Sitôt l’après-guerre, un consensus naquit rapidement chez les intellectuels concernant l'horrible bilan du nazisme et ses cinquante millions de morts associés directement ou indirectement aux idées qu’il développait. Etrangement, il a fallu pour ainsi dire attendre la chute du rideau de fer pour qu'une pareille unanimité s'entende chez nos beaux esprits quant aux conséquences funestes du stalinisme et de ses méthodes. Pour ne s’en tenir qu’au bilan chiffré des morts directes et collatérales: 80 millions sur le globe aux dires des experts.
L’aveuglement des intellectuels français sur le sujet est proprement pathétique. L’engagement notoire du Parti Communiste contre le nazisme et le nombre important de ses membres morts dans la résistance et les camps de concentrations aux cotés de Juifs, de tziganes, d’homosexuels et d’hommes d’origine africaine auraient retardé cette capacité à une condamnation rapide. Travail pénible que de couper avec une tradition politique familiale, véritable arrachement que de renier une idéologie qui avait séduit, décision risquée que d’abandonner la source d’énergie ayant alimenté de longues années des combats politiques, sociaux et armés, même au vu d’un pareil bilan.
Une voix, pourtant, s’était élevée dans le désert bien des années plus tôt. Ecrit entre 1938 et 1940, publié en Angleterre en 1941 et en France en 1945, le livre d’Arthur Koestler «Le zéro et l’infini» était déjà le réquisitoire impitoyable d’un homme ayant servi ce régime et ayant eu la capacité d’en décortiquer de manière convaincante les dérives qui ramenaient l’individu à une entité proche du zéro par opposition à l’infini de la collectivité. En France, rares furent les intellectuels, hormis Francine Bloch, qui prirent la défense de l’ouvrage. Quand on dit que la vérité est souvent cachée au fond d’un puits...
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