vendredi 2 novembre 2012

No country for old men


Sailing to Byzantium

That is no country for old men. The young
In one another’s arms, birds in the trees
– Those dying generations – at their song,
The salmon‐falls, the mackerel‐crowded seas,
Fish, flesh, or fowl, commend all summer long
Whatever is begotten, born, and dies.
Caught in that sensual music all neglect
Monuments of unageing intellect.

An aged man is but a paltry thing,
A tattered coat upon a stick, unless
Soul clap its hands and sing, and louder sing
For every tatter in its mortal dress,
Nor is there singing school but studying
Monuments of its own magnificence;
And therefore I have sailed the seas and come
To the holy city of Byzantium.

O sages standing in God’s holy fire
As in the gold mosaic of a wall,
Come from the holy fire, perne in a gyre,
And be the singing‐masters of my soul.
Consume my heart away; sick with desire
And fastened to a dying animal
It knows not what it is; and gather me
Into the artifice of eternity.

Once out of nature I shall never take
My bodily form from any natural thing,
But such a form as Grecian goldsmiths make
Of hammered gold and gold enamelling
To keep a drowsy Emperor awake;
Or set upon a golden bough to sing
To lords and ladies of Byzantium
Of what is past, or passing, or to come.

William Butler Yeats



En bateau pour Byzance

Ce pays-là n’est pas pour les vieillards. Les garçons
Et les filles enlacés, les oiseaux dans les arbres
- Ces générations qui meurent – tout à leur chant,
Les saumons des chutes, les mers peuplées de maquereaux,
Poisson, viande, volaille, font l’éloge l’été durant
De tout ce qui a été engendré, naît et meurt.
Ravis par cette musique sensuelle, tous négligent
Les monuments de l’intellect sans âge.

Un homme âgé n’est qu’une misérable chose,
Un manteau loqueteux sur un bâton, à moins
Que l’âme ne batte des mains et ne chante, et ne chante plus fort
A chaque nouvelle déchirure qui troue son habit mortel,
Mais il n’est qu’une seule école de chant, celle de l’étude
Des monuments de sa propre magnificence ;
Et c’est pourquoi j’ai traversé les mers pour m’en venir
Jusqu’à la cité sainte de Byzance.

Ô vous, sages dressés dans les saintes flammes de Dieu
Comme dans l’or d’une mosaïque murale,
Sortez des flammes saintes, venez dans la gyre qui tournoie
Et soyez les maîtres de chant de mon âme.
Réduisez en cendres mon cœur ; malade de désir,
Ligoté à un animal qui se meurt,
Il ignore ce qu’il est ; et recueillez-moi
Dans l’artifice de l’éternité.

Une fois hors de la nature, je n’emprunterai plus
Ma forme corporelle à nulle chose naturelle, mais
A ces formes que les orfèvres de Grèce
Façonnent d’or battu ou couvrent de feuilles d’or
Pour tenir en éveil un Empereur somnolent ;
Ou qu’ils posent sur un rameau d’or pour qu’elles chantent
Aux seigneurs et aux dames de Byzance
Ce qui fut, ce qui est, ce qui est à venir.


Note: les frères Coen ont donc lu Yeats. Leur adaptation cinématographique du poème s'éloigne cependant légèrement du sujet... La traduction prête à caution mais est plus fidèle que l'adaptation en question. Vive la cigale qui se cultive durant la Grande Traversée...

jeudi 11 octobre 2012

SALIX ALBA ou Saule blanc




Synonymes français : Osier blanc, Aubier

Famille : Salicacéees

Description : Arbre de 10 à 15 m, atteignant au maximum 25 m. Rameaux très souples, élancés, légèrement pubescents. Cime arrondie. Feuilles brièvement pétiolées, alternes, lancéolées (10 cm de long), finement dentelées, blanc argenté dessous. Espèce dioïque à inflorescences mâles jaunes et femelles vertes. Fleurs mâles à deux étamines. Rameaux grisâtres, devenant brun jaunâtre, souples. Branches devenant cassantes.

Biologie et acclimatation : Espèce rustique du bord des eaux et des endroits humides. Longévité de 70 à 120 ans. Multiplication par boutures.

Intérêt : Essence employée en vannerie. Bois légèrement rougeâtre employé en sculpture. L’écorce à des propriétés toniques et vermifuges, mais aussi fébrifuges et antalgiques.


De Salix à l’acide acétylsalicylique (aspirine), via l'acide salicylique

L'écorce de saule est connue au moins depuis l'Antiquité pour ses vertus curatives. On a retrouvé la mention de décoctions de feuilles de saule sur des tablettes sumériennes de 5000 av. J.-C. et dans un papyrus égyptien des 1550 av. J.-C (papyrus Ebers). Le médecin grec Hippocrate (460–377 av. J.-C.) conseillait déjà une préparation à partir de l'écorce du saule blanc pour soulager les douleurs et les fièvres. Les Romains connaissaient aussi ses propriétés.

En 1763, le pasteur Edward Stone présente un mémoire devant la Royal Medicine Society sur l'utilisation thérapeutique de décoctions de l'écorce du saule blanc contre la fièvre. En 1829, Pierre-Joseph Leroux, un pharmacien français, tente, après avoir fait bouillir de la poudre d'écorce de saule blanc dans de l'eau, de concentrer sa préparation ; il en résulte des cristaux solubles qu'il dénomme salicyline (de salix). Puis, des scientifiques allemands purifient cette substance active, appelée d'abord salicyline, puis acide salicylique.

En 1877, Germain Sée propose le salicylate de soude comme antipyrétique. Marceli Nencki prépare à partir de 1880 un dérivé de l'acide salicylique et du phénol appelé Salol, qui, sans présenter de propriétés pharmacologiques supérieures aux médicaments alors existants, a toutefois un goût plus agréable. Ce produit fait l'objet d'un grand engouement populaire.

En 1835, Karl Löwig montre que l'acide spirique, extrait de la reine-des-prés, est chimiquement identique à l'acide salicylique. À partir des extraits naturels, on isole le salicylate de sodium, qui devient alors le médicament couramment employé contre la douleur et l'inflammation. Cette préparation permet de faire tomber la fièvre et de soulager les douleurs et les rhumatismes articulaires, mais provoque de graves brûlures d'estomac. On parvient à la fin du XIXe siècle à la produire industriellement en Allemagne.

En 1853, le chimiste strasbourgeois Charles Frédéric Gerhardt effectue la synthèse de l'acide acétylsalicylique, qu'il nomme acide acétosalicylique et dépose un brevet. Cependant son composé est impur et thermolabile. Le savant meurt trois ans plus tard et ses travaux tombent dans l'oubli.

En 1859, Kolbe réussit la synthèse chimique de l'acide salicylique, utilisé alors pour ses propriétés antiseptiques, mais c'est Felix Hoffmann, chimiste allemand entré au service des laboratoires Bayer en 1894, qui, en octobre 1897, reprenant les travaux antérieurs de Gerhardt, trouve le moyen d'obtenir de l'acide acétylsalicylique pur. Il transmet ses résultats à son patron Heinrich Dreser. Ce dernier teste le produit sur le cœur de grenouille, son animal de laboratoire favori, et n'obtient aucun résultat probant. Hoffmann, persuadé de l'intérêt de la molécule (il s'en sert d'ailleurs pour soigner son père, qui souffrait de rhumatisme chronique et prenait jusque-là du salicylate de sodium), donne le médicament à des amis médecins et dentistes, qui le testent avec succès sur leurs patients pendant deux ans (effet antalgique et moins toxique pour l'estomac que le salicylate de sodium). Commence alors la production industrielle du médicament. Finalement, le brevet et la marque de l'aspirine sont déposés par la société Bayer en 1899 sous la dénomination d'Aspirin. La préparation arrive en France en 1908 et est commercialisée par la Société chimique des usines du Rhône. Cependant, après la Première Guerre mondiale, le Traité de Versailles stipule que la marque et le procédé de fabrication tombent dans le domaine public dans un certain nombre de pays (France, États-Unis, etc.) mais pas dans d'autres (comme le Canada).

En 1949, le supérieur hiérarchique direct d'Hoffmann, Arthur Eichengrün publie un article revendiquant la paternité de la découverte. Cette revendication est ignorée par les historiens des sciences jusqu'en 1999, date à laquelle les recherches de Walter Sneader de l'université de Strathclyde, à Glasgow, concluent que c'est bien Eichengrün qui a eu l'idée de synthétiser l'acide acétylsalicylique. Bayer, dans un communiqué de presse, réfute cette théorie, mais la controverse reste ouverte.

L'acide salicylique n'est désormais plus utilisé que pour son action apaisante (analgésique) et on le retrouve dans de nombreux produits en dermatologie en complément d'un autre principe actif. Il est par exemple utilisé dans le traitement de l'acné, des verrues ou de l'hyperhidrose (sueur excessive).

Source de l'annexe : Wikipédia


vendredi 31 août 2012

Les passions sont les vents qui enflent les voiles du navire

Ivan AIVAZOVSKI (1817-1900) - Ships in a Storm - 1860

"Les passions sont les vents qui enflent les voiles du navire ; elles le submergent quelquefois, mais sans elles il ne pourrait voguer."
Voltaire (François Marie Arouet, dit), Zadig ou la destinée.



La philosophie que je cultive n'est pas si barbare ni si farouche qu'elle rejette l'usage des passions; au contraire, c'est en lui seul que je mets toute la douceur et la félicité de cette vie.
Descartes (René), Correspondance, à l'abbé Picot, 28 février 1648.

Nous voyons [... que les passions] sont toutes bonnes de leur nature, et que nous n'avons rien à éviter que leurs mauvais usages ou leurs excès.
Descartes (René), Les Passions de l'âme.

Les hommes que les passions peuvent le plus émouvoir sont capables de goûter le plus de douceur en cette vie.
Descartes (René), Extrait du Traité des passions.

Les passions détruisent plus de préjugés que la philosophie.
Diderot (Denis), Discours sur la poésie dramatique.

Rien n'est plus dangereux que les passions dont la raison conduit l'emportement.
Helvétius (Claude Adrien), Notes, maximes et pensées.

Les passions des jeunes gens sont des vices dans la vieillesse.
Joubert (Joseph), Pensées.

Les passions sont les seuls orateurs qui persuadent toujours.
La Rochefoucauld (François), Maximes.

L'absence diminue les médiocres passions, et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies, et allume le feu.
La Rochefoucauld (François), Extrait des Sentences et maximes morales.

Si nous résistons à nos passions, c'est plus par leur faiblesse que par notre force.
La Rochefoucauld (François), Maximes.

Il est difficile de vaincre ses passions, et impossible de les satisfaire.
La Sablière, Pensées chrétiennes.

Il n'y a que le malheur qui soit vieux; il n'y a que la passion qui soit raisonnable.
Lespinasse (Julie de), Lettres, à M. de Guibert.

Tout ce qui n'est pas passion est sur un fond d'ennui.
Montherlant (Henry Millon de), Aux fontaines du désir.

Ce sont nos passions qui esquissent nos livres, le repos d'intervalle qui les écrit.
Proust (Marcel), À la recherche du temps perdu, le Temps retrouvé.

Nos passions sont les principaux instruments de notre conservation ; c'est donc une entreprise aussi vaine que ridicule de vouloir les détruire.
Rousseau (Jean-Jacques), Emile ou de l’éducation.

Les plus belles passions ne sont que la rencontre de deux égoïsmes.
Soucy (Jean-Yves),  Parc La Fontaine.

Qui veut détruire les passions, au lieu de les régler, veut faire l'ange.
Voltaire (François Marie Arouet, dit), Lettres philosophiques, XXV.

 Ce n'est pas l'amour qu'il fallait peindre aveugle, c'est l'amour-propre.
 Voltaire, Extrait d’une Lettre - 11 Mai 1764


Note: parmi ces citations autour du thème de la passion que j'ai recueillies à la volée, Marcel Proust montre , une fois de plus, sa finesse d'observation.

Les thèmes d'inspiration d'Ivan Avazovski et sa manière de les traiter l'inscrivent au cœur du courant romantique du XIXe siècle. Ce romantisme s'affirmera tout au long de sa carrière en atteignant son apogée dans ses œuvres des années 1850, avec, notamment: La neuvième vague (1850), Clair de lune (1849) et Tempête (1854). L'originalité de l'œuvre d'Avazovski s'explique en partie par son attachement à  la culture arménienne pour laquelle l'idée de la lumière créatrice, lumière de la connaissance, est ancrée dans la tradition ; la représentation qu'il fit des hommes luttant contre la mer en furie traduirait également la volonté de survie associée à cette culture.


Aivazovski - Bateau dans la tempête 1887

jeudi 19 juillet 2012

Le format GIF


Le Graphics Interchange Format, qu’on peut traduire par « format d'échange d'images », plus connu sous l'acronyme GIF, est un format d'image numérique couramment utilisé sur Internet. GIF a été mis au point par CompuServe en 1987 pour permettre le téléchargement d'images en couleur. Ce format utilise l'algorithme de compression sans perte LZW, nettement plus efficace que l'algorithme RLE utilisé par la plupart des formats alors disponibles (PCX, ILBM puis BMP). Ce qui est intéressant à propos de ce format, c'est la possibilité de créer ou d'éditer des animations, comme par exemple les cinemagraphs. Il existe une multitude de logiciels, dont plusieurs sont gratuits, permettant de sauvegarder en format GIF. Les logiciels d'animations permettent surtout de modifier la vitesse de défilement des images. Quelques uns permettent de les éditer ou de les créer de toute pièce.

GIF permet de spécifier qu'une entrée de la palette est transparente. C'est notamment utile lorsqu'une image non rectangulaire est intégrée à un document comme une page web : on voit le document à travers les pixels transparents. GIF propose un mode entrelacé permettant de commencer par transmettre quelques lignes d'une image, puis les lignes placées entre elles. Ce mode permet de donner plus rapidement un aperçu de l'image lorsque la transmission est lente. Le principe de compression est en fait de simplifier le code des parties de rangées de pixels de même couleur. C'est pour cela que ce format est utilisé sur les images comportant un nombre plutôt limité de couleur et sans dégradés, avec de préférences des grandes zones de couleur unies.

En 1989, le format GIF a été étendu (format GIF89a au lieu de GIF87a) pour permettre le stockage de plusieurs images dans un fichier. Ceci permet de créer des diaporamas, voire des animations si les images sont affichées à un rythme suffisamment soutenu indiqué par le concepteur. La palette de couleurs proposée est plus restreinte que celle du format PNG assez comparable dans sa capacité de proposer un fond transparent.

Source: Wikipédia


Quelques exemples de cinemagraphs de belle facture, mais de tailles respectables, piochés sur ce site.

A vous de reconnaître les films qui sont à la base de ces GIF animés:






IMMORTEL, AD VITAM - Enki Bilal - 2004 - Ajout d' effets optiques

mardi 26 juin 2012

Les émotifs anonymes



Être timide incite soit à la discrétion soit, au contraire, à l'excès pour mettre à distance ses propres peurs. Dans les deux cas, le point d'équilibre est difficile à saisir. Un équilibre que le réalisateur Jean-Pierre Améris (Mauvaises fréquentations, C'est la vie...) parvient justement à trouver avec cette love story entre deux hyperémotifs. Mieux, il joue habilement de ce rapport de forces. Si les deux protagonistes ont choisi l'effacement au plus profond de leur être, leur alliance possible passe inévitablement par un surplus d'émotions, donc de situations burlesques (en cela, la séquence du dîner est un chef-d’œuvre de rythme, d'écriture et de jeu). Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde - déjà couple dans "Entre ses mains", d'Anne Fontaine, en 2005 - composent leurs personnages avec une connivence d'autant plus savoureuse que le scénario les oblige à avancer sur un même terrain psychologique. L'un étant en quelque sorte le miroir de l'autre. Enfin, le choix assumé de la théâtralité, avec notamment ce décor de chocolaterie tout droit sorti d'une comédie musicale désuète, donne à ce joli spectacle des sentiments une force et une modestie singulières qui tranche avec la plupart de nos comédies nationales, trop sûres d'elles.  

Thomas Baurez – L’Express

Mon avis :

En 2010, Jean-Pierre Améris, nous gratifie d’un film drôle et original. Il est émaillé de nombreuses références au cinéma de ses prédécesseurs : traitement des couleurs « à la Tim Burton », références aux anciens films musicaux américains - clin d’œil en particulier à « La mélodie du bonheur » - scènes burlesques rythmées profitant de la qualité du jeu d’acteurs bien choisis. Le final fait penser à celui du film de Chaplin, « Les temps modernes »



Le thème : l’hyperémotivité. Le seul méchant du film est l’accès d’angoisse. Le réalisateur le constate après coup lors d’interviews.

A se demander alors si la timidité est un réel handicap. Elle semblerait plutôt l’atout du créatif et source de la bienveillance de l’observateur attentif, discret au point qu’il confirmerait à lui seul un dialogue célèbre de Michel Audiard : « Les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. »



mardi 24 avril 2012

Résolution géométrique d’un type d’équation de degré 2 à l’aide d’un gnomon


Statue d’ Al-Kwharizmi à Khiva


A la base :

Le gnomon, du grec ancien « γνώμων » qui signifie « indicateur » ou « ce qui révèle », est un des premiers instruments utilisé en astronomie. C'est une simple tige verticale (style) plantée sur un plan horizontal. Il est connu depuis la plus haute antiquité (égyptiens, chaldéens, grecs). La longueur de l'ombre portée permet de mesurer la hauteur d’un astre, l'angle alpha de celui-ci, et la direction de l'ombre donne l'azimut de l'astre. Le gnomon est l'ancêtre du cadran solaire. Ératosthène, savant grec (géomètre de l'école d'Alexandrie) vers l'an 250 Av JC, mesura avec cet instrument rudimentaire le méridien terrestre avec une précision étonnante.

En géométrie :

Un gnomon est une figure plane formée en enlevant un parallélogramme, d'un coin d'un plus grand parallélogramme. Lorsque le parallélogramme est un rectangle, le gnomon est alors une sorte d'équerre. La notion se généralise à toute figure géométrique qui doit être ajoutée à une figure donnée, pour que la nouvelle figure soit semblable à la première.


Al-Khwarizmi :

Al-Khwarizmi Muhammad ibn Moussa est né à Khwarizem (Ouzbékistan), d'où son nom. Il fut astronome sous le règne du Calife Abd Allah al Mahmoun (786-833) qui encouragea la philosophie et les sciences en ordonnant la traduction (827) des textes de la Grèce antique. C'est ainsi, par exemple, que fut connue l'œuvre de Ptolémée, dite Al majisti (la très grande) : l'Almageste.

La notoriété d'Al-Khwarizmi nous est parvenue à travers les siècles moins par ses talents d'astronome que par son intervention dans l'art du calcul algébrique : il est l'auteur du célèbre ouvrage Kitab Al jabr w'al mouqabala, translittération latine du titre arabe, soit : Livre sur la science de la transposition et de la réduction.


Le problème :

Aidé par les travaux nettement antérieurs de ses précurseurs grecs - Pythagore, Euclide, Ératosthène et Ptolémée, en particulier - Al Kwharizmi s’est attelé, à l’aide d’un gnomon géométrique, à résoudre ce qu’en algèbre on nommera par la suite une équation de degré 2.

- Le problème posé en langage géométrique de la résolution d’une équation de degré 2 serait :

Le nombre obtenu en ajoutant celui de la surface d’un carré à la longueur de son côté multiplié par un nombre donné (b) est égale à un autre nombre donné (c). Quel est la longueur (x) du côté de ce carré ?

- En utilisant le formalisme algébrique l’énoncé de ce problème devient :

Des nombres b et c sont donnés. Trouver x tel que : 
  (1)  x2 + bx   = c

On se trouve bien face à la formulation algébrique d’une équation dite de degré 2, plus généralement écrite : ax2 + bx + c = 0.

Vu l’énoncé du problème initial, dans ce cas particulier, b et c ne peuvent être que des nombres entiers positifs.


Utilisation d’un gnomon pour trouver la solution :


Capture d’image d’un extrait de fichier PDF proposé par Nicole Bopp sur Internet.

A noter qu'on peut appliquer ce type de méthode géométrique à la résolution d'une équation de degré 3 à l'aide de cubes en remplacement des aires planes des carrés (Méthode de Tartaglia dans les années 1500).

Trois liens:



Le fichier PDF dont est extrait la capture d'écran

Complément historique :

Les équations du second degré sont au centre de l'algèbre babylonienne, dès avant le XVII siècle av. J.‑C.. La tablette d'argile BM 13901 a été qualifiée de « véritable petit manuel d'algèbre, consacré à l'équation du second degré et aux systèmes d'équations, et donnant les procédures résolutoires fondamentales ».
Les équations du second degré ont été étudiées systématiquement par Al-Khwarizmi au IXe siècle, dans un ouvrage intitulé "Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison" qui, via le mot « restauration » ou « reconstruction » (en arabe : al-jabr) a donné son nom à l'algèbre. Al-Khawarizmi distingue six cas d'équations du premier ou second degré dans lesquels les paramètres a, b et c sont tous positifs :
les carrés égalent les racines :  ax2 = bx ;
les carrés égalent les nombres : ax2 = c ;
les racines égalent les nombres : bx = c ;
les carrés et les racines égalent les nombres : ax2 + bx = c ;
les carrés et les nombres égalent les racines : ax2 + c = bx ;
les racines et les nombres égalent les carrés : bx + c = ax2 ;

Il démontre les méthodes de résolution en suivant des raisonnements d'algèbre géométrique.


Sources: Wikipédia et liens présents ou mentionnés



mercredi 18 avril 2012

Les Alyscamps de l'homme du train


Les Alyscamps de Paul Gauguin (1888, octobre)



Les Alyscamps (Champs Élysées en provençal, cité des morts vertueux dans la mythologie grecque), sont situés à Arles. De l'époque romaine au Moyen Âge, ils ont été une nécropole païenne puis chrétienne le long de la via Aurelia, en dehors de la cité, comme la plupart des nécropoles romaines. On y trouvait de très nombreux sarcophages. A noter que Paul-Jean Toulet n'utilise pas l'orthographe actuelle du lieu. License poétique ou toponymie variable ?

Il est fait référence plusieurs fois à ce poème dans L'Homme du train, un excellent film français réalisé par Patrice Leconte sorti en 2002. Il a été tourné, en grande majorité, dans une ville d'Ardèche du Nord : Annonay.



vendredi 6 avril 2012

Hémodynamique fœtale et troubles de l’adaptation néonatale




Avant la naissance, les poumons du fœtus ne sont pas fonctionnels et n’interviennent pas dans l’oxygénation du sang. C’est le placenta qui remplit ce rôle. Le sang oxygéné de la mère part au placenta et se mélange au sang « bleu » du fœtus dans sa veine cave inférieure, via le canal d’Arentius, avant d’atteindre l’oreillette droite. Peu de sang part vers les poumons. Grâce au foramen ovale (anciennement appelé trou de Botal) et au canal artériel, deux structures servant de shunts propres au fœtus, le cœur droit (avec son sang oxygéné en provenance du placenta) peut se déverser directement dans la circulation gauche en court-circuitant les poumons.

Ces deux structures provisoires permettent au sang oxygéné de passer rapidement vers l’aorte, puis vers le cerveau et tous les autres organes. Sans aucun bouleversement anatomique, le fœtus assume une fonction circulatoire complètement différente de celle du nouveau-né. Cette situation explique pourquoi la plupart des malformations cardiaques sont fort bien tolérées in utero : la circulation pulmonaire n’est pas existante et l’organisation ventriculaire n’a pas encore son importance puisqu’un seul ventricule (le droit en situation normale) suffit à  assumer la circulation du circuit ‘unique’.

A la naissance, le placenta est exclu brusquement de la circulation et l’enfant doit trouver d’urgence une autre source d’oxygène. La fonction respiratoire s’active et les alvéoles pulmonaires se déplissent pour remplir leur rôle d’oxygénation du sang et d’évacuation aérienne du gaz carbonique. Grâce aux premiers mouvements respiratoires expulsant le liquide amniotique résiduel contenu dans les bronches, les poumons et les vaisseaux pulmonaires acquièrent tout leur potentiel. Le surfactant sécrété en quantité et qualité suffisantes en direction de la surface aérienne des alvéoles peut jouer pleinement son rôle d’agent tensio-actif chez le nouveau-né à terme (ce qui n’est pas le cas chez le grand prématuré) en évitant celles-ci de se collaber. L’ampliation des vaisseaux engendre une baisse des ‘résistances’ pulmonaires, autrement dit, le sang y passe beaucoup plus facilement. Ceci permet une meilleure perfusion des poumons et amplifie l’oxygénation. Le sang oxygéné part désormais en grande quantité des poumons vers l’oreillette gauche, ce qui y augmente la pression et ferme mécaniquement le clapet que constitue la fente du foramen ovale. La circulation pulmonaire est installée et est définitivement séparée de la circulation systémique lorsque le canal artériel se ferme quelques heures plus tard, suite au passage d’un sang plus oxygéné qui induit le phénomène avec l’intervention de prostaglandines spécifiques locales. A noter que la baisse des ‘résistances’ pulmonaires, phénomène très important dans l’adaptation néonatale, se fait en grande partie à la naissance mais se complète encore pendant quelques semaines. 



La persistance du canal artériel

Le canal artériel est un petit vaisseau sanguin, reliant l'artère pulmonaire (celle qui va du cœur aux poumons) à l'aorte descendante (celle qui amène le sang oxygéné vers les organes du corps humain et  au cœur également par les artères coronaires). Normalement, ce canal se referme dans les heures qui suivent la naissance, mais il arrive qu'il reste ouvert.
Comme une partie du sang ne part pas en direction des poumons, selon l'importance de l'ouverture, il est possible que bébé ait des problèmes d'oxygénation insuffisante du sang (vous entendrez parler de saturation), et que le rythme cardiaque soit plus élevé que la normale, le cœur cherchant à compenser le problème.
- Si le problème n'est pas trop important, les médecins chercheront d'abord à provoquer la fermeture du canal, avec l'aide de médicaments. Le bébé aura par ailleurs un apport en oxygène un peu plus important, pour éviter au cœur de trop se fatiguer.
- Si le problème persiste, il est possible que les médecins décident une intervention chirurgicale, pour refermer artificiellement le canal. Ils utilisent pour cela une technique fine qui permet d'avoir une cicatrice de petite taille et une récupération rapide. Selon l'état de santé générale du bébé, et selon la taille de la "fuite", cette opération peut avoir lieu quelques semaines après la naissance, ou quelques mois. Après l'opération, on constate rapidement une amélioration de l'état général.

A noter : certains médicaments (en particulier les Anti Inflammatoires Non Stéroïdiens = AINS) pouvant entraîner une fermeture prématurée du canal artériel du fait de leurs effets antiprostaglandines sont proscrits durant la grossesse. Après la naissance, ces mêmes molécules peuvent favoriser la fermeture d'un canal artériel persistant.

La communication inter-ventriculaire (CIV)

Le foramen ovale, dénommé anciennement trou de Botal, est une communication physiologique présente entre les deux oreillettes durant la vie fœtale, et normalement appelée à se fermer après la naissance. La persistance d'un foramen ovale perméable est cependant observée avec une grande fréquence (9 à 35 % des adultes jeunes) et serait possiblement impliquée dans diverses pathologies, dont la survenue d'accidents vasculaires chez des sujets jeunes. L'appellation « trou de Botal » (actuellement désuète) fait référence au médecin piémontais Leonardo Botal (1519-1588), qui s'intéressa à l'anatomie et au rôle de cet orifice. Néanmoins, le foramen ovale a été décrit pour la première fois au IIe siècle par Galien.

Le foramen ovale en physiologie foetale

Chez le fœtus, ce foramen peut, par excès de taille, aller jusqu'à créer une communication entre les ventricules du cœur, et permettre ainsi à une partie du sang de passer directement du ventricule droit vers le gauche. Normalement, ce trou se referme à la naissance, lorsque bébé passe du mode de vie aquatique au mode de vie aérienne. Si ce n'est pas le cas, et que son diamètre est exagéré au point de mettre aussi en communication les ventricules (ou qu'une autre anomalie anatomique de communication du septum inter-ventriculaire soit présente), du sang va passer du ventricule gauche, qui contient le sang oxygéné devant alimenter l'ensemble du corps, au ventricule droit, qui est chargé d'envoyer le sang chargé de gaz carbonique aux poumons. Ceci a deux inconvénients :

- Le débit sanguin du cœur vers le corps est réduit, puisqu'une partie du sang retourne directement aux poumons.
- Les poumons reçoivent le sang à une pression supérieure à la normale, ce qui peut les endommager: Hypertension Artérielle Pulmonaire = HTAP.

La gravité de la CIV dépend de la taille du trou. 

Une petite CIV peut perdurer toute la vie du sujet, sans lui causer de troubles particuliers. Le cardiologue se contente de surveiller régulièrement ces enfants. Elle peut se refermer progressivement, au fil du temps (ce qui est le cas de la moitié des CIV, au cours des 4 premières années de vie).

Si la CIV est moyenne, elle n'entraine pas de défaillance cardiaque, mais ne guérit pas spontanément, il peut être nécessaire d'opérer vers 4/5 ans, si le débit pulmonaire est trop important (HTAP importante).

Si la CIV est importante, il peut être nécessaire d'opérer rapidement le bébé, ce qui sera généralement fait entre 3 et 6 mois. Si les poumons souffrent, il est nécessaire de pratiquer plus tôt une première opération de cerclage de l'artère pulmonaire, pour empêcher une trop grande quantité de sang de monter aux poumons.

Rappels de l'hémodynamique humaine après la naissance : animation Flash proposée sous licence CeCILL-B

lundi 6 février 2012

LA TÉTRAPLOÏDIE


DÉFINITION :

Tétraploïde se dit d'un organisme ou d'un tissu dont les cellules possèdent quatre fois le nombre haploïde de chromosomes, ou, exprimé différemment, un organisme ou une cellule où chaque chromosome existe en ensembles de quatre.



1 - RAPPELS DE GÉNÉTIQUE :

Un chromosome est un élément microscopique constitué en partie de molécules d'ADN. Dans les cellules eucaryotes, les chromosomes se trouvent dans le noyau où ils prennent la forme soit d'un bâtonnet, soit d'un écheveau, selon qu'ils sont condensés ou non. Dans les cellules procaryotes, les chromosomes se trouvent dans le cytoplasme, dans une région appelée nucléoïde. Le chromosome (du grec khroma, couleur et soma, corps, élément) est l'élément porteur de l'information génétique. Les chromosomes contiennent les gènes et permettent leur distribution égale dans les deux cellules filles lors de la division cellulaire. Ils sont formés d'une longue molécule d'ADN, associée à des protéines (notamment les histones). Entre deux divisions, la séparation entre les différentes molécules d'ADN est peu perceptible, l'ensemble porte alors le nom de chromatine. Ils se condensent progressivement au cours de la division cellulaire pour prendre une apparence caractéristique en forme de X à deux bras courts et deux bras longs, reliés par un centromère. Les chromosomes sont habituellement représentés par paires, en parallèle avec leur homologue. Ils sont souvent illustrés sous leur forme condensée et dupliquée (en métaphase de la mitose).

Formule développée d'un nucléotide d'ADN


On appelle allèles les différentes versions d'un même gène. Un allèle se différencie d'un autre par une ou plusieurs variations de la séquence de nucléotides (molécules organiques composées d'une nucléobase, d'un pentose et de 1 à 3 groupements phosphates). Ces différences apparaissent par mutation au cours de l'histoire de l'espèce, ou par recombinaison génétique. Tous les allèles d'un gène occupent le même locus (emplacement) sur un même chromosome.

a - Le caryotype, le génotype et la polyploïdie :

On appelle caryotype, ou carte des chromosomes, l'ensemble des chromosomes du noyau cellulaire (chez les eucaryotes), ou du cytoplasme cellulaire (chez les procaryotes), et génotype l'ensemble des gènes situés sur ces chromosomes. Le nombre et la morphologie des chromosomes sont spécifiques à chaque espèce animale ou végétale. Le nombre des chromosomes est en général constant chez les individus d'une espèce donnée. C'est ainsi que la drosophile a 8 chromosomes, que la grenouille en a 26, la souris 40, le chien 68 ... et le papillon Lysandria 380 !

Lorsqu'il existe des différences morphologiques entre les chromosomes d'un caryotype, on peut souvent observer qu'ils sont associables par paires ou par groupes, identiques par la taille, la position de leur centromère et par d'autres particularités anatomiques. Les espèces chez qui les chromosomes sont associables par paire sont dites diploïdes: leur lot somatique est un lot diploïde constitué de deux lots haploïdes (N).

Dans d'autres espèces les chromosomes sont associables par groupes de trois, quatre ou plus. De tels organismes sont dits polyploïdes.

Caryotype humain normal des deux sexes


Le caryotype normal dans l’espèce humaine : le noyau des cellules somatiques contient 46 chromosomes répartis en 23 paires. Le caryotype humain normal est donc diploïde.  Chaque paire est constituée d'un chromosome paternel et d'un chromosome maternel dits homologues. Les 22 paires de chromosomes identiques dans les deux sexes sont les autosomes. La 23e paire est constituée par les chromosomes sexuels ou gonosomes.

Dans la terminologie génétique, le nombre placé en tête est le nombre total de chromosomes, y compris les chromosomes sexuels, dont la nature est indiquée après la virgule. Les autosomes ne sont spécifiés que s'ils sont anormaux. Le caryotype d'un homme normal est désigné par la formule 46, XY, celui d'une femme normale par la formule 46, XX.

Dans l'espèce humaine, le nombre haploïde (n) est le nombre de chromosomes contenus par les cellules germinales. Il est égal à 23.

b - Les aberrations chromosomiques :

Des erreurs se produisent parfois au cours de la méiose (division des gamètes) ou au cours de la mitose (division des cellules somatiques) entraînant l'apparition d'anomalies chromosomiques dans les noyaux des cellules filles. On parle alors d'aberrations chromosomiques quand le nombre ou la structure des chromosomes sont anormaux. Elles provoquent des maladies telles que l'hémophilie, certaines myopathies (atteinte congénitale des muscles entraînant une diminution du tonus musculaire) ou le mongolisme, pour ne citer que les plus fréquentes. On peut classer les aberrations chromosomiques en :

 -  anomalies de structure : conséquences de cassures de chromosomes. Les principales sont : les délétions, les translocations, les inversions et les isochromosomes.

 -  anomalies numériques : divisées en
     aneuploïdies : le nombre des chromosomes est normal sans être un multiple exact du nombre haploïde. On distingue les hyperploïdies dont les plus connues sont les trisomies (ex: trisomie 21 ou syndrome de DOWN ; trisomie 18 ou syndrome d'EDWARDS), et les hypoploïdies qui sont peu fréquentes et pratiquement létales si elles portent sur les autosomes (ex: portant sur les gonosomes le syndrome de TURNER ou monosomie X dont la formule est 45, XO)
     polyploïdies : le nombre des chromosomes est un multiple entier supérieur à 2 du nombre haploïde (N). 

Chez l'homme, les seuls multiples connus sont 3 et 4 du nombre haploïde qui est 23 :

  3 n : correspondant aux formules 69, XXY pour un garçon et 69, XXX pour une fille. Ce sont des caryotypes triploïdes.
  4 n : correspondant aux formules 92, XXXX pour une fille et 92, XXYY pour un garçon. Ce sont des caryotypes tétraploïdes.
  
c - Les mosaïques :

Certains individus n'ont pas le même assortiment chromosomique dans toutes leurs cellules. Une anomalie se produit lors des premières divisions de l'œuf, entraînant dans ces cas la cohabitation de deux, ou plusieurs lignées (ou clones ou contingents) cellulaires dont les caryotypes sont différents. Ainsi, certaines sont porteuses d'un type d'aberration chromosomique alors que d'autres ont un caryotype normal ou porteur d'une autre aberration. Selon l'importance quantitative des cellules issues du clone anormal, on assiste à une expression phénotypique plus ou moins marquée de l'anomalie chromosomique correspondante.

REMARQUE : les pourcentages respectifs des différentes populations cellulaires peuvent varier largement d'un tissu à un autre. Cette remarque montre la nuance avec laquelle il faut interpréter les conséquences potentielles d'une mosaïque découverte sur des prélèvements cellulaires ponctuels ou uni-tissulaires.

© Inserm, J.-C. LambryVue transversale de l'ADN la molécule qui contient les gènes. Sur cette modélisation, les différents atomes constituant l'ADN ont été représentés en couleur : le carbone en orange, l'oxygène et bleu, l'azote en rouge, l'hydrogène en blanc et le phosphore en violet.




 2 - CELLULES TÉTRAPLOÏDES EN PHYSIOLOGIE :

Dans le règne végétal :

On trouve ce phénomène à l'état physiologique chez un nombre important de plantes supérieures. Ce sont souvent des espèces capables de reproduction végétative. Le caryotype tétraploïde est peu fréquent au sein des espèces capables de polyploïdie à l'état naturel. Voici, à titre d'exemple, un répertoire succinct  de quelques espèces connues :

 Gossypium hirsutum : coton
 Arachis hypogaea : arachide
 Nicotiana tabacum : tabac
 Solanum tuberculum : pomme de terre
 Oriza sativa : riz
 Coffea arabica : caféier

Dans le règne animal :

On retrouve également le phénomène de polyploïdie physiologique au sein de quelques espèces animales, la plupart capables de reproduction asexuée. Des caryotypes tétraploïdes constituent cependant une véritable rareté. Ainsi, seul, à la connaissance du Professeur B. DUTRILLAUX qui a eu la grande amabilité de répondre par courrier à la " colle que je lui ai posée", pour reprendre ses propres termes, une espèce de Planaires (Turbulleria Tricladida Paludicola, ver plat de l'embranchement des Plathelminthes, classe des Turbellariés),  possède de façon inconstante une formule tétraploïde typique (4n = 28): Crenobia alpina. Le tiré à part qu'il m’a adressé:
 « Les particularités cytogénétiques de ces animaux résident en trois points principaux:
 - La variation du nombre haploïde de chromosome paraît aussi marquée entre des espèces appartenant à un même genre qu'entre des espèces de genres différents.
  - Chez certaines espèces, le degré de ploïdie semble varier selon l'origine géographique.
 - enfin chez la même espèce, il est possible de rencontrer une variation de la formule chromosomique. Ainsi, pour Crenobia alpina, des exemplaires issus d'autres origines géographiques que celles possédant la formule 4n=28 (M. BENAZZI 1966) exemplaires recueillis en Italie, on peut trouver des formules 6n= 42 chromosomes (B.DUTRILLAUX et P. LEPIQUE, 1970) recueillis en Haute Savoie et 9n= 63 chromosomes (DAHM 1958) recueillis en Suède. »

J’ai retrouvé également dans la littérature : chez l'huître, les ostréiculteurs utilisent un mâle huître tétraploïde pour féconder des huîtres diploïdes (normales) afin d'obtenir une huître triploïde. Le naissain d'un tel croisement est stérile.

 Dans l'espèce Humaine :

 En physiologie
certains tissus pouvant contenir des cellules possédant un multiple du nombre somatique constant de 46, ont été a découverts. Dans la quasi totalité des cas il s'agit de cellules tétraploïdes. Au niveau de l'encéphale, à l'état normal, d'après les études anatomopathologiques effectuées par C.L. SCHOLTZ sur le cortex strié, LAPHAM ET JOHNSON sur le cervelet, MANN et YATES sur les cellules de PURKINJE, on rencontre des cellules tétraploïdes. A titre d'exemple, au niveau des cellules gliales des couches 1,2 et 3, des noyaux tétraploïdes sont mis en évidences dans un rapport moyen de 1 pour 30.

Au niveau de tissus en croissance rapide, P.J. SWARTZ en 1956, en retrouvait dans les cellules hépatiques et montrait le rôle prépondérant de l'hormone de croissance dans leur apparition, suggérée par leur présence plus importante en période pubertaire.
VAN DER HEYDEN et JAMES en dénombre au sein du myomètre gravidique, et C.P. ADLER, au sein du myocarde en cours de croissance ou dans des cas d'hypertrophies.

En pathologie humaine :
 - B.S. DANES note un accroissement significatif du nombre des cellules tétraploïdes dans les cultures de fibroblastes de personnes atteintes d'un syndrome de GARDNER, maladie autosomique dominante caractérisée par l'apparition de quatre types de tumeurs inhabituelles : polypose intestinale multiple, ostéomes, fibromes, kystes sébacés. Ce dernier auteur, effectue le même type de constatation au niveau de ces mêmes cellules, dans un groupe de 70 patients ayant des antécédents familiaux de cancers variés.

- G. ANEREN visualise le même phénomène chez 34 patients porteurs de malformations légères des extrémités des membres.

Il est parfaitement logique de retrouver des cellules tétraploïdes au sein des contingents cellulaires recueillis sur des néoplasmes. Citons à ce propos la publication d'un cas de leucémie tétraploïde par TRUJILLO en 1971.

3 - PHYSIOPATHOLOGIE DE LA TÉTRAPLOÏDIE CHEZ L’HOMME :

Pour résumer les conceptions physiopathologiques actuelles, deux mécanismes responsables de la formation d'un œuf tétraploïde ont pu être mis en évidence :
- de façon quasi constante, il s'agit d'une défaillance lors de la première division cellulaire d'un œuf normal: duplication chromosomique et non disjonction cytoplasmique.
- On connaît une observation mettant en évidence une fécondation ovulaire par trois pronuclei mâles (trispermie hautement probable).


4 - FRÉQUENCES DES ABERRATIONS CHROMOSOMIQUES ET DE LA TÉTRAPLOÏDIE
CHEZ L’HOMME

 A - FRÉQUENCE DES ABERRATIONS CHROMOSOMIQUES :
     
  a - Au niveau des produits d'avortements:

Les chiffres publiés demandent une interprétation. En données brutes extraites d’une revue de la littérature, T. HASSOLD  s'aperçoit que les chiffres publiés vont de : 30% pour CREASY (1976) à 61% pour BOUÉ (1975) d'aberrations chromosomiques retrouvées sur l'ensemble des produits d'avortements spontanés analysés. Si l'on tient compte du fait que les publications portent sur des échantillons correspondant à des produits d'avortements d'âges gestationnels inhomogènes, on s'aperçoit que les études concordent si on exprime leurs résultats d'une autre façon. Ainsi, E. PHILIPPE, estime, après une revue des principales études publiées jusqu'en 1984, que le pourcentage d'avortements spontanés liés à une aberration chromosomique est d'environ :
 70 % avant 6  semaines de gestation
 50 % avant 10 semaines de gestation
 20 % avant 20 semaines de gestation

    b - Chez les nouveaux nés vivants :

Selon les auteurs, les chiffres varient sensiblement et se situent dans une fourchette allant de: 0,54 % pour H.P. KLINGER  à 1 % pour J. BELAISCH.
Les manifestations cliniques en rapport, sont par ailleurs, plus ou moins patentes, voire de découverte fortuite.
L'étude nous paraissant la plus significative du point de vu statistique est celle effectuée par GRELL en 1977 dans une enquête regroupant 31.801 nouveaux nés vivants chez lesquels on avait recensé 182 anomalies chromosomiques, soit une fréquence de 0,57 %.


B - FRÉQUENCE DE LA TÉTRAPLOÏDIE HUMAINE :

      a - Au niveau des produits d'avortements :

 En regroupant les publications les plus importantes quant au nombre d'échantillons analysés, on peut obtenir un pourcentage moyen de survenue de l'anomalie chromosomique au niveau des produits d'avortements spontanés.

Sur un nombre de 3754 cultures réalisées, on dénombre 1785 aberrations chromosomiques décelées, dont 113 caryotypes tétraploïdes. Soit une fréquence relative de 6,33%.

Il est intéressant de signaler que le taux d'incidence de 6,33 % que mentionne P. TOSI est sensiblement supérieur à celui cité habituellement dans la littérature, et en particulier, E. PHILIPPE en 1984 qui le situe aux alentours de 4 %.

Pour donner un ordre d'idée, citons en comparaison les fréquences relatives des anomalies chromosomiques les plus fréquemment sur les produits d'avortement: trisomies  (54 %), triploïdies (19 %), monosomie X  (15 %), trisomie double (3 %).

D.M. SHEPPARD regroupe l’étude de 120 observations qui indiquent un caryotype 92, XXXX dans 75 cas et un caryotype 92, XXYY dans 45 cas.

 b - Chez les nouveaux nés vivants :

 En 1991 j’avais dénombré après recueil des articles de la littérature mondiale:

 . 5 publications d'enfants nés vivants porteurs d'une tétraploïdie pure.
 . 6 publications d'enfants nés vivants porteurs d'une mosaïque diploïde-tétraploïde.

De nombreuses malformations externes et internes sont décrites dans les articles des auteurs d'observations cliniques d’enfants nés vivants porteur de cette anomalie. Il ne serait pas de bon ton de présenter dans ce blog l’iconographie que j’ai pu recueillir en 1990 à ce sujet. Pour télécharger et consulter le détail des observations, lire mon ancien travail en version brouillon Word et obtenir une bibliographie, suivre le lien : POUR ALLER PLUS LOIN



Note : ce billet a essentiellement pour but d’exhumer d’un classeur poussiéreux où il sommeillait depuis plus de 20 ans (1990) un travail qui m’avait été confié portant sur un cas potentiel de tétraploïdie chez un nouveau né décédé rapidement en post-partum. L’accouchement, le 17/04/1984, avait été déclenché à 31 semaines ½ d’aménorrhée gravidique, avec accord de la patiente, sur des arguments cytogénétiques en faveur d’aberration chromosomique, associés à un retard de croissance intra-utérin sévère dans le cadre d’une grossesse incidentée par une néphropathie gravidique à l’équilibre précaire chez une mère porteuse d’un diabète gestationnel. Observation recueillie à la Maternité Régionale de Nancy. L’autopsie du nouveau-né, n’ayant révélé aucune anomalie anatomique externe ou interne typique décrite dans les tétraploïdies, mis à part un pterygium coli peu prononcé, le seul argument de présence de cellules tétraploïdes (7/18) dans les recueils d’une amniocentèse antérieure ne me paraissait pas suffisant pour conclure qu’on se trouvait bien en présence d’un cas avéré d’enfant né vivant porteur d’une mosaïque diploïde-tétraploïdie. Des artéfacts de culture pouvaient être à l’origine d’un faux diagnostic positif. De plus, des biopsies pluritissulaires n’avaient malheureusement pas été pratiquées lors de l’autopsie.

mercredi 4 janvier 2012

GO back to the Future with a clone of ATARI VCS 2600



La toute dernière console de salon est arrivée chez moi dans la hotte du père Noël. Nouvelle Xbox, PS3, ou Game Cube? Non, l’engin est une simple manette de console Atari VCS 2600 qui embarque traitreusement une carte proposant dix jeux de légende allant de Pong à Asteroids en passant par le célébrissime Breakout. Un fichu retour en arrière de près de 35 ans!

C’est en 1977 qu’Atari sort aux Etats-Unis sa console VCS 2600. Partiellement en bois, elle faisait alors figure de merveille technologique… qui arrivera en France quelques années plus tard. Année mythique, donc, si l’on se souvient que c’était celle aussi de la sortie du premier volet de la Guerre des Etoiles de George Lucas. La date de naissance de mon fils aîné conforte encore un peu plus son choix de cadeau...

L’Atari TV Video Game System est commercialisée sous forme d’un blister complet. Il comprend la manette/console dotée de deux connecteurs RCA (une fiche jaune pour la vidéo et une blanche pour l’audio – bein, tiens donc! la stéréo serait parfaitement superflue et anachronique) et de quatre piles 1,5 volts. Elle est prête à l’emploi dès la sortie de sa boîte et peut se connecter à pratiquement toutes les télévisions du marché, à moins de pousser le vice jusqu’à vouloir le faire sur un poste des années 70. Joystick droit du genre plus dépouillé, cela n’existe pas, à côté duquel se trouve un bouton unique. En effet, dans les jeux de l’époque, on ne faisait pas dans la complexité nébuleuse! C’est le seul bouton qui sert à quelque chose dans les dix jeux fournis. Sur le côté du boîtier on trouve un switch on/off, un bouton Start et un bouton Reset.

Plus simple, c’est impossible. Pas besoin de mode d’emploi pour la faire fonctionner ! 

Jouez à l’ancienne, qu’ils disent. Vertudieu, ça c’est bien vrai ! 

Musée ATARI


Note: le mot "ATARI" vient du jeu de GO. C'est l'équivalent du mot "échec" du jeu éponyme. Le logo de la firme représenterait le Mont Fuji près de Tokyo.