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lundi 15 décembre 2008

World of Goo



Le marché du jeu PC est en train de se diviser en deux secteurs. D'un côté, les superproductions, toujours plus coûteuses en main-d'œuvre et en ressources, imposées en tête de gondole par le rouleau compresseur du marketing. De l'autre, les jeux indépendants, réalisés par une poignée de passionnés sans argent, mais avec beaucoup d'amour, un peu comme mémé avec les confitures. Parmi ces titres, on trouve parfois une petite perle innovante. Aujourd'hui, c'est "World of Goo" qui vient insuffler un vent de fraîcheur. Et bon sang, quel pied !

Développé à l'ancienne par 2D Boy, un jeune studio composé de deux personnes (!!!), ce puzzle-game aurait très bien pu rejoindre l'écrasante masse des anonymes, comme de trop nombreux titres du genre. Mais ce serait compter sans le talent de Ron Carmel et Kyle Gabler, qui savent indéniablement ce qui fait un bon jeu.

Le concept de "World of Goo" est enfantin : il faut amener un certain nombre de petites boules, les fameux Goos, à la sortie de chaque niveau. Un principe vieux comme Lemmings. Or les Goos ont une propriété étonnante: ils sont capables de créer des liaisons entre eux, un peu comme des atomes au sein d'une molécule. En les assemblant, il devient alors possible de créer des structures, comme des tours ou des ponts, qui permettent de franchir astucieusement des obstacles. Voilà pour les bases, très faciles à assimiler, d'autant que tout se fait en quelques clics de souris.

Kyle Gabler, l'artiste du duo, a réalisé un travail remarquable. On ne parlera pas ici d'éclairage dynamique ou de bump mapping, juste de talent artistique à l'état brut. Le monde des Goos est un petit bijou d'inventivité, même si on notera une certaine influence "burtonienne" par endroits. Il n'empêche, World of Goo a un charme fou.

Source: Captain Obvious jeuxvideo.com



Eh! oui! je donne encore parfois à mon age dans le jeu vidéo, sans vergogne ni honte !

Une "démo" gratuite du premier niveau du jeu est proposée sur le site des développeurs. Le jeu complet, lui, est vendu en ligne 20$ US. Il sera proposé en coffret en France au premier trimestre 2009. Rien que le prix et le fait qu'aucune protection que les hackers finissent toujours par "cracker" ne soit mise en place, doivent absolument vous pousser à ne pas pirater ce jeu et à encourager le travail de création de cette équipe épatante, en achetant "World of Goo" pour vos enfants, bien entendu.

Astuce: on peut franciser le jeu en remplaçant "en" par "fr" dans le fichier "config.txt" du dossier "Properties" contenu dans celui de l'installation du programme. Les développeurs ont anticipé la vente française!

Ma tour de Goo, construite avec les tenaces, courageux et entreprenants petits Goos sauvés avec brio par mon entremise, culmine ce jour à plus de 25 mètres: avis aux insignifiants compétiteurs qui font dans le rasemotte...

Résolution d'une étape de haut-vol par un spécialiste du dernier niveau, bien entendu beaucoup plus difficile que les autres: ici

samedi 29 novembre 2008

César et Rosalie

" Mes films ne sont pas réalistes. Ce sont des fables malgré moi."

Claude Sautet


Les films de Sautet sont des variations sur thèmes récurrents d’amitié, de compassion et de communication difficile.Au final, ils s’intéressent aux personnages et à leurs émotions. Jeux de vitres, atmosphères de bistros, tiens... une averse traitresse. La pluie figure souvent au scénario, comme pour exalter les parfums des paradis perdus qu’elle arrose. Et puis, et ce n’est pas rien, Romy Schneider est souvent à l’écran. La femme dont on est tous secrètement amoureux, celle dont la mort précoce glisse les films dans les archives consacrées aux histoires d’amour envolées, participe grandement au charme de l’œuvre de Claude Sautet. A chacun la Romy de ses amours anciennes auxquelles on prête quelques traits de l’actrice mythique. Plus le temps passe, heureux stratagème, plus elle en prend l’image. César et Rosalie est un petit bijou de Sautet que le temps n’abolit pas. Images d’un passé lumineux rempli de personnages qu’on rêverait d’avoir eu comme amis, vitalité de jeunesse, nostalgie d’une époque, parfum d’une France qui nous quitte et balaye de sa grâce la laideur de celle qui point.


Réalisateur Claude Sautet - Scènes et dialogues J.L Dabadie et C. Sautet
Photo J. Boffety - Mus. P. Sarde Octobre 1972



A partir d'un montage de Mounak

vendredi 28 novembre 2008

Pinaillerie



L'article de Wikipedia en forme de dithyrambe portant sur l'expression célèbre employée dans son discours par John F. Kennedy lors de sa visite à Berlin-Ouest le 26 juin 1963, «Ich bin ein Berliner», balaye d'un trait de plume la remarque de quelques journalistes signalant que son conseiller eut du lui faire préférer alors: "Ich bin Berliner". L'auteur de l'article se rattrappe aux branches en mettant l'expression en parallèle avec une plus antique: "Civis romanus sum".

Il est de bon ton de faire l'apologie de ce président des États-Unis assassiné durant son mandat, comme d'autres, ne l’oublions pas. De bon ton, de se pâmer devant l'image d'Epinal de ce jeune et beau père de famille à la vie exemplaire, mort en campagne. Quelques biographies actuelles font plus que la ternir. Les maladresses diplomatiques de ses services officiels (ou non) ont bien failli tout de même déclencher une guerre nucléaire. Pourquoi vouloir dénier à tout prix la possible méprise?

Dernièrement, ARTE, dans son émission récurrente consacrée à l'usage variable des mots ou d'expressions de chaque coté du Rhin, "Karambolage", revenait incidemment sur l'anecdote. Leurs spécialistes semblaient moins péremptoires: je suis «un» Berlinois fait plutôt imaginer chez nos amis Allemands qu'on se prend pour un beignet...

Je n'ai malheureusement pas retrouvé la vidéo de cette émission sur le site de la chaîne. Vous aurez peut-être plus de chance que moi en fouinant à partir de ce lien: lien pour les fouineurs.

jeudi 20 novembre 2008

L'esprit arithmétique



Cela faisait longtemps que mon ancien professeur de Maths n’était pas revenu faire de la figuration dans un billet. Notre homme portait aux nues "l’esprit arithmétique" qu’il mettait bien au-dessus de "l’esprit algébrique". Ce petit test, ou l'une de ses variantes, selon lui, permettrait de "dépister" à coup sûr ceux qui ont la «bosse de l’arithmétique». Je pense qu’il se faisait beaucoup d’illusion quant au crédit réel à donner à son gadget.

Allez ! Personne ne regarde... Testez vos capacités. Sachez en plus que le hasard peut voler à votre secours et flatter bassement votre orgueil…

mardi 11 novembre 2008

Vieux motard que jamais !



Durant la période hyperactive de ma vie où je jonglais avec les casaques de jeune père de famille, président d’une Maison des Jeunes, étudiant en Médecine, membre de plusieurs associations sportives, la folie m’a pris d’en endosser une de plus: celle de l'imprésario véreux d’un groupe musical qui terrifia un temps par sa puissance de feu et ses représentations cacophoniques quelques évêchés de l’est de la France. C'est un concert ponctué par un pugilat d’anthologie qui sonna le glas des représentations. Durant celui-ci, totale inconscience de ma part, j'avais fendu le champ de bataille pour monter sur scène et m'emparer d'un micro. Plein d'illusions juvéniles, je souhaitais calmer la foule contrariée par la défection (il n'y a qu'un "a" de résignation qui m'a empêché d'écrire "défécation" ..) d’un groupe à l'affiche de la soirée. Ma souplesse reptilienne m’avait permis d'éviter les canettes de bière décochés par quelques spécialistes d'un lancer pas encore homologué en athlétisme. Cette scène a été honteusement repiquée dans le film des Blues Brothers, mais eux, jouaient à l’intérieur d’un poulailler grillagé barrant les projectiles…

Autre inconscience coupable, au vu des troubles publics qu’engendraient le groupe au premier accord plaqué, son inscription à une session du célèbre mais désormais défunt Golf Drouot de Paris, un soir de février de l'an de grâce 1980. L’établissement baissa le rideau de fer peu de temps après notre passage. Les experts n’ont pas tranché: la relation de cause à effet n'était pas indiscutable. Je pense cependant - je cite le nom du groupe pour soulager ma conscience - que BAD PROPANOL y était tout de même pour quelque chose. Cette assertion n’engage que moi, bien entendu, et mon psychiatre qui m'a exhorté à verbaliser mes traumas.

Fin des digressions. En Lorraine, le mois de février peut s’avérer légèrement «frisquounichet». La nuit qui précéda notre départ pour la capitale - prévu en utilitaire "Pigeot" - d’abondantes chutes de neige s'ingénièrent à faire capoter ce projet hardi. Mais les Argonautes en avaient vu d’autres. Pour honorer le contrat, ils prirent la décision héroïque de recourir aux services de la Société Nationale des Chemins de fer Français, appelée plus communément SNCF. Malheureusement, ils durent abandonner au départ la quasi-totalité de leur matériel de musique. Impossible de le transbahuter dans le train et le métropolitain. Ce dernier est appelé vulgairement métro par le parisien pressé, même en mode locutif.

Nous voyant arriver les mains dans les poches, Henri Leproux, le directeur du Golf Drouot, avait accusé le coup. D'un stoïcisme que n'aurait pas renié Zénon de Kition, il laissa tomber: « Je m’attendais bien, un jour ou l'autre, à ce que des martiens viennent jouer chez moi ! ». 

La franche camaraderie des baroudeurs du spectacle servit Dame Providence. Un des groupes à l'affiche nous proposa une partie de son matériel contre deux Carambars. La prestation du groupe fut somme toute honorable puisqu’elle lui permit de ne pas finir dernier du classement de la soirée. Le jury craignait probablement des représailles. La musique punk en acier trempé émise durant le Blitz Bad Propanol avait du faire réfléchir les officiels. Henri Leproux, lui, montra sa capacité à faire feu de tout bois. Il vint trouver le chanteur à l’issue du spectacle pour faire cette proposition au groupe : « Je recherche en ce moment un groupe musical pour faire de la figuration dans un film. Votre jeu de scène est particulièrement spectaculaire. Un doublage musical serait tour de même judicieux. »


Souvenirs… Souvenirs...

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Il y a quelques jours, remettant à niveau mon espace d'hébergement Internet qui abrite courageusement quelques pages HTML dédiées à Bad Propanol, je souhaitais insérer un lien proposant un petit historique du Golf Drouot, celui-là qu'on peut cliquer ici sans risque. Un lien courriel du site proposait d’adresser des photos de groupes ayant joué dans l’établissement. J'ai pris l'initiative d'entrer en contact épistolaire électronique avec son gestionnaire, Jacques Mercier. Cet homme fort courtois m’a répondu rapidement et a inséré une photo d’archive au milieu de la saga de groupes prestigieux, ou non, ayant officié dans les murs de la vénérable institution. BAD PROPANOL s’y trouve désormais à la gallerie 4.

« Il faut bien de tout pour faire un monde, ma brave Dame... ».
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Merci à Jacques dont la carrière de musicien et d’accompagnateur bien remplie (Charles Trenet, Michel Polnareff, etc.) l’amène toujours à faire partie d’un groupe. Il a laissé une trace officielle de Bad Propanol dans la saga du Golf Drouot. Tardive, certes, mais sans rancune pour son passage cataclysmique qui toucha cruellement la rue Drouot au début de l'année 1980.

Eh oui! Vieux motard que jamais...

Note :
Lien vers YouTube . Il vous propose Faust 72 interprété par Jacques Mercier et Dynastie Crisis, sorti l’année du même nombre. A noter que cette musique fait partie de la bande son du film «Ocean’s Twelve». On entend aussi sa voix dans quelques dessins animés longs métrages très connus de Walt Disney. Les dingos dans notre genre, ça ne lui fait pas peur...

Les liens ayant tendance parfois à être volatiles: remise à niveau de ceux-ci le 03/04/2015

vendredi 7 novembre 2008

Le disque terrestre

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J’avais décidé de pondre un court billet sur un précurseur dont l’Histoire, sélective oublieuse ou amnésique, perd trop longtemps la trace du génie. Un de ces personnages dont la curiosité jubilatoire éveille toujours en moi une émotion sans commune mesure avec celle censée dégager l’évocation enjolivée de hauts-faits d’armes ou l’exposé des bilans de règnes de grands monarques. Un de ces hommes dont la grande qualité d’observation a permis parfois de chambouler quelques dogmes ou partant de constatations évidentes méprisées par leurs contemporains d'aboutir à des découvertes qu’a postériori, avec facilité, on juge évidentes comme l’œuf de Colomb.

Eratosthène, philosophe, astronome, géographe et mathématicien, grec du IIIème siècle av. J.C., m’était rapidement venu à l’esprit. Sa déduction purement géométrique de la circonférence de la Terre représentait à mes yeux un des exemples les plus démonstratifs de personnage s’attelant à l’observation de ces évidences méprisées et mettant à bas les divagations encouragées pourtant par les siècles futurs. La Terre est restée plate pendant plus d’un millénaire encore après lui pour les brillants penseurs occidentaux. Pourtant, une simple observation marine pouvait laisser perplexe les curieux: un bateau partant vers le large, disparaît progressivement de bas en haut. Si la Terre était plate, comment expliquer alors ce phénomène?
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Les manuels de trigonométrie des collèges et de nombreux sites Internet ont devancé évidemment mon entreprise. Une page bien faite d’un particulier consacrée à ce pionnier moins connu que Pythagore ou Galilée va économiser mon énergie et enfoncer le clou qui prouve, cette fois, qu’il est rarissime de faire preuve d’originalité. Bon, vous me direz, Galilée avait pompé sur Copernic. Le site dont je vous propose le lien ci-dessous regorge d’autres illustrations apportant de l’eau au moulin de ma mission de grand redresseur de torts.
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dimanche 2 novembre 2008

Le meunier, son fils et l'âne


La fable


Quant à vous, suivez Mars, ou l'Amour, ou le Prince;
Allez, venez, courez ; demeurez en Province;
Prenez femme, Abbaye, Emploi, Gouvernement:
Les gens en parleront, n'en doutez nullement.


Qui gère un site ou un blog peut utiliser de beaux outils statistiques, souvent offerts gracieusement, pour contrôler ses «conversions d’objectifs». Les objectifs en question sont variés: publicitaires ou commerciaux (fort utile quand on ne vend rien), recherche d’ergonomie subtile pour la consultation de ses pages (Clic, page suivante...), capacité à cibler les visiteurs (encore faut-il en avoir!), favoriser sa pénétration de la sphère Internet (un truc de vicelard).

Pourquoi se priver d’outils puissants? Quant à pénétrer la fameuse sphère, autant y aller avec du mahousse. J'utilise à fond les performances d'un de ces outils en tant que "compteur de visites" et accessoirement "d’anticipateur-spam". Je précise ma méthodologie pour ce second usage très professionnel: à la lecture de visites exotiques, j'anticipe l'envoi de courriels à buts variés: me fournir à un prix avantageux des pilules étranges voulant améliorer mes performances sexuelles (désobligeant, surtout après ce que je viens de préciser), me demander d'aider des personnes sur lesquelles se sont abattues toutes les misères du monde, aux abois, mais disposant de sommes d’argents colossales dont elles veulent me faire bénéficier dès que je prendrai contact avec elles (on me prend pour une bille), me proposer des accès exclusifs à des casinos en lignes, histoire, dès que j'aurai cliqué sur le lien d'acceptation ou de renoncement associé, de valider mon adresse courriel ou d'inonder mon système d’exploitation de logiciels espions capables de débusquer les données sensibles d’un disque dur qui ne contient que des futilités sans nom insensibles. J’en passe, bien entendu, et des meilleurs, cela soule de course. Hop là, malin comme un singe, non, cette exploitation performante de l'outil?


Je mes suis astreint depuis quelques mois à le consulter régulièrement dans un but de curiosité statistique: c'est peut-être aussi fait pour ça? Les lots de mes données sont, de façon rédhibitoire, hors du significatif. Mon «portillon ou tourniquet internet» qu’on va dire "confidentiel" pour ne pas me fustiger outre mesure, affiche glorieusement un peu plus de 20.000 consultations de pages en près de deux ans: Google n’a qu’à bien se tenir… Mon blog, qu’on va nommer généraliste, pour ne pas dire - faudrait songer à varier la formule - souk est affligé de publications se faisant à un rythme erratique, à la va comme je te pousse ou je le sens, pour tout dire (enfin, et pas trop tôt!). Formidable pour les statistiques ce truc. Pour couronner le tout, j’ai inclus en marge, près des archives, un lien permettant de connaître les billets les plus consultés: stratagème fatal pour biaiser définitivement les résultats et laisser totalement dans l'oubli les autres billets.

Résultats:
...du statisticien "hors-paire", qui persite dans les équivoques graveleuses, après étude savante de ses flots de données ou "ce qui se conçoit bien s'énonce normalement clairement".

- Le billet le plus consulté, et de loin, se résume grossièrement à une image piquée à un diaporama PPS dont l’origine de production est inconnue.

- La plus grand nombre de consultations dans les heures suivant la publication d'un billet est apporté par une «carte postale» que mon fournisseur de blog a probablement incluse dans le diaporama qu’il propose à ses membres pour observer ce qui se publie sur la "planète" dans ce domaine. Grosse consultation des internautes du Boukhistan, en particulier.

- Des billets qui m’ont fait suer sang et eau, à peine entraperçus. Quelques billets de fumiste, au sommet du hit-parade.

- Je ne parlerai même pas du nombre de commentaires, que tout «tenancier de blog» doit se résigner, sous peine de baisse du moral, à considérer comme infinitésimal en proportion de celui des visites, quel qu’en soit le nombre et surtout s'il tend vers zéro. Je précise au passage que cela vaut mieux d'ailleurs quand on lit certaines divagations d'un de mes chers lecteurs, proviseur marocain, en fuite du territoire français... Je rigole, bien sûr!
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- Je fais l'impasse sur l'étude des taux de rebond, du schéma de l'entonnoir de conversion, pour passer immédiatement à la statistique essentielle: 0,03% des internautes visiteurs du blog utilisaient une Playstation Portable.

Pour être juste, de bonnes surprises avec une consultation honnête de petites choses personnelles de la série délires et anecdotes. Deux ou trois billets qu’on dira (Eh! non! ce n'était pas ma dernière utilisation de cette expression poubelle..) de "fond" pouvant avoir reculé de quelques minutes, ou le contraire, la tentative de suicide d'un étudiant dépressif, solitaire, exilé, consultant un de mes billets sur l’ordinateur de sa chambre lugubre de deux mètres carrés.

Conduite à tenir:

Ces beaux outils, si j'ai bien compris, devraient m'inciter, si je veux entrer dans le panthéon des meilleurs blog de l'Univers, à produire des machins qui flattent avant tout le goût des clients et clientes: "N'oublie pas mon petit cadeau, Chéri.". Bon, alors là, il faut taper "sexe" dans les moteurs de recherche, c'est plus simple. Je n’ai jamais testé le mot clef "blaireau" mais ça doit marcher aussi. Merci et encouragements sincères aux «Happy few» consultant stoïquement, au mépris de leur santé mentale, certains de mes billets. Ma résolution est prise, après m'être immergé dans les études statistiques savantes dont j'ai su vous faire profiter des richesses: ne rien changer. Passez de temps en temps visiter la Mansarde. Vous aussi, ne changez rien à vos habitudes (Prière tout de même de s'essuyer les pieds avant d'entrer), suivez la morale de la fable de Jean de La Fontaine placée en exergue.

lundi 27 octobre 2008

Isola Bella


Avant que ma région ne s'enfonce au creux des brumes automnales, une carte postale ensoleillée du pays de mes ancêtres paternels italiens. Un point de vue sur le Lac Majeur à partir des Jardins du Palais d' Isola Bella, une des îles Borromée. Pas de référence sur l'auteur.
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vendredi 24 octobre 2008

L'écran plat du geek qui a la dalle


Faut savoir vivre avec son siècle, que non! Le poste de télévision de 2 tonnes avec son tube cathodique bombé et ses coins ronds offrant une image en noir et blanc avec ses jolis parasites brillants dus, en partie, à la fourchette à escargots que vous avez enfichée dans la prise d’antenne à l'arrière, a vécu. En bon «geek», vous auriez du faire l’acquisition du premier téléviseur plasma proposé en 1999 pour une bouchée de pain de moins de 10.000 euros actuels, à l'époque, on comptait encore en francs. Ce produit, excellent consommateur d’énergie, a la vertu sympathique d’être sensible au "burning" (brûlures d’écran laissées par des images fixes, style logo des chaînes). Les techniques de fabrication industrielle extrêmement complexes passent à la casse un pourcentage non négligeable de dalles défectueuses et expliquent la baisse lente de leurs prix de vente. Ensuite, révisant votre choix, vous auriez du foncer sur les premiers téléviseurs LCD, tout aussi couteux au départ que les précédents, vous proposant une image pâlotte correctement visible si vous vous placiez face à l’écran... dans le noir total. Bon... un peu de patience, les prix vont baisser, les indices de luminosité progresser et les angles de vision devenir acceptables. On se lance alors, maintenant? Coup dur, arrivée de la TNT en France. Les anciens téléviseurs LCD ne possédaient pas de décodeurs TNT intégrés: "Ouf, bien fait d’attendre!".


 Les directives actuelles imposent désormais la vente de téléviseurs équipés de décodeurs MPEG2. Comme quoi, la patience a du bon, surtout quand on sait le temps qu’il a fallu pour que la TNT débarque dans certains départements, «because» discussions serrées pour l'attribution des fréquences d’émission avec nos voisins. Parfait, la TNT est chez vous, le progrès avec! Succès commercial de la TNT et premières expérimentations d’émissions sur les satellites en haute définition. Fallait acheter, bien entendu, un téléviseur HD. Oui mais Ready ou Full. Proposant le 1080i (interlace = entrelacé) ou le 1080p (progressive scan = balayage progressif) en 1080 lignes. Non malheureux, HD Full, c’est mieux: "Ah bon! Banco alors?". Pendant ce temps, bagarre sur les standards haute définition et bataille entre Blu-ray et HD-DVD. On va attendre encore un peu que tout cela se décante... Un an après, on peut y aller, on casse sa tirelire.



 Oui, mais, avez-vous pensé à la connectique arrière (ou en façade d’ailleurs)? Combien de prises HDMI, VGA, S-vidéo, péritel, Y.cb/pb.cr/pr, DVI et RCA? Hein! C’est quoi tous ces standards «zarbis» pour lesquels on ne voit pas de différences flagrantes sur son écran. Il semble bien que la norme HDMI se généralise sur la plupart des beaux appareils du commerce qu’on va brancher sur son téléviseur. Alors, franchissez le Rubicon : «Alea jacta est !», foncez sur l’affaire du mois. A la fin de l’année 2008, mise en place progressive de chaînes TNT haute définition en natif en France. Les téléviseurs vendus jusqu’ici n’avaient pas l’obligation de proposer des décodeurs TNT-MPEG4, nécessaires à la réception. Les constructeurs ne se sont pas privés de ne pas les inclure! Faudra acheter un décodeur externe de plus de 200 euros pour recevoir les chaînes en haute définition, ou pour le Geek, un nouveau téléviseur! Excellent pour la vente ces avancées à petits pas des technologies de télévision. Rien à envier à l'informatique.
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Tous ces rebondissements font que ceux qui ont décidé d'attendre la fin 2011 et l'arrêt des émissions hertziennes en analogique pour changer leur téléviseur, n'ont pas fait un trop mauvais calcul: conserver son bon tube cathodique, moins gourmand en énergie et offrant une image lumineuse, contrastée, respectant les noirs. Je ne parle pas de racisme, mais du rendu correct de l’absence théorique de couleur qu’est le noir sur votre écran. Pour être juste, les images HD, ça change un peu de celles du téléviseur «Radiola» noir et blanc avec la fourchette qui sert d'antenne...


N.B: j'ai fait l'impasse sur le format 16:9 et ses images offrant des formes gracieuses aux présentatrices de la météo qu'on finit, par lassitude, à ne plus passer en mode zoom, surtout les téléspectateurs de extrême Nord et Sud de la France ne voyant plus alors figurer leurs villes à l'écran. L'écran cathodique reste toujours le moins gourmand en énergie: peu de gens sont au courant (électrique bien sûr...).

Ajout: dernier coup de commerce douteux en vogue, les téléviseurs à LED


dimanche 12 octobre 2008

Das deutsche Kino ist nicht kaputt !



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Non, je ne fais pas l’impasse sur le cinéma de Rainer Werner Fassbinder mort en 1982, ni celui de Wim Wenders avec leurs belles éclaircies des dernières décennies, mais, plus récemment à intervalle réduit, le cinéma allemand nous a offert deux pépites extraites du même filon: l’ancienne DDR, la mal nommée «République Démocratique d’Allemagne».
*Wolfgang Becker - « Good Bye, Lenin ! » - 2003 -
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L’histoire:

Le 7 octobre 1989, Christiane doit assister aux célébrations du 40e anniversaire de la RDA. Elle est sur le trajet contrainte de s'arrêter, à cause d’une manifestation à laquelle participe son fils Alex. Elle voit les policiers réprimer la manifestation et arrêter avec violence son enfant. Elle s'évanouit et tombe dans le coma. Quelques semaines plus tard, le Mur de Berlin tombe et les deux jeunes gens s'intègrent dans la vie occidentale. En juin 1990, leur mère se réveille. Le médecin conseille à Alex de tout mettre en œuvre pour éviter la rechute que causerait un choc trop important. Ceci conduit Alex et sa sœurAriane à cacher à Christiane les changements politiques qui ont eu lieu. Ils réaménagent l'appartement familial comme avant, cachent toutes les améliorations technologiques et les nouvelles mentalités, retrouvent les marques des produits d'avant. Ils y parviennent plutôt bien avec l'aide de voisins et d’amis.
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Ce film extrêmement touchant qui oscille entre humour et tendresse est une ode à la tolérance, au respect des hommes et des femmes qui, emportés malgré eux par des courants idéologiques qui les dépassaient, n’en ont pas tous perdu, loin s'en faut, leur capacité à conserver une profonde humanité.
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Florian Henckel von Donersmarck - « La vie des autres » - 2007 -

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L’histoire:

En 1984 à Berlin-Est, Gerd Wiesler (HGW XX/7), capitaine de la Stasi, se voit confier la surveillance du dramaturge Georg Dreyman, sans se douter au départ qu'il s'agit d'une intrigue orchestrée par le ministre est-allemand de la culture Bruno Hempf qui, amoureux de son amie, l'actrice Christa-Maria Sieland, souhaite faire disparaître l'écrivain qui vit avec elle. Le lieutenant-colonel Grubitz espère, quant à lui, tirer de cette mission un bénéfice pour sa carrière.
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Chacun peut extraire de ce film habile et déroutant un message. Une condamnation implacable des régimes totalitaires et de leurs méthodes d’investigations qui violent sans vergogne l’intimité des individus avec un profond mépris : «Z» et «L’aveu» de Costa Gavras l’avaient déjà fait bien avant, pour exemple. Un tableau cynique des « intelligentsias » des ex républiques soviétiques socialistes : «Soleil trompeur» de Nikita Mikhalkov est un film magnifique sur le sujet de 1994. Des illustrations variées de la bassesse humaine ou de l’opportunisme à la base de collaborations, de traîtrises et de dénonciations calomnieuses : «93 rue Lauriston» de Denys Granier-Deferre en a fait, il ya peu, un catalogue éloquent. J’y vois surtout une magnifique démonstration que l’accès à la culture est à la base de la chute de toutes les dictatures qui, le sachant d’ailleurs, pour s’imposer, commencent à enfermer les artistes et à brûler les livres.
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HGW XX/7 «passe peu à peu à l’ouest» devant ses écrans de surveillance, son casque d’écoute sur les oreilles. Il s’attache progressivement à un monde qu’il ne connaissait pas. Ses yeux se décillent et ses oreilles s’ouvrent à des idées qui libèrent sa sensibilité et sa curiosité dévoyées par sa fonction. Il devient alors le protecteur caché d’un microcosme en résistance qu’il était sensé combattre : la beauté d’un acte gratuit. Le philosophe nous affirme que l’acte totalement gratuit n’existe pas. Bof, peut-être, mais il est clair que certains rapportent moins que d’autres. L’ancien capitaine de la Stasi devenu distributeur de prospectus publicitaires y aurait plutôt perdu dans l’affaire, hors l’honneur.
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jeudi 9 octobre 2008

Brothers In Arms


"Les Petites Canailles - The Little Rascals " Mon ancienne maison en haut à droite.

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Les amitiés nouées dans l’enfance sont les plus riches en charges émotionnelles. Ainsi, chez les personnes âgées, quand la mémoire vacille, ce sont les souvenirs anciens qui résistent le mieux à la débâcle. Je suis né et ai vécu jusqu’à l’âge de neuf ans dans un gros village du Nord de la Meurthe et Moselle. Mon territoire de jeu se trouvait en lisière de campagne. Je pense que les enfants qui n’ont pas eu l’opportunité de vivre un temps au contact de la nature, ont été privés d’une abondante source de sensations participant à leur équilibre.

Mon copain d’enfance, c’était "le Gérard". J’insiste sur l’article défini utilisé "improprement" à l’époque avec les noms "propres" dans le parler lorrain. On disait aussi cornets pour les sachets d’emballage, verrines pour les pots à confitures, patins à la place de chaussons. Les pièces d’habitation lumineuses étaient dites clarteuses. Le mamaillou était, soit un bricoleur avisé, soit un homme vivant de combines et de magouilles. Le haltata, un excité, un évaltonné ou un irresponsable exalté. Bon, je ne vais pas passer en revue le dictionnaire du français régional de Lorraine. La plupart des expressions étaient déjà dans mon enfance en voie de disparition. Je ne cite que celles que j’ai entendues un temps.

Le Gérard B. était donc mon compagnon de route, celui aux cotés duquel j’ai accompli mes plus hauts-faits d’arme. La descente du coteau en luge à fond la gomme, sauvée de justesse par un crash contre le grand saule avant de plonger droit dans l’Iron, le ruisseau local, au plus froid de l’hiver. L’incendie des buissons de la "petite cote" avec des «pétards pirates» entraînant l’arrivée des pompiers, quelques jours avant le Quatorze Juillet. L’escalade du plus haut mirabellier du quartier se soldant par un appel au secours du chef de cordée pour qu’un adulte vienne l'aider à redescendre. Le franchissement héroïque à vélo, jambes en l’air, en cascadeur des temps modernes, du secteur aux orties au mileu duquel je me suis crouté lamentablement. Cuisant souvenir pour mon épiderme. Numéro un du hit-parade, grand souvenir pour ma mère avant tout, notre escapade de plusieurs kilomètres à l’âge de trois ans durant laquelle j’avais abandonné ma bicyclette en bordure de ruisseau avant de traverser le «petit bois» (on y trouvait encore des violettes qui sentaient la violette) et me rendre avec mon copain à la «Pétrole-Essence». Ce lieu magnétique était truffé de traquenards et de chausse-trapes pour des enfants de cet âge. Ce qui nous avait attirés ici, c'était les carcasses de véhicules américains de la dernière guerre qui y étaient encore entreposées. Ma mère, furibonde et aux cent coups, nous avait retrouvés aux commandes d’une Jeep. Ma conduite sans permis avait été verbalisée par une raclée monumentale.

L’anecdote que je veux narrer, se déroule une année plus tard. Elle est plus anodine, mais arrive encore à me faire rire quand je l'évoque. Nous sommes au cœur de l’été, le souper est en préparation. Ma mère a toujours vécu dans l’angoisse de manquer de pain pour nos repas familiaux. L’âge n’a rien arrangé d’ailleurs. A chacun ses fixettes. A l’époque, chaque famille avait ses commerçants attitrés. Se rendre chez un concurrent, même exceptionnellement en cas d’urgence, quand un "des siens" était fermé, était considéré comme une pratique infamante. Plus de pain pour le souper, ce soir.
«Gérard, je te donne les sous. Tu ne voudrais pas aller me chercher une baguette au ‘Familistère’ ? »
Bon bougre s’il en est, le Gérard s’exécute sans discuter. Comme toujours, en courant, tout à sa mission. Le temps passe, pas de retour du Gérard, donc, toujours pas de pain.
« Pierre, va voir ce que fait le Gérard»

Je dévale les escaliers, fonce dans la cour arrière et prends un virage sur les chapeaux de roues pour m’engager dans l’allée de graviers qui mène au jardinet de la rue. Choc frontal terrible. Deux hommes à terre, Sergent ! Frontal est l’adjectif idoine. Un œuf de pigeon commence à gonfler sur mon front. Le Gérard saigne du nez copieusement et compte ses dents. Il part en abandonnant la baguette au sol et en hurlant comme un loup blessé en direction de sa tanière. Mes lamentations valent les siennes. Je remonte à la cuisine, courageusement en larmes, la baguette fracturée en main. Elle à l’allure d’un fléau de ferme.

« Pierre, qu’est-ce qui t’es arrivé !! »
- Moi, c’est rien, mais tu verrais le Gérard !

Blême, ma mère, vole chez la voisine pour se rendre au chevet du mourant présumé. Cette baguette a eu bien du mal à passer. On pourrait y voir l’origine du mot « casse-croûte » ?

mardi 7 octobre 2008

La maison forestière


Un peu d’histoire quand même:

En 1911, Henri Liégeon créé son entreprise de tournerie et de boissellerie au plein cœur de la forêt du Jura. Après avoir fabriqué du mobilier de jardin, les Liégeon abordent progressivement le secteur du jeu : jeux de société, tableaux ; puis en 1941, vient à Bernard Liégeon l'idée de mettre en jouet un chalet habitable. La "Maison forestière" est commercialisée en 1946, et la marque JEUJURA créée en 1948. Depuis cette date, la "Maison forestière" a été déclinée en plusieurs modèles, de même que son grand frère le "Chalet suisse". Par la suite, de nombreux produits se sont ajoutés au catalogue : "La Maison en rondins", "Fort Western", "La jolie Ferme", "Mon garage en bois"... Aujourd'hui, la société tente de conquérir un public toujours plus nombreux en offrant aux enfants la possibilité de construire dès leur plus jeune âge.

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Un jouet indémodable:

Ma "maison forestière d’à moi" m’a été offerte par mes parents en 1958. Elle connaît sa troisième génération de bâtisseurs. Certains, méthodiques et scrupuleux, se sont rapportés fidèlement aux plans de constructions inclus dans le coffret en hêtre hébergeant les pièces de construction, d’autres, plus imaginatifs ont utilisé certains de ses éléments comme accessoires sur d’autres terrains de jeux. Ainsi, quelques poutres ont souffert de leur usage intensif comme catapultes pour l’assaut de châteaux-forts. Elles propulsaient les assaillants dans le camp ennemi. Tout soldat renversé était alors considéré comme mort. La maison JeuJura aurait pu bénéficier des plans de nos garages qui hébergeaient les «Dinky Toys» et «Norev» de la communauté des joueurs en dehors des heures de classe. Bien des années après, l'envie d’acheter à mon dernier rejeton le coffret «Chalet Suisse» longtemps convoité jadis me turlupine. Plus de pièces, des frontons jaunes avec un œil de bœuf et des volets rouges ajourés de chamois et non de sapins comme ceux de la Maison Forestière. Seuls les riches doivent pouvoir se payer de pareils coffrets.


mercredi 1 octobre 2008

Le zéro et l'infini





Sitôt l’après-guerre, un consensus naquit rapidement chez les intellectuels concernant l'horrible bilan du nazisme et ses cinquante millions de morts associés directement ou indirectement aux idées qu’il développait. Etrangement, il a fallu pour ainsi dire attendre la chute du rideau de fer pour qu'une pareille unanimité s'entende chez nos beaux esprits quant aux conséquences funestes du stalinisme et de ses méthodes. Pour ne s’en tenir qu’au bilan chiffré des morts directes et collatérales: 80 millions sur le globe aux dires des experts.

L’aveuglement des intellectuels français sur le sujet est proprement pathétique. L’engagement notoire du Parti Communiste contre le nazisme et le nombre important de ses membres morts dans la résistance et les camps de concentrations aux cotés de Juifs, de tziganes, d’homosexuels et d’hommes d’origine africaine auraient retardé cette capacité à une condamnation rapide. Travail pénible que de couper avec une tradition politique familiale, véritable arrachement que de renier une idéologie qui avait séduit, décision risquée que d’abandonner la source d’énergie ayant alimenté de longues années des combats politiques, sociaux et armés, même au vu d’un pareil bilan.

Une voix, pourtant, s’était élevée dans le désert bien des années plus tôt. Ecrit entre 1938 et 1940, publié en Angleterre en 1941 et en France en 1945, le livre d’Arthur Koestler «Le zéro et l’infini» était déjà le réquisitoire impitoyable d’un homme ayant servi ce régime et ayant eu la capacité d’en décortiquer de manière convaincante les dérives qui ramenaient l’individu à une entité proche du zéro par opposition à l’infini de la collectivité. En France, rares furent les intellectuels, hormis Francine Bloch, qui prirent la défense de l’ouvrage. Quand on dit que la vérité est souvent cachée au fond d’un puits...

lundi 29 septembre 2008

Amis de la poésie, bonsoir...

Animation d'une histoire BD de Philippe Vuillemin. Sans commentaire.

mardi 23 septembre 2008

Négatifs oubliés




J’ai retrouvé de vieux négatifs impressionnés par mon Canon EF acheté en 1973 à prix d’or pour un usage de butor. Ce reflex 24x36 semi-automatique avec priorité à la vitesse muni d’une cellule au silicium eut la vertu extraordinaire de me faire réussir des photos nettes et bien cadrées. Ceci représentait dans mon cas deux exploits au vu des tirages brumeux et insolites obtenus avec mes rossinantes antérieures. Mon scanneur actuel ayant la capacité d’exploiter ce type de support en sus des diapositives, j’ai vu renaître sur mon moniteur, à ma plus grande joie, des photos oubliées vite stockées sur mon disque dur multimédia. Les invités vont avoir droit à des séances diaporamas haute définition sur l’écran plat de la mansarde. Je sais, c’est sadique! Mais c’est une technique comme une autre pour reconnaître les vrais amis ou débusquer les faux-jetons et les individus au tempérament stoïque hors-normes.


Clic... clac (sur les 2 images)... merci Kodak

Ces deux clichés d’automne ressuscités illustreront ainsi ce court billet qui tient à perpétuer la tradition du blog sigant d'un billet chaque changement de saison.

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Pour quelques clichés de plus (ajouts le 26/09/08) : album Automne


jeudi 11 septembre 2008

La politique du chien crevé au fil de l'eau


« Je suis pour le communisme, je suis pour le socialisme et pour le capitalisme, parce que je suis opportuniste. Il y en a qui contestent qui revendiquent et qui protestent, moi je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste, je retourne ma veste toujours du bon coté… Je crie vive la révolution, je crie vive les institutions, je crie vive les manifestations, je crie vive la collaboration… A la prochaine révolution je retourne mon pantalon. »



Encore une expression ou citation dont on finit par perdre l’origine. J’avais notion d’une source chinoise. Une recherche sur internet la prête à un listing d’auteurs dont je vous épargne les noms. Peu importe, cette métaphore s’applique parfaitement à nombre d’entreprises humaines depuis que des décisionnaires élus ou autoproclamés veillent aux trajectoires rectilignes des tribus, peuplades, peuples ou nations à la surface de notre globe. "L’Homo Politicus", obnubilé par l’idée fixe de se faire réélire, agit avec parcimonie et uniquement dans l’urgence. Ses choix ne sont pas motivés par une volonté farouche d’anticiper les problèmes, mais par la pratique experte du boniment cherchant à persuader ses concitoyens qu’on agit, alors qu’on ne fait que poser une rustine de plus sur une chambre à air grêlée de patchs comme un visage d’adolescent acnéique. Tout le monde sait qu’on ne finit par mettre un panneau "Stop" à un carrefour dangereux qu’après bien des hécatombes. Ainsi, pour reprendre l’image du titre du billet, aucun responsable ne prend la décision de retirer le chien crevé qui pollue la rivière mais on envoie un lampiste municipal, muni d’un bâton, repousser la carcasse échouée sur la berge pour qu’elle aille se prendre plus en aval dans des branchages hors des limites du secteur administré.

L’écologie est un domaine qui illustre avec splendeur les habitudes irresponsables ou cyniques d’hommes cultivant une autre expression qui va dans le même sens : « Après moi le déluge ! »

Lycéen de l’Est de la France dans les années soixante, un de mes professeurs de Sciences Naturelles abordait souvent le sujet des mines de fer et de charbon de la région. Il nous indiquait que leur exploitation dispendieuse en comparaison de celle d’autres pays du globe, aux minerais plus riches et d’accès plus facile, devait nous faire envisager rapidement la fermeture progressive de nos puits. Il affirmait également que les réserves pétrolières mondiales n’étaient pas élastiques. Il jugeait intéressant de trouver dès maintenant des sources d’énergie renouvelables pouvant soutenir la demande exponentielle d’une population mondiale qui explosait. Il embrayait alors sur les produits de consommation faisant appel à d’autres ressources mais devant suivre la même logique d'anticipation. Il soulignait le rôle essentiel des grandes forêts pluviales, poumons de notre planète, et les dangers d’une déforestation massive ou d’une exploitation inadéquate. Il nous faisait valoir les risques de la surexploitation des terres arables, du remembrement à tout crin, et ceux d’une politique aveugle entichée de productivité. La pollution était pourtant à peine au goût du jour. Il prophétisait la spoliation future des ressources alimentaires des océans qu’on imaginait inépuisables au vu des surfaces qu’ils couvrent. Il nous faisait surtout découvrir la fragilité de la chaîne écologique en nous exposant les conséquences funestes des générations précédentes d’apprentis sorciers. J’avais retenu à l’époque l'explication exemplaire de la disparition éclair de tribus d’Amérique du Sud à l’époque des conquistadors. C’était l’importation de maladies non endémiques chez eux, plus que les tueries, qui était à la base de la fulgurance du phénomène.

Un demi siècle plus tard, je souris vaguement au discours, soi-disant novateur, d’un politicien américain bâtissant son fond de commerce sur le réchauffement de la planète. Je ricane de l’engouement, aussi soudain que troublant, de nos responsables pour cette cause, forcés une fois de plus d’agir dans l’urgence alors que leurs prédécesseurs, qui avaient le temps, ont pourri la planète en laissant voguer au gré du courant des flottilles monstrueuses de chiens crevés.

lundi 1 septembre 2008

PENJING BONSAI même combat



1 - Mon orme de Chine auquel je passe de la musique classique sur une chaîne stéréo japonaise (mon portrait en arrière plan!) 2 - Erable du Japon 3 - Erable de Burger au début de l'automne

Clic image
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Le mot Bonsaï est composé de deux caractères japonais: BON qui signifie coupe et SAI qui signifie arbre. Littéralement, les bonsaïs ne sont rien d’autre que des plantes qui poussent dans des bacs. Ils représentent en réalité des miniatures de grands arbres vénérables idéalisés dont la silhouette s’est conservée au fil du temps, parfois sur plusieurs générations.

Le bonsaï était déjà connu en Chine, il y a plus de mille ans. Les deux idéogrammes utilisés par les chinois sont les mêmes qu’en japonais mais la prononciation diffère: PEN-JING en chinois. La naissance de cet art s’explique par une volonté de représentation idéalisée de la nature propre aux asiatiques de confession bouddhique. Pour eux, tous les éléments qui sont sur Terre sont unis les uns aux autres et peuvent se réincarner l’un dans l’autre. Chaque étape de la métempsycose doit apporter une élévation spirituelle et tendre vers la perfection. Un des moyens pour y parvenir est la méditation. Plutôt que de contempler des heures un arbre en pleine nature, pour des raisons d’espace et de proximité, le bonsaï a vu le jour afin que chacun puisse le faire chez soi devant des arbres miniatures.

Une légende voudrait faire remonter la découverte du bonsaï aux premières heures du bouddhisme. Gautalama Siddhartha, le Bouddha, avait coutume de méditer et de prêcher sous des arbres. A sa mort, ces endroits devinrent des lieux de pèlerinage. Vers 60 après J.-C., la cour de l’empereur de Chine se convertit au bouddhisme. Pour échapper à la foule des pèlerins, la noblesse chinoise se mit à reproduire dans des parcs privés les différents arbres sacrés qui parfois même s’intégraient dans des paysages entiers. Les jardiniers faisaient de petits miracles en choisissant des arbres relativement jeunes qu’ils transformaient en copies conformes miniaturisés de ceux auxquels le culte était rendu. Lorsqu’au XI ème siècle, les femmes chinoises de la Cour durent se bander les pieds, il leur devint difficile de marcher et on dut les porter dans les jardins pour pratiquer leur méditation. Un jardinier astucieux aurait alors eu l’idée de renverser la situation en amenant les petits arbres plantés dans des pots à la dame!

Vers l’an 1200, des ambassadeurs chinois introduisirent les premiers penjing au Japon. Aussitôt, les japonais s’enthousiasmèrent pour ces petits arbres et ne tardèrent pas à exceller dans cet art, surpassant même parfois leurs maîtres. Au cours des huit-cents ans dernières années, ils sont parvenus à créer de très nombreuses formes stylistiques et inventer des techniques que nous pratiquons aujourd’hui. Un bonsaï doit avoir l’air vieux et noueux, comme s’il avait enduré l’assaut des éléments depuis des siècles. Sa couronne de feuillage doit être aérée de telle sorte que le tronc et les branches soient visibles. Le collet est à l’air libre comme celui d’un arbre dans la nature. La coupe raffinée complète l’équilibre du tableau. A noter que le bonsaï ne doit pas dépasser 80 cm de haut contrairement au penjing qui lui peut être beaucoup plus volumineux.

Originellement, le bonsaï était (et devrait rester) un arbre de plein air pour respecter sa fonction «d’objet de méditation». On ne rentre habituellement qu’un petit arbre dans la maison pour quelques heures ou quelques jours. Les Européens ont un autre rapport aux plantes. Ils les cultivent en pots toute l’année dans leurs appartements et laissent pousser les arbres librement en plein air. Ceci fait qu’ils préfèrent transformer en bonsaï les plantes supportant d’être en intérieur toute l’année : plantes des régions tropicales et subtropicales.

Source: Jochen Pfisterer «Bonsaï: pour une culture réussie» PETITS PRATIQUES HACHETTE.
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Pour se lancer dans la culture du bonsaï, il n’est point nécessaire de se convertir au bouddhisme et de se raser totalement le corps. Inutile également de se mettre en état de lévitation et de compulser un quintal d’ouvrages savants ou ésotériques détaillant les moindres subtilités techniques. Pas besoin non plus d’être snob. Quelques notions fondamentales suffisent, associées à un peu de bon sens.

Ainsi, beaucoup de personnes qui se lancent dans l’aventure méconnaissent un point clef. C’est pour cela que je vois régulièrement trôner dans des appartements des squelettes de bonsaï d’extérieur n’ayant rien à faire dans des pièces surchauffées aux lumières artificielles. Et c’est: «Et pourtant, je l’entretiens régulièrement comme indiqué sur la notice et j’ai acheté tout le matériel qui va avec. Si tu peux faire quelque chose, je te le donne ».

Merci ! fichtre, il fallait le mettre dehors ce petit arbre! Vous auriez même été étonné de vous apercevoir qu’il résistait petit à petit à des températures beaucoup plus basses que celles «autorisées sur la notice». Que des variétés au feuillage persistant dans leur milieu naturel, finissaient par suivre le cycle des saisons locales et perdaient leurs feuilles en hiver. Dès les premiers gels, rentrez cependant vos pots dans une pièce froide offrant de la lumière du jour, sans oublier de l'arroser au moins deux fois par semaine. Le pot ne protège pas suffisamment les racines du gel contrairement à un arbre profondément enraciné. Lorsqu’on peut retirer du pot, d’un bloc, l’arbre et la de terre incluse dans son réseau racinaire dense, le temps du rempotage tous les deux ou trois ans est possible en évitant de trop toucher aux racines. Leur taille est le point le plus périlleux de la culture du bonsaï. On peut souvent l’éluder. Un conseil simple, lors du rempotage: respectez la composition de l’apport en sol préconisé pour votre arbre. Faites le chauffer avant (le mélange préconisé... pas l’arbre !) dans une veille casserole à forte température pour détruire les vecteurs de maladies susceptibles de s’y trouver. Aseptisez régulièrement vos outils de taille si vous les utilisez pour d’autres plantes. En été, l’arrosage doit être quasi journalier et l’apport d’engrais parcimonieux bihebdomadaire. Pas besoin d’acheter des engrais spécialisés vendus à prix cocaïne et sans intérêt fondamental. L’eau de pluie est idéale pour l’arrosage (venant du ciel ou d’un récipient de recueil des eaux pluviales), sinon, laissez décanter l’eau du robinet et arrosez le bonsaï quand elle a dégazé et pris la température extérieure pour éviter des chocs thermiques racinaires. On arrose le soir, comme son jardin, pour conserver le plus durablement le bénéfice de votre hydratation*. Le pot accentue les principaux mécanismes responsables de l’évaporation. Beaucoup de bonsaï finissent leurs jours, suite à des manques d’arrosage en été. Si vous ne possédez qu’un tout petit bonsaï, pourquoi ne pas utiliser de l’eau de source en bouteille? Les jours de grosse chaleur, on peut vaporiser le feuillage quand le bonsaï n’est plus en plein soleil ou tremper le pot dans une bassine, sinon on risque de brûler les feuilles.

Derniers conseils personnels : pour vos débuts, choisissez des essences robustes et dociles à la taille. Evitez les essences à grosses feuilles donnant à votre composition des proportions peu naturelles. L’Ulmus parvifolia ou orme de Chine constitue un bonsaï idéal pour les débutants. Sa pousse rapide et vigoureuse gomme rapidement certaines tailles hasardeuses et son adaptation à nos climats est remarquable. Le Serissa foetida ou neige de juin est une essence donnant des bonsaï magnifiques, couverts de fleurs blanches en juin comme le nom l’indique, mais malheureusement, pour avoir discuté de mes échecs avec des spécialistes, chaque taille est une roulette russe pouvant aboutir au pourrissement des branches taillées. Les réanimations deviennent peu à peu hypothétiques. On n’en voit d’ailleurs presque plus chez les fleuristes revendeurs assaillis de demandes de sauvetage par leurs clients. Bonsaï assez faciles également à cultiver, les variétés d’érables sucriers dont les feuilles dentelées prennent une coloration rouge bien avant l'automne quand leurs réserves glucidiques augmentent.

*Pour faire pro, lien très technique sur le sujet de l’évaporation appliquée aux végétaux: ici

mercredi 27 août 2008

La fusée coupe-circuit



La fusée catapulte et son parachute

Ne sombrons pas dans l’angélisme en louant à outrance la puissance des moteurs de recherche dont nous disposons. Ceux-ci ont bien entendu quelques arrières-pensées commerciales. Nombre de nos recherches nous l’indiquent avec leurs fenêtres publicitaires adjointes pendant notre navigation. Évoquant avec un ami de mon âge la nouvelle rentrée des classes, nous en étions venus à retrouver la foule d’objets d’usage non scolaires embarqués dans nos cartables et les poches de nos pantalons à la fin des années cinquante. La plupart d’entre eux sont probablement aujourd'hui prohibés à l’aune du «sécuritarisme» ambiant qui peut par ailleurs nous interroger quant à la survie de notre génération méconnaissant le catalogue impressionnant des mises en garde actuelles. Pour donner dans la poésie, "grolandaise", il serait urgent d'apposer cette mise en garde sur les boîtes de petits pois: «Attention, ce produit fait péter».

Je viens d’effectuer une recherche sur quelques uns des objets que notre mémoire avait ressuscités. Plus particulièrement ceux qui attiraient la convoitise dans les cours d’école d’antan: biscailles en acier de taille monstrueuse extraits de roulements à bille de locomotives à vapeur, pétards crapauds dont l’emballage en papier crépon rouge contenait un mélange de poudre et de gravier, gyroplanes envoyant leur hélice au ciel lorsqu’on tirait vivement l’anneau déroulant la bobine de fil solidaire de l’axe de rotation, crapauds sauteurs en tôle à l’ingénieux système de propulsion à retardement, boîtes de poil à gratter et haricots sauteurs mexicains. Je recherchais surtout les petites fusées multicolores en plastique de tirettes de fête foraine qu’on jetait en l’air et qui, lorsqu’elles touchaient le sol, faisaient éclater l’amorce coincée par un ressort dans la tête lestée. Je n’ai en fait trouvé qu’un lien brisé concernant cet objet sur un site de vente aux enchères en ligne.

Cependant, à ma plus grande joie, j’ai retrouvé un de mes jeux favoris de l’époque qui m’avait fait découvrir un nombre d’adulateurs insoupçonné dans mon quartier: un autre type de fusée. Le propulseur était une sorte de fronde constituée d’un bâton de plastique robuste muni à son extrémité d’un élastique puissant qu’on accrochait à une ailette proche du sommet de la fusée. Celle-ci, arrivée à l’apogée de sa trajectoire, au moment d’amorcer sa retombée, s’ouvrait grâce à un balancier levier pour laisser s’échapper un parachute en nylon accroché à la base. La fusée revenait au sol au gré des turbulences aériennes et des vents dominants. Les souvenirs, comme les roses, ont hélas des épines. J’ai encore en mémoire l’image de mon prestigieux engin pendouillant lamentablement, accroché à la ligne électrique aérienne de ma rue. Nos techniques de récupérations, toutes plus ingénieuses les unes que les autres (corde lestées d’un caillou, arcs artisanaux, bâtons lancés au petit bonheur), n’avaient réussi qu’à provoquer un court circuit général dans le quartier. Encore un mystère des pannes de secteur non élucidées par les équipes de dépannage commises par l’électricité de France. Bien entendu, nous ne nous étions pas vantés de notre exploit.

Les jours de grande nostalgie, je reviendrai consulter mon billet et contempler la larme à l’œil, le clone chéri de ce jouet précurseur des techniques de récupération des capsules spatiales de la décennie suivante.


vendredi 1 août 2008

Août trouver le calme?

La ville au mois d’août, désertée par les vacanciers, devrait nous permettre d’échapper au tohu-bohu.

Une bonne partie de sa population est partie, stoïque, se jeter dans les embouteillages des routes du Sud pour gagner ses plages surpeuplées défendre sans grand espoir un lopin de sable contre les raids dévastateurs de hordes de bambins ou d’adolescents turbulents à l’éducation exquise*, au milieu des tirs croisés de ballons de plage. Douce illusion que d’imaginer que pour autant sa cité baigne dans un calme propice aux ballades agréables. On parcoure en fait une ville éventrée, jonchée de décombres proches de ceux des champs de bataille de la première guerre mondiale. Tranchées en tous sens, labyrinthe gorgé de déviations dues aux travaux de voirie vous amenant à passer par l'Antartique pour rejoindre son centre ou rentrer à son domicile. Slalom périlleux au son d’un orchestre interprétant en marteau-piqueur majeur un adagio sur bitume en fusion pour meuleuses, pelleteuses et autres engins de chantier ototoxiques.

L’alternative qui consisterait à rester dans son nid douillet s’avère tout aussi calamiteuse. Les gens qui ne partent pas en vacances, s’ennuient. Alors, pour s’occuper sainement, ils aménagent bruyamment leur fief. Autre concert: meuleuses de plus petit gabarit mais tout aussi stridentes, perceuses au potentiel sonore redoutable et redouté, scies sauteuses stridulantes, tondeuses à gazon rageuses et bien entendu (c’est clair !) moteurs tonitruants des camions de transport livrant les matériaux. En bonus: la fanfare des klaxons des véhicules bloqués dans votre rue servant de déviation aux travaux urbains évoqués plus-haut. A croire qu’en été, les édiles des grandes villes, avec une bienveillance et un discernement louables, versent «larga manu» aux entrepreneurs la plus grande part des impôts soutirés à leurs contribuables pour aménager la voirie, lieu d’hébergement principal des sans-abris. Enfin, le soir venu, fenêtres ouvertes pour recueillir un peu de fraîcheur, on profite à merveille des éclats de voix des disputes conjugales du quartier, du vacarme des réunions de famille et des fêtes étudiantes arrosées se prolongeant jusqu’à l’aurore. La jeunesse* désœuvrée parcoure la cité au guidon d’engins aux pots d’échappements sans chicanes en toute impunité, histoire de se faire remarquer un peu et de faire râler les vieux, ou mieux, quand éventuellement le permis est en poche, au volant de voitures équipées d’autoradio de 2000 watts, musique à toc, fenêtres baissées pour en faire profiter dans le sillage la population rescapée.

Rien de bien neuf me direz-vous. Les nuisances sonores sont en tête des doléances publiques? C’est vrai. Alors... fuir la ville? Je me souviens d’un texte d’un auteur allemand du milieu du XXème siècle (les maux de tête provoqués par le vacarme urbain m’empêchent de retrouver le nom de l’auteur) qui célébrait les bienfaits de la vie à la campagne loin des bruits de la ville: motos et mobylettes qui traversent de nuit à toute allure la rue principale, passages matutinaux de meutes de tracteurs sous ses fenêtres, vacarme joyeux des moissonneuses-batteuses dans les champs durant les après-midi languissants d’été, engins forestiers en rut agrémentant de leurs brames ses promenades sylvestres. Il évoquait aussi la joie de se sentir accompagné d’essaims vrombissants de joyeux insectes piqueurs jusque dans son refuge. Les réveils nocturnes suaves liés aux aboiements incessants des chiens du voisinage ou les sonneries puissantes régulières du clocher du village. Quel bonheur, le jour à peine levé, d’entendre, ravagé par une nuit blanche, les clairons de la basse-cour! Une fois de plus, on le constate, j’ajoute ma variation : l’enfer, c’est bien le bruit des autres.

* Digression sur la jeunesse comme on dit: « Vous avez quelque chose contre les jeunes, Monsieur? »
Question reproche qu'on adressait au bon mais défunt Pierre Desproges dans ses «Chroniques de la haine ordinaire». Non, non, Monsieur! Notre belle progéniture est un bien trop précieux pour qu’on imagine une seconde que je souhaiterais qu’il faille la traumatiser avec des interdits qu’on appelait dans les temps obscurs, courtoisie, respect des autres ou simple politesse. On comprend parfaitement l’enracinement robuste du "jeunisme" contemporain chaque fois qu’on roule derrière un véhicule placardant glorieusement sur sa lunette arrière: « Bébé à bord ». Couple radieux à l’avant affichant avec bonheur son obédience au mouvement. Le fait d’avoir inventé la procréation les convainc de défendre bec et ongle les agressions sympathiques du miracle de la vie braillard qu’ils convoient. Dans l’habitacle, aux cotés de ces concepteurs méritants et de leur enfant roi (adolescent roi en devenir), la mansuétude sans limite à son égard que prône le parti. Gare à ceux qui bafouent les privilèges attachés à leur nouveau statut. Ainsi, celui qui ne marque pas l’arrêt à un passage piéton pour laisser traverser mère et poussette, prêts à s’engager sur la chaussée dans les dix minutes qui vont suivre, passe aux yeux de tous pour un monstre. Lynchage potentiel de l’assassin en puissance par une foule bavant la haine. Le desperado était sur le point de commettre, devant les yeux horrifiés de la foule, l’acte abject signant le mépris du fruit des entrailles d’une génitrice admirable. Risquer d’écraser une veille, c’est beaucoup, beaucoup moins grave! Loin de moi l’idée de faire l’apologie de la conduite criminelle. Je constate simplement que l’imprégnation progestéronique des parturientes exhale des phéromones communiquant ses effets à l’entourage, féminin aussi bien que masculin. Aimer la jeunesse, oui. La sienne en particulier… L’idolâtrer, on n’est pas obligé tout de même.