pas. Ses yeux se décillent et ses oreilles s’ouvrent à des idées qui libèrent sa sensibilité et sa curiosité dévoyées par sa fonction. Il devient alors le protecteur caché d’un microcosme en résistance qu’il était sensé combattre : la beauté d’un acte gratuit. Le philosophe nous affirme que l’acte totalement gratuit n’existe pas. Bof, peut-être, mais il est clair que certains rapportent moins que d’autres. L’ancien capitaine de la Stasi devenu distributeur de prospectus publicitaires y aurait plutôt perdu dans l’affaire, hors l’honneur.
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jeudi 9 octobre 2008

Brothers In Arms


"Les Petites Canailles - The Little Rascals " Mon ancienne maison en haut à droite.

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Les amitiés nouées dans l’enfance sont les plus riches en charges émotionnelles. Ainsi, chez les personnes âgées, quand la mémoire vacille, ce sont les souvenirs anciens qui résistent le mieux à la débâcle. Je suis né et ai vécu jusqu’à l’âge de neuf ans dans un gros village du Nord de la Meurthe et Moselle. Mon territoire de jeu se trouvait en lisière de campagne. Je pense que les enfants qui n’ont pas eu l’opportunité de vivre un temps au contact de la nature, ont été privés d’une abondante source de sensations participant à leur équilibre.

Mon copain d’enfance, c’était "le Gérard". J’insiste sur l’article défini utilisé "improprement" à l’époque avec les noms "propres" dans le parler lorrain. On disait aussi cornets pour les sachets d’emballage, verrines pour les pots à confitures, patins à la place de chaussons. Les pièces d’habitation lumineuses étaient dites clarteuses. Le mamaillou était, soit un bricoleur avisé, soit un homme vivant de combines et de magouilles. Le haltata, un excité, un évaltonné ou un irresponsable exalté. Bon, je ne vais pas passer en revue le dictionnaire du français régional de Lorraine. La plupart des expressions étaient déjà dans mon enfance en voie de disparition. Je ne cite que celles que j’ai entendues un temps.

Le Gérard B. était donc mon compagnon de route, celui aux cotés duquel j’ai accompli mes plus hauts-faits d’arme. La descente du coteau en luge à fond la gomme, sauvée de justesse par un crash contre le grand saule avant de plonger droit dans l’Iron, le ruisseau local, au plus froid de l’hiver. L’incendie des buissons de la "petite cote" avec des «pétards pirates» entraînant l’arrivée des pompiers, quelques jours avant le Quatorze Juillet. L’escalade du plus haut mirabellier du quartier se soldant par un appel au secours du chef de cordée pour qu’un adulte vienne l'aider à redescendre. Le franchissement héroïque à vélo, jambes en l’air, en cascadeur des temps modernes, du secteur aux orties au mileu duquel je me suis crouté lamentablement. Cuisant souvenir pour mon épiderme. Numéro un du hit-parade, grand souvenir pour ma mère avant tout, notre escapade de plusieurs kilomètres à l’âge de trois ans durant laquelle j’avais abandonné ma bicyclette en bordure de ruisseau avant de traverser le «petit bois» (on y trouvait encore des violettes qui sentaient la violette) et me rendre avec mon copain à la «Pétrole-Essence». Ce lieu magnétique était truffé de traquenards et de chausse-trapes pour des enfants de cet âge. Ce qui nous avait attirés ici, c'était les carcasses de véhicules américains de la dernière guerre qui y étaient encore entreposées. Ma mère, furibonde et aux cent coups, nous avait retrouvés aux commandes d’une Jeep. Ma conduite sans permis avait été verbalisée par une raclée monumentale.

L’anecdote que je veux narrer, se déroule une année plus tard. Elle est plus anodine, mais arrive encore à me faire rire quand je l'évoque. Nous sommes au cœur de l’été, le souper est en préparation. Ma mère a toujours vécu dans l’angoisse de manquer de pain pour nos repas familiaux. L’âge n’a rien arrangé d’ailleurs. A chacun ses fixettes. A l’époque, chaque famille avait ses commerçants attitrés. Se rendre chez un concurrent, même exceptionnellement en cas d’urgence, quand un "des siens" était fermé, était considéré comme une pratique infamante. Plus de pain pour le souper, ce soir.
«Gérard, je te donne les sous. Tu ne voudrais pas aller me chercher une baguette au ‘Familistère’ ? »
Bon bougre s’il en est, le Gérard s’exécute sans discuter. Comme toujours, en courant, tout à sa mission. Le temps passe, pas de retour du Gérard, donc, toujours pas de pain.
« Pierre, va voir ce que fait le Gérard»

Je dévale les escaliers, fonce dans la cour arrière et prends un virage sur les chapeaux de roues pour m’engager dans l’allée de graviers qui mène au jardinet de la rue. Choc frontal terrible. Deux hommes à terre, Sergent ! Frontal est l’adjectif idoine. Un œuf de pigeon commence à gonfler sur mon front. Le Gérard saigne du nez copieusement et compte ses dents. Il part en abandonnant la baguette au sol et en hurlant comme un loup blessé en direction de sa tanière. Mes lamentations valent les siennes. Je remonte à la cuisine, courageusement en larmes, la baguette fracturée en main. Elle à l’allure d’un fléau de ferme.

« Pierre, qu’est-ce qui t’es arrivé !! »
- Moi, c’est rien, mais tu verrais le Gérard !

Blême, ma mère, vole chez la voisine pour se rendre au chevet du mourant présumé. Cette baguette a eu bien du mal à passer. On pourrait y voir l’origine du mot « casse-croûte » ?

mardi 7 octobre 2008

La maison forestière


Un peu d’histoire quand même:

En 1911, Henri Liégeon créé son entreprise de tournerie et de boissellerie au plein cœur de la forêt du Jura. Après avoir fabriqué du mobilier de jardin, les Liégeon abordent progressivement le secteur du jeu : jeux de société, tableaux ; puis en 1941, vient à Bernard Liégeon l'idée de mettre en jouet un chalet habitable. La "Maison forestière" est commercialisée en 1946, et la marque JEUJURA créée en 1948. Depuis cette date, la "Maison forestière" a été déclinée en plusieurs modèles, de même que son grand frère le "Chalet suisse". Par la suite, de nombreux produits se sont ajoutés au catalogue : "La Maison en rondins", "Fort Western", "La jolie Ferme", "Mon garage en bois"... Aujourd'hui, la société tente de conquérir un public toujours plus nombreux en offrant aux enfants la possibilité de construire dès leur plus jeune âge.

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Un jouet indémodable:

Ma "maison forestière d’à moi" m’a été offerte par mes parents en 1958. Elle connaît sa troisième génération de bâtisseurs. Certains, méthodiques et scrupuleux, se sont rapportés fidèlement aux plans de constructions inclus dans le coffret en hêtre hébergeant les pièces de construction, d’autres, plus imaginatifs ont utilisé certains de ses éléments comme accessoires sur d’autres terrains de jeux. Ainsi, quelques poutres ont souffert de leur usage intensif comme catapultes pour l’assaut de châteaux-forts. Elles propulsaient les assaillants dans le camp ennemi. Tout soldat renversé était alors considéré comme mort. La maison JeuJura aurait pu bénéficier des plans de nos garages qui hébergeaient les «Dinky Toys» et «Norev» de la communauté des joueurs en dehors des heures de classe. Bien des années après, l'envie d’acheter à mon dernier rejeton le coffret «Chalet Suisse» longtemps convoité jadis me turlupine. Plus de pièces, des frontons jaunes avec un œil de bœuf et des volets rouges ajourés de chamois et non de sapins comme ceux de la Maison Forestière. Seuls les riches doivent pouvoir se payer de pareils coffrets.


mercredi 1 octobre 2008

Le zéro et l'infini





Sitôt l’après-guerre, un consensus naquit rapidement chez les intellectuels concernant l'horrible bilan du nazisme et ses cinquante millions de morts associés directement ou indirectement aux idées qu’il développait. Etrangement, il a fallu pour ainsi dire attendre la chute du rideau de fer pour qu'une pareille unanimité s'entende chez nos beaux esprits quant aux conséquences funestes du stalinisme et de ses méthodes. Pour ne s’en tenir qu’au bilan chiffré des morts directes et collatérales: 80 millions sur le globe aux dires des experts.

L’aveuglement des intellectuels français sur le sujet est proprement pathétique. L’engagement notoire du Parti Communiste contre le nazisme et le nombre important de ses membres morts dans la résistance et les camps de concentrations aux cotés de Juifs, de tziganes, d’homosexuels et d’hommes d’origine africaine auraient retardé cette capacité à une condamnation rapide. Travail pénible que de couper avec une tradition politique familiale, véritable arrachement que de renier une idéologie qui avait séduit, décision risquée que d’abandonner la source d’énergie ayant alimenté de longues années des combats politiques, sociaux et armés, même au vu d’un pareil bilan.

Une voix, pourtant, s’était élevée dans le désert bien des années plus tôt. Ecrit entre 1938 et 1940, publié en Angleterre en 1941 et en France en 1945, le livre d’Arthur Koestler «Le zéro et l’infini» était déjà le réquisitoire impitoyable d’un homme ayant servi ce régime et ayant eu la capacité d’en décortiquer de manière convaincante les dérives qui ramenaient l’individu à une entité proche du zéro par opposition à l’infini de la collectivité. En France, rares furent les intellectuels, hormis Francine Bloch, qui prirent la défense de l’ouvrage. Quand on dit que la vérité est souvent cachée au fond d’un puits...