jeudi 11 octobre 2012

SALIX ALBA ou Saule blanc




Synonymes français : Osier blanc, Aubier

Famille : Salicacéees

Description : Arbre de 10 à 15 m, atteignant au maximum 25 m. Rameaux très souples, élancés, légèrement pubescents. Cime arrondie. Feuilles brièvement pétiolées, alternes, lancéolées (10 cm de long), finement dentelées, blanc argenté dessous. Espèce dioïque à inflorescences mâles jaunes et femelles vertes. Fleurs mâles à deux étamines. Rameaux grisâtres, devenant brun jaunâtre, souples. Branches devenant cassantes.

Biologie et acclimatation : Espèce rustique du bord des eaux et des endroits humides. Longévité de 70 à 120 ans. Multiplication par boutures.

Intérêt : Essence employée en vannerie. Bois légèrement rougeâtre employé en sculpture. L’écorce à des propriétés toniques et vermifuges, mais aussi fébrifuges et antalgiques.


De Salix à l’acide acétylsalicylique (aspirine), via l'acide salicylique

L'écorce de saule est connue au moins depuis l'Antiquité pour ses vertus curatives. On a retrouvé la mention de décoctions de feuilles de saule sur des tablettes sumériennes de 5000 av. J.-C. et dans un papyrus égyptien des 1550 av. J.-C (papyrus Ebers). Le médecin grec Hippocrate (460–377 av. J.-C.) conseillait déjà une préparation à partir de l'écorce du saule blanc pour soulager les douleurs et les fièvres. Les Romains connaissaient aussi ses propriétés.

En 1763, le pasteur Edward Stone présente un mémoire devant la Royal Medicine Society sur l'utilisation thérapeutique de décoctions de l'écorce du saule blanc contre la fièvre. En 1829, Pierre-Joseph Leroux, un pharmacien français, tente, après avoir fait bouillir de la poudre d'écorce de saule blanc dans de l'eau, de concentrer sa préparation ; il en résulte des cristaux solubles qu'il dénomme salicyline (de salix). Puis, des scientifiques allemands purifient cette substance active, appelée d'abord salicyline, puis acide salicylique.

En 1877, Germain Sée propose le salicylate de soude comme antipyrétique. Marceli Nencki prépare à partir de 1880 un dérivé de l'acide salicylique et du phénol appelé Salol, qui, sans présenter de propriétés pharmacologiques supérieures aux médicaments alors existants, a toutefois un goût plus agréable. Ce produit fait l'objet d'un grand engouement populaire.

En 1835, Karl Löwig montre que l'acide spirique, extrait de la reine-des-prés, est chimiquement identique à l'acide salicylique. À partir des extraits naturels, on isole le salicylate de sodium, qui devient alors le médicament couramment employé contre la douleur et l'inflammation. Cette préparation permet de faire tomber la fièvre et de soulager les douleurs et les rhumatismes articulaires, mais provoque de graves brûlures d'estomac. On parvient à la fin du XIXe siècle à la produire industriellement en Allemagne.

En 1853, le chimiste strasbourgeois Charles Frédéric Gerhardt effectue la synthèse de l'acide acétylsalicylique, qu'il nomme acide acétosalicylique et dépose un brevet. Cependant son composé est impur et thermolabile. Le savant meurt trois ans plus tard et ses travaux tombent dans l'oubli.

En 1859, Kolbe réussit la synthèse chimique de l'acide salicylique, utilisé alors pour ses propriétés antiseptiques, mais c'est Felix Hoffmann, chimiste allemand entré au service des laboratoires Bayer en 1894, qui, en octobre 1897, reprenant les travaux antérieurs de Gerhardt, trouve le moyen d'obtenir de l'acide acétylsalicylique pur. Il transmet ses résultats à son patron Heinrich Dreser. Ce dernier teste le produit sur le cœur de grenouille, son animal de laboratoire favori, et n'obtient aucun résultat probant. Hoffmann, persuadé de l'intérêt de la molécule (il s'en sert d'ailleurs pour soigner son père, qui souffrait de rhumatisme chronique et prenait jusque-là du salicylate de sodium), donne le médicament à des amis médecins et dentistes, qui le testent avec succès sur leurs patients pendant deux ans (effet antalgique et moins toxique pour l'estomac que le salicylate de sodium). Commence alors la production industrielle du médicament. Finalement, le brevet et la marque de l'aspirine sont déposés par la société Bayer en 1899 sous la dénomination d'Aspirin. La préparation arrive en France en 1908 et est commercialisée par la Société chimique des usines du Rhône. Cependant, après la Première Guerre mondiale, le Traité de Versailles stipule que la marque et le procédé de fabrication tombent dans le domaine public dans un certain nombre de pays (France, États-Unis, etc.) mais pas dans d'autres (comme le Canada).

En 1949, le supérieur hiérarchique direct d'Hoffmann, Arthur Eichengrün publie un article revendiquant la paternité de la découverte. Cette revendication est ignorée par les historiens des sciences jusqu'en 1999, date à laquelle les recherches de Walter Sneader de l'université de Strathclyde, à Glasgow, concluent que c'est bien Eichengrün qui a eu l'idée de synthétiser l'acide acétylsalicylique. Bayer, dans un communiqué de presse, réfute cette théorie, mais la controverse reste ouverte.

L'acide salicylique n'est désormais plus utilisé que pour son action apaisante (analgésique) et on le retrouve dans de nombreux produits en dermatologie en complément d'un autre principe actif. Il est par exemple utilisé dans le traitement de l'acné, des verrues ou de l'hyperhidrose (sueur excessive).

Source de l'annexe : Wikipédia