jeudi 23 octobre 2008

Le vieil homme et l'enfant (1967) - Claude Berri



Nous ne sommes pas dans la fable. Le fait que ce film soit en grande partie autobiographique et la qualité extraordinaire du jeu de ses acteurs font sans doute qu’il sonne parfaitement «juste». L’histoire de cet ignoble pépé pétainiste, ancien poilu «bouffeur» de curés, de « rouges », de juifs et de tout ce que la propagande de l’époque durant laquelle le film se déroule pouvait donner en pâture à la crédulité et à la frustration populaire, bascule suite à une rencontre. A son insu, il va héberger pendant l’occupation, un enfant juif envoyé dans les Alpes par ses parents pour le protéger des rafles nationales socialistes. La complicité touchante qui naît entre les deux êtres révèle l’humanité cachée du vieillard tout en faisant de lui «un juste parmi les Nations malgré lui».

La profonde haine des autres qui l’avait fait se réfugier dans l’amour exclusif de son chien et de ses lapins le quitte peu à peu, et cette façade hideuse qu’il avait bâtie autour de sa forteresse révèle, lorsqu’elle finit par s’écrouler, sa profonde humanité. La scène finale, sans pathos ni mièvrerie ne peut qu’émouvoir le spectateur.

Cette œuvre maîtrisée de bout en bout par Claude Berri joue sur les paradoxes, fait voler en éclat les clichés et donne, mine de rien, une superbe leçon de philosophie et d’histoire à ceux qui n’ont pas connu cette triste époque. Cette peur de l’autre, de «l’étranger qui est en nous», montre à quel point les rapports humains gagnent à passer du virtuel au réel. Mon enfance et mon adolescence m’ont mystérieusement protégé des a priori racistes, xénophobes et corporatistes. Ce n’est que sur le tard que j’ai perçu ces grands travers humains auxquels tous autant que nous sommes pouvons céder un jour, aigris par les difficultés de la vie qui nous font alors chercher à nos déboires des responsables extérieurs, un bouc émissaire sur lequel décharger le poids de notre mal être.
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Michel Simon, un acteur colossal du cinéma français !

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