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jeudi 16 mai 2013

Sébastien, deux cachets d’aspirine, por favor…

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Je vais faire mon possible dans ce billet pour proposer aux personnes s'étant enquises des diverses affectations professionnelles de mon fils aîné Sébastien. Ce court explicatif vise à ne plus patauger lamentablement dans mes approximations vaseuses en retour aux questions posées. Il n'est pas évident qu'au lu du billet leurs idées soient plus claires que les miennes... mais du coup, je pourrai désormais leur fournir ce lien patate chaude...

Etape 1 :

Sous le monitorage du pater familias, formation intensive en informatique domestique sur Dragon 32 au début des années 80, 1980, je précise. Par la suite et successivement, expérimentations diverses et variées sur ATARI ST, puis AMIGA (traîtrise de l’intéressé passant à la concurrence). Cette formation visait tout de même essentiellement à tester la robustesse des Joysticks du marché de cette décennie (beaucoup de casse) et à acquérir des rudiments en Assembleur pour pouvoir faire le cake devant les spécialistes du jeu vidéo. Ceci, après avoir modifié favorablement les records personnels des incontournables du moment : Pac-Man, Astéroids, Invaders, Arkanoid, Lemmings, etc.

Accessoirement, de la part de l’élève dépassant rapidement le maître, travaux électroniques en chambre pour améliorer les prestations des services téléphoniques français (je resterai sibyllin) et des capacités auditives des malentendants pendant les examens scolaires (je resterai évasif). L’intéressé comprendra, comme le Proviseur de son Collège que je remercie une fois de plus pour sa clémence. Quelques souvenirs de l’époque où j’étais un de ses élèves en Histoire y ont peut-être contribué lors d'une convocation. Douteux, cependant, que celui d’une pilée en Handball lors de la finale de la Coupe du Proviseur contre l’équipe à laquelle j’appartenais à la fin des années soixante (il faisait partie de celle des professeurs), ait plaidé en ma faveur et celle de mon rejeton... Je parle toujours un peu trop.

Etape 2 :

Après des études en classes préparatoires dans un Lycée nancéien et sa réussite à différents concours nationaux (les concours des magasins Carrefour ne font pas partie de la liste), intègre une école d’ingénieur physicien à Marseille (ENSPM devenue actuellement école centrale de Marseille) proposant une filière spécialisée en traitement du signal et accessoirement dans les slogans footballistiques du genre "PSG, enculé".

Etape 3

Stages universitaires de fin d'études en vue de l’obtention du diplôme d’Ingénieur, en zones septentrionales, voire hyper-boréales: Finlande puis Irlande.

Dernière année d'études (traitement d'image) et stage universitaire dans le groupe d'imagerie computationnelle du Tampere Institute of Technology (TTKK pour le intimes, campus situé à proximité de la ville de Nokia).

Vente de pommes, de jus du même fruit, de miel et de fleurs sur le "Milk Market" de la ville de Limerick les samedis matins (avec un furieux mal de crane au petit matin à 6h 30 lié à une étude approfondie et quasi exhaustive des différentes bières et Whiskys proposés sur la planète).

Etape 4 :

Thèse en Irlande, de recherche doctorante à l'Université de Limerick, et obtention en 2004.

Le sujet me laisse toujours une migraine tenace : “Near maximum likelihood multi-track partial response detection for magnetic recording”. Traduction possible, mais hasardeuse, en français : "Approche de détection partielle maximale de la réponse d’un enregistrement magnétique multipiste."
Si j'ai bien compris, ce truc visait à la mise au point de disques durs possédant plusieurs têtes de lecture indépendantes pouvant décupler la capacité de stockage et la vitesse de lecture des disques magnétiques et optiques. La bonne centaine de formules kabbalistiques incluses dans la thèse a épuisé toutes les ressources des macros et plug-ins proposés par les traitements de textes en vogue.

Quelques publications retrouvées sur la toile en rapport avec ses travaux : ici

Etape 5 :

Démarché par Philips Hollande, le climat et le laboratoire en secteur industriel proposé pour ses travaux de recherche lui ont fait couper court à l’expérience ainsi qu’à la prise d’antidépresseurs. Seule, la qualité des bières aurait pu le retenir.

Son premier poste en activité l’amènera à gagner l’Hispanie, au climat moins rude, donc aux filles plus régulièrement court-vêtues, et normalement, aux jambes épilées. Ingénieur système à SIDSA, Tres Cantos (Madrid), entreprise espagnole spécialisée dans la conception de modulateurs/démodulateurs de télévision numérique et internet ainsi que dans les dispositifs d'accès sécurisé. Madrid, au grand damne de sa compagne, barcelonaise de naissance et de cœur, il trouvera en fait un support psychologique quant à son choix auprès du père de sa fiancée, madrilène exilé à Barcelone et persécuté pour un entourage pro Barça.

Poste actuel - soulageant sa compagne - au sein de la plateforme de microscopie optique avancée (ADMCF) de l'IRB (Institute Research in Biomedecine of Barcelona à ne pas confondre avec le International Rugby Board), membre du Spanish Network of Advanced Light Microscopy (REMOA).

La Advanced Digital Microscopy Core Facility est une unité jointe à l'IRB de Barcelone et à son parc des Sciences (PCB). Elle a été inaugurée en Janvier 2009  et offre 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 un accès et un support à 16 instruments de pointe ou conventionnels en imagerie dédiée à la recherche en biologie, dans le domaine du criblage à haut débit pour microscopie confocale et multiphonique, utilisant les nouvelles techniques émergentes de manipulation cellulaire et d'imagerie 3D.


Actualité :


Professeur et intervenant en Juin 2012 à : voir iconographie du billet.
Cours en 2013 coorganisés à l'EMBL à Heidelberg.

Et autres actualités à venir...

Publications récentes...

Heidelberg est connue pour son université, la plus ancienne d'Allemagne, fondée en 1386 par Ruprecht Ier du Palatinat, et refondée en 1803 par le margrave Karl-Friedrich de Bade. Les facultés de droit et de sciences humaines sont hébergées dans les anciens bâtiments situés dans la vieille ville tandis que les facultés de sport, de médecine et de sciences se trouvent au Neuenheimer Feld, un campus récent qui date des années 1950. La ville est réputée notamment pour l'enseignement de la physique, de la médecine et de la philosophie.

Le Laboratoire européen de biologie moléculaire, l'Organisation européenne de biologie moléculaire, le Centre allemand de recherche sur le cancer, l'Institut Max Planck de recherche médicale, l'Institut Max-Planck d'astronomie, l'Institut Max-Planck de physique nucléaire, l'Institut Max-Planck de droit public et international comparé sont situés à Heidelberg.

Je vais passer illico à quatre comprimés.

Note : je sais bien que ce qui compte réellement pour des parents, c'est de savoir leurs enfants heureux de leurs choix dans bien des domaines de leur vie. Cela ne m'empêche pas d'avoir un brin d'admiration aussi pour leurs choix de carrière et la satisfaction qu'elle peut leur apporter en complément. Quelques traits d'humour de ce billet cherchent probablement à la masquer.

Note du 07 juin 2013 : rectifications et mises à jour proposées par l’intéressé.

Mars 2017 : Nouveau lien d'activité


jeudi 6 octobre 2011

LA NÉVROSE HYSTÉRIQUE ou le monde du ÇA vous en bouche un coin

Enseignement de Charcot à la Salpêtrière : le professeur montrant à ses élèves (dont Joseph Babinski à droite sur le tableau) sa plus fidèle patiente, « Blanche » (Marie) Wittman, en crise d'hystérie. Tableau d'André Brouillet : Une leçon clinique à la Salpêtrière, 1887 - Source: Wikipédia.
" L'hystérie, c'est lorsque le sexe prend la place du cerveau pour commander la vie."
[Michel Tournier]

Introduction :


Le terme d’introduction doit s’entendre au sens figuré. J’ai lu cependant que Freud - mais les gens sont si médisants qu'il est prudent de ne pas tout croire - en compagnie de ses confrères, donnait parfois dans l’humour salace de corps de garde. Graveleux, il sous-entendait que le meilleur traitement de l’hystérie était peut-être l'injection vaginale biquotidienne sur une durée de plusieurs mois. Vantardise de macho et belle image d'un professionnel qui se lâche !

Les psychologues et psychiatres ont la manie de chambouler régulièrement leurs classifications, de refondre ou d'évacuer des chapitres entiers de leurs opus, de complexifier les anciennes dénominations des affections de la Psyché. Rappelons que dans la mythologie, Psyché était la fille d'un roi. Elle se regardait souvent dans son miroir, au point de léguer son nom a une variété d'entre-eux. Narcisse, lui, le faisait dans une mare. C'était plus dangereux. Pamela Anderson n'était pas encore surveillante de baignade. Psychiatres, psychologues et psychanalystes, peinent à se rapprocher de la rigueur scientifique. La neurobiologie est balbutiante et n'a pas encore de quoi poser les bases d'une physiologie des câblages et des séquences biochimiques en jeu dans les mécanismes de l'élaboration de la pensée. Un domaine complexe de la Médecine favorisant l'éclosion des complexes psychanalytiques érigés en postulats. La publication du  Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux DSM-5 en mai 2013 nous apprend enfin que nous sommes tous à soigner.

Attendant avec impatience que les arguties d'écoles s'essoufflent, je ne m’en tiendrai dans ce billet qu'à d’antiques références ayant eu le mérite, ou le danger, de m'apparaître utiles jadis dans l'exercice abdomino-pelvien de ma spécialité médicale en pouvant faire le distinguo entre la symptomatologie sans doute psycho (après tout) et après tout somatique (avant tout). Le but, limiter le trou (je n’ai pas écrit "limer le trou", pour éviter le lapsus révélateur) de la sécu en ne surmédicalisant pas la sphère pelvienne avec des trucs qui font avant tout mal à la tête.

Historique et définition :

Le terme d'hystérie remonte au médecin grec Hippocrate - je vous en fais le serment - qui inventa ce mot pour décrire une maladie qui avait déjà été étudiée par les Égyptiens. Ils n'en avaient brossé qu’un vague profil (je n'ai pas pu résister à la faire). Le terme est dérivé du mot grec "hystera". Utérus (ou t’es slave), en Français. La maladie, à ces époques éloignées, aurait été intimement liée à l'utérus ; la théorie admise étant que celui-ci se déplaçait dans le corps, créant les symptômes. Platon décrivait ainsi ses causes et ses manifestations dans Timée : «L'utérus est un animal qui désire engendrer des enfants. Lorsqu'il demeure stérile trop longtemps après la puberté, il devient inquiet et, s'avançant à travers le corps et coupant le passage à l'air, il gêne la respiration, provoque de grandes souffrances et toutes espèces de maladies. ». Cette théorie garde quelques partisans au sein des membres de la Secte des Adorateurs de l’Oeuf.

L'étiologie de l'hystérie, indissociable de sa représentation sociale, a beaucoup évolué en fonction des époques et des modes. Elle reste très mystérieuse et controversée. Ainsi, cette affection a disparu des nouvelles classifications (DSM et CIM) du fait de sa connotation psychanalytique et apparaît désormais la catégorie trouble de la personnalité histrionique ou trouble somatoforme. Notons que le diagnostic "trouble somatoforme" exclut les malades - notamment en Suisse - de certaines prestations assécurologiques, ce qui peut être considéré comme une nouvelle manière de dénier la réalité du trouble. Le Suisse se méfie comme la peste de toute manifestation exubérante propice à mettre le feu au Lac.

La définition moderne de l'hystérie donnée par Antoine Porot est : « une disposition mentale particulière, tantôt constitutionnelle et permanente, tantôt accidentelle et passagère, qui porte certains sujets à présenter des apparences d'infirmité physiques de maladies somatiques ou d'états psychopathologiques.». L'association de manifestations permanentes ou récurrentes, fréquemment des paralysies, des troubles de la parole ou de la sensibilité, et d'autres transitoires, tels que des crises pseudo-épileptiques ou des comas «psychogènes», constitue la forme la plus courante de cette maladie. Depuis Freud et Janet notamment, elle est considérée comme une névrose dont l'histoire s'est longtemps confondue avec celle d'hystérie.

Ce genre de définition moderne m'incite une fois de plus à penser qu'ils ne sont pas vraiment clairs ces gens là...

Les deux grands modes hystériques :

- Dans le premier, l'infantilisme et l'immaturité sont marqués. On assiste beaucoup plus fréquemment dans ce type à des conversions (voir ci-après, ou lire les Actes des Apôtres).

- Dans le second, le mode de conversion le plus fréquent est la dépression névrotique (responsable de la chute actuelle du CAC 40).

Le caractère oral prédomine chez l’hystérique:

Caractère avide marqué par un besoin de dépendance avec un sentiment d’insatisfaction régulier. D'où, marques de jalousie, d'envie, tendances possessives, impatience, impulsivité et exigence. Sujets expansifs et agressifs, chez qui on constate une valorisation excessive de la parole, des plaisirs oraux. Aspect manichéen des investissements en tout bon ou tout mauvais sans possibilité de nuance, de compromis et d'ambivalence. Le sujet dévore tout et tout le monde. Tel le tonneau des Danaïdes, il ne se perçoit jamais rassasié et ne ressent d'une relation que le moment où elle s'achève. Cette sensibilité à la frustration prédispose ces sujets aux réactions dépressives et à une grande dépendance à l'égard des autres. L'envie représente l'aspect le plus destructeur de l'oralité. La relation d'envie est, au niveau fantasmatique, une relation de dévoration ou de vampirisation au cours de laquelle le sujet désire absorber toutes les qualités de l'objet envié et se les approprier entièrement. Elle implique une conduite très agressive et même destructrice.

Je sais, ça fout les boules.

1- Les Symptômes de conversion :

Ils sont la traduction symbolique au niveau du corps d'un conflit inconscient. La représentation du conflit est refoulée tandis que l'affect lié à ce dernier est converti en un compromis symptomatique qui dans le cas de l'hystérie a un sens précis directement lié au conflit originel qu'il exprime sous une forme déguisée. Symptômes organiques les plus variés n'entrant pas dans le cadre de la pathologie habituelle. Ce versant a évolué au cours des époques en fonction des pathologies à la mode susceptibles d'être mimées à son insu par l'hystérique. Le tableau de la grande crise d’hystérie de Charcot copiant des pathologies neurologiques spectaculaires ne se voit plus qu’exceptionnellement. C'est presque à regretter pour la facilité du dépistage qui était à la portée du premier ou du second venu.

Actuellement les manifestations symptomatiques sont beaucoup plus frustres: aphonie transitoires récurrentes sans pathologie ORL retrouvée, vertiges idiopathiques, crises d'allure épileptique, algies rhumatismales sans support objectif, conjonctivites idiopathiques, atopie cutanée, cystites à urines claires, oubli de régler la consultation du médecin, etc.

2- Les manifestations de caractère :

a - Avidité relationnelle avec intensité et instabilité des attachements. Labilité émotionnelle due à l'impossibilité d’intégrer la notion d'ambivalence. Réponses émotionnelles intenses dues à une sensibilité exacerbée: "Docteur, c'est le cœur?". Menaces et pulsions suicidaires. C'est cette période qui sonne le retour des défects de la période œdipienne. L'hystérique continuerait à vouloir le père pour elle toute seule, son admiration qui rassure et valorise. Attention, pères trop présents, symboliquement, ou réellement devant votre télé pour ne pas rater un match du PSG.

b- Suggestibilité et dépendance : transe, possession, fascination face aux phénomènes de mode, groupies exaltées (surtout les adulatrices du sous-genre du rock alternatif qu’est le "grunge"). Recherche perpétuelle de modèles entraînant parfois une pensée imaginaire ou magique proche de la mythomanie... blue... oh manie blue. Puérilisme abandonnique avec dévalorisation de soi. Identifications labiles soumises au désir de l'autre plus qu’à ses propres envies (n'hésitez jamais à préciser à l'hystérique que les toilettes sont au fond du couloir).

c- Théâtralisme ou histrionisme (un histrion est un mauvais comédien). L'hyperexpressivité et la propension de l'hystérique à jouer la femme proviendrait du fait qu'elle n'est pas sure de l'être (s’agirait de lui indiquer les caractéristiques qui font consensus). C'est une demande exagérée au regard, un besoin d'attirer l'attention sur elle et de séduire l'entourage. Cette incapacité à être authentique exprime trop sa volonté de plaire. Ceci amène souvent l'hystérique à se positionner dans le champ du désir de celui ou de celle qui veut bien l’écouter ou l’applaudir. On ne peut pas la rater sur une photo, sur une scène, ou dans un film. C’est plus simple.

d- Quête de la perfection : elle entraîne des hésitations pendant des heures pour le moindre choix. L'hystérique croit devoir cacher des lacunes, des trous, qui exposeraient aux rires et au mépris. L'hystérique ne se trouve jamais assez intelligente. Insatisfaction marquée concernant sa plastique. Qu’on me trouve une femme qui ne ressemble pas vaguement à ce descriptif. Coté peu discriminant de cette manifestation de caractère, m'est avis...

e- Recherche de femmes modèles : l’hystérique leur demande comment assumer sa féminité, car elle n’est pas vraiment sure de l’être. Gynécophilie larvée. Fantasme de la femme fatale avec recherche d'un modèle. Moi, par contre, je recherche une femme modèle, blonde si possible, et à forte poitrine.

f - Perversité : intrigues et recherche de la zizanie. Combat dirigé contre un ordre établi ou certaines instances à connotation d’autorité. Refus de tout ce qui entrave l'expression de son message ou l'évince du rôle principal. L'art avec lequel l'hystérique sait trouver les mots blessants, ceux qui révèlent les faiblesses de l'autre sont une illustration du rôle de la bouche. Cette arme peut être destructrice lorsque celui qu'elle vise est celui-là même qui interdit l'expression du message hystérique, c'est à dire, qui en a peur. Dans le domaine de la sexualité, l’hystérique cherche inconsciemment à mettre l’homme en échec. C'est vrai, lorsqu'elle s'enfuit en courant, l'érection en prend un coup. Elle a du mal à concevoir que les deux partenaires sont à égalité dans l'acte. L'hystérique trouverait plus de plaisir au jeu qu'à l'acte. Certains, allant trop vite en besogne, parlent d’allumeuses de rêves berbères aimant crier au feu. Et, il n’y a pyromane que celui qui ne veut pas entendre.

g- Relations de séduction et de conquête, et leur opposé, bouderie et vengeance (faudrait savoir). Impression pour le spectateur d'hyperadaptabilité de l'hystérique en société. Elle paye le prix de cette volonté de séduction tous azimuts en nourrissant parfois des fixations amoureuses sans espoir, fantasmées quant à leur réelle réciprocité. Il était trop vert et bon pour les goujats, peuvent-elles prétendre quand l'objet de leur désir ne répond pas à leurs attentes. Ou bien, en représailles, elles font cuire le lapin des enfants de l'objet amoureux dans la cocotte minute du repas de famille. Ce dérapage de l'hystérique n'est pas fatal (sauf pour le lapin).

EMC 1994 (les mises à jour de l'Encyclopédie Médico Chirurgicale étant particulièrement onéreuses je les ai arrêtées à cette date...)
Les traits cliniques les plus constants par ordre de fréquence, ou le top sept: 1- Histrionisme 2- Égocentrisme 3- Labilité émotionnelle 4- Dépendance 5- Excitabilité 6- Attitude de séduction omniprésente 7- Suggestibilité.
N.B.: les troubles majeurs de la sexualité sont quasi absents dans les études récentes. Comme quoi...

Hypothèses psychanalytiques :

Le mécanisme de défense prévalent chez l'hystérique est le refoulement. Il se manifeste par l'amnésie de faits anciens importants. La vue d'un poster de Michael Jackson dans l'enfance est un bon exemple. L'analyste constate l'absence apparente de nombreux souvenirs de leur enfance. Ceci entraîne une véritable inhibition intellectuelle. Elle est particulièrement marquée dans les situations à forte charge émotionnelle. Les séquences sociales à valeur promotionnelle et de rivalité induisent des crises: examens; présence d'une adversaire affective; jugement d’un supérieur hiérarchique; clash à la Star Academy.

Le caractère oral qui sous-tend l'hystérie explique l'importance de la bouche et de la gorge comme point électif de somatisation: dysphagie - aphonie - modification de la voix – toux en public dans une atmosphère silencieuse, chut... - boule de l'angoisse - rouge à lèvres au radium – baisers voraces ("Attention, j'étouffe") – colliers, cache-col et autres bimbeloteries. L'hystérique doit toujours se réconcilier avec la parole, avec la voix.

On peut invoquer comme rôle prédisposant à la personnalité hystérique, un dégoût de la mère pour les selles du nourrisson quand elles ne sont plus celles de l'allaitement. Peut-on la condamner catégoriquement? La perte du sein maternel ("Il est passé où ?") associée au discrédit de ses fèces (ce qui sort de lui-même… si ça le fait chier) peut entraîner chez le nourrisson un traumatisme narcissique frontal, amenant la recherche anxieuse future d'une reconnaissance de son image et le souhait de la perfection dans l'objet amoureux, et pour ce qui la concerne. Adulation du compliment et rires de gorge associés (voire le film "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain"). Troubles des conduites alimentaires souvent présents dans l'hystérie (Anorexie mentale, oh!, ou excès boulimiques à en vomir).

Pour Freud,  la vengeance, chez l’hystérique consiste à interrompre les expériences au moment où elles sont les plus profitables, comme pour faire payer à l’autre un plaisir qu’elle sentait ne plus pouvoir contrôler. A la place de Freud, assis derrière le divan, j’aurais envisagé une pointe de masochisme, mais il a dû écrire cela quelque part…

Attention, le paragraphe qui suit est à déconseiller aux enfants de moins de la résolution de l’Œdipe !
Les manifestations morbides sont pour ainsi dire l'activité sexuelle de l'hystérique. Les symptômes hystériques apparaissent pendant la continence, la libido revenant à son ancien lit. Dyspnée, gémissements rauques et palpitations peuvent être assimilées à des fragments isolés du coït.
Les dates ne sont jamais sans importance pour l’hystérique comme pour les habitants du Maghreb.
Les sentiments gynécophiles (en douce) doivent être considérés comme typiques dans la vie amoureuse inconsciente des jeunes filles hystériques. Elles ont la volonté de corriger le présent d'après l'enfance. Le roman de la mère devient souvent celui de la fille. Mesdames, ne laissez pas traîner "Madame Bovary" sur votre table de nuit.

Conclusion pompeuse :

Quelque chose de la sexualité humaine est toujours lié à l'insatisfaction. Seuls ceux qui l'assument sont capables d'aimer. La perfection dont on a vu qu'elle était le souci de l'hystérique, existe peut-être dans l'amour, mais sans qu'elle se puisse confondre avec l'image idyllique ou naïve dont on sait trop les origines paradisiaques. En effet, un homme et une femme ne répètent pas le lien d'un nourrisson à sa mère. Ils ont à inventer leur amour, et tous les guides, tous les modèles, tous les exemples ne peuvent que les renforcer dans des moments d'amertume en les privant du recours à eux-mêmes.

Les hystériques ont été surprises dans l'enfance par un événement sexuel réel ou fantasmé dont elles n'ont réussi ni à comprendre le sens ni à maîtriser l'émotion. Seule la psychanalyse peut mettre à jour ce souvenir refoulé et entraîner une guérison spectaculaire de la névrose.

L'hystérique doit renoncer à parfaire le père réel et lui accorder le droit aux imperfections, aux échecs, aux déficiences. A partir de là, elle sera prête à s'accorder les mêmes droits et quitter sa quête anxieuse de la perfection.

A croire que l'hystérique est une fan du mythe du Prince Charmant. Celui qui doit traverser les lacs de lave pour la retrouver, terrasser des dragons abominables, nettoyer les écuries d'Augias, sauver le soldat Ryan, venir les délivrer de leur donjon pour les enlever en croupe sur un fier destrier, et surtout la boucler quand il constate qu'il s'est fait gruger sur la marchandise. La quête de la perfection ne doit pas être confondue avec la recherche d'un débile profond. En admettant qu'il existe, le Prince Charmant, il a peu de chance de se trouver bien longtemps sur le marché. Grosse probabilité d'être déjà en main.  En plus, comme il a vraisemblablement croisé un paquet d'hystériques dans ses aventures, il les fuit désormais comme la peste. Cacher des imperfections pour séduire l'homme parfait, c'est le truc vicelard qu'il a eu du mal à encaisser.

***

Sources et mise en garde:

- un tas de bouquins poussiéreux traînant dans un placard de la Mansarde. Ce billet se voulant essentiellement sarcastique est un résumé de ce que j'avais lu sur la question. Ce n'est pas une étude sérieuse sur le sujet. Je vous ferai grâce de mes références. Les spécialistes préféreront bien entendu les leurs. A chacun ses dogmes. Cette dernière phrase a de quoi d'ailleurs soulever bien des inquiétudes pour les patients.
- un lien - au ton plus sérieux que celui de ce billet - proposant un résumé moderne intéressant qui peut être un bon point de départ à la discussion sur cette névrose. L'hystérie masculine y est rapidement décrite.

Note : à vous de retrouver les passages ajoutés par l’auteur et prière de prendre tout cela au second degré. Sur fond d'observations cliniques connues et rabâchées mais toujours propices aux débats partisans des spécialistes, je voudrais indiquer qu'à mes yeux, l'hystérique court le risque d'aller mieux en se prenant moins au sérieux.

samedi 21 mai 2011

Seul au monde


Cela fait des jours que l’on n’a donné signe de vie à quiconque, et aujourd’hui, parce que personne ne nous donne de ses nouvelles, on décrète qu’on est seul au monde. On peut mourir comme un chien, l’univers s’en souciera comme d’une guigne. Le mot guigne est à comprendre dans le sens de cerise. L’expression a ses limites, j’adore les cerises.

La pensée est partisane qui chemine ainsi et nous rend indulgent vis-à-vis de nos défaillances dans le commerce à autrui et sans merci concernant leurs silences passagers. D’aucuns, pour se prémunir de ce constat, maintiennent coute que coute en ordre de marche un réseau de communication dru. Ils cumulent les impératifs quotidiens fixés par décret qui les poussent à voir du monde. Courte liste me venant à l’esprit mais pouvant s’allonger à loisir : les coups de fil tout aussi ponctuels que rituels aux proches, le respect scrupuleux des engagements corporatifs multiples auxquels ils ses sont abonnés à vie, les invitations programmées circulaires entre couples amis, les principes de vie respectant scrupuleusement l’étiquette de la conversation de bon voisinage, ou encore, plus banal, l’inflation voulue d’une activité professionnelle en équipe. Le système de défense contre les états d’âmes suspects leur paraît ainsi blindé. L’homme étant un être profondément social, comme disait Toumichtouf, il n’est pas sans intérêt de le gaver de ces séances d’exercices imposés de renforcement. La vie contemplative, voire d’ermite troglodyte, ne saurait faire courir à "Homo sociabilis" qu’un risque de marginalisation progressive. On pourrait ajouter, celui de déchéances morale, financière, musculaire, et allons-y tant qu’on y est, sexuelle et sphinctérienne.

Cependant, y réfléchissant un peu à l’écart et prenant du coup le statut de rebelle, la discipline de fer que s’imposent les forcenés du premier cas de figure ne les rend pas mieux lotis que les seconds dans leur grotte. Du point de vue psychique, pas vraiment plus blanc-bleu. Cette boulimie sociale est la plupart du temps un tourbillon cherchant l’étourdissement et son entretien. L’activiste maniaque abhorre la plage horaire libre propice à l’immiscion de la pernicieuse angoisse. Celle-ci, guettant le moindre relâchement coupable, attend tapie dans l’ombre, prête à bondir. Je sais ça fout les j'tons. Sous contrôle de Sigmund & Co, les techniques employées et déployées par ce type d’individus se rapprochent de méthodes contre-phobiques. On peut imaginer que certains activistes jusqu’au-boutistes gardent en eux le souvenir traumatisant d’un épisode de vie. Bloqués un jour un temps trop long en zone de transit, survenue subite et inquiétante d’une bouffée de remise en question traîtresse? Un flash mental épileptogène d’interrogations existentielles perturbantes dont ils étaient jusqu’ici protégés? Leur conditionnement mental aurait des failles? Auquel cas, l’oisiveté est bel et bien la mère de tous les vices. En effet, qu’y a-t-il de pire que de réfléchir seul, même un peu, au sens de sa vie ?

In medio stat virtus, bien entendu, dans ce domaine comme dans d’autres, empressons-nous de conclure plein d’imagination. Le poncif est souvent de mise quand la clochette intimant la synthèse tintinnabule à notre oreille. Homo sociabilis ne serait-il pas avant tout un funambule qui doit apprendre sa vie durant à avancer sur une corde raide, quitte, par moment, à se retrouver la figure par terre, pas mécontent pour le coup de se retrouver seul au monde pour regrimper ni vu ni connu sur sa corde ?

Note: voili, voilou, version revue et corrigée pour les neurones grisonnants ou pas des lecteurs. Lire les commentaires.

lundi 25 octobre 2010

Tous des machos




Il va sans dire que je désapprouve au plus haut point toutes les citations de ces personnages célèbres, machos impénitents, à part la dernière, celle d’une femme qui s’offre un droit de réponse. Bien entendu, ce billet ne se veut qu’un triste constat, mais, ô combien édifiant…


" Le misogyne ne méprise pas les femmes. Le misogyne n'aime pas la féminité. Chez la femme, l'adorateur vénère la féminité, alors que le misogyne donne toujours la préférence à la femme sur la féminité."


Milan Kundera - Le livre du rire et de l'oubli -


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"Quel besoin de se venger d’une femme ? La nature s’en charge ; il n’y a qu’à attendre." - Aurélien Scholl -

"Les femmes se prennent comme les lapins… par les oreilles." -
Victor Hugo -

"Les hommes intelligents ne peuvent être de bons maris, pour la bonne raison qu’ils ne se marient pas." -
Henry de Montherlant -

"La femme est naturelle, c'est-à-dire abominable." -
Charles Baudelaire -

"Le seul secret que gardent les femmes, c’est celui qu’elles ignorent." -
Sénèque -

"La femme : un chameau que Dieu nous donne pour traverser le désert." -
Mahomet -

"La femme parle à un homme, en regarde un autre, et pense à un troisième." -
Bhartrihari -

"Il y a mille inventions pour faire parler les femmes, mais pas une seule pour les faire taire." -
Guillaume Bouchet -

"C’est le rôle des femmes de fuir devant les hommes lors même qu’elles ont le dessein de se faire attraper." -
Montaigne -

"Femme qui dort ne fait mal à personne." -
Claude Mermet -

"La femme est comme une ville :
Quand la prise en est si facile,
Elle est difficile à garder." -
Jean Bertaut -

"Il est quelquefois agréable à un mari d’avoir une femme jalouse : il entend toujours parler de ce qu’il aime." -
La Rochefoucauld -

"Il vaut mieux être marié qu’être mort." -
Molière -

"Le style a un sexe et on reconnaît les femmes à une phrase." -
Pierre Marivaux -

"Les Français ne parlent presque jamais de leurs femmes ; c’est qu’ils ont peur d’en parler devant des gens qui les connaissent mieux qu’eux." -
Montesquieu -

"La femme coquette est l’agrément des autres et le mal de qui la possède." - Voltaire -

"Les femmes ressemblent aux girouettes, elles se fixent quand elles se rouillent." -Voltaire -

"Les femmes sont comme les côtelettes, plus on les bat, plus elles sont tendres." -
Frédéric II -

"Il est des femmes comme des prêtres appartenant à des religions différentes : elles se haïssent, mais se protègent." -
Denis Diderot -

"Les cigales sont bienheureuses d’avoir des femmes muettes." -
Claude-Adrien Helvétius -

"Certaines femmes ne deviennent spirituelles qu’en vieillissant ; on dirait qu’alors elles travaillent à se faire écouter pour empêcher qu’on les regarde." -
Jacob Bibliophile -

"Les femmes pardonnent parfois à celui qui brusque l’occasion, jamais à celui qui la manque." -
Talleyrand -

"Les femmes ressemblent aux maisons espagnoles, qui ont beaucoup de portes et peu de fenêtres. Il est plus facile d’y pénétrer que d’y voir clair." -
Jean Paul Richter -

"Dieu, dans sa divine prévoyance, n’a pas donné de barbe aux femmes parce qu’elles n’auraient pas pu se taire quand on les eût rasées." -
Alexandre Dumas -

"Rien n'est plus rare qu'une femme qui a tort et n'est pas de mauvais caractère." - Jules de Goncourt -

"Si tu veux connaître les défauts d’une femme, adresse-toi à sa meilleure amie." -
Jules Barbey d’Aurevilly -

"C’est à bon droit que l’île d’Ithaque est restée célèbre : une femme y fut fidèle." -
Stahl -

"C’est souvent la femme qui nous inspire les grandes choses qu’elle nous empêche d’accomplir." -
Alexandre Dumas Fils -

"Aux yeux des femmes, le plus joli causeur est celui qui les écoute." -
Edmond About -

"La bourse ou la vie, le voleur vous laisse le choix. La femme exige les deux." -
Samuel Butler -

"Une femme peut dire la vérité, mais c’est toujours quand elle prépare un alibi pour un prochain mensonge." -
Henry Becque -

"Que de femmes sont ridicules que parce qu’elles se donnent l’air de refuser ce qu’on ne leur demandait pas." -
Edouard Depret -

"Celui qui réussit avec les femmes est celui qui sait s’en passer." -
Ambrose Bierce -

"Les femmes sont faites pour être aimées, non pour être comprises."
"Les célibataires aisés devraient être lourdement imposés. Il n’est pas juste que certains hommes soient plus heureux que les autres."
"Les femmes deviennent comme leur mère, c’est leur malheur."
-
Oscar Wilde -

"On compare souvent le mariage à une loterie. C’est une erreur, à la loterie, on peut parfois gagner." -
Georges Bernard Shaw -

"Je veux bien être embêté par les femmes, mais pas tout le temps par la même." -
Alfred Campus -

"Je ne crois pas beaucoup à la loi de la pesanteur, il est en effet plus facile de lever une femme que de la laisser tomber." -
Georges Courteline -

"Le mariage est l’art difficile, pour deux personnes, de vivre ensemble aussi heureuses qu’elles auraient vécu, seules, chacune de leur côté." -
Georges Feydau -

"Il y a dans l’adultère une minute exquise : celle où on commence à préférer le mari à la femme." -
Albert Guinon -

"Il y a deux ans que je n’ai pas parlé à ma femme, c’était pour ne pas l’interrompre."
"La femme est un roseau dépensant."
-
Jules Renard -

"Les femmes ne sont guère changeantes ; elles restent elles-mêmes jusque dans leurs contradictions." -
Henri De Régnier -

"Ne rentrez jamais chez vous à l’improviste. Si votre femme n’est pas seule, vous l’ennuierez, et si elle est seule, c’est vous qui vous ennuierez."
"Quand une femme vous donne rendez-vous, elle ne sait jamais si elle consentira ou si elle ne consentira pas ; c’est même pour le savoir qu’elle donne le rendez-vous."
-
Tristan Bernard -

"Souvent les femmes ne nous plaisent qu’à cause du contrepoids d’hommes à qui nous devons les disputer." - Marcel Proust -

"Dieu créa l’homme et, ne le trouvant pas assez seul, il lui donna une compagne pour mieux lui faire sentir sa solitude." -
Paul Valéry -

"L’avantage d’être célibataire, c’est que lorsqu’on se trouve devant une très jolie femme, on n’a pas à se chagriner d’en avoir une laide chez soi." -
Paul Léautaud -

"Si vous voulez qu’une femme écoute ce que vous lui dites, dites-le à une autre." -
Marquis Robert de Flers -

"Livre prêté, jamais rendu ; femme prêtée, toujours rendue." -
Charles Régismanset -

"Il y a au moins un point sur lequel hommes et femmes sont d’accord : ils ont aussi peu confiance les uns que les autres dans les femmes." -
Henri-Louis Mencken -

"Les femmes croient sincèrement qu’elles s’habillent pour nous. Mais la vérité, c’est qu’elles s’habillent pour s’étonner réciproquement." -
Francis de Miomandre -

A une dame très laide, Groucho Marx déclara : « Je n’oublie jamais un visage, mais pour le vôtre, je ferai une exception. » -
Groucho Marx -

"Il y a un mariage qui rend un homme heureux : celui de sa fille." -
Marcel Achard -

"Il y a des femmes que l’on n’écoute que d’un œil."
"Il se mit à manquer de respect aux femmes : à ne plus se retourner sur leur passage."
-
Gilbert Cesbron -

"Le silence est la seule chose en or que les femmes détestent." -
Pierre Daninos -

- Quel décolleté, Madame ! Quel décolleté, Madame !
- Pourquoi le dites-vous deux fois ?
- C’est l’écho !

" Ma femme est sans défense : heureusement pour elle, on la confondrait avec un éléphant."

" Tant d'hommes perdent leur temps à demander à leur femme de changer, alors qu'il est plus rapide de changer de femme? "
-
Pierre Doris -

"Il est faux que les femmes frigides vivent plus longtemps que les autres. Simplement, le temps leur semble plus long." -
François Cavanna -

"Les longues fiançailles, c’est toujours autant de gagné sur la vie conjugale !"
"L’homme marié trouve dans le lit conjugal ce qu’il ne trouverait dans le lit d’aucune autre femme : la sienne." -
Noctuel -

"Les amours impossibles : elle est impénétrable, il est inébranlable." -
Roland Bacri -

"Les hommes adorent les connes, c’est pour ça qu’ils ont tout fait au cours des siècles pour qu’elles le restent." -
Georges Wolinski -

"En fait, en l’état actuel de nos connaissances, rien ne permet de confirmer la présence d’une âme chez la femme." -
Pierre Desproges -

"Toutes les femmes sont idiotes, sauf celles qui le savent." -
Inconnu -

"Si les femmes n’avaient que les défauts que les hommes leur prêtent, elles seraient bien prés de la perfection." -
Louise de Vilmorin -

samedi 22 août 2009

L'enfer est-il exothermique ou endothermique?

Highslide JSLes exégètes et les historiens seraient au paradis ou en enfer si l’on découvrait un jour le probable proto-évangile dont s’est inspiré Saint-Jean l'évangéliste pour écrire le plus ancien des quatre canoniques. Les trois autres, dénommés synoptiques parce que racontant des histoires semblables pouvant être mises côte à côte, ne sont que des plagiats plus tardifs du précédent, agrémentés au fil du temps et des volontés de prosélytisme des uns et des autres, de carabistouilles, enjolivures, erreurs cumulatives de traductions plus ou moins volontaires ayant fait gloser les pères de l'Église à n’en plus finir, couper les cheveux en quatre et définir cinq grandes hérésies au Vème siècle de l’ère chrétienne: arianisme, nestorianisme, monophysisme et adoptianisme, principalement. N’oublions jamais qu’avant cette date circulaient une autre bonne vingtaine d’évangiles déclarés apocryphes, recalés par les canonistes.

Il en va de même de nos jours de canulars et «hoaxes» sur Internet. Celui que je vous propose remonte au moins à 1999 et a fait l’objet de nombreux billets par la suite. Son point de départ est hypothétique, probablement américain. Quelques tournures de phrases et expressions, la loi de thermodynamique des gaz privilégiant Boyle à Mariotte, vont dans ce sens. Plus consensuelle, la loi d’Avogadro qui tient compte au moins de la température du gaz serait d'ailleurs à privilégier: R = P0V0/T0

Que ce soit en fait un professeur de philosophie ou de chimie de Washington, de Montréal, de Montpellier ou de Nanterre qui, soi-disant, aurait posé cette question bonus lors d’un partiel à ses étudiants, je m’en tamponne le coquillard comme un malade. Par contre, les commentaires variés qui ont fleuri sous ces billets, parti-pris religieux, sentences foireuses de physiciens à la petite semaine, arguties mettant à jour telle ou telle faute de raisonnement, postulats physiques inadaptés au transcendantal, syllogismes du genre toutes les poules sont donc kleptomanes, l'épaisseur des parois de l’enfer n'est pas définie et j’en passe, sont indubitablement en faveur d'un fait scientifique: la connerie humaine est en expansion constante.

Une fois encore, seuls l’humour et la poésie ne me feront jamais totalement désespérer du genre humain. Je vous livre une mouture de cette question d’examen improbable, fable humoristique bien écrite se foutant par anticipation de tous ceux qui la prendrait au sérieux:

vendredi 28 novembre 2008

Pinaillerie



L'article de Wikipedia en forme de dithyrambe portant sur l'expression célèbre employée dans son discours par John F. Kennedy lors de sa visite à Berlin-Ouest le 26 juin 1963, «Ich bin ein Berliner», balaye d'un trait de plume la remarque de quelques journalistes signalant que son conseiller eut du lui faire préférer alors: "Ich bin Berliner". L'auteur de l'article se rattrappe aux branches en mettant l'expression en parallèle avec une plus antique: "Civis romanus sum".

Il est de bon ton de faire l'apologie de ce président des États-Unis assassiné durant son mandat, comme d'autres, ne l’oublions pas. De bon ton, de se pâmer devant l'image d'Epinal de ce jeune et beau père de famille à la vie exemplaire, mort en campagne. Quelques biographies actuelles font plus que la ternir. Les maladresses diplomatiques de ses services officiels (ou non) ont bien failli tout de même déclencher une guerre nucléaire. Pourquoi vouloir dénier à tout prix la possible méprise?

Dernièrement, ARTE, dans son émission récurrente consacrée à l'usage variable des mots ou d'expressions de chaque coté du Rhin, "Karambolage", revenait incidemment sur l'anecdote. Leurs spécialistes semblaient moins péremptoires: je suis «un» Berlinois fait plutôt imaginer chez nos amis Allemands qu'on se prend pour un beignet...

Je n'ai malheureusement pas retrouvé la vidéo de cette émission sur le site de la chaîne. Vous aurez peut-être plus de chance que moi en fouinant à partir de ce lien: lien pour les fouineurs.

jeudi 11 septembre 2008

La politique du chien crevé au fil de l'eau


« Je suis pour le communisme, je suis pour le socialisme et pour le capitalisme, parce que je suis opportuniste. Il y en a qui contestent qui revendiquent et qui protestent, moi je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste, je retourne ma veste toujours du bon coté… Je crie vive la révolution, je crie vive les institutions, je crie vive les manifestations, je crie vive la collaboration… A la prochaine révolution je retourne mon pantalon. »



Encore une expression ou citation dont on finit par perdre l’origine. J’avais notion d’une source chinoise. Une recherche sur internet la prête à un listing d’auteurs dont je vous épargne les noms. Peu importe, cette métaphore s’applique parfaitement à nombre d’entreprises humaines depuis que des décisionnaires élus ou autoproclamés veillent aux trajectoires rectilignes des tribus, peuplades, peuples ou nations à la surface de notre globe. "L’Homo Politicus", obnubilé par l’idée fixe de se faire réélire, agit avec parcimonie et uniquement dans l’urgence. Ses choix ne sont pas motivés par une volonté farouche d’anticiper les problèmes, mais par la pratique experte du boniment cherchant à persuader ses concitoyens qu’on agit, alors qu’on ne fait que poser une rustine de plus sur une chambre à air grêlée de patchs comme un visage d’adolescent acnéique. Tout le monde sait qu’on ne finit par mettre un panneau "Stop" à un carrefour dangereux qu’après bien des hécatombes. Ainsi, pour reprendre l’image du titre du billet, aucun responsable ne prend la décision de retirer le chien crevé qui pollue la rivière mais on envoie un lampiste municipal, muni d’un bâton, repousser la carcasse échouée sur la berge pour qu’elle aille se prendre plus en aval dans des branchages hors des limites du secteur administré.

L’écologie est un domaine qui illustre avec splendeur les habitudes irresponsables ou cyniques d’hommes cultivant une autre expression qui va dans le même sens : « Après moi le déluge ! »

Lycéen de l’Est de la France dans les années soixante, un de mes professeurs de Sciences Naturelles abordait souvent le sujet des mines de fer et de charbon de la région. Il nous indiquait que leur exploitation dispendieuse en comparaison de celle d’autres pays du globe, aux minerais plus riches et d’accès plus facile, devait nous faire envisager rapidement la fermeture progressive de nos puits. Il affirmait également que les réserves pétrolières mondiales n’étaient pas élastiques. Il jugeait intéressant de trouver dès maintenant des sources d’énergie renouvelables pouvant soutenir la demande exponentielle d’une population mondiale qui explosait. Il embrayait alors sur les produits de consommation faisant appel à d’autres ressources mais devant suivre la même logique d'anticipation. Il soulignait le rôle essentiel des grandes forêts pluviales, poumons de notre planète, et les dangers d’une déforestation massive ou d’une exploitation inadéquate. Il nous faisait valoir les risques de la surexploitation des terres arables, du remembrement à tout crin, et ceux d’une politique aveugle entichée de productivité. La pollution était pourtant à peine au goût du jour. Il prophétisait la spoliation future des ressources alimentaires des océans qu’on imaginait inépuisables au vu des surfaces qu’ils couvrent. Il nous faisait surtout découvrir la fragilité de la chaîne écologique en nous exposant les conséquences funestes des générations précédentes d’apprentis sorciers. J’avais retenu à l’époque l'explication exemplaire de la disparition éclair de tribus d’Amérique du Sud à l’époque des conquistadors. C’était l’importation de maladies non endémiques chez eux, plus que les tueries, qui était à la base de la fulgurance du phénomène.

Un demi siècle plus tard, je souris vaguement au discours, soi-disant novateur, d’un politicien américain bâtissant son fond de commerce sur le réchauffement de la planète. Je ricane de l’engouement, aussi soudain que troublant, de nos responsables pour cette cause, forcés une fois de plus d’agir dans l’urgence alors que leurs prédécesseurs, qui avaient le temps, ont pourri la planète en laissant voguer au gré du courant des flottilles monstrueuses de chiens crevés.

vendredi 1 août 2008

Août trouver le calme?

La ville au mois d’août, désertée par les vacanciers, devrait nous permettre d’échapper au tohu-bohu.

Une bonne partie de sa population est partie, stoïque, se jeter dans les embouteillages des routes du Sud pour gagner ses plages surpeuplées défendre sans grand espoir un lopin de sable contre les raids dévastateurs de hordes de bambins ou d’adolescents turbulents à l’éducation exquise*, au milieu des tirs croisés de ballons de plage. Douce illusion que d’imaginer que pour autant sa cité baigne dans un calme propice aux ballades agréables. On parcoure en fait une ville éventrée, jonchée de décombres proches de ceux des champs de bataille de la première guerre mondiale. Tranchées en tous sens, labyrinthe gorgé de déviations dues aux travaux de voirie vous amenant à passer par l'Antartique pour rejoindre son centre ou rentrer à son domicile. Slalom périlleux au son d’un orchestre interprétant en marteau-piqueur majeur un adagio sur bitume en fusion pour meuleuses, pelleteuses et autres engins de chantier ototoxiques.

L’alternative qui consisterait à rester dans son nid douillet s’avère tout aussi calamiteuse. Les gens qui ne partent pas en vacances, s’ennuient. Alors, pour s’occuper sainement, ils aménagent bruyamment leur fief. Autre concert: meuleuses de plus petit gabarit mais tout aussi stridentes, perceuses au potentiel sonore redoutable et redouté, scies sauteuses stridulantes, tondeuses à gazon rageuses et bien entendu (c’est clair !) moteurs tonitruants des camions de transport livrant les matériaux. En bonus: la fanfare des klaxons des véhicules bloqués dans votre rue servant de déviation aux travaux urbains évoqués plus-haut. A croire qu’en été, les édiles des grandes villes, avec une bienveillance et un discernement louables, versent «larga manu» aux entrepreneurs la plus grande part des impôts soutirés à leurs contribuables pour aménager la voirie, lieu d’hébergement principal des sans-abris. Enfin, le soir venu, fenêtres ouvertes pour recueillir un peu de fraîcheur, on profite à merveille des éclats de voix des disputes conjugales du quartier, du vacarme des réunions de famille et des fêtes étudiantes arrosées se prolongeant jusqu’à l’aurore. La jeunesse* désœuvrée parcoure la cité au guidon d’engins aux pots d’échappements sans chicanes en toute impunité, histoire de se faire remarquer un peu et de faire râler les vieux, ou mieux, quand éventuellement le permis est en poche, au volant de voitures équipées d’autoradio de 2000 watts, musique à toc, fenêtres baissées pour en faire profiter dans le sillage la population rescapée.

Rien de bien neuf me direz-vous. Les nuisances sonores sont en tête des doléances publiques? C’est vrai. Alors... fuir la ville? Je me souviens d’un texte d’un auteur allemand du milieu du XXème siècle (les maux de tête provoqués par le vacarme urbain m’empêchent de retrouver le nom de l’auteur) qui célébrait les bienfaits de la vie à la campagne loin des bruits de la ville: motos et mobylettes qui traversent de nuit à toute allure la rue principale, passages matutinaux de meutes de tracteurs sous ses fenêtres, vacarme joyeux des moissonneuses-batteuses dans les champs durant les après-midi languissants d’été, engins forestiers en rut agrémentant de leurs brames ses promenades sylvestres. Il évoquait aussi la joie de se sentir accompagné d’essaims vrombissants de joyeux insectes piqueurs jusque dans son refuge. Les réveils nocturnes suaves liés aux aboiements incessants des chiens du voisinage ou les sonneries puissantes régulières du clocher du village. Quel bonheur, le jour à peine levé, d’entendre, ravagé par une nuit blanche, les clairons de la basse-cour! Une fois de plus, on le constate, j’ajoute ma variation : l’enfer, c’est bien le bruit des autres.

* Digression sur la jeunesse comme on dit: « Vous avez quelque chose contre les jeunes, Monsieur? »
Question reproche qu'on adressait au bon mais défunt Pierre Desproges dans ses «Chroniques de la haine ordinaire». Non, non, Monsieur! Notre belle progéniture est un bien trop précieux pour qu’on imagine une seconde que je souhaiterais qu’il faille la traumatiser avec des interdits qu’on appelait dans les temps obscurs, courtoisie, respect des autres ou simple politesse. On comprend parfaitement l’enracinement robuste du "jeunisme" contemporain chaque fois qu’on roule derrière un véhicule placardant glorieusement sur sa lunette arrière: « Bébé à bord ». Couple radieux à l’avant affichant avec bonheur son obédience au mouvement. Le fait d’avoir inventé la procréation les convainc de défendre bec et ongle les agressions sympathiques du miracle de la vie braillard qu’ils convoient. Dans l’habitacle, aux cotés de ces concepteurs méritants et de leur enfant roi (adolescent roi en devenir), la mansuétude sans limite à son égard que prône le parti. Gare à ceux qui bafouent les privilèges attachés à leur nouveau statut. Ainsi, celui qui ne marque pas l’arrêt à un passage piéton pour laisser traverser mère et poussette, prêts à s’engager sur la chaussée dans les dix minutes qui vont suivre, passe aux yeux de tous pour un monstre. Lynchage potentiel de l’assassin en puissance par une foule bavant la haine. Le desperado était sur le point de commettre, devant les yeux horrifiés de la foule, l’acte abject signant le mépris du fruit des entrailles d’une génitrice admirable. Risquer d’écraser une veille, c’est beaucoup, beaucoup moins grave! Loin de moi l’idée de faire l’apologie de la conduite criminelle. Je constate simplement que l’imprégnation progestéronique des parturientes exhale des phéromones communiquant ses effets à l’entourage, féminin aussi bien que masculin. Aimer la jeunesse, oui. La sienne en particulier… L’idolâtrer, on n’est pas obligé tout de même.

samedi 3 mai 2008

La définition de la connerie


La connerie est une entité. Sa définition pose donc problème du fait de sa part d’abstraction. En plus, comme on est toujours le con d’un autre, c’est vaniteux de se promouvoir au rang d'académicien entérinant la définition du déterminant à classer juste après son déterminé: le mot con. 

Ce qui est rageant dans cette affaire, c’est que nous percevons presque tous clairement de ce qu’il en retourne. Nous avons tous à l’esprit un souvenir parangon, une anecdote étalon, un témoignage irréfutable illustrant à merveille ce qu’est cette faculté universellement partagée. Un temps, un temps, cependant mon ami… Les abysses incommensurables où grouillent les myriades d’espèces représentant la branche, cachent toujours dans quelque anfractuosité un bivalve secrétant la perle rare capable, non seulement d’enthousiasmer les entomologistes, mais d’offrir un exemple encore plus convaincant de ce que peut être la connerie poussée à sa quintessence. La métaphore océane est d’ailleurs inappropriée, bien qu'osée, dirait Joséphine. La connerie n’appartient pas au monde du silence. Le con qui jouit pleinement de sa faculté, parle toujours haut et fort, surtout quand il n’a rien à dire. Le con ose tout, c'est même à ça qu'on le reconnait, dirait Joséphine Audiard. Normal, quand on se souvient que la sagesse consiste à ne rien dire, voir ou entendre. 

Ces dernières années, l’audiovisuel a érigé en vedette l’idiot visuel, un mammifère parfaitement adapté au milieu. En découle une capacité de reproduction foudroyante. Le con se multiplie sans entrave pour la plus grande joie des natalistes. Il colonise la planète au pas de charge, débroussaillant les dernières jungles à grands coups de coupe-coupe sénégalais.

Naître trop jeune dans un monde trop vieux, c’était déjà aux yeux des romantiques une forme de malédiction. Naître intelligent à quelque époque que ce fut – mais je me demande si notre époque ne tient pas le pompon - est une tare encore plus lourde réduisant l’espérance d’une vie sereine du porteur de cette tare à celle d’un promeneur sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute. 

Doit-il alors se dissimuler dans une cache secrète et se taire à jamais pour vivre en paix? Pour Sartre : « L’enfer c’est les autres ». Pourtant, Rousseau, avant lui, insistait sur le fait que l’homme est par nature un être profondément social. Il faut admette que la vie d’ermite fait courir le risque d'une déroute mentale. Fuir sans cesse la meute n'est pas vraiment la solution. Sourire narquois : " Pourquoi se refuser l’insigne plaisir de pourrir un peu la vie des cons? La charité impose de renvoyer l’ascenseur! " 

Cependant, partir à l’assaut de la connerie la fleur au fusil c'est comme se jeter avec insouciance sous un troupeau de bisons ou finir un jour par se vider de la dernière goutte de sa belle énergie. L'instinct de survie pousserait en fait à conserver toujours en réserve une bonne vieille balourdise, une sentence creuse, des jugements péremptoires permettant d’évoluer masqué en terrain ennemi. Survivre en milieu hostile requière une capacité d’adaptation en état de marche instantané. Un petit plus légué par l’intelligence?

Le summum - mais est il possible de jouer longtemps contre nature? - serait de s’astreindre à une discipline de fer, à pratiquer des exercices réguliers pour se fondre dans le troupeau, faire tout ce que la meute souhaite: devenir l’archétype de l’être adapté, porteur de l’espérance de vie maximale (comme si vivre le plus longtemps possible était l'apothéose), devenir enfin un imbécile heureux libéré de toute rumination atrabilaire.

Antisocial, tu perds ton sang froid. Détends-toi! Suis des yeux les mouvements de mon pendule, tes paupières deviennent lourdes... lourdes... tu sens que tu t’endors... Écoute les consignes dispensées par nos grandes institutions dévouées à la garde d’un cheptel docile au poil luisant, à la connerie fringante. Je te propose aujourd'hui un judicieux conseil diététique: bois comme du petit lait la bonne parole dispensée lors des prêches de nos grand-messes médiatiques. Suis scrupuleusement les préceptes.

Trêve de digressions ! Ce n’est pas bien de commencer un billet et de repousser sans fin la difficile mission qu’on s'est assignée. Ma définition de la connerie pourrait être: « La volonté obstinée de ressembler point par point à l’être idéal virtuel que la société promeut ».


jeudi 15 novembre 2007

Le football une nouvelle religion?


L'équipe de football d'un lycée catholique en 1891: le sport religion...


... [le peuple romain] qui distribuait autrefois pleins pouvoirs, faisceaux, légions, tout, maintenant se replie sur lui-même et ne s’inquiète plus que pour les deux choses qu’il souhaite : DU PAIN ET DES JEUX.
(Juvénal, Satires, 10, 78-81)
Léger malaise lorsque je dois justifier mon attachement au sport le plus pratiqué et regardé en France : le football. Ce n’est pas une raison pour éluder le sujet. L’origine de la balle au pied remonte à la nuit des temps, mais ce sont les Anglais qui ont mis en place les règles du jeu moderne. A quoi doit-on son succès populaire planétaire incontesté ? Probablement à la simplicité de la plupart de ses règles. Bon, je mets la balle en touche, pour ce qui concerne les lois du hors-jeu. L'équipement minimaliste que requière sa pratique est un argument supplémentaire : un objet variable non identifié dans lequel on puisse shooter sans se blesser et un espace de jeu au revêtement quasi quelconque. Même pas besoin d’avoir des chaussures, un short ou un maillot. Difficile de trouver un autre sport d'équipe pouvant rivaliser dans les domaines évoqués. Cela n’explique cependant pas tout de l’engouement dont ce sport fait l’objet. Omniprésence médiatique, standard de conversation mâle en société, activité dominicale régulière du grand nombre, foules massées dans les stades, hordes de supporteurs, vie sociale parfois tributaire des heures des grandes retransmissions, voire même, « dopage » économique en cas de victoires en finales des équipes nationales dans les grandes compétitions.

"Peut-être l'Occident est-il en avance d'une religion et ne le sait-il pas. ", Marc Augé concluait ainsi son article écrit à l'époque d'une nouvelle phase de développement des grands rituels modernes engendrés par le football.

La question vaut en effet la peine d’être posée. Liturgie, rituels, adoration quasi mystique des champions, scènes d’hystérie collective ou individuelles, habits sacerdotaux, bannières et oriflammes, sublimation des héros, tentative de représentation individuelle au travers d’officiants adulés vont dans ce sens. On retrouve même la sinistre association politico-religieuse avec les misérables tentatives de récupération de grands élus lors d’événements utiles à la pèche aux voix par ceux qui s’affichent au milieu de cohortes d’aficionados, de tifosi, ou de "footomaniaques".  Les psychologues apportent de l’eau à ce moulin. La victoire ou la défaite de l’équipe qu’on soutient moduleraient les humeurs des supporteurs. Le footballeur professionnel serait devenu le substitut du gladiateur romain. Les nouveaux empereurs - ou ces fous qui nous gouvernent, pour reprendre le titre du livre de Pascal de Sutter - n’offrent pas au peuple pizzas et bières, mais cautionnent les jeux de l'arène, sachant qu'ils peuvent éloigner un temps les électeurs des révoltes engendrées par leurs difficultés quotidiennes. Les fanatiques du ballon rond font de ce jeu un psychodrame (mais le jeu est en lui-même un petit psychodrame) réactivant leurs tensions individuelles et leurs rapports éthologiques au sein de la meute.

Misère! Malgré ce billet au ton pamphlétaire, je ne renonce pas à cette addiction souvent citée comme un sommet de beaufitude. Je vitupère encore contre les erreurs d’arbitrage, bondis parfois de mon fauteuil au moment d'un but, consulte les pages sportives des gazettes, et m’extasie à l'occasion devant une phase de jeu lumineuse au cours de laquelle un passage chorégraphique de haut-vol vient d’être interprété par un danseur étoile au QI parfois proche de sa température rectale : « Nobody's perfect, Sir... »

mardi 16 octobre 2007

« La dictature c’est ‘Ferme ta gueule’, la démocratie c’est ‘Cause toujours’ »


Jean-Louis David, La mort de Socrate (1787) Metropolitan Museum of Art - New York

Il m’arrive de pester contre la pertinence de lois qu’on ne m’a jamais demandé directement de voter. Quand on me dit qu’il faut comprendre que les élus sont nos porte-paroles, je n’en viens pas pour autant à croire qu’ils ne parlent jamais en leur nom propre ou ne chagrinent pas ceux qui pensent autrement. «Dura lex, sed lex», mais n’oublions jamais que ce ne sont que de simples mortels qui promulguent les lois. Il devient alors illusoire de leur prêter un caractère transcendant ou irrévocable. Certains malheureux tombés du jour au lendemain sous la férule d’un dictateur occasionnel, conçoivent rapidement qu’elles sont bien plus pragmatiques ou volatiles qu'on ne l'imaginait. De plus, quelques unes, à mon humble avis, ont été pondues un soir de vague à l’âme ou de grande débâcle psychique, par quelques illuminés tentant au petit bonheur de justifier leurs postes et leurs salaires. La maxime latine cité plus-haut a quelque chose d’abrutissant. Sa sempiternelle invocation exhale des relents de fatalisme masochiste. Mon but de départ était d’écrire un billet chafouin pourfendant travers et dérives d’un régime que Churchill et Jacques de Bourbon Busset qualifiaient de moins mauvais système politique: la Démocratie.

Entreprise prétentieuse, voire mégalomaniaque. On n’avait pas en plus attendu ma sapience pour en gloser avant moi. Lucides, drôles, pertinentes, incisives, bien des analyses ont ratissé le sujet dans ses moindres recoins. A quoi bon se fendre alors d’un billet poussif et insignifiant. A temps, j’ai changé mon fusil d’épaule pour proposer quelques citations choisies. Le «Candide» du troisième millénaire comprendra mieux peut-être que celui de Voltaire que tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des régimes du monde. Si nous aimons la Démocratie, il ne faut pas pour autant imaginer que le peuple ou les dirigeants qu’une majorité accepte ont perdu la capacité de perpétrer certains abus des régimes qu’elle a un jour remplacés. Bien qu’il faille souhaiter qu'elle vive le plus longtemps possible, veillons à ce que ses travers ne la mine pas au point qu’une majorité des citoyens mécontents, manipulés par une minorité d’oligarques à l’appétit de pouvoir immodéré, finissent par l’adultérer au point qu’elle devienne péril pour les premiers et source de bénéfices iniques pour les seconds. Trêve d’emballements épistolaires ronflants ou de dénonciations «zolesques» pompeuses pour laisser place à quelques mots d’auteurs, traits d'humour et citations proches parfois du dépit amoureux.
*

«La démagogie est à la Démocratie ce que la prostitution est à l’amour» - Georges Eglozy

«La dictature c’est ‘Ferme ta gueule’, la Démocratie c’est ‘Cause toujours’» - Jean-Louis Barrault


«A la nomination d’une petite minorité corrompue, la Démocratie substitue l’élection d’une masse incompétente» - Georges Bernard Shaw


«La démocratie qui semble être la règle du monde moderne et qui n’en est que la punition» - Jules Barbey d’Aurevilly

«Tant qu’il y aura des dictatures, je n’aurai pas le cœur à critiquer une démocratie» - Jean Rostand


«Le plus grand nombre est bête, il est vénal, il est haineux. C’est le plus grand nombre qui est tout. Voilà la Démocratie» - Paul Léautaud

«Le moins mauvais système politique est celui qui permet aux citoyens de choisir l’oligarchie qui les gouvernera. On appelle cela généralement démocratie» - Jacques de Bourbon Busset

«L’erreur des démocraties est de trouver que leur vérité soit une pour tout le monde, et force l’adhésion» - Je sais plus…

mercredi 16 mai 2007

Le grand balancier de l'histoire


Hergé - L'étoile mystérieuse


L’histoire avance souvent à reculons. Son balancier oscille sans jamais trouver l’équilibre entre phases de libération des idées et des mœurs et phases de retour à l’autorité morale, religieuse ou policière. Certains analystes simplistes ou manichéens nomment parfois ces deux phases: ascension et déclin des civilisations ou des nations. Leur prosélytisme latent omet cependant d’observer, avec le recul historique qui sied normalement, que la seconde fut souvent plus prolifique dans le domaine de la création artistique et de la naissance de nouvelles idées que la première durant laquelle sévissaient rigueur morale et expansions militaires sanglantes.

Chaque civilisation semblerait, à l’image de l'individu lui-même, conserver une peur archaïque des périodes où la morale perd du terrain. La quête jamais aboutie de l’image idéalisée du père réel (absent ou insatisfaisante) amène parfois à se jeter dans les bras de chefs opportunistes, idéaux du Moi, susceptibles de les rassurer face à la peur de l’autre qui est plus souvent celle du fameux étranger qui est en nous. Les périodes d’instabilité économique ou politique sont propices à ces mécanismes propres à certains adolescents.

L’apogée des phases de réaction signe le retour en grâce du notable et du représentant du droit. Ce genre de personnages, pour le coup, est plus propice à aviver mes peurs. La réplique facile à ces propos un tantinet anarchisants serait que sans ordre, toute société s’écroulerait comme un château de carte. Cependant, quand on demande aux fringants défenseurs de l’ordre moral de démontrer avec rigueur la légitimité des grands principes, la dialectique vire au flou ou à l'évasif. La métaphysique pointe alors son nez, et l’on avance le postulat affirmant qu'elle préexistait à la venue de l’Homme. D’essence divine, elle s’imposerait et il n’y aurait rien à redire. Le misérable vermisseau humain serait bien incapable de concevoir les desseins et la perfection des plans du Grand Architecte. Ne met on pas ainsi la charrue avant les bœufs? Face à un sens de la vie furieusement caché aux yeux de la plupart, tantôt abscons tantôt enfantin, ne serait-ce pas l’Homme qui a créé de toute pièce les instances divines et les lois qui vont avec pour se simplifier la vie (ça on peut cependant en douter) et ne plus avoir à élucubrer sans fin?

Comment ne pas sentir en ces temps électoraux un vague retour à l’obscurantisme réactionnaire et percevoir que l’énergie cinétique va amener le balancier de l’histoire à remonter à la position symétrique de celle des décennies antérieures? "En finir une bonne fois pour toute avec 68" sonne ainsi à mes oreilles.

Le transfert de l’expérience est pure utopie. Chaque génération doit reforger la sienne, commettant sans fin les erreurs des précédentes. Oublier l’histoire, c’est cependant se condamner à la revivre. Moi, je suis bien content d’avoir pris ce qui n’est plus à prendre, avant qu’un temps bien trop long à l’échelle de ma vie ne se soit écoulé et que l’intensité de la pesanteur ne fasse redescendre le pendule pour le ramener vers les temps bénis du futur antérieur.

Veuillez excuser la tonalité de ce billet à la Cassandre, un peu pompeux. Il faudrait confesser en fait, reprenant cette boutade initialement appliquée à la scolarité: « Les politiques à partir de l’âge de quinze ans, c’est comme les poils, j’en ai eu rapidement plein le cul… »

Point de vue annexe : lien vers une de mes nouvelles

jeudi 8 février 2007

L'écriture droite

- L'orthographe c'est la politesse de la langue.
- L'orthographe est plus qu'une mauvaise habitude, c'est une vanité.
- L'orthographe, c'est la science des ânes.

our avoir parcouru quelques sites défendant l'une des citations en exergue, j’en suis venu à me dire que cette resucée de querelle entre anciens et modernes trahissait peut-être la personnalité des laudateurs et des détracteurs de l'orthographe. Pour les premiers, la forme primerait sur le fond et le bon usage de la langue serait une forme de courtoisie. Pour les seconds, la recherche de l’excellence dans ce domaine témoignerait d’un narcissisme en mal de perfection. Le but de ce billet n’est pas de départager les belligérants de cette guerre de gangs. Un avocat pragmatique demanderait sans hésiter le divorce pour incompatibilité d’humeurs entre ces deux là qui ne font rien que de se rosser.

Je sais, ce n’est pas bien de vouloir ranger les gens dans des catégories stéréotypées et réductrices. Cependant, à force de consensus et d’ambivalence molle déclinés à toutes les sauces, tout devient insipide. La vie m’a montré qu’on gagnait parfois en efficacité en usant d’un mode de pensée honteusement entaché de parti pris ou d’a priori. L’habit ne ferait-il pas plus souvent le moine que le dicton ne le voudrait? Les définitions psychologiques des personnalités humaines sont plus issues d’observations ancestrales empiriques que le fruit d’une démonstration scientifique implacable. J’ai cependant souvent constaté qu’un trait de caractère principal marqué en appelait d’autres en corollaire. Pour utiliser une métaphore un peu triviale, dans le panier garni des personnalités humaines, tirer sur une saucisse vous amène la plupart du temps à vous retrouver avec tout un chapelet en main.

Les intègristes de l’orthographe ne seraient-ils pas des conservateurs masqués, un tantinet obsessionnels? Propres sur eux, souvent à cheval sur les principes et la politesse - très inconfortable cette position équestre acrobatique - et pointilleux sur l’étiquette. Un coté veille France en somme, arcbouté sur les traditions et le respect qui se perd dans les usines de mon grand-père. Grosse concentration sur les parvis à la sortie des messes. Panoplie bon chic bon genre comme conseillée dans le manuel, évitant - "Quelle horreur!" - l’accessoire tape à l’œil du parvenu. Toute la famille est à l’avenant. Un peu prout prout quooooi..! A noter certaines saillies verbales furieusement rebelles, émaillées parfois d’expressions peu châtiées tentant d'indiquer qu’on sait évoluer dans le modernisme, que diantre! Tacitement, tel ou tel gros mot a été prononcé par bravade pour que l’assistance s’ébaudisse, point trop cependant pour éviter de faire peuple. Catherine Frot joue à la perfection ce genre de personnages dans sa déclinaison féminine. Emissions de télévision préférées: question pour un champion, des chiffres et des lettres, la dictée de Pivot quand elle existait encore, vivement Dimanche. On frétille quand un mot désuet en voie d’obsolescence est revigoré un moment. On s’évertuera à le replacer au prochain nouvel an. J’éviterai d’émettre un avis concernant la libido adjointe habituellement à ce groupe dans la caractériologie.

Les jeanfoutres de l’orthographe constituent un groupe fichtrement plus hétéroclite. Il faut en exclure rapidement les illettrés, les analphabètes et les ressortissants étrangers qui font de leur mieux pour se faire comprendre. Méfiance cependant vis-à-vis de ces derniers qui peuvent parfois en remontrer à la caste des puristes. En vrac, on y trouve les robots du texto, les étudiants à vie, forcenés d’abréviations pour la prise de leurs cours au point qu’ils finissent par perdre peu à peu leur bagage orthographique, les adorateurs du souk, du laisser-aller, les champions de l’à-peu-près et les on s’en fout, l’essentiel est caché à l’intérieur au point de devenir impossible à dénicher. On peut ajouter les journalistes, les commentateurs sportifs et les champions qu'ils louent, les correcteurs de mon quotidien régional pour lesquels l’accord du participe ne se fait même pas au pif car les lois des probabilités ne s’y appliquent pas, les présentateurs radio hystérisés de la bande FM … oui, je sais, on devrait ici parler de fautes de français même si les fautes d’orthographe on les soupçonne indirectement. Bien entendu cette liste est loin d'être exhaustive.


Pour coller à la réalité, il ne faudrait pas cependant oublier un troisième groupe, le plus commun et vraisemblablement le plus fourni: la plupart d’entre nous. La maîtrise absolue de l’orthographe française est une quête vaine. Celle du Saint Graal est moins aléatoire. Les plus exigeants trébuchent régulièrement, doutent, ou pire, choient dans les chausse-trapes tordus que place sur le sentier escarpé du zéro faute notre belle langue. Mes billets sont probablement truffés de fautes d’orthographe et de frappe. Je revendique ainsi ma présence au sein du ventre mou de la courbe de Gauss de ce lot, m’en gaussant quelque peu par là même.

A+ chaires l'équeuteur.