1 - Mon orme de Chine auquel je passe de la musique classique sur une chaîne stéréo japonaise (mon portrait en arrière plan!) 2 - Erable du Japon 3 - Erable de Burger au début de l'automne
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Le mot Bonsaï est composé de deux caractères japonais: BON qui signifie coupe et SAI qui signifie arbre. Littéralement, les bonsaïs ne sont rien d’autre que des plantes qui poussent dans des bacs. Ils représentent en réalité des miniatures de grands arbres vénérables idéalisés dont la silhouette s’est conservée au fil du temps, parfois sur plusieurs générations.
Le bonsaï était déjà connu en Chine, il y a plus de mille ans. Les deux idéogrammes utilisés par les chinois sont les mêmes qu’en japonais mais la prononciation diffère: PEN-JING en chinois. La naissance de cet art s’explique par une volonté de représentation idéalisée de la nature propre aux asiatiques de confession bouddhique. Pour eux, tous les éléments qui sont sur Terre sont unis les uns aux autres et peuvent se réincarner l’un dans l’autre. Chaque étape de la métempsycose doit apporter une élévation spirituelle et tendre vers la perfection. Un des moyens pour y parvenir est la méditation. Plutôt que de contempler des heures un arbre en pleine nature, pour des raisons d’espace et de proximité, le bonsaï a vu le jour afin que chacun puisse le faire chez soi devant des arbres miniatures.
Une légende voudrait faire remonter la découverte du bonsaï aux premières heures du bouddhisme. Gautalama Siddhartha, le Bouddha, avait coutume de méditer et de prêcher sous des arbres. A sa mort, ces endroits devinrent des lieux de pèlerinage. Vers 60 après J.-C., la cour de l’empereur de Chine se convertit au bouddhisme. Pour échapper à la foule des pèlerins, la noblesse chinoise se mit à reproduire dans des parcs privés les différents arbres sacrés qui parfois même s’intégraient dans des paysages entiers. Les jardiniers faisaient de petits miracles en choisissant des arbres relativement jeunes qu’ils transformaient en copies conformes miniaturisés de ceux auxquels le culte était rendu. Lorsqu’au XI ème siècle, les femmes chinoises de la Cour durent se bander les pieds, il leur devint difficile de marcher et on dut les porter dans les jardins pour pratiquer leur méditation. Un jardinier astucieux aurait alors eu l’idée de renverser la situation en amenant les petits arbres plantés dans des pots à la dame!
Vers l’an 1200, des ambassadeurs chinois introduisirent les premiers penjing au Japon. Aussitôt, les japonais s’enthousiasmèrent pour ces petits arbres et ne tardèrent pas à exceller dans cet art, surpassant même parfois leurs maîtres. Au cours des huit-cents ans dernières années, ils sont parvenus à créer de très nombreuses formes stylistiques et inventer des techniques que nous pratiquons aujourd’hui. Un bonsaï doit avoir l’air vieux et noueux, comme s’il avait enduré l’assaut des éléments depuis des siècles. Sa couronne de feuillage doit être aérée de telle sorte que le tronc et les branches soient visibles. Le collet est à l’air libre comme celui d’un arbre dans la nature. La coupe raffinée complète l’équilibre du tableau. A noter que le bonsaï ne doit pas dépasser 80 cm de haut contrairement au penjing qui lui peut être beaucoup plus volumineux.
Originellement, le bonsaï était (et devrait rester) un arbre de plein air pour respecter sa fonction «d’objet de méditation». On ne rentre habituellement qu’un petit arbre dans la maison pour quelques heures ou quelques jours. Les Européens ont un autre rapport aux plantes. Ils les cultivent en pots toute l’année dans leurs appartements et laissent pousser les arbres librement en plein air. Ceci fait qu’ils préfèrent transformer en bonsaï les plantes supportant d’être en intérieur toute l’année : plantes des régions tropicales et subtropicales.
Source: Jochen Pfisterer «Bonsaï: pour une culture réussie» PETITS PRATIQUES HACHETTE.
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Pour se lancer dans la culture du bonsaï, il n’est point nécessaire de se convertir au bouddhisme et de se raser totalement le corps. Inutile également de se mettre en état de lévitation et de compulser un quintal d’ouvrages savants ou ésotériques détaillant les moindres subtilités techniques. Pas besoin non plus d’être snob. Quelques notions fondamentales suffisent, associées à un peu de bon sens.
Ainsi, beaucoup de personnes qui se lancent dans l’aventure méconnaissent un point clef. C’est pour cela que je vois régulièrement trôner dans des appartements des squelettes de bonsaï d’extérieur n’ayant rien à faire dans des pièces surchauffées aux lumières artificielles. Et c’est: «Et pourtant, je l’entretiens régulièrement comme indiqué sur la notice et j’ai acheté tout le matériel qui va avec. Si tu peux faire quelque chose, je te le donne ».
Merci ! fichtre, il fallait le mettre dehors ce petit arbre! Vous auriez même été étonné de vous apercevoir qu’il résistait petit à petit à des températures beaucoup plus basses que celles «autorisées sur la notice». Que des variétés au feuillage persistant dans leur milieu naturel, finissaient par suivre le cycle des saisons locales et perdaient leurs feuilles en hiver. Dès les premiers gels, rentrez cependant vos pots dans une pièce froide offrant de la lumière du jour, sans oublier de l'arroser au moins deux fois par semaine. Le pot ne protège pas suffisamment les racines du gel contrairement à un arbre profondément enraciné. Lorsqu’on peut retirer du pot, d’un bloc, l’arbre et la de terre incluse dans son réseau racinaire dense, le temps du rempotage tous les deux ou trois ans est possible en évitant de trop toucher aux racines. Leur taille est le point le plus périlleux de la culture du bonsaï. On peut souvent l’éluder. Un conseil simple, lors du rempotage: respectez la composition de l’apport en sol préconisé pour votre arbre. Faites le chauffer avant (le mélange préconisé... pas l’arbre !) dans une veille casserole à forte température pour détruire les vecteurs de maladies susceptibles de s’y trouver. Aseptisez régulièrement vos outils de taille si vous les utilisez pour d’autres plantes. En été, l’arrosage doit être quasi journalier et l’apport d’engrais parcimonieux bihebdomadaire. Pas besoin d’acheter des engrais spécialisés vendus à prix cocaïne et sans intérêt fondamental. L’eau de pluie est idéale pour l’arrosage (venant du ciel ou d’un récipient de recueil des eaux pluviales), sinon, laissez décanter l’eau du robinet et arrosez le bonsaï quand elle a dégazé et pris la température extérieure pour éviter des chocs thermiques racinaires. On arrose le soir, comme son jardin, pour conserver le plus durablement le bénéfice de votre hydratation*. Le pot accentue les principaux mécanismes responsables de l’évaporation. Beaucoup de bonsaï finissent leurs jours, suite à des manques d’arrosage en été. Si vous ne possédez qu’un tout petit bonsaï, pourquoi ne pas utiliser de l’eau de source en bouteille? Les jours de grosse chaleur, on peut vaporiser le feuillage quand le bonsaï n’est plus en plein soleil ou tremper le pot dans une bassine, sinon on risque de brûler les feuilles.
Derniers conseils personnels : pour vos débuts, choisissez des essences robustes et dociles à la taille. Evitez les essences à grosses feuilles donnant à votre composition des proportions peu naturelles. L’Ulmus parvifolia ou orme de Chine constitue un bonsaï idéal pour les débutants. Sa pousse rapide et vigoureuse gomme rapidement certaines tailles hasardeuses et son adaptation à nos climats est remarquable. Le Serissa foetida ou neige de juin est une essence donnant des bonsaï magnifiques, couverts de fleurs blanches en juin comme le nom l’indique, mais malheureusement, pour avoir discuté de mes échecs avec des spécialistes, chaque taille est une roulette russe pouvant aboutir au pourrissement des branches taillées. Les réanimations deviennent peu à peu hypothétiques. On n’en voit d’ailleurs presque plus chez les fleuristes revendeurs assaillis de demandes de sauvetage par leurs clients. Bonsaï assez faciles également à cultiver, les variétés d’érables sucriers dont les feuilles dentelées prennent une coloration rouge bien avant l'automne quand leurs réserves glucidiques augmentent.
*Pour faire pro, lien très technique sur le sujet de l’évaporation appliquée aux végétaux: ici