Être timide incite soit à la discrétion soit, au contraire, à l'excès pour mettre à distance ses propres peurs. Dans les deux cas, le point d'équilibre est difficile à saisir. Un équilibre que le réalisateur Jean-Pierre Améris (Mauvaises fréquentations, C'est la vie...) parvient justement à trouver avec cette love story entre deux hyperémotifs. Mieux, il joue habilement de ce rapport de forces. Si les deux protagonistes ont choisi l'effacement au plus profond de leur être, leur alliance possible passe inévitablement par un surplus d'émotions, donc de situations burlesques (en cela, la séquence du dîner est un chef-d’œuvre de rythme, d'écriture et de jeu). Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde - déjà couple dans "Entre ses mains", d'Anne Fontaine, en 2005 - composent leurs personnages avec une connivence d'autant plus savoureuse que le scénario les oblige à avancer sur un même terrain psychologique. L'un étant en quelque sorte le miroir de l'autre. Enfin, le choix assumé de la théâtralité, avec notamment ce décor de chocolaterie tout droit sorti d'une comédie musicale désuète, donne à ce joli spectacle des sentiments une force et une modestie singulières qui tranche avec la plupart de nos comédies nationales, trop sûres d'elles.
Thomas Baurez – L’Express
Mon avis :
En 2010, Jean-Pierre Améris, nous gratifie d’un film drôle et original. Il est émaillé de nombreuses références au cinéma de ses prédécesseurs : traitement des couleurs « à la Tim Burton », références aux anciens films musicaux américains - clin d’œil en particulier à « La mélodie du bonheur » - scènes burlesques rythmées profitant de la qualité du jeu d’acteurs bien choisis. Le final fait penser à celui du film de Chaplin, « Les temps modernes ».
Le thème : l’hyperémotivité. Le seul méchant du film est l’accès d’angoisse. Le réalisateur le constate après coup lors d’interviews.
A se demander alors si la timidité est un réel handicap. Elle semblerait plutôt l’atout du créatif et source de la bienveillance de l’observateur attentif, discret au point qu’il confirmerait à lui seul un dialogue célèbre de Michel Audiard : « Les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. ».