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samedi 4 juillet 2015

PHYSIOLOGIE DE LA REPRODUCTION

Notes: 

1- Différence notable entre la spermatogenèse et l’ovogenèse 

- La formation des spermatozoïdes a lieu de la puberté à la mort chez l'homme.
- La formation des ovules commence chez l'embryon féminin, marque une longue pause de l'âge fœtal à la puberté où elle reprend jusqu'à l'étape d'ovules fécondables pour s'arrêter en post-ménopause après épuisement du stock embryonnaire de follicules.

2- La meïose est un mode de division des cellules germinales les rendant haploïdes (les chromosomes de leurs noyaux ne sont qu'en un seul exemplaire contrairement aux autres cellules du corps humain) et de brassage des gènes d'origines parentales. Elle propose une grande diversité d'individus dont certains peuvent s'avérer mieux adaptés aux variations du milieu naturel. Le potentiel de survie de l'espèce s'en voit renforcé. La multiplication sexuée a cet avantage sur la multiplication végétative (les végétaux).


Crossing-over ou enjambement pendant la meïose - Clic pour agrandir -

3- Une partie des chromosomes est constituée de séquences ADN dont certaines sont les gènes codants. Une partie d'entre eux a un rôle visible sur le phénotype (l'ensemble des caractères observables d'un individu).

4- Petits détails de constatation relativement récente: entré dans l'ovule, le spermatozoïde perd son flagelle rapidement. Après quelques heures, son noyau fusionne avec celui de l'ovule pour constituer une cellule œuf, le zygote. Toutes les informations génétiques du futur humain y sont présentes.
Contrairement à une idée autrefois répandue, et comme le montrent les vidéos de spermatozoïdes entourant l'ovule, le premier spermatozoïde arrivé auprès de l'ovule n'est pas toujours celui qui le féconde. Chez de nombreuses espèces, plusieurs spermatozoïdes au contact de l'ovule « mettent en commun » le contenu de leurs acrosomes (un organite riche en enzymes lytiques dont la membrane enveloppe partiellement le noyau du spermatozoïde), pour rendre la membrane de l'ovule perméable à un seul d'entre eux. Reste à connaître ce qui prévaut à sa sélection dans le groupe.
Des molécules de type hormonal émises par l'ovule seraient perçues par le spermatozoïde à extrêmement faibles concentrations, chaque espèce reconnaissant sa signature propre. La chimiotaxie n'est efficace qu'à proximité immédiate de l'ovule qui attire ainsi graduellement un groupe croissant de spermatozoïdes en augmentant les chances de rencontre des gamètes.

Les spermatozoïdes savent calculer

5- Pour se reproduire, l'espèce humaine, comme les autres, fabrique des nuées de cellules candidates, mais seules quelques unes remplissent leur mission avec succès... 

6- L'Homme peut se reproduire en toutes saisons. On peut noter une belle répartition dans l'année des naissances. Chez lui, contrairement aux autres espèces animales, la sexualité s'est quasiment affranchie du rut, même si la femelle humaine est plus réceptive au mâle en phase œstrogénique péri-ovulatoire et vice-versa. La sexualité lui semble donc complètement dissociée de la reproduction. C'est oublier la gratification apportée par un rapport sexuel de qualité favorisant en catimini " l'instinct de reproduction". Qu'il juge cet instinct indigne de son statut de fleuron de l'évolution, c'est son affaire!


dimanche 30 novembre 2014

Dyschromatopsies - La balance des couleurs des cônes…



Préambule :

La vulgarisation d’un sujet scientifique est un exercice qui louvoie entre deux écueils : la simplification exagérée du sujet qui laisse sur sa faim un connaisseur; l’exposé qui se voudrait exhaustif mais qui noie dans les détails pointus un lecteur qui recherche des informations de base.

J’ai choisi de diviser ce billet en deux parties. Une première, synthétique, proposant ce qui me paraît l’essentiel. Une seconde, plus spécialisée, mais qui n’aborde en détail que l’étape cellulaire du cône dans le transfert du signal optique vers les aires corticales.

Les liens de fin de billet permettent au lecteur curieux de s’aventurer plus loin.

Remarque initiale :

Le Daltonisme n’est qu’un type de trouble de la vision des couleurs. Les autres formes de déficience ne sont des daltonismes que par abus de langage. D'un point de vue stricto sensu c'est la forme la plus fréquente de ces anomalies. Cette déficience de la vision se caractérise par une incapacité à différencier certaines teintes ou couleurs.

La fréquence des troubles de la vision des couleurs est évaluée à 8% dans la population masculine et 0,5% dans la population féminine. Le Daltonisme n’en représente donc qu’une partie. Selon les populations intéressées les chiffres varient et sont les plus faibles chez les Indiens d’Amérique et les peuples de l’Océanie.

Deux liens concernant le Daltonisme. Le second montre la génétique de transmission de cette pathologie impliquant le chromosome sexuel X


VISION DES COULEURS NORMALE ET PATHOLOGIQUE


Introduction et définitions :

- La chromatopsie désigne en biologie la vision des couleurs mais également les troubles acquis de la vision des couleurs en médecine.

- La dyschromatopsie est un terme générique désignant tous les troubles innés ou acquis de la vision des couleurs et la difficulté à différencier les nuances.

La vision des couleurs chez l'homme est trichromatique. Elle fait intervenir un système récepteur (les cônes, sensibles respectivement aux courtes, moyennes et grandes longueurs d'onde, soit schématiquement au bleu, vert et rouge), un système de transmission et un système d'intégration corticale. Les trois couleurs de base se combinent et se modulent pour proposer en bout de chaîne une grande variété de couleurs aux aires d’intégration corticale. Le trichromatisme n’est pas de mise dans tout le règne animal, comme l’indique le tableau ci-dessous.



Cette perception peut être altérée par un dysfonctionnement dont l'origine est soit génétique, les dyschromatopsies héréditaires (DH), soit liée à une maladie acquise de l'œil ou des voies optiques, créant une dyschromatopsie acquise (DA).

Les différents types de dyschromatopsie :

Achromatopsie : absence totale de vision des couleurs, associée dans sa forme congénitale à une forte photophobie, une acuité visuelle réduite (<2/10), et un nystagmus. Les cônes ne fonctionnent pas, et la vision provient essentiellement des bâtonnets. Il est estimé que la fréquence de l'achromatopsie en occident est de 1/33000. Noter qu'il existe aussi une forme cérébrale, due à une perte de vision des couleurs consécutive à une lésion cérébrale. C’est une anomalie rare associant un défaut de la vision des couleurs, héréditaire ou secondaire. C'est l'incapacité totale de distinguer les couleurs. Cette anomalie fait que l'on ne perçoit une couleur que par l'impression de clair ou de foncé et que l'on ne voit que des tons de gris.

Deutéranopie : absence dans la rétine des cônes de réception au vert ; les personnes affectées sont incapables de différencier le rouge du vert. C'est la forme dont était atteint John Dalton (le diagnostic de deutéranopie chez celui-ci fut confirmé en 1995, plus de 150 ans après sa mort, par analyse de l'ADN prélevé sur un de ses globes oculaires préservé jusqu'à nous).

Deutéranomalie : présence d'une mutation du pigment de la perception du vert; la sensibilité à cette couleur est diminuée. Constitue la majorité (environ la moitié) des anomalies congénitales de la vision des couleurs.

Protanopie : absence des récepteurs rétiniens au rouge ; cette couleur est indétectable par le sujet.

Protanomalie : présence d'une mutation du pigment de la vision du rouge ; la sensibilité à cette couleur est diminuée.

Tritanopie : absence des récepteurs rétiniens au bleu ; cette couleur est indétectable par le sujet.

Tritanomalie : présence d'une mutation du pigment de la vision du bleu ; la sensibilité à cette couleur est diminuée.



L'EXAMEN DE LA VISION DES COULEURS

Il a pour objectif de qualifier et de quantifier d’éventuelles dyschromatopsies. Pour cela il convient dans un premier temps d'effectuer un examen ophtalmologique complet afin d'orienter ses recherches et de mettre en œuvre une stratégie raisonnée d'investigation qui doit s'appuyer sur une bonne connaissance du principe des tests à utiliser. On prendra ensuite un soin particulier à réaliser l'examen dans des conditions optimales et standardisées. Notamment en ce qui concerne l'éclairage des tests (tubes fluorescents de 300 à 600 lux), l'environnement (table de couleur neutre, sans reflet, espace calme, tests en bon état de conservation), le sujet (meilleure correction optique non teintée, examen en vision monoculaire), la présentation des tests (temps et ordre de présentation, questions simples).

On remettra enfin un compte-rendu détaillé et argumenté indiquant la nature de la dyschromatopsie, son intensité et son diagnostic étiologique probable.

LES TESTS

Les planches pseudo-isochromatiques (PIC)

Elles servent essentiellement au diagnostic des DH. En effet, leur principe est basé sur la mise en évidence des confusions colorées caractéristiques de ces dyschromatopsies. Ces albums sont d'usage pratique et rapide. Ils constituent de bons tests de dépistage des DH, en particulier le test d'Ishihara, le plus connu et probablement le plus performant. LE TEST D'ISHIARA




Les tests de classement

Ces tests pigmentaires constitués de plumiers contenant des pions colorés à classer sont utilisables aussi bien pour les DH que pour les DA car leur principe est de déterminer les axes de confusion colorée. Contrairement aux PIC, ce sont des tests ouverts qui ne préjugent pas de ce que l'on recherche. C'est un grand avantage, sachant que les axes de confusion des DA sont variables dans leur position et leur importance, contrairement à ceux des DH qui sont fixes.

Les tests pourvus de couleurs saturées (D15 standard, 28 hue) conviennent pour l'évaluation des DH, alors que les tests désaturés (D15 désaturé, 28 hue désaturé, New Color Test) sont très utiles pour diagnostiquer les DA.

Les anomaloscopes

Ces instruments utilisent des équations colorées mettant en jeu des couleurs spectrales. L'usage de deux équations colorées permet d'évaluer l'ensemble du spectre. L'équation de Rayleigh est souveraine pour le diagnostic des DH. Elle seule permet d'affirmer l'existence d'un trichromatisme anormal et de le quantifier. L'équation de Moreland est très utile pour l'évaluation des DA, dans lesquelles l'atteinte du bleu est d'une très grande fréquence.

- Les dyschromatopsies héréditaires
Ce sont essentiellement les daltonismes qui recoupent les dichromatismes (protanopie et deutéranopie : absence de fonctionnement respectivement du canal rouge ou du canal vert), les monochromatismes à cônes S (absence de fonctionnement des canaux rouge et vert), les trichromatismes anormaux (protanomalie et deutéranomalie : fonctionnement partiel des canaux respectivement rouge ou vert). Ces daltonismes sont liés à une anomalie génétique portant sur le chromosome X ce qui explique leur plus grande fréquence chez l'homme que chez la femme et leur mode de transmission.
Beaucoup plus rares sont les achromatopsies congénitales et les tritanopies dont les mécanismes génétiques diffèrent de ceux du daltonisme.

- Les dyschromatopsies acquises
Elles sont liées à une altération fonctionnelle des cônes, des voies optiques ou du cortex visuel en relation avec une maladie acquise. Leurs caractères colorimétriques diffèrent fondamentalement de ceux des DH. Elles sont évolutives et ne sont pas symétriques.

On distingue les DA d'axe rouge-vert de type I, liées le plus souvent à une atteinte des cônes centraux, les DA d'axe rouge-vert de type II, accompagnant souvent une maladie du nerf optique, les DA d'axe bleu-jaune de type III, de loin les plus fréquentes, retrouvées dans les maladies rétiniennes, les DA sans axe ou d'axe scotopique, dues en fait à une altération de tous les mécanismes colorés.

LES STRATÉGIES D'EXAMEN ET LES CHAMPS D'APPLICATION

- Pour les dyschromatopsies héréditaires :
On recherchera essentiellement les daltonismes. Pour cela il faut utiliser d'abord les PIC pourvues de planches rouge-vert, en particulier le test d'Ishihara, très performant ; ensuite des tests saturés simples tels que le D15 standard ou le 28 hue; éventuellement en cas de doute un test désaturé mais surtout l'anomaloscope (équation de Rayleigh) qui est le seul à pouvoir différencier avec certitude un dichromatisme d'un trichromatisme anormal, et de pouvoir quantifier ce dernier.

L'intérêt du diagnostic précoce des DH est évident pour les aptitudes et l'ergonomie.

- Pour les dyschromatopsies acquises :
On évitera d'utiliser les PIC ; les planches rouge-vert sont inutiles, car l'atteinte du bleu est prépondérante dans les DA et les planches bleu-jaune sont imprécises en raison de leur caractère figé, incompatible avec la variabilité des axes dans les DA.

On utilisera en priorité des tests de classement désaturés pour rechercher de fines dyschromatopsies, en particulier le D15 désaturé mais aussi le New Color Test, le 28 hue désaturé. Le 100 hue, trop long et trompeur dans son interprétation pseudo-quantifiée, ne doit plus avoir qu'une place exceptionnelle.
Avec l'anomaloscope on utilisera la méthode des deux équations colorées qui permet de couvrir la totalité du spectre (partie chaude — mécanismes rouges et verts — avec l'équation de Rayleigh, partie froide — mécanismes bleus- avec l'équation de Moreland). Cette méthode permet une bonne quantification de la dyschromatopsie et d'en assurer le suivi.

La précocité des DA permet de dépister des atteintes oculaires infracliniques (diabète, toxique, SEP, atteintes médicamenteuses — APS, antituberculeux —). Leur analyse est aussi une aide précieuse au diagnostic (neurologie — neuropathie optique, atteinte centrale —, hérédodégénérescences rétiniennes, maladies acquises de la rétine).


REMARQUES UTILES :

Dans les faits, la vision des couleurs et leur distinction varient d’un individu à l'autre, car, même pour les personnes ayant une perception des couleurs dite normale, il existe un mélange de différents types d'anomalie, par la présence fréquente à la fois des pigments normaux et de pigments dotés de mutation, et une variabilité de la quantité relative de cônes porteurs de chacun de ces pigments. D’autre part, les taux relatifs de cônes porteurs de chaque pigment peuvent varier au cours de la vie de l’individu, notamment durant l’enfance lorsque la rétine se développe en taille. La proportion relative de certains types de cône peut augmenter au détriment des autres. Ces proportions peuvent aussi être affectées par certaines maladies ou infections car l’œil est fortement irrigué.

Enfin, chaque œil dispose de sa propre capacité de discernement avec une vision légèrement différente, et de même, certaines zones de la rétine n’ont pas une distribution uniforme des différents pigments; toutefois, dans ce cas, le cerveau, qui commande aussi les mouvements de l’œil, donne une interprétation commune et gomme ces différences locales, la sensibilité aux différences de couleurs augmentant alors avec la durée d'exposition.

Il est question d'anomalie seulement lorsque certains seuils minimums ne sont pas atteints pour les cônes porteurs des pigments normaux.

Ainsi, il existe pratiquement toujours entre deux personnes des paires de couleurs que l'une distingue et l'autre pas. Ceci explique que les cas de deutéranomalie soient, de loin, les plus fréquents (et sans doute même, plus fréquents que ce qu’ont pu mesurer les tests usuels basés sur un jeu limité de planches normalisées). En revanche, les cas d'anopie réelle sont extrêmement rares, et sont même aujourd’hui contestés : les sujets ne sont que rarement dénués de la vision de certaines couleurs, et parfois même, savent en disposer certaines dans un espace tridimensionnel. Ceci est dû au fait qu’ils sont quand même porteurs de plusieurs types de cônes dotés de pigments différents, même si l'un d’eux est trop prédominant sur tous les autres. Cela rend cette distinction plus difficile, et l’apprentissage par des méthodes comparatives (ou une modification de l’ambiance lumineuse) permet d’augmenter leur sensibilité.

Des recherches sont menées pour créer des tests encore plus fiables et plus précis, capables de mesurer les anomalies directement par inspection du fond de la rétine par exposition à des impulsions lasers colorées de très faible puissance et la mesure de la sensibilité des différentes zones rétiniennes par détection de l’effet de fluorescence produit sur leurs pigments. D'autres méthodes utilisent des séquences d'images ajustables par le spectateur pour déterminer les seuils à partir desquels ils ne ressentent plus certaines différences, mais ces tests dynamiques se heurtent à la rémanence rétinienne qui fausse certains résultats. Mais elles améliorent nettement la précision des anomalies et permettent aussi de donner un profil plus complet de la sensibilité rétinienne aux couleurs. Certains de ces tests ont été faits pour établir des modèles colorimétriques calibrés utilisés dans l’industrie (par exemple, en photographie, télévision et systèmes d’impression) pour offrir à la population une palette plus riche de couleurs.

Une étude récente semble montrer qu'une variante surprenante du daltonisme pouvait se produire chez certaines femmes daltoniennes. Il existe en effet un gène mutant qui au lieu de produire des cônes sensibles au vert, et d'autres sensibles au rouge, produirait un cône mutant sensible à une couleur située entre le vert et le rouge. Si une femme possède ce gène (placé sur le chromosome X) et une version normale du gène, elle pourrait posséder quatre types de cônes et être sensible à quatre couleurs au lieu de trois. Les personnes atteintes par cette mutation seraient sensibles à 100 fois plus de couleurs qu'une personne "normale".

Finalement, ce que nous définissons comme "voir" est en fait une construction du cerveau: la mémoire et "l'apprentissage" jouent un rôle majeur dans la vision. 

Ceci suscite alors une question d'ordre philosophique: « Qu'est-ce vraiment que la couleur? »
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**       PREMIÈRE ETAPE DANS LA CHAÎNE DE TRANSMISSION DU SIGNAL **           

LES CÔNES


Les cônes sont des photorécepteurs situés à l’intérieur de la rétine optique. Ils sont dédiés à la perception des détails et des couleurs. Ils transforment le signal électromagnétique de la lumière en signal nerveux et permettent la vision diurne. La vision nocturne est assurée par les bâtonnets.

STRUCTURE D’UN CÔNE



EMBRYOLOGIE DE LA RÉTINE ET SES CÔNES

La rétine, élément essentiel du futur globe oculaire, se met en place très tôt au cours de la vie embryonnaire. Elle se forme à partir du tube neural et montre ainsi sa proximité de différentiation avec le système nerveux central qui a la même origine embryologique.

Le tube neural, canal embryonnaire formé par la fermeture de la gouttière neurale creusée dans l'un des feuillets primitifs, l'ectoblaste, se forme chez l'embryon à la quatrième semaine de la gestation. Il s'étend du sommet de la tête à la base du rachis et sa partie médiane se ferme avant ses extrémités. Il est à l'origine du système nerveux central (cerveau et moelle épinière), du système nerveux périphérique (nerfs), de la rétine, de la partie postérieure de l'hypophyse (petite glande endocrine située à la base du cerveau) et de l'épiphyse (autre glande endocrine cérébrale). Il donne aussi naissance à deux longs cordons cellulaires, appelés crêtes neurales, à partir desquels se forment les ganglions rachidiens, une partie des méninges, les gaines de certains nerfs et les cellules de la peau. Une absence de fermeture du tube neural pendant l'embryogenèse est responsable d'une malformation, le spina-bifida.

HISTOLOGIE DE LA RÉTINE


La rétine optique contient 3 couches, comme un neuro-épithélium :

1) couche épendymaire au contact de l'épithélium pigmenté  --> cônes et bâtonnets.
2) manteau formé de 2 couches:
- couche externe de cellules bipolaires.
- couche interne ou couche optique avec ses cellules ganglionnaires émettant des axones dans la couche marginale --> pédicule optique --> nerf optique
3) couche marginale contenant essentiellement les axones des cellules ganglionnaires.

DISTRIBUTION ANATOMIQUE DES CÔNES SUR LA RÉTINE HUMAINE

Les cônes sont entre 5 et 7 millions par œil chez l'homme. Ils ne représentent que 5 % du total des photorécepteurs et sont principalement concentrés sur la fovéa, au centre de la rétine, dans le prolongement de l'axe optique. La partie centrale de la fovéa (ou fovéola), sur un rayon de 0,3 mm, ne contient que des cônes.

Cette région centrale est dotée d'une grande acuité visuelle. Chaque cône n'y est connecté qu'à une cellule bipolaire, elle-même liée à une seule cellule ganglionnaire. Cette région, toute petite, se projette ensuite dans le cortex sur une aire mille fois plus grande. Dès qu'on s'éloigne du centre, la densité des cônes diminue très rapidement, le degré de convergence avec les cellules ganglionnaires augmente et l'acuité s'en trouve corrélativement fortement réduite.

Cette propriété de restriction de l'acuité à une petite région rétinienne oblige à bouger des yeux sans arrêt pour percevoir clairement les objets intéressants.

Les trois types d’opsines contenus par les cônes et leur sensibilité différente au rayonnement lumineux :

Les opsines sont une famille de protéines capables de réagir à l'énergie lumineuse grâce à une liaison avec un chromophore particulier (le rétinal ou un de ses dérivés) formant ainsi une molécule mixte.

L'opsine modifie la longueur d'onde d'absorption du chromophore auquel elle est associée. De plus, une fois que l'opsine est activée par l'absorption d'un photon par le chromophore, elle est capable d'activer un second messager (souvent une protéine G) et déclencher une réponse cellulaire. L'opsine confère à la cellule une sensibilité à la lumière.

l'opsine S (S pour "short" en anglais) ou Bleue : maximum d'absorption à 420 nm,
l'opsine M (M pour "middle en anglais) ou Verte : maximum d'absorption à 530 nm,
l'opsine L (L pour "long" en anglais) ou Rouge : maximum d'absorption à 560 nm.


Les trois types de cônes S, M et L tapissant la rétine sont sensibles à trois gammes de longueurs d’onde. Les couleurs sur l’axe des abscisses montrent la correspondance entre longueur d’onde et couleur perçue lorsqu’une bande étroite de longueur d’onde est sélectionnée (à l’aide d’un filtre, par exemple).

Les trois types de cônes rétiniens en rapport :

L'homme perçoit une immense variété de couleurs différentes pourtant il ne possède que trois types de cônes ayant une sensibilité plus grande à certaines radiations de longueurs d'onde comprises entre 400 et 700 nm: les cônes (B) sensibles aux radiations de basses longueurs d'ondes ou cônes cyanolabes (437 nm), les cônes (V) sensibles aux radiations de moyennes longueurs d'ondes ou cônes chlorolabes (533 nm), et les cônes (R) sensibles aux radiations de grandes longueurs d'ondes ou cônes érytholabes (564 nm) (ces derniers réagissant d'ailleurs principalement aux radiations provoquant la sensation jaune).

Ces maximums de sensibilité sont par ailleurs différents de plusieurs nanomètres d'un individu à l'autre.

Chaque type de cônes est sensible à des radiations appartenant à un domaine étendu de longueur d'onde, dans la mesure où sa réponse ne fait que refléter le nombre de photons qu'il capte, indépendamment de leur longueur d'onde (le cône rouge capte aussi bien des photons verts de 500 nm, jaunes de 560 nm ou rouges de 650 nm). Un photorécepteur n'est qu'un « compteur de photons », suivant la formule de Michel Imbert, chaque photon absorbé par le pigment produit le même effet. La longueur d'onde n'intervient qu'au niveau de la probabilité d'absorption suivant la sensibilité spectrale du pigment N 1. La perception des couleurs n'est possible qu'au niveau du système nerveux central par comparaison des signaux issus de deux classes de cônes.

De plus la sensibilité spectrale, très proche, des cônes V et R fait qu'ils servent principalement à détecter la structure spatiale des images.

Chez l'Homme, les cônes B sont les moins nombreux (4 % – 5 %) puis viennent les cônes V et les cônes RN 2, avec des variations interindividuelles importantes. Les cônes forment une mosaïque avec chaque type disposé de manière aléatoire.

LA FONCTION DES CÔNES



La fonction des cônes est de convertir l'énergie lumineuse en variation du potentiel électrique de membrane. Cette transduction du signal se fait dans les disques du segment externe grâce à un pigment nommé iodopsine, une molécule composée d'une protéine de la classe des opsines et de rétinène (ou rétinal), un dérivé de vitamine A. Un photon en tombant sur une molécule de rétinène change sa conformation, en la faisant passer de l'état 11-cis en l'état tout-trans. Il s'ensuit une cascade de réactions qui par l'intermédiaire de la stimulation d'une protéine G, aboutit à la fermeture des canaux sodiques et à l'hyperpolarisation de la membrane.

Ainsi bizarrement, la lumière qui éclaire un cône ne produit pas sa dépolarisation mais son hyperpolarisation. À l'obscurité, le cône est dépolarisé, avec un potentiel de membrane d'environ -40 mV. Lorsque l'intensité lumineuse augmente, le potentiel de membrane est de plus en plus négatif, jusqu'à atteindre la saturation à -65 mV.

A l'obscurité, les photorécepteurs sont dépolarisés, un grand nombre de canaux calciques de la terminaison synaptique sont ouverts, entrainant une libération importante d'un neurotransmetteur, le glutamate, par la terminaison synaptique. Et lorsqu'on éclaire l'inverse se produit : la lumière produit une diminution de la vitesse de libération des transmetteurs. Lorsque l'intensité du stimulus lumineux augmente graduellement le taux de libération de glutamate diminue corrélativement.

Transfert du signal via un neurotransmetteur synaptique, le glutamate:

C’est l’énergie lumineuse absorbée par les photorécepteurs des cônes qui va permettre la création et la modulation de l’influx nerveux parcourant les neurones de la chaîne optique.

La synapse désigne une zone de contact fonctionnelle qui s'établit entre deux neurones, ou entre un neurone et une autre cellule (cellules musculaires, récepteurs sensoriels…). Elle assure la conversion d'un potentiel d'action déclenché dans le neurone présynaptique en un signal dans la cellule postsynaptique. On estime, pour certains types cellulaires (par exemple cellule pyramidale, cellule de Purkinje…), qu'environ 40 % de la surface membranaire est couverte de synapses.

L'acide glutamique n'est pas seulement l'une des briques élémentaires utilisées pour la synthèse des protéines, c'est aussi le neurotransmetteur excitateur le plus répandu dans le système nerveux central (encéphale + moelle épinière) et un précurseur du GABA dans les neurones GABAergiques. Il serait le médiateur de près de 50 % des neurones centraux. C'est le neurotransmetteur excitateur principal des neurones pyramidaux. Ce sont des neurones de projection trouvés dans les connexions corticostriatales et corticothalamiques.




Légende.
1. Stockage du glutamate dans une vésicule synaptique;
2. L'arrivée du potentiel de récepteur dans la terminaison présynaptique;
3. Fusion des vésicules avec la membrane pré-synaptique;
4. Libération du glutamate dans la fente synaptique;
5. Fixation du glutamate sur les récepteurs de la membrane postsynaptique;
6. Nouveau potentiel de récepteur;
7. Inactivation du glutamate par des enzymes;
8. Recapture du glutamate.

Ainsi, le potentiel de récepteur, contenant les informations sensorielles nées lors de la transduction, contrôle le flux du neurotransmetteur libéré qui se chargera d'induire les informations sensorielles dans les cellules bipolaires et horizontales de la rétine (voir illustration du haut de billet).

POUR ALLER PLUS LOIN DANS LE TRANSFERT DU SIGNAL

SOURCES


jeudi 16 octobre 2014

IRB BARCELONA



Les scientifiques de l’Institut de Recherche en Biomédecine de Barcelone (IRB) ont travaillé sérieusement leur chorégraphie pour cette vidéo visant à lever des fonds de support pour la recherche sur les maladies telles que les cancers et leurs métastases, la maladie d’Alzheimer et les diabètes. Un don ira à l’IRB Barcelona pour chaque visualisation de ce "Lip Dub". N'hésitez pas à cliquer !

De S. à P. et etc. :
Bonjour famille!
Admettez que je ne suis pas du style à saturer vos boîtes avec des vidéos, ou avec quoi que ce soit du reste... alors, juste une petite entorse! Une belle initiative pour gonfler les caisses de l'IRB et vider celles de nos sponsors qui se sont engagés à nous verser quelques centimes par clic.
Bises à tous, que la joie demeure, et que Zorba continue à danser chez vous, ici l'été est de retour!

De P. à S. :
Hola fill !
Alexis Zorba le Grec, célèbre résident crétois de fiction, nous gratifie en Lorraine depuis quelques semaines de tonifiants pas de Sirtaki automnaux. Les Celsius affichent étonnement la vingtaine. Le blog-notes de la Mansarde apportera quelques clics à cette heureuse initiative.
" Les visages changent, s'effritent, retournent à la terre; mais d'autres en sortent qui les remplacent. Il n'y a qu'un seul danseur aux masques innombrables, immortel et qui a toujours vingt ans. "
- Nikos Kazantzakis - Alexis Zorba -
Congrès de la REMOA (Red Española de Microscopía Óptica Avanzada) à Madrid avec des participants de l'ADM (Advanced Digital Microscopy Core Facility), laboratoire adjoint à l'IRB Barcelona - 13 au 15 octobre 2014 -


Lien connexe du blog sur l'IRB : partir vers le lien en question

jeudi 16 mai 2013

Sébastien, deux cachets d’aspirine, por favor…

Clic pour agrandir - Click to enlarge
Je vais faire mon possible dans ce billet pour proposer aux personnes s'étant enquises des diverses affectations professionnelles de mon fils aîné Sébastien. Ce court explicatif vise à ne plus patauger lamentablement dans mes approximations vaseuses en retour aux questions posées. Il n'est pas évident qu'au lu du billet leurs idées soient plus claires que les miennes... mais du coup, je pourrai désormais leur fournir ce lien patate chaude...

Etape 1 :

Sous le monitorage du pater familias, formation intensive en informatique domestique sur Dragon 32 au début des années 80, 1980, je précise. Par la suite et successivement, expérimentations diverses et variées sur ATARI ST, puis AMIGA (traîtrise de l’intéressé passant à la concurrence). Cette formation visait tout de même essentiellement à tester la robustesse des Joysticks du marché de cette décennie (beaucoup de casse) et à acquérir des rudiments en Assembleur pour pouvoir faire le cake devant les spécialistes du jeu vidéo. Ceci, après avoir modifié favorablement les records personnels des incontournables du moment : Pac-Man, Astéroids, Invaders, Arkanoid, Lemmings, etc.

Accessoirement, de la part de l’élève dépassant rapidement le maître, travaux électroniques en chambre pour améliorer les prestations des services téléphoniques français (je resterai sibyllin) et des capacités auditives des malentendants pendant les examens scolaires (je resterai évasif). L’intéressé comprendra, comme le Proviseur de son Collège que je remercie une fois de plus pour sa clémence. Quelques souvenirs de l’époque où j’étais un de ses élèves en Histoire y ont peut-être contribué lors d'une convocation. Douteux, cependant, que celui d’une pilée en Handball lors de la finale de la Coupe du Proviseur contre l’équipe à laquelle j’appartenais à la fin des années soixante (il faisait partie de celle des professeurs), ait plaidé en ma faveur et celle de mon rejeton... Je parle toujours un peu trop.

Etape 2 :

Après des études en classes préparatoires dans un Lycée nancéien et sa réussite à différents concours nationaux (les concours des magasins Carrefour ne font pas partie de la liste), intègre une école d’ingénieur physicien à Marseille (ENSPM devenue actuellement école centrale de Marseille) proposant une filière spécialisée en traitement du signal et accessoirement dans les slogans footballistiques du genre "PSG, enculé".

Etape 3

Stages universitaires de fin d'études en vue de l’obtention du diplôme d’Ingénieur, en zones septentrionales, voire hyper-boréales: Finlande puis Irlande.

Dernière année d'études (traitement d'image) et stage universitaire dans le groupe d'imagerie computationnelle du Tampere Institute of Technology (TTKK pour le intimes, campus situé à proximité de la ville de Nokia).

Vente de pommes, de jus du même fruit, de miel et de fleurs sur le "Milk Market" de la ville de Limerick les samedis matins (avec un furieux mal de crane au petit matin à 6h 30 lié à une étude approfondie et quasi exhaustive des différentes bières et Whiskys proposés sur la planète).

Etape 4 :

Thèse en Irlande, de recherche doctorante à l'Université de Limerick, et obtention en 2004.

Le sujet me laisse toujours une migraine tenace : “Near maximum likelihood multi-track partial response detection for magnetic recording”. Traduction possible, mais hasardeuse, en français : "Approche de détection partielle maximale de la réponse d’un enregistrement magnétique multipiste."
Si j'ai bien compris, ce truc visait à la mise au point de disques durs possédant plusieurs têtes de lecture indépendantes pouvant décupler la capacité de stockage et la vitesse de lecture des disques magnétiques et optiques. La bonne centaine de formules kabbalistiques incluses dans la thèse a épuisé toutes les ressources des macros et plug-ins proposés par les traitements de textes en vogue.

Quelques publications retrouvées sur la toile en rapport avec ses travaux : ici

Etape 5 :

Démarché par Philips Hollande, le climat et le laboratoire en secteur industriel proposé pour ses travaux de recherche lui ont fait couper court à l’expérience ainsi qu’à la prise d’antidépresseurs. Seule, la qualité des bières aurait pu le retenir.

Son premier poste en activité l’amènera à gagner l’Hispanie, au climat moins rude, donc aux filles plus régulièrement court-vêtues, et normalement, aux jambes épilées. Ingénieur système à SIDSA, Tres Cantos (Madrid), entreprise espagnole spécialisée dans la conception de modulateurs/démodulateurs de télévision numérique et internet ainsi que dans les dispositifs d'accès sécurisé. Madrid, au grand damne de sa compagne, barcelonaise de naissance et de cœur, il trouvera en fait un support psychologique quant à son choix auprès du père de sa fiancée, madrilène exilé à Barcelone et persécuté pour un entourage pro Barça.

Poste actuel - soulageant sa compagne - au sein de la plateforme de microscopie optique avancée (ADMCF) de l'IRB (Institute Research in Biomedecine of Barcelona à ne pas confondre avec le International Rugby Board), membre du Spanish Network of Advanced Light Microscopy (REMOA).

La Advanced Digital Microscopy Core Facility est une unité jointe à l'IRB de Barcelone et à son parc des Sciences (PCB). Elle a été inaugurée en Janvier 2009  et offre 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 un accès et un support à 16 instruments de pointe ou conventionnels en imagerie dédiée à la recherche en biologie, dans le domaine du criblage à haut débit pour microscopie confocale et multiphonique, utilisant les nouvelles techniques émergentes de manipulation cellulaire et d'imagerie 3D.


Actualité :


Professeur et intervenant en Juin 2012 à : voir iconographie du billet.
Cours en 2013 coorganisés à l'EMBL à Heidelberg.

Et autres actualités à venir...

Publications récentes...

Heidelberg est connue pour son université, la plus ancienne d'Allemagne, fondée en 1386 par Ruprecht Ier du Palatinat, et refondée en 1803 par le margrave Karl-Friedrich de Bade. Les facultés de droit et de sciences humaines sont hébergées dans les anciens bâtiments situés dans la vieille ville tandis que les facultés de sport, de médecine et de sciences se trouvent au Neuenheimer Feld, un campus récent qui date des années 1950. La ville est réputée notamment pour l'enseignement de la physique, de la médecine et de la philosophie.

Le Laboratoire européen de biologie moléculaire, l'Organisation européenne de biologie moléculaire, le Centre allemand de recherche sur le cancer, l'Institut Max Planck de recherche médicale, l'Institut Max-Planck d'astronomie, l'Institut Max-Planck de physique nucléaire, l'Institut Max-Planck de droit public et international comparé sont situés à Heidelberg.

Je vais passer illico à quatre comprimés.

Note : je sais bien que ce qui compte réellement pour des parents, c'est de savoir leurs enfants heureux de leurs choix dans bien des domaines de leur vie. Cela ne m'empêche pas d'avoir un brin d'admiration aussi pour leurs choix de carrière et la satisfaction qu'elle peut leur apporter en complément. Quelques traits d'humour de ce billet cherchent probablement à la masquer.

Note du 07 juin 2013 : rectifications et mises à jour proposées par l’intéressé.

Mars 2017 : Nouveau lien d'activité


vendredi 6 avril 2012

Hémodynamique fœtale et troubles de l’adaptation néonatale




Avant la naissance, les poumons du fœtus ne sont pas fonctionnels et n’interviennent pas dans l’oxygénation du sang. C’est le placenta qui remplit ce rôle. Le sang oxygéné de la mère part au placenta et se mélange au sang « bleu » du fœtus dans sa veine cave inférieure, via le canal d’Arentius, avant d’atteindre l’oreillette droite. Peu de sang part vers les poumons. Grâce au foramen ovale (anciennement appelé trou de Botal) et au canal artériel, deux structures servant de shunts propres au fœtus, le cœur droit (avec son sang oxygéné en provenance du placenta) peut se déverser directement dans la circulation gauche en court-circuitant les poumons.

Ces deux structures provisoires permettent au sang oxygéné de passer rapidement vers l’aorte, puis vers le cerveau et tous les autres organes. Sans aucun bouleversement anatomique, le fœtus assume une fonction circulatoire complètement différente de celle du nouveau-né. Cette situation explique pourquoi la plupart des malformations cardiaques sont fort bien tolérées in utero : la circulation pulmonaire n’est pas existante et l’organisation ventriculaire n’a pas encore son importance puisqu’un seul ventricule (le droit en situation normale) suffit à  assumer la circulation du circuit ‘unique’.

A la naissance, le placenta est exclu brusquement de la circulation et l’enfant doit trouver d’urgence une autre source d’oxygène. La fonction respiratoire s’active et les alvéoles pulmonaires se déplissent pour remplir leur rôle d’oxygénation du sang et d’évacuation aérienne du gaz carbonique. Grâce aux premiers mouvements respiratoires expulsant le liquide amniotique résiduel contenu dans les bronches, les poumons et les vaisseaux pulmonaires acquièrent tout leur potentiel. Le surfactant sécrété en quantité et qualité suffisantes en direction de la surface aérienne des alvéoles peut jouer pleinement son rôle d’agent tensio-actif chez le nouveau-né à terme (ce qui n’est pas le cas chez le grand prématuré) en évitant celles-ci de se collaber. L’ampliation des vaisseaux engendre une baisse des ‘résistances’ pulmonaires, autrement dit, le sang y passe beaucoup plus facilement. Ceci permet une meilleure perfusion des poumons et amplifie l’oxygénation. Le sang oxygéné part désormais en grande quantité des poumons vers l’oreillette gauche, ce qui y augmente la pression et ferme mécaniquement le clapet que constitue la fente du foramen ovale. La circulation pulmonaire est installée et est définitivement séparée de la circulation systémique lorsque le canal artériel se ferme quelques heures plus tard, suite au passage d’un sang plus oxygéné qui induit le phénomène avec l’intervention de prostaglandines spécifiques locales. A noter que la baisse des ‘résistances’ pulmonaires, phénomène très important dans l’adaptation néonatale, se fait en grande partie à la naissance mais se complète encore pendant quelques semaines. 



La persistance du canal artériel

Le canal artériel est un petit vaisseau sanguin, reliant l'artère pulmonaire (celle qui va du cœur aux poumons) à l'aorte descendante (celle qui amène le sang oxygéné vers les organes du corps humain et  au cœur également par les artères coronaires). Normalement, ce canal se referme dans les heures qui suivent la naissance, mais il arrive qu'il reste ouvert.
Comme une partie du sang ne part pas en direction des poumons, selon l'importance de l'ouverture, il est possible que bébé ait des problèmes d'oxygénation insuffisante du sang (vous entendrez parler de saturation), et que le rythme cardiaque soit plus élevé que la normale, le cœur cherchant à compenser le problème.
- Si le problème n'est pas trop important, les médecins chercheront d'abord à provoquer la fermeture du canal, avec l'aide de médicaments. Le bébé aura par ailleurs un apport en oxygène un peu plus important, pour éviter au cœur de trop se fatiguer.
- Si le problème persiste, il est possible que les médecins décident une intervention chirurgicale, pour refermer artificiellement le canal. Ils utilisent pour cela une technique fine qui permet d'avoir une cicatrice de petite taille et une récupération rapide. Selon l'état de santé générale du bébé, et selon la taille de la "fuite", cette opération peut avoir lieu quelques semaines après la naissance, ou quelques mois. Après l'opération, on constate rapidement une amélioration de l'état général.

A noter : certains médicaments (en particulier les Anti Inflammatoires Non Stéroïdiens = AINS) pouvant entraîner une fermeture prématurée du canal artériel du fait de leurs effets antiprostaglandines sont proscrits durant la grossesse. Après la naissance, ces mêmes molécules peuvent favoriser la fermeture d'un canal artériel persistant.

La communication inter-ventriculaire (CIV)

Le foramen ovale, dénommé anciennement trou de Botal, est une communication physiologique présente entre les deux oreillettes durant la vie fœtale, et normalement appelée à se fermer après la naissance. La persistance d'un foramen ovale perméable est cependant observée avec une grande fréquence (9 à 35 % des adultes jeunes) et serait possiblement impliquée dans diverses pathologies, dont la survenue d'accidents vasculaires chez des sujets jeunes. L'appellation « trou de Botal » (actuellement désuète) fait référence au médecin piémontais Leonardo Botal (1519-1588), qui s'intéressa à l'anatomie et au rôle de cet orifice. Néanmoins, le foramen ovale a été décrit pour la première fois au IIe siècle par Galien.

Le foramen ovale en physiologie foetale

Chez le fœtus, ce foramen peut, par excès de taille, aller jusqu'à créer une communication entre les ventricules du cœur, et permettre ainsi à une partie du sang de passer directement du ventricule droit vers le gauche. Normalement, ce trou se referme à la naissance, lorsque bébé passe du mode de vie aquatique au mode de vie aérienne. Si ce n'est pas le cas, et que son diamètre est exagéré au point de mettre aussi en communication les ventricules (ou qu'une autre anomalie anatomique de communication du septum inter-ventriculaire soit présente), du sang va passer du ventricule gauche, qui contient le sang oxygéné devant alimenter l'ensemble du corps, au ventricule droit, qui est chargé d'envoyer le sang chargé de gaz carbonique aux poumons. Ceci a deux inconvénients :

- Le débit sanguin du cœur vers le corps est réduit, puisqu'une partie du sang retourne directement aux poumons.
- Les poumons reçoivent le sang à une pression supérieure à la normale, ce qui peut les endommager: Hypertension Artérielle Pulmonaire = HTAP.

La gravité de la CIV dépend de la taille du trou. 

Une petite CIV peut perdurer toute la vie du sujet, sans lui causer de troubles particuliers. Le cardiologue se contente de surveiller régulièrement ces enfants. Elle peut se refermer progressivement, au fil du temps (ce qui est le cas de la moitié des CIV, au cours des 4 premières années de vie).

Si la CIV est moyenne, elle n'entraine pas de défaillance cardiaque, mais ne guérit pas spontanément, il peut être nécessaire d'opérer vers 4/5 ans, si le débit pulmonaire est trop important (HTAP importante).

Si la CIV est importante, il peut être nécessaire d'opérer rapidement le bébé, ce qui sera généralement fait entre 3 et 6 mois. Si les poumons souffrent, il est nécessaire de pratiquer plus tôt une première opération de cerclage de l'artère pulmonaire, pour empêcher une trop grande quantité de sang de monter aux poumons.

Rappels de l'hémodynamique humaine après la naissance : animation Flash proposée sous licence CeCILL-B

lundi 6 février 2012

LA TÉTRAPLOÏDIE


DÉFINITION :

Tétraploïde se dit d'un organisme ou d'un tissu dont les cellules possèdent quatre fois le nombre haploïde de chromosomes, ou, exprimé différemment, un organisme ou une cellule où chaque chromosome existe en ensembles de quatre.



1 - RAPPELS DE GÉNÉTIQUE :

Un chromosome est un élément microscopique constitué en partie de molécules d'ADN. Dans les cellules eucaryotes, les chromosomes se trouvent dans le noyau où ils prennent la forme soit d'un bâtonnet, soit d'un écheveau, selon qu'ils sont condensés ou non. Dans les cellules procaryotes, les chromosomes se trouvent dans le cytoplasme, dans une région appelée nucléoïde. Le chromosome (du grec khroma, couleur et soma, corps, élément) est l'élément porteur de l'information génétique. Les chromosomes contiennent les gènes et permettent leur distribution égale dans les deux cellules filles lors de la division cellulaire. Ils sont formés d'une longue molécule d'ADN, associée à des protéines (notamment les histones). Entre deux divisions, la séparation entre les différentes molécules d'ADN est peu perceptible, l'ensemble porte alors le nom de chromatine. Ils se condensent progressivement au cours de la division cellulaire pour prendre une apparence caractéristique en forme de X à deux bras courts et deux bras longs, reliés par un centromère. Les chromosomes sont habituellement représentés par paires, en parallèle avec leur homologue. Ils sont souvent illustrés sous leur forme condensée et dupliquée (en métaphase de la mitose).

Formule développée d'un nucléotide d'ADN


On appelle allèles les différentes versions d'un même gène. Un allèle se différencie d'un autre par une ou plusieurs variations de la séquence de nucléotides (molécules organiques composées d'une nucléobase, d'un pentose et de 1 à 3 groupements phosphates). Ces différences apparaissent par mutation au cours de l'histoire de l'espèce, ou par recombinaison génétique. Tous les allèles d'un gène occupent le même locus (emplacement) sur un même chromosome.

a - Le caryotype, le génotype et la polyploïdie :

On appelle caryotype, ou carte des chromosomes, l'ensemble des chromosomes du noyau cellulaire (chez les eucaryotes), ou du cytoplasme cellulaire (chez les procaryotes), et génotype l'ensemble des gènes situés sur ces chromosomes. Le nombre et la morphologie des chromosomes sont spécifiques à chaque espèce animale ou végétale. Le nombre des chromosomes est en général constant chez les individus d'une espèce donnée. C'est ainsi que la drosophile a 8 chromosomes, que la grenouille en a 26, la souris 40, le chien 68 ... et le papillon Lysandria 380 !

Lorsqu'il existe des différences morphologiques entre les chromosomes d'un caryotype, on peut souvent observer qu'ils sont associables par paires ou par groupes, identiques par la taille, la position de leur centromère et par d'autres particularités anatomiques. Les espèces chez qui les chromosomes sont associables par paire sont dites diploïdes: leur lot somatique est un lot diploïde constitué de deux lots haploïdes (N).

Dans d'autres espèces les chromosomes sont associables par groupes de trois, quatre ou plus. De tels organismes sont dits polyploïdes.

Caryotype humain normal des deux sexes


Le caryotype normal dans l’espèce humaine : le noyau des cellules somatiques contient 46 chromosomes répartis en 23 paires. Le caryotype humain normal est donc diploïde.  Chaque paire est constituée d'un chromosome paternel et d'un chromosome maternel dits homologues. Les 22 paires de chromosomes identiques dans les deux sexes sont les autosomes. La 23e paire est constituée par les chromosomes sexuels ou gonosomes.

Dans la terminologie génétique, le nombre placé en tête est le nombre total de chromosomes, y compris les chromosomes sexuels, dont la nature est indiquée après la virgule. Les autosomes ne sont spécifiés que s'ils sont anormaux. Le caryotype d'un homme normal est désigné par la formule 46, XY, celui d'une femme normale par la formule 46, XX.

Dans l'espèce humaine, le nombre haploïde (n) est le nombre de chromosomes contenus par les cellules germinales. Il est égal à 23.

b - Les aberrations chromosomiques :

Des erreurs se produisent parfois au cours de la méiose (division des gamètes) ou au cours de la mitose (division des cellules somatiques) entraînant l'apparition d'anomalies chromosomiques dans les noyaux des cellules filles. On parle alors d'aberrations chromosomiques quand le nombre ou la structure des chromosomes sont anormaux. Elles provoquent des maladies telles que l'hémophilie, certaines myopathies (atteinte congénitale des muscles entraînant une diminution du tonus musculaire) ou le mongolisme, pour ne citer que les plus fréquentes. On peut classer les aberrations chromosomiques en :

 -  anomalies de structure : conséquences de cassures de chromosomes. Les principales sont : les délétions, les translocations, les inversions et les isochromosomes.

 -  anomalies numériques : divisées en
     aneuploïdies : le nombre des chromosomes est normal sans être un multiple exact du nombre haploïde. On distingue les hyperploïdies dont les plus connues sont les trisomies (ex: trisomie 21 ou syndrome de DOWN ; trisomie 18 ou syndrome d'EDWARDS), et les hypoploïdies qui sont peu fréquentes et pratiquement létales si elles portent sur les autosomes (ex: portant sur les gonosomes le syndrome de TURNER ou monosomie X dont la formule est 45, XO)
     polyploïdies : le nombre des chromosomes est un multiple entier supérieur à 2 du nombre haploïde (N). 

Chez l'homme, les seuls multiples connus sont 3 et 4 du nombre haploïde qui est 23 :

  3 n : correspondant aux formules 69, XXY pour un garçon et 69, XXX pour une fille. Ce sont des caryotypes triploïdes.
  4 n : correspondant aux formules 92, XXXX pour une fille et 92, XXYY pour un garçon. Ce sont des caryotypes tétraploïdes.
  
c - Les mosaïques :

Certains individus n'ont pas le même assortiment chromosomique dans toutes leurs cellules. Une anomalie se produit lors des premières divisions de l'œuf, entraînant dans ces cas la cohabitation de deux, ou plusieurs lignées (ou clones ou contingents) cellulaires dont les caryotypes sont différents. Ainsi, certaines sont porteuses d'un type d'aberration chromosomique alors que d'autres ont un caryotype normal ou porteur d'une autre aberration. Selon l'importance quantitative des cellules issues du clone anormal, on assiste à une expression phénotypique plus ou moins marquée de l'anomalie chromosomique correspondante.

REMARQUE : les pourcentages respectifs des différentes populations cellulaires peuvent varier largement d'un tissu à un autre. Cette remarque montre la nuance avec laquelle il faut interpréter les conséquences potentielles d'une mosaïque découverte sur des prélèvements cellulaires ponctuels ou uni-tissulaires.

© Inserm, J.-C. LambryVue transversale de l'ADN la molécule qui contient les gènes. Sur cette modélisation, les différents atomes constituant l'ADN ont été représentés en couleur : le carbone en orange, l'oxygène et bleu, l'azote en rouge, l'hydrogène en blanc et le phosphore en violet.




 2 - CELLULES TÉTRAPLOÏDES EN PHYSIOLOGIE :

Dans le règne végétal :

On trouve ce phénomène à l'état physiologique chez un nombre important de plantes supérieures. Ce sont souvent des espèces capables de reproduction végétative. Le caryotype tétraploïde est peu fréquent au sein des espèces capables de polyploïdie à l'état naturel. Voici, à titre d'exemple, un répertoire succinct  de quelques espèces connues :

 Gossypium hirsutum : coton
 Arachis hypogaea : arachide
 Nicotiana tabacum : tabac
 Solanum tuberculum : pomme de terre
 Oriza sativa : riz
 Coffea arabica : caféier

Dans le règne animal :

On retrouve également le phénomène de polyploïdie physiologique au sein de quelques espèces animales, la plupart capables de reproduction asexuée. Des caryotypes tétraploïdes constituent cependant une véritable rareté. Ainsi, seul, à la connaissance du Professeur B. DUTRILLAUX qui a eu la grande amabilité de répondre par courrier à la " colle que je lui ai posée", pour reprendre ses propres termes, une espèce de Planaires (Turbulleria Tricladida Paludicola, ver plat de l'embranchement des Plathelminthes, classe des Turbellariés),  possède de façon inconstante une formule tétraploïde typique (4n = 28): Crenobia alpina. Le tiré à part qu'il m’a adressé:
 « Les particularités cytogénétiques de ces animaux résident en trois points principaux:
 - La variation du nombre haploïde de chromosome paraît aussi marquée entre des espèces appartenant à un même genre qu'entre des espèces de genres différents.
  - Chez certaines espèces, le degré de ploïdie semble varier selon l'origine géographique.
 - enfin chez la même espèce, il est possible de rencontrer une variation de la formule chromosomique. Ainsi, pour Crenobia alpina, des exemplaires issus d'autres origines géographiques que celles possédant la formule 4n=28 (M. BENAZZI 1966) exemplaires recueillis en Italie, on peut trouver des formules 6n= 42 chromosomes (B.DUTRILLAUX et P. LEPIQUE, 1970) recueillis en Haute Savoie et 9n= 63 chromosomes (DAHM 1958) recueillis en Suède. »

J’ai retrouvé également dans la littérature : chez l'huître, les ostréiculteurs utilisent un mâle huître tétraploïde pour féconder des huîtres diploïdes (normales) afin d'obtenir une huître triploïde. Le naissain d'un tel croisement est stérile.

 Dans l'espèce Humaine :

 En physiologie
certains tissus pouvant contenir des cellules possédant un multiple du nombre somatique constant de 46, ont été a découverts. Dans la quasi totalité des cas il s'agit de cellules tétraploïdes. Au niveau de l'encéphale, à l'état normal, d'après les études anatomopathologiques effectuées par C.L. SCHOLTZ sur le cortex strié, LAPHAM ET JOHNSON sur le cervelet, MANN et YATES sur les cellules de PURKINJE, on rencontre des cellules tétraploïdes. A titre d'exemple, au niveau des cellules gliales des couches 1,2 et 3, des noyaux tétraploïdes sont mis en évidences dans un rapport moyen de 1 pour 30.

Au niveau de tissus en croissance rapide, P.J. SWARTZ en 1956, en retrouvait dans les cellules hépatiques et montrait le rôle prépondérant de l'hormone de croissance dans leur apparition, suggérée par leur présence plus importante en période pubertaire.
VAN DER HEYDEN et JAMES en dénombre au sein du myomètre gravidique, et C.P. ADLER, au sein du myocarde en cours de croissance ou dans des cas d'hypertrophies.

En pathologie humaine :
 - B.S. DANES note un accroissement significatif du nombre des cellules tétraploïdes dans les cultures de fibroblastes de personnes atteintes d'un syndrome de GARDNER, maladie autosomique dominante caractérisée par l'apparition de quatre types de tumeurs inhabituelles : polypose intestinale multiple, ostéomes, fibromes, kystes sébacés. Ce dernier auteur, effectue le même type de constatation au niveau de ces mêmes cellules, dans un groupe de 70 patients ayant des antécédents familiaux de cancers variés.

- G. ANEREN visualise le même phénomène chez 34 patients porteurs de malformations légères des extrémités des membres.

Il est parfaitement logique de retrouver des cellules tétraploïdes au sein des contingents cellulaires recueillis sur des néoplasmes. Citons à ce propos la publication d'un cas de leucémie tétraploïde par TRUJILLO en 1971.

3 - PHYSIOPATHOLOGIE DE LA TÉTRAPLOÏDIE CHEZ L’HOMME :

Pour résumer les conceptions physiopathologiques actuelles, deux mécanismes responsables de la formation d'un œuf tétraploïde ont pu être mis en évidence :
- de façon quasi constante, il s'agit d'une défaillance lors de la première division cellulaire d'un œuf normal: duplication chromosomique et non disjonction cytoplasmique.
- On connaît une observation mettant en évidence une fécondation ovulaire par trois pronuclei mâles (trispermie hautement probable).


4 - FRÉQUENCES DES ABERRATIONS CHROMOSOMIQUES ET DE LA TÉTRAPLOÏDIE
CHEZ L’HOMME

 A - FRÉQUENCE DES ABERRATIONS CHROMOSOMIQUES :
     
  a - Au niveau des produits d'avortements:

Les chiffres publiés demandent une interprétation. En données brutes extraites d’une revue de la littérature, T. HASSOLD  s'aperçoit que les chiffres publiés vont de : 30% pour CREASY (1976) à 61% pour BOUÉ (1975) d'aberrations chromosomiques retrouvées sur l'ensemble des produits d'avortements spontanés analysés. Si l'on tient compte du fait que les publications portent sur des échantillons correspondant à des produits d'avortements d'âges gestationnels inhomogènes, on s'aperçoit que les études concordent si on exprime leurs résultats d'une autre façon. Ainsi, E. PHILIPPE, estime, après une revue des principales études publiées jusqu'en 1984, que le pourcentage d'avortements spontanés liés à une aberration chromosomique est d'environ :
 70 % avant 6  semaines de gestation
 50 % avant 10 semaines de gestation
 20 % avant 20 semaines de gestation

    b - Chez les nouveaux nés vivants :

Selon les auteurs, les chiffres varient sensiblement et se situent dans une fourchette allant de: 0,54 % pour H.P. KLINGER  à 1 % pour J. BELAISCH.
Les manifestations cliniques en rapport, sont par ailleurs, plus ou moins patentes, voire de découverte fortuite.
L'étude nous paraissant la plus significative du point de vu statistique est celle effectuée par GRELL en 1977 dans une enquête regroupant 31.801 nouveaux nés vivants chez lesquels on avait recensé 182 anomalies chromosomiques, soit une fréquence de 0,57 %.


B - FRÉQUENCE DE LA TÉTRAPLOÏDIE HUMAINE :

      a - Au niveau des produits d'avortements :

 En regroupant les publications les plus importantes quant au nombre d'échantillons analysés, on peut obtenir un pourcentage moyen de survenue de l'anomalie chromosomique au niveau des produits d'avortements spontanés.

Sur un nombre de 3754 cultures réalisées, on dénombre 1785 aberrations chromosomiques décelées, dont 113 caryotypes tétraploïdes. Soit une fréquence relative de 6,33%.

Il est intéressant de signaler que le taux d'incidence de 6,33 % que mentionne P. TOSI est sensiblement supérieur à celui cité habituellement dans la littérature, et en particulier, E. PHILIPPE en 1984 qui le situe aux alentours de 4 %.

Pour donner un ordre d'idée, citons en comparaison les fréquences relatives des anomalies chromosomiques les plus fréquemment sur les produits d'avortement: trisomies  (54 %), triploïdies (19 %), monosomie X  (15 %), trisomie double (3 %).

D.M. SHEPPARD regroupe l’étude de 120 observations qui indiquent un caryotype 92, XXXX dans 75 cas et un caryotype 92, XXYY dans 45 cas.

 b - Chez les nouveaux nés vivants :

 En 1991 j’avais dénombré après recueil des articles de la littérature mondiale:

 . 5 publications d'enfants nés vivants porteurs d'une tétraploïdie pure.
 . 6 publications d'enfants nés vivants porteurs d'une mosaïque diploïde-tétraploïde.

De nombreuses malformations externes et internes sont décrites dans les articles des auteurs d'observations cliniques d’enfants nés vivants porteur de cette anomalie. Il ne serait pas de bon ton de présenter dans ce blog l’iconographie que j’ai pu recueillir en 1990 à ce sujet. Pour télécharger et consulter le détail des observations, lire mon ancien travail en version brouillon Word et obtenir une bibliographie, suivre le lien : POUR ALLER PLUS LOIN



Note : ce billet a essentiellement pour but d’exhumer d’un classeur poussiéreux où il sommeillait depuis plus de 20 ans (1990) un travail qui m’avait été confié portant sur un cas potentiel de tétraploïdie chez un nouveau né décédé rapidement en post-partum. L’accouchement, le 17/04/1984, avait été déclenché à 31 semaines ½ d’aménorrhée gravidique, avec accord de la patiente, sur des arguments cytogénétiques en faveur d’aberration chromosomique, associés à un retard de croissance intra-utérin sévère dans le cadre d’une grossesse incidentée par une néphropathie gravidique à l’équilibre précaire chez une mère porteuse d’un diabète gestationnel. Observation recueillie à la Maternité Régionale de Nancy. L’autopsie du nouveau-né, n’ayant révélé aucune anomalie anatomique externe ou interne typique décrite dans les tétraploïdies, mis à part un pterygium coli peu prononcé, le seul argument de présence de cellules tétraploïdes (7/18) dans les recueils d’une amniocentèse antérieure ne me paraissait pas suffisant pour conclure qu’on se trouvait bien en présence d’un cas avéré d’enfant né vivant porteur d’une mosaïque diploïde-tétraploïdie. Des artéfacts de culture pouvaient être à l’origine d’un faux diagnostic positif. De plus, des biopsies pluritissulaires n’avaient malheureusement pas été pratiquées lors de l’autopsie.