lundi 24 novembre 2008

Pékins dans le blizzard




Le lac de Gérardmer

Votre serviteur au volant, passagers, mon frère et un de ses camarades de classe, ma future épouse et l’une de ses sœurs, la 404 paternelle fonce sur la nationale en direction d’Epinal. Destination : Le Phény, un hameau surplombant Gérardmer et son lac. La troupe est invitée à passer le réveillon de 1975 dans le chalet des parents d’un ami. De rares flocons sont balayés prestement par les essuies glaces de la limousine. Nous avons fait l’impasse sur les équipements neige. Tu parles, on va en basse montagne. A peine 400 m de dénivelé avec notre point de départ. Par contre, les luges sont dans le coffre ainsi que la partie des victuailles dont nous avons la charge. Notre équipement vestimentaire a aussi de quoi faire frémir: cliquer le lien en bas du billet. Huit heures et demie du soir, une centaine de kilomètres avalés sans encombre, nous longeons les berges du lac. La forêt environnante est sous la neige. L’année précédente, j’avais organisé un camp d’été dans le secteur. J’aurais pu trouver «Le Phény» les yeux fermés. Deux itinéraires possibles à partir de la cité géromoise : le chemin de Sapois, plus long, conseillé par mère-grand, le chemin des Rochottes, le raccourci du grand méchant loup. Nous sommes un peu à la bourre. J’engage la 404 sur le second. Le chemin sommairement bitumé serpente sec à flanc de montagne. Croisement de véhicules impossible à moins de recourir à une manœuvre sur un des rares sentiers en épi jalonnant la montée. Au bout de deux kilomètres, la voiture commence à faire des embardées, puis finit par refuser l’escalade. Je sors du véhicule et m’étale de tout mon long après quelques pantomimes de rattrapages que n’aurait pas renié un Candéloro des grands soirs. Eclat de rire général des malins qui se calment après quelques doubles saltos, vrilles et autres spécialités connues des spécialistes du patin. On décide dans un premier temps de laisser la voiture et de se rendre à pied à travers la forêt au chalet qui doit se situer tout au plus à un kilomètre à vol d’oiseau. Nous n’avons pas d’ailes malheureusement. Enfoncés jusqu’aux genoux dans la neige, qui une tarte à la mirabelle en main, qui une bouteille de champagne sous le bras, qui un poêlon à fondue sur la tête, nous renonçons rapidement à l’acte héroïque. Second plan de conquête de la face nord: attendre un véhicule charitable sur la route. Le vosgien est intrépide mais pas débile. Par temps de verglas, comme le parisien, il reste à la maison. Le chef de cordée, décidé de ne pas abandonner ses sherpas dans le blizzard qui commençait à souffler, s’est tapé alors deux kilomètres de marche arrière périlleuse à flanc de montagne jusqu’au parking du bord du lac. C’est ici que le destin allait enfin nous être favorable. Notre hôte, inquiet de notre retard et grand visionnaire des foucades routières qui pouvaient me venir en tête, arriva avec sa bonne deuche dans les minutes qui ponctuèrent l’exploit de grand rallyman. Embrayage centrifuge, poids plume et faible puissance du moteur font que ce véhicule était à l’époque un véritable isard des neiges. Pas au point cependant de prendre le raccourci du grand méchant loup ! Excellents souvenirs de réveillon dans un habitat rustique chauffé au bois et éclairé par des lampes à pétrole. Le lendemain, les skieurs et touristes d’une station proche «La Mauselaine» ont assisté à un spectacle peu commun dans le secteur. Le jeu de boules du coffre de la 404 nous a permis d’organiser un concours de pétanque sur neige qui a fait date… Les pékins aux sports d’hiver sont allés vraiment jusqu’au bout du délire.


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