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mardi 30 janvier 2018

Le cinéma un art à part entière ?



Si l’on se réfère à la définition moderne de l’art: « L’expression, la communication d’idées, d’émotions et de sentiments au moyen de divers médias », « la quête de la vérité derrière l’apparence », comment le cinéma n'en ferait pas partie? Il répond à la définition, la comble même en empruntant à chacun de ses six prédécesseurs : Architecture, Sculpture, Peinture, Musique, Danse et Poésie.

Est-il un art à part entière? Ergotage de spécialistes tatillons. Certains reprochent au cinéma ses prétentions de touche à tout superficiel. Sans sombrer dans le populisme, le fait que ce mode d’expression touche les populations les plus diverses par des biais sortant souvent de l’académisme des « Beaux Arts » m'apparaît comme un argument fallacieux. Comme si l’appréciation de l’Art n’était qu’une affaire de spécialistes.

Doutant, qu'hormis le butor abouti, tout spectateur n'ait jamais réprimé une larme, sursauté dans son fauteuil, rit à gorge déployée au cœur d’une salle obscure, il est manifeste que le cinéma est bien un vecteur d'émotions. Chacun de nous conserve en mémoire une musique de film, un plan, une scène, des dialogues, une histoire, qui font surgir l'émotion ou sont à la source de découvertes ou d’enrichissements intérieurs personnels. Le réalisateur est bien un créateur qui cherche à communiquer aux spectateurs des idées, des émotions, des sentiments par le biais de son médium. Faisant appel à nos sens principaux, les combinant, multipliant les modes de communication, le cinéma touche par ailleurs une population plus vaste que ne le ferait chaque art pris isolément.

J’aime le cinoche et je suis toujours étonné que des hommes aient la capacité, l’énergie, la ténacité utiles à constituer une équipe, réunir des moyens techniques et financiers complexes pour venir à bout d’un projet visant la plupart du temps à nous donner à voir et à entendre ce qu’ils aiment haïssent ou défendent ardemment.


Georges Méliès - Le voyage dans la lune - 1902


 "L’écriture du mouvement" en quelques dates 


 1888  Le messin Louis Aimée Augustin Le Prince dépose le brevet d’une caméra de projection cinématographique.

Août 1894  Les frères Lumière tournent « La sortie de l’usine Lumière à Lyon ». Les premiers films sont projetés dans les fêtes foraines et dans quelques salles. Début du cinéma d’actualités.

 1902  L’illusionniste de formation Georges Méliès est le précurseur des effets spéciaux, il explore le cinéma de fiction théâtral et poétique, ex : « Le voyage dans la lune »

The Lonedale Operator - 1911 - D.W. GRIFFITH
 1910–1915  L'Américain David Wark Griffith codifie les principes du langage cinématographique classique.

 1915–28  L'éclosion des grandes compagnies de production. La cadence des projections se fait au grès du tour de manivelle de l’opérateur. Les intertitres aident à la narration. Des musiciens accompagnent la projection en s’adaptant aux rythmes et ambiances des films. Des mouvements artistiques et politiques s’emparent du médium naissant :

Nosferatu le vampire - 1920 - Friedrich Wilhelm MURNAU -




Expressionnisme, ex : « Nosferatu le vampire » Murnau 1920
Surréalisme dadaïsme, ex : « Un chien andalou » Bunuel 1928
Communisme, ex : Sergueï Mikhailovitch Eisenstein et son film de propagande sur la révolution russe qui dépasse cette classification réductrice: « Le cuirassé Potemkine »

Jazz Singer - 1927 - Alan CROSLAND



 6 octobre 1927  Le premier film parlant, musical et chantant est américain : « Jazz singer ». Il emploie le procédé sonorisation Vitaphone.

 1929  La crise.  Deux films pour le prix d’un! Le grand film, série A, le petit série B.

 1936  Le film de propagande s’affine « Les Dieux du stade » est commandité à Leni Riefenstahl par le pouvoir Nazi.

Ladre di biciclette - 1948 - Vittorio de SICA -


 1945-49  Le néo-réalisme italien déploie ses ailes

Rosellini « Rome Ville ouverte » 1945 - Visconti « Ossessione » 1945 De Sica « Le voleur de bicyclette » 1948

 Années 50  Essor sur la toile de la couleur associée au format large explorés par les américains durant la guerre. Si l’on occulte la colorisation manuelle, c’est en 1901 qu’apparaît le tout premier film en couleur. Réalisé par le photographe Edward Turner, ce très court métrage montrant des enfants en train de jouer et un défilé militaire a récemment été retrouvé au Musée National des Médias de Bradford en Angleterre. 

Premier film tourné en couleur - 1901 - Edward TURNER
Le premier film tourné en Technicolor trichrome date de 1928 : " The Viking" de Roy William Neill.

The Viking - 1928 - Roy William Neill

Les cousins - 1958 - Claude CHABROL -
 1960  Les nouvelles vagues, dont la française en particulier (Godard, Truffaut, Rivette, Chabrol, Rohmer…), aidées par de nouveaux moyens techniques plus mobiles imposent le goût des tournages en extérieur et une nouvelle esthétique plus proche du réel.
TOY STORY - 1996 - PIXAR





 Années 90  L'emploi de la synthèse d’images et du son numérique commence.

... et suite à venir d'autres aventures techniques ou de créations novatrices.


jeudi 28 mai 2015

BLUE JASMINE – WOODY ALLEN - 2013


Woody Allen confesse  à l’occasion qu’il est souvent déçu par ses films.

Après s’être un peu perdu dans les rues des capitales de la Vielle Europe, un retour au pays – San Francisco n’est cependant pas la porte à coté de son cher Manhattan - l’aide cette fois à brosser un portrait aux petits oignons d'une Américaine au bord de la crise de nerfs.

Woody Allen s’intéresse de près à l’univers féminin, c’est connu. En marge de névrose, ou à fond dedans, c’est souvent le cas. Évitant dans ce film l’ironie facile et les réparties cyniques qui l’imposent en caméo histrionique, il ne perd ici nullement le cap tout au long de ce film de 2013. Il tient méthodiquement le fil bleu-rouge du thème qu’il s’était probablement imposé au départ.

Jasmine (Cate Blanchett) - vague pendant moderne de la « Blanche de Tennessee en pleine débâcle » qui descendait à la Nouvelle-Orléans pour demander asile à sa sœur Stella - se rend à Frisco chez sa sœur Ginger pour le même motif. Ginger et elle sont des enfants adoptés. Concernant des facteurs de ressemblance entre les deux sœurs, la génétique est balayée. Quant au poids de l'éducatif? Jasmine aime péter dans la soie et organiser des soirées mondaines frimeuses où elle côtoie des affairistes aux bouffées carnassières mal dissimulées. Ginger, elle, donne plutôt dans le registre Ginette de Prisunic et pioche dans ses rencontres du blaireau androgénique aux affects plus basiques que méchants.

Par le biais de nombreux retours en arrière, on découvre tout au long du film des morceaux du passé de cette femme ingurgitant désormais du Xanax à tout bout de champ pour encaisser les contrariétés. C'en est fini de son passé florissant d’épouse d'un petit Madoff en herbe multipliant les aventures. Elle les ignore, ou tout du moins préfère les ignorer jusqu’à ce qu’une d’entre-elles l’amène à réagir. Son couple et son statut de femme à la situation sociale et financière enviables va voler en éclat. Son insouciant mari, pas totalement antipathique au demeurant, lui propose un divorce généreux pour vivre tranquillement avec une jeune fille au pair française... Sa réaction vengeresse va être à l'origine de son crack financier et psychique.

Jasmine, maîtresse de la résilience, sombre régulièrement sans perdre la capacité de se ressaisir quand on pense qu'elle va perdre la raison. Jusqu’où le spectateur peut-il accompagner les déambulations de cette femme cassée? Un ressaisissement mou et désabusé, imposé en partie par son nouvel entourage, n’est-il pas l’augure d’un inexorable fiasco ?

Une Cate Blanchett au jeu étincelant parvient à soutenir notre curiosité jusqu’au bout. Port noueux, gestuelle inquiète, visage opalin de plus en plus cireux, regard enfiévré focalisé sur rien de ce qui l’entoure,  elle garde le cap snob et distant, toujours entichée de sa panoplie BCBG. Les propos et avis des personnages servant de révélateur obstiné qui lui indiquent régulièrement la vanité de son parcours ont bien peu d'effets. Rien ne saurait lui faire perdre son penchant pour les rêves d’univers glamour et friqués qui l’ont pourtant bien déglinguée. En permanence sur le qui-vive, elle est tour à tour irritante, hystérique ou touchante. Sa nature complexe la pousse à faire fi d’un passé de lâchetés et d’aveuglement où le confort l’a emporté sur la prise de risques et la réflexion.

Cate Blanchett, toujours sur la corde raide, pas forcément sympathique, est impressionnante entre faux semblants et détresse. Elle transfigure Blue Jasmine de sa présence enfiévrée.

Pour le même prix, allons-y, le film de 2014 du Woody qui, méthodique, sort sa réalisation annuelle. La critique de Pierre Murat me plaisant bien, je ne ferai que la proposer avec l'affiche de " Magic in the Moonlight "...


En plein cœur des années 1920, Wei Ling Soo est le magicien le plus célèbre du monde. Sur scène, il vous fait disparaître un éléphant en moins de deux et téléporte instantanément son assistante d'un sarcophage à un fauteuil pivotant. Le grand public ne se doute évidemment pas que ce masque de Fu Manchu cache un Anglais encore plus british que le Pr Higgins de My fair lady. Snob, docte, arrogant, « aussi charmant que le typhus », comme dit son copain. C'est lui, précisément, le copain qui vient supplier Stanley Crawford (Colin Firth) de l'aider à sauver des amis. Là-bas, dans le Midi de la douce France, une aventurière américaine qui se prétend médium menace de se faire épouser par le fils de famille et financer par la mère, toute heureuse de parler, grâce à elle, à son mari défunt. Peut-être parce qu'il se masque lui-même, Stanley adore démasquer les charlatans, les escrocs, les adeptes des tables tournantes, les dingues de l'au-delà : « Le seul être vraiment surnaturel, grince-t-il, est celui qui vient vous surprendre, un jour, une faux à la main »...

Sophie (Emma Stone) est mignonne. Visiblement douée. Et même impressionnante : un don incroyable pour deviner ce qu'elle ne sait pas... Peu à peu, Stanley sent la terre s'ouvrir sous ses pieds. Quoi, il se serait trompé sur toute la ligne : l'invisible existerait. Il y aurait un lien entre les vivants et les morts. La vie aurait donc un sens? Mais alors, mais alors : l'univers, répondant à un dessein précis, impliquerait la possibilité de l'existence... de Dieu! Nietzsche lui avait pourtant réglé son compte, à celui-là! Abasourdi, éperdu, Stanley en arrive, dans un moment de découragement absolu, à implorer la miséricorde divine...

Voir, chez Woody, un homme prier, ça cause un choc. Aurait-il, sur le tard, été saisi par la grâce, comme Paul Claudel derrière son pilier de Notre-Dame? Qu'on se rassure, il demeure aussi cynique que jadis et plus sombre que jamais. Mais il n'est plus, désormais, le moraliste misanthrope d'Annie Hall, d'Hannah et ses sœurs et de Crimes et délits. Il ne cherche plus à faire entendre raison aux hommes, mais les accepte tels qu'ils sont, contradictoires et extravagants.

Bien sûr, à ses yeux, ce sont les pessimistes qui sont dans le vrai: notre passage sur terre est un désastre, l'avenir ne peut être que funeste (l'homme à la faux! ça change du philosophe au marteau) et l'éternité, on le sait bien, c'est très long, surtout vers la fin. Mais, à l'image de Stanley, les pessimistes n'offrent aux autres que leur cafard permanent, leur mal-être décourageant et des grognements plaintifs sur leur existence atroce. Pas terrible... Les optimistes, eux, sont des crétins absolus, totalement dépourvus de raison, de logique et de bon sens. Ils ressemblent - c'est terrifiant ! - au vieux couple observé à la fin d'un de ses derniers films, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu : deux doux dingues, enfermés dans leur niaiserie comme dans un paradis factice et grotesque...

Mais il existe, et Woody l'admet avec ce film, des êtres comme Sophie. Ce n'est pas un être candide, pour ça non. Ni pervers. Elle n'est qu'une magicienne utilisant son charme, ses pouvoirs pour rendre un rien plus plaisante la vie de ceux qui ont la chance de lui plaire. Elle est le je-ne-sais-quoi qui rend indispensable le presque rien. Et comme tout est faux ici-bas (ailleurs aussi, sans doute, à condition que cet ailleurs existe), pourquoi ne pas accepter le secours non de la religion, comme autrefois, mais de l'illusion...

Magic in the moonlight est un film délicieux. Le plus délicieux des récents Woody. La lumière de Darius Khondji y est resplendissante. On y découvre, surprenante dans l'œuvre du cinéaste, une fête à la Gatsby. On y retrouve les silhouettes farfelues qu'il affectionne: ce grand dadais riche (Hamish Linklater), composant pour sa belle d'atroces ballades à l'ukulélé. Colin Firth, souvent fade, s'y révèle séduisant au possible face à Emma Stone, qui pétille d'intelligence. Les vingt dernières minutes du film sont dignes du théâtre de Marivaux et du cinéma d'Ernst Lubitsch, un superbe badinage autour du sentiment amoureux.

Quant à l'opinion de Woody sur l'homme, suffisant et stupide, elle se résume à cette métaphore : « Le poisson rouge ignore qui change l'eau de son bocal. »

Pierre Murat

http://www.telerama.fr/cinema/films/magic-in-the-moonlight,491750.php

vendredi 27 février 2015

The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson



Un billet lapidaire digne d'un "post" de réseau social. 

J'ai adoré ce petit bijou de Wes Anderson sorti en 2014. Un petit effort de ma part - tout de même - quelques copier-coller de critiques de presse auxquelles j'adhère.

" L'imagination, ici , galope, et ce "Grand Budapest Hotel" est baroque, drôle, régalant. C'est Stephan Zweig au pays des Pieds Nickelés."
- Le Nouvel Observateur -

" Un festival d'acteurs, un merveilleux capharnaüm narratif puissamment maîtrisé, un carrousel d'images emballantes et emballées, un pur plaisir de cinéma, haletant et raffiné."
- Marianne -

" De cet étourdissant mille-feuille, il émane une énergie, mais surtout une drôlerie électrique, mélange de pure fantaisie et d’ironie subrepticement morbide qui participent à la virtuosité de l’ensemble – l’humour, qui l’emporte d’un chouia sur l’émotion, agit comme un voile pudique d’une rare élégance. Le plus beau film de ce début d’année."
- TéléCinéObs -


Note :  un très court essai d'utilisation d'un seul et même système de commentaires entre Blogger et Google+ a été interrompu. Constatant que certains lecteurs seraient amenés à ouvrir une page ou un profil Google+ pour laisser un commentaire sur le blog, cela reviendrait à leur forcer la main. Google a une fâcheuse tendance à chercher à alimenter son réseau social de gré, ou de force pour ce qui me concerne...

mardi 1 avril 2014

Put Your Arms Around Me, Wolfie - 1945 - Tex Avery



Albert Von Tilzer, compositeur américain, né en 1878 et mort en 1956, écrivit la musique de nombreuses chansons U.S à succès du début du XXe siècle. Son "Put Your Arms Around Me Honey" date des alentours de 1915.

Cette chanson fut reprise dans les années 40 par la chanteuse de rythm and blues américaine, Ella Mae Morse, née en 1924 à Mansfield (Texas) décédée le 16 octobre 1999 à Bullhead City (Arizona). Certains disent d'elle qu'elle fut la première chanteuse de rock'n'roll.

Frederick Bean Avery, dit Tex Avery, né le 26 février 1908 à Taylor (Texas) et mort le 26 août 1980 à Burbank (Californie), est un réalisateur célèbre de films d'animations. Il est à l’origine du style farfelu des cartoons hollywoodiens des années 1940. Le personnage de "Wolfie" apparaît dans nombre de ceux-ci, dont le très connu "Red Hot Riding Hood" (Le petit chaperon rouge chauffé à blanc), et aussi dans "Put Your Arms Around Me, Wolfie" (Prends-moi dans tes bras, Wolfie) de 1945. C'est probablement un clin d’œil pastiche que Tex Avery décoche dans ce dessin animé à la chanteuse évoquée.
Red Hot Riding Hooooooood !

En fait, ce court billet est un galop d'essai à la création de cinemagraphs. Ceux-ci proposent quelques unes des séquences de rut de l’impénitent séducteur "Wolfie" - un latin lover de la famille des Canidae - qui perdait immanquablement son self-control en présence d'une vamp. Même du petit chaperon rouge, c'est tout dire...

Note: en fait, un cinemagraph est une photographie animée d'un léger mouvement répétitif (suivre le lien antérieur et consultez cet autre billet pour d'autres exemples). Il est généralement au format GIF animé et peut donner l'impression de regarder une vidéo. Je suis allé fouiner dans ma banque cinéma pour réaliser quelques boucles minimalistes répondant à la définition stricto sensu. Quoi de mieux qu'un visage asiatique impassible pour ce faire?


Le secret des poignards volants  (十面埋伏, shí miàn mái fú) House of Flying Daggers - 2004 - Zhang Yimou
La dynastie Tang
Un défi aux lois de la mécanique des fluides organiques...

mercredi 16 octobre 2013

Les caméos d’Hitchcock


Un caméo (francisation du terme anglophone "cameo appearance", apparu en 1851 dans le monde du théâtre) est l'apparition fugace dans un récit d'un acteur, d'une actrice, du réalisateur ou d'une personnalité, déjà célèbre.

Le terme fait référence à un camée, une pierre fine sculptée avec la méthode du même nom et portée en bijou.

Le caméo est avant tout un clin d'œil, c'est pourquoi il n'est généralement pas crédité. Il est bref et souvent anecdotique. Il n'influe généralement pas sur le cours de l'histoire. Il peut être ouvertement montré, ou bien décelable par les seuls spectateurs avertis.

Le caméo au cinéma se démarque de la « participation exceptionnelle » à l'affiche des films français, qui relève du rôle parlant, ce qui n'est pas nécessairement le cas pour un caméo. Il diffère également de la notion de « guest star » qui consiste à faire participer une personne connue dans un ou plusieurs épisodes d'une série télévisée.

Wikipédia

samedi 15 juin 2013

Les invasions barbares


Un de mes anciens copains développait volontiers une théorie concernant la profession des gens. Il pensait qu'on l’avait choisie comme un pis-aller, ou un vague compromis entre nos folles aspirations et nos capacités réelles. Pour ce qui concerne l’exercice de critique de cinéma, je pense qu’il a raison en grande partie. Ces types critiquent ce qu’ils seraient incapables de produire, faute de talent ou d’un quelconque potentiel à élaborer un projet qui demande, de surcroît, une force de caractère peu commune et bien des compétences. Je m’amuse souvent à relire les critiques de films anciens qui finissent, le temps passant, par faire l’unanimité alors que les avis s’éparpillaient au moment de leur sortie entre chef d’œuvre et navet.

C’est le cas du film « Les invasions barbares » du réalisateur québécois Denys Arcand, sorti en 2003, et qui n’a pas manqué d’être particulièrement récompensé, malgré quelques critiques incendiaires initiales.

Festival de Cannes 2003 :
Prix du scénario à Denys Arcand
Prix d'interprétation féminine à Marie-Josée Croze

Prix Jutra du meilleur film 2004 à Denys Arcand

César du cinéma 2004 :
César du meilleur film à Denys Arcand
César du meilleur réalisateur à Denys Arcand
César du meilleur scénario original ou adaptation à Denys Arcand

Oscar du meilleur film en langue étrangère 2004 à Denys Arcand

SYNOPSIS

Montréal 2002. Début cinquantaine et divorcé, Rémy est à l’hôpital. Son ex-femme Louise rappelle d’urgence leur fils Sébastien, qui fait une brillante carrière à Londres. Sébastien hésite — son père et lui n’ont plus rien à se dire depuis longtemps — puis finit par accepter de venir avec sa fiancée française donner un coup de main à sa mère.
Dès son arrivée, Sébastien remue ciel et terre pour obtenir un diagnostic clair sur l’état de santé de son père et pour adoucir les épreuves qui l'attendent. Il usera de son imagination, jouera de ses relations, bousculera le système de toutes les manières possibles et aura recours aux pots-de-vin, entre autres tactiques illégales, pour procurer à son père de meilleures conditions… et un peu de bonheur.
Entre-temps, parents, amis et ex-amantes affluent au chevet de Rémy pour lui offrir leur soutien ou régler leurs comptes… et réfléchir à leur propre existence. Au nombre des visiteurs, on retrouve plusieurs membres de la joyeuse bande qui a marqué le passé de Rémy. Que sont-ils devenus ? Divorcée de Rémy depuis une quinzaine d’années, Louise est-elle parvenue à l’oublier et à refaire sa vie ? Pierre, dont le peu d’amour-propre lui interdisait de se reproduire, s’est-il enfin rangé ? Jusqu’où les pulsions charnelles de Diane l’ont-elles menée ? Contre qui se love désormais Dominique, qui n’avait aucun scrupule à réchauffer son lit avec les maris de ses amies ? Et Claude, l’homosexuel, est-il toujours soumis à son irrépressible instinct de chasseur ?
Quel que soit le chemin qu’ils ont suivi, ces intellectuels n’ont pas perdu leur goût pour la conversation habile et délicieusement irrévérencieuse.
Quant à Rémy, l’heure du bilan a sonné. Au cours de discussions — notamment avec sa nouvelle amie droguée avec qui il entretient une relation de symbiose et avec une religieuse attachante et pleine d’esprit —, Rémy porte un regard sincère sur ses excès et ses lacunes. Mais cette introspection sera-t-elle suffisante pour provoquer la réconciliation de Rémy avec son fils, qui représente tout ce qu’il méprisait chez son propre père ?

Un avis retenu sur la toile :

Ce n’est donc pas un hasard si le seul personnage dénué d’espoir s’avère être celui que Denys Arcand semble choisir en définitive comme bouée de sauvetage : Nathalie, jeune femme paumée et droguée à laquelle Marie-Josée Croze (Prix d’interprétation à Cannes) confère une humanité et une solidité à toute épreuve. Le dernier rempart contre la disparition totale des utopies, c’est elle. Parce que sa lucidité et son allure d’écorchée vive en font paradoxalement la seule personne capable de ne pas chuter aussi bas, de braver les aléas de la vie jusqu’à renouer avec celle-ci. Et en prenant le risque de partager sa dose d’héroïne avec Rémy, elle tend surtout à installer un dialogue intergénérationnel où se dessine, le temps d’un regard ou d’un phrase, une étincelle de vie qui se réveille en eux : pour l’un, la peur de partir en ne laissant rien derrière lui, et pour l’autre, la crainte de disparaître trop vite sans avoir pris le temps d’en profiter. Nulle trace de démagogie dans ce que Denys Arcand illustre par son incroyable science du dialogue et sa maîtrise sidérante des enjeux émotionnels, juste un regard juste, simple, sincère et humain. Pour autant, le cinéaste n’en oublie pas que l’humanisme peut se conjuguer avec la férocité afin de redoubler d’efficacité, et son goût de la provocation n’aura pas manqué de faire bondir quelques-uns : un système social canadien dominé par des bureaucrates bornés, des syndicats qui tirent les ficelles de tout ce qui existe, des hôpitaux surchargés où personne ne veut aller (le plan-séquence d’ouverture en est l’illustration), et des hypocrites bien-pensants à toutes les strates de la société. Le film pourrait sembler réac s’il n’avait pas en lui cet optimisme gonflé où chaque obstacle (un flic, un dealer, une infirmière…) peut se retourner en son exact contraire. Mais pour Arcand, seule la lâcheté et l’égoïsme sont les fléaux du monde moderne. Impossible de laisser tomber un ami, de rester passif devant les obstacles. Les personnages n’hésitent pas à se mettre en danger, à violer les lois et les règles, dès qu’il s’agit de porter assistance à leur ami mourant. Même si leur monde touche à sa fin, la résistance passe par l’amitié, la solidarité et l’entraide. Des notions qui sauront interpeller tous ceux qui ont pu vivre la disparition d’un proche, et qu’Arcand parvient à cristalliser par ses images et ses dialogues sans se livrer à du surlignage démonstratif. Ce qu’il capte, ce n’est que ça : une tranche de vie qui persiste, qui s’accroche fermement à la branche même si celle-ci menace de craquer.

Mon avis critiquable :

Un sujet dur, traité sans pathos abusif. Un film souvent très drôle, provocateur et jouissif, qui parle des sentiments amoureux à l’épreuve des pulsions sexuelles mal contrôlées, des grandes idées à l’épreuve de leurs applications pratiques, de la fin de vie médicalisée de nos sociétés rendant rarement possible un départ digne et serein du malade, des périodes de crétinisme absolu que traversent les civilisations en déshérence de conjonctures de brillants esprits. L’histoire en a connues qui, à intervalles irréguliers ont sortis - ou fait naître - des civilisations de l’âge des ténèbres, ou ont permis de les protéger des invasions barbares. Comme dans son volet précédent, « Le déclin de l’empire américain », le film alterne tranches de vies et séquences à base d’extraits de réflexions ou études historiques universitaires servant les opinions des principaux protagonistes. Ces derniers, il faut en convenir, ont des interrogations qui tournent la plupart du temps autour du secteur pubien. A chacun d’entre nous d’y retrouver quelques unes de nos propres contradictions ou dérives. Si la sexualité vous ennuie ou vous paraît une condamnable survivance d’instincts de nos proches ancêtres phylogénétiques desquels on devrait se départir, quelques tirades peuvent vous amener à vous cabrer ou vous raidir…

Quelques répliques du film :

Rémy : Pas spécialement horrible. Non, non, pas du tout. Contrairement à ce que les gens pensent, le XXe siècle n'a pas été particulièrement sanguinaire. Les guerres ont fait 100 millions de morts. Ça, c'est un chiffre généralement admis. Ajoutez 6 millions pour le goulag russe. Les camps chinois, on saura probablement jamais mais... disons 1 million. Ça nous fait 130-135 millions de morts. C'est pas très impressionnant, si on pense qu'au XVIe siècle, les espagnols et les portugais ont réussi, sans chambres à gaz, ni bombes, à faire disparaître 150 millions d'indiens d'Amérique Latine. C'est du travail, ça, ma sœur ! 150 millions de personne à la hache. On dirait qu'ils avaient l'appui de votre Eglise mais c'est quand même du beau travail. A tel point d'ailleurs qu'en Amérique du Nord, les Hollandais, les Anglais, les Français et éventuellement les Américains se sont sentis inspirés et ils en ont égorgé 50 millions à leur tour. 200 millions de morts au total. Le plus grand massacre de l'humanité, et ça s'est passé ici, là, autour de nous et pas le moindre petit musée d'holocauste. L'histoire de l'humanité, ma sœur, une histoire d'horreur.

Rémy : Non, je ne vais pas aux Etats-Unis. J'ai pas envie de mourir égorgé par des Mahométans enragés. 
Sébastien [à sa mère] : Il est fou.
Rémy : A l'époque, j'ai voté pour la nationalisation des hôpitaux. J'suis capable d'assumer la conséquence de mes actes.

[Sébastien met un ordinateur portable sur les genoux de son père.]
Sébastien : Quand ça sera fini, t'appuies sur "End". "End", ça veut dire qu'on s'arrête. C'est un peu compliqué à comprendre mais avec de la concentration, tu devrais y arriver.

[Devant deux policiers spécialisés dans le domaine de la drogue]
Sébastien : Mon père est hospitalisé ici à Montréal en ce moment. Il est très mal soigné, évidemment. Il commence à souffrir beaucoup. J'ai un ami médecin qui m'a conseillé d'essayer de lui procurer de l'héroïne. C'est un domaine que je connais très peu. J'ai fumé de la mari quand j'étais étudiant comme tout le monde. Ce que j'me suis dit, c'est que la drogue circule dans toutes les villes du monde. Les policiers connaissent les points de vente. J'me suis imaginé peut-être un peu naïvement que vous pouviez me suggérer des zones où trouver de l'héroïne de qualité en quantité suffisante.
Gilles Levac : C'est très intéressant sauf que... le mandat de la police, c'est d'arrêter les trafiquants. Pas de fournir l'information aux consommateurs.
Sébastien : J'aimerais ça que vous me preniez pour quelqu'un d'intelligent qui veut simplement gagner du temps.
Gilles Levac : Moi, j'aimerais ça que vous me preniez pour quelqu'un de pas trop con qui voudrait pas lire dans un magazine la semaine prochaine "la police facilite à notre correspond l'achat de stupéfiants."

Dominique : Elle [La femme de Pierre] a quel âge ?
Claude : C'est pas un problème d'âge. C'est parce que ses seins sont plus gros que son cerveau. 
Louise : Oh arrête !
Claude : Nan, mais c'est vrai. La quantité de sang que ça prend pour simplement irriguer tout ça appauvrit forcément le cerveau. C'est une évidence physiologique.
Pierre [parlant de sa femme] : Je ne veux pas de commentaires. Elle m'a donné 2 filles qui ont radicalement changé ma vie. Et il lui suffit d'un revers négligent de la main pour me faire bander comme une bête, ce qui à nos âges est providentiel, vous en conviendrez.

Rémy : Donc, du début à la fin du film, l'immortelle Inès Orsini est habillée du cou jusqu'aux poignets, jusqu'aux chevilles. Sauf qu'à un moment donné, il a bien fallu suggérer, un tant soit peu, la nature abjecte du désir bestial de l'infâme violeur ! Alors l'exquise Maria s'avance vers la mer et trempe ses pieds adorables, et d'un geste souverain - mais pudique ! - relève ses jupes. Ha! Les cuisses d'Inès Orsini...
Alessandro [en soupirant] : Même moi, je m'en souviens !
Claude : Bene !
Rémy : Vous dire ! Vous dire les rivières de sperme que j'ai répandues en rêvant à ces cuisses ! [Rires]
Pierre : Je crois que c'est d'ailleurs une des causes des modifications du bassin hydrologique du Bas-St-Laurent.
Rémy : Toute ma vie durant, je me suis endormi avec les plus belles femmes de la Terre. Jusqu'au jour fatal où je me suis réveillé un matin en réalisant que je m'étais endormi la veille en pensant à la mer des Caraïbes. J'étais devenu vieux. Les femmes avaient déserté mes rêves.

Nathalie [à Rémy] : C'est pas votre vie actuelle que ne vous voulez pas quitter, c'est votre vie d'autrefois. Elle est déjà morte, cette vie-là.
Rémy : J'ai tout raté.
Nathalie : Peut-être mais au moins, vous en êtes conscients. Y'a tellement de professeurs satisfaits, et puis, ils sont tellement insupportables. Et puis, j'connais pas votre fille, mais Sébastien est pas exactement raté.
Rémy : J'y suis pour rien.
Nathalie : Vous pouvez pas dire ça, vous l'savez pas.

Rémy : On a tout été, c'est invraisemblable! Séparatistes, indépendantistes, souverainistes, souverainistes-associationnistes.
Pierre : Bien, au début, on avait commencé par être existentialistes !
Dominique : On avait lu Sartre, Camus...
Claude : Après ça, on a lu Frantz Fanon, puis on est devenus anticolonialistes.
Rémy : Après ça, on a lu Marcuse ; on est devenus marxistes.
Pierre : Marxistes-léninistes.
Alessandro : Trotskistes.
Diane : Maoïstes !
Rémy : Après, on a lu Soljenitsyne. Alors on a changé d'idée, on est devenus structuralistes.
Pierre : Situationnistes.
Dominique : Féministes.
Claude : Déconstructionnistes.
Pierre : Y a-t-il un "isme" que nous n'ayons pas adoré ?
Claude : Le crétinisme.
Pierre : L'intelligence est disparue. Et je veux pas être pessimiste, mais il y a des fois où elle s'absente longtemps.

mardi 5 mars 2013

Mulholland Drive : la clef bleue d’une revanche sur l’usine à rêves brisés de la cité des anges.




Mulholland Drive est un film franco-américain écrit et réalisé par David Lynch en 1999 (pour l'essentiel) et 2000 (pour certaines scènes), et sorti en 2001.

Synopsis :

Victime d’un accident de voiture, une mystérieuse femme, amnésique et blessée, erre sur la sinueuse route de Mulholland Drive. Elle se réfugie dans la première maison qu'elle trouve, l'appartement de la tante de Betty Elms, apprentie comédienne fraîchement débarquée d’une petite ville d’Ontario et venue conquérir Hollywood. Intriguée par cette inconnue qui se fait appeler Rita, Betty, en tentant de l'aider à retrouver la mémoire, découvre dans son sac des liasses de dollars et une clef bleue. De plus en plus complices et devenues amantes, les deux jeunes femmes mènent l’enquête pour retrouver l’identité de Rita. Entre conscience et inconscience, jusqu'au moment où, la clef bleue ayant trouvé sa serrure, l'histoire se renverse.

Mon avis :

La première vision de ce film, l’année de sa sortie, m’avait laissé particulièrement perplexe. Fallait-il vraiment chercher des explications plausibles à la foule d’interrogations que me laissait ce film au moment du générique de fin ? Cheminement alambiqué du scénario, identités à rebondissement des personnages, messages obscures et tortueux du réalisateur, scènes opaques en marge du paranormal, hétérogénéité d’un film fluctuant entre réalisme et onirisme. Un truc à classer illico l’œuvre du maître, bien que particulièrement esthétique et magnifiquement tournée, dans la série des "foutages de gueule intello-pédants" sur lesquels aiment pérorer quelques exégètes snobinards du Septième Art. Devais-je en rester au contentement basique d’un voyeur émoustillé par quelques scènes où deux superbes actrices batifolent en décubitus dorsal ? Je sentais bien une satyre du milieu du cinéma hollywoodien, un clin d’œil au cinéma d’Hitchcock, une référence au mythe de Pandore et le réaménagement onirique par une des protagonistes du film d’une histoire d’amour passée ayant tourné au fiasco. Pour le reste, et en particulier, le montage habile visant à nous perdre dans les méandres d’un travail de raccommodage du rêve d’une starlette vengeresse, j’en étais bien loin. La lecture sur la toile d’une analyse particulièrement détaillée et intelligemment étayée par des exemples m’a fait comprendre une fois de plus qu’il était parfois bon de ne pas s’arrêter à une première impression partisane au décours de la vision d’un film. Revu avec les clefs désormais en ma possession par l'entremise d'une spectatrice curieuse me les ayant confiées,  je dois convenir que ce film de Lynch est un petit bijou de rouerie dans le style « Meurtre dans un jardin anglais »  servi par un montage qu’on croit fumeux alors qu’il vise à tester la sagacité  d’un spectateur intrigué. Quoi qu’il en soit, ce film ne peut pas laisser de marbre celui qui ne ferait que se laisser porter par la magie du spectacle.  

Analyse :

Le film commence comme un thriller, mais il est tout sauf un thriller. Il est d’une beauté formelle rare, mais ce film est tout sauf de l’art pour l’art. Enfin, Mulholland drive est bien entendu un rêve, et bien entendu il fonctionne comme un film à clés, mais le rêve n’est pas le véritable sujet du film. Le rêve n’est qu’un moyen - particulièrement bien approprié - de parler d’autre chose. Mulholland drive est en réalité un film sur l’amour et la haine et sur le deuil, mais aussi une élégie, un monument érigé en hommage aux victimes d’Hollywood, une réflexion sur la puissance du cinéma et son influence sur la vie, et même, plus que ça, un pamphlet contre l’ordre hétéro sexiste, ou plus largement contre “l’usine à rêves” qu’est Hollywood, et contre les effets destructeurs de ce “ rêve ” sur la subjectivité de masse.

Tout cela, à travers une histoire : l’histoire de Diane Selwyn et Camilla Rhodes, victimes d’Hollywood. Pour dire les choses d’une manière plus précise : Mulholland drive est une histoire de revanche et de vengeance. L’histoire d’une même femme qui, sous deux identités, l’une réelle, l’autre rêvée, se venge deux fois. Diane Selwyn se venge tout d’abord du mal que lui a fait Camilla Rhodes, la femme qu’elle aime, en la faisant assassiner ; puis, une fois cette première vengeance accomplie, elle se rend compte que ce n’est finalement pas de cette femme qu’il fallait se venger, mais de tous les autres : d’un homme - et au-delà de cet homme, d’un système - qui lui a volé l’objet de son désir.

Cette seconde vengeance, c’est par le rêve qu’elle l’accomplit, celui-ci assurant, selon le mot de Freud, “ la revanche du principe de plaisir sur le principe de réalité ”. Revanche de l’actrice de second rang sur le Star System qui n’a pas su lui faire de place, mais aussi, plus largement, revanche des dominés sur les dominants et de la minorité sur la majorité : revanche de Sierra Buonita sur Sunset Boulevard et Mulholland drive, revanche du petit peuple des provinciaux, des seconds couteaux et des nettoyeurs de piscine sur le Gotha hollywoodien, revanche des femmes sur les hommes, et revanche de l’amour homosexuel sur l’ordre hétéro-sexiste qu’incarne Adam Kesher, le personnage du réalisateur frimeur du film.

Pierre Tevanian 

Une analyse du film bien détaillée, illustrée et annotée:



jeudi 19 juillet 2012

Le format GIF


Le Graphics Interchange Format, qu’on peut traduire par « format d'échange d'images », plus connu sous l'acronyme GIF, est un format d'image numérique couramment utilisé sur Internet. GIF a été mis au point par CompuServe en 1987 pour permettre le téléchargement d'images en couleur. Ce format utilise l'algorithme de compression sans perte LZW, nettement plus efficace que l'algorithme RLE utilisé par la plupart des formats alors disponibles (PCX, ILBM puis BMP). Ce qui est intéressant à propos de ce format, c'est la possibilité de créer ou d'éditer des animations, comme par exemple les cinemagraphs. Il existe une multitude de logiciels, dont plusieurs sont gratuits, permettant de sauvegarder en format GIF. Les logiciels d'animations permettent surtout de modifier la vitesse de défilement des images. Quelques uns permettent de les éditer ou de les créer de toute pièce.

GIF permet de spécifier qu'une entrée de la palette est transparente. C'est notamment utile lorsqu'une image non rectangulaire est intégrée à un document comme une page web : on voit le document à travers les pixels transparents. GIF propose un mode entrelacé permettant de commencer par transmettre quelques lignes d'une image, puis les lignes placées entre elles. Ce mode permet de donner plus rapidement un aperçu de l'image lorsque la transmission est lente. Le principe de compression est en fait de simplifier le code des parties de rangées de pixels de même couleur. C'est pour cela que ce format est utilisé sur les images comportant un nombre plutôt limité de couleur et sans dégradés, avec de préférences des grandes zones de couleur unies.

En 1989, le format GIF a été étendu (format GIF89a au lieu de GIF87a) pour permettre le stockage de plusieurs images dans un fichier. Ceci permet de créer des diaporamas, voire des animations si les images sont affichées à un rythme suffisamment soutenu indiqué par le concepteur. La palette de couleurs proposée est plus restreinte que celle du format PNG assez comparable dans sa capacité de proposer un fond transparent.

Source: Wikipédia


Quelques exemples de cinemagraphs de belle facture, mais de tailles respectables, piochés sur ce site.

A vous de reconnaître les films qui sont à la base de ces GIF animés:






IMMORTEL, AD VITAM - Enki Bilal - 2004 - Ajout d' effets optiques

mardi 26 juin 2012

Les émotifs anonymes



Être timide incite soit à la discrétion soit, au contraire, à l'excès pour mettre à distance ses propres peurs. Dans les deux cas, le point d'équilibre est difficile à saisir. Un équilibre que le réalisateur Jean-Pierre Améris (Mauvaises fréquentations, C'est la vie...) parvient justement à trouver avec cette love story entre deux hyperémotifs. Mieux, il joue habilement de ce rapport de forces. Si les deux protagonistes ont choisi l'effacement au plus profond de leur être, leur alliance possible passe inévitablement par un surplus d'émotions, donc de situations burlesques (en cela, la séquence du dîner est un chef-d’œuvre de rythme, d'écriture et de jeu). Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde - déjà couple dans "Entre ses mains", d'Anne Fontaine, en 2005 - composent leurs personnages avec une connivence d'autant plus savoureuse que le scénario les oblige à avancer sur un même terrain psychologique. L'un étant en quelque sorte le miroir de l'autre. Enfin, le choix assumé de la théâtralité, avec notamment ce décor de chocolaterie tout droit sorti d'une comédie musicale désuète, donne à ce joli spectacle des sentiments une force et une modestie singulières qui tranche avec la plupart de nos comédies nationales, trop sûres d'elles.  

Thomas Baurez – L’Express

Mon avis :

En 2010, Jean-Pierre Améris, nous gratifie d’un film drôle et original. Il est émaillé de nombreuses références au cinéma de ses prédécesseurs : traitement des couleurs « à la Tim Burton », références aux anciens films musicaux américains - clin d’œil en particulier à « La mélodie du bonheur » - scènes burlesques rythmées profitant de la qualité du jeu d’acteurs bien choisis. Le final fait penser à celui du film de Chaplin, « Les temps modernes »



Le thème : l’hyperémotivité. Le seul méchant du film est l’accès d’angoisse. Le réalisateur le constate après coup lors d’interviews.

A se demander alors si la timidité est un réel handicap. Elle semblerait plutôt l’atout du créatif et source de la bienveillance de l’observateur attentif, discret au point qu’il confirmerait à lui seul un dialogue célèbre de Michel Audiard : « Les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. »



mercredi 18 avril 2012

Les Alyscamps de l'homme du train


Les Alyscamps de Paul Gauguin (1888, octobre)



Les Alyscamps (Champs Élysées en provençal, cité des morts vertueux dans la mythologie grecque), sont situés à Arles. De l'époque romaine au Moyen Âge, ils ont été une nécropole païenne puis chrétienne le long de la via Aurelia, en dehors de la cité, comme la plupart des nécropoles romaines. On y trouvait de très nombreux sarcophages. A noter que Paul-Jean Toulet n'utilise pas l'orthographe actuelle du lieu. License poétique ou toponymie variable ?

Il est fait référence plusieurs fois à ce poème dans L'Homme du train, un excellent film français réalisé par Patrice Leconte sorti en 2002. Il a été tourné, en grande majorité, dans une ville d'Ardèche du Nord : Annonay.



lundi 6 juin 2011

L'Affaire Thomas Crown



L'Affaire Thomas Crown -The Thomas Crown Affair - est un film américain réalisé par Norman Jewison, présenté en 1968.

1968 : la remise en cause de la société de consommation, la révolution culturelle en marche, la libération de la femme s’amplifie, la beat-génération prône les retours à la nature et à la vie simple. On pourrait rajouter le Printemps de Prague.

Les deux personnages principaux: Thomas Crown (Steve McQueen), un financier millionnaire de Boston au style de vie polo-club; Vicki Anderson (Faye Dunaway), une détective privée au look BCBG Longchamp. Le personnage masculin a décidé, autant pour tromper l'ennui que par goût du risque, d'organiser sans y participer le braquage d'une banque. Le personnage féminin est engagé par une compagnie d'assurance pour enquêter sur place.

On peut se poser la question: "Sommes-nous en présence des protagonistes idéaux pour coller aux grands thèmes de société de l’époque ?". Un dilettante du monde de la finance à la vie de luxe et une teigneuse au glamour atypique acoquinée à l'univers des grandes compagnies d’assurances évoluant sur une bande son de Michel Legrand. Une association qui a de quoi faire tache dans un rassemblement hippie. Et pourtant... et pourtant... derrière le jeu machiavélique de qui perd gagne mondain qui s’engage rapidement entre ces deux gravures de mode, les thèmes évoqués transparaissent. De nos jours, ils sont curieusement revenus au devant de la scène. Le film est daté mais y puise une bonne part de son cachet. Le duo de charme ravageur Steve McQueen et Faye Dunaway, excusez du peu, a contribué fortement au succès de cette "Love affair" qui traverse paradoxalement les années sans vieillir.

Un film qui nous fait découvrir ou redécouvrir que l’intelligence est un puissant aphrodisiaque dans une relation amoureuse.



A signaler:- Une nouveauté appelée split screen (grand écran divisé en plusieurs écrans plus petits) est utilisée dans ce film pour la première fois. Ce procédé permet de montrer plusieurs actions simultanément.
- Un des plus longs baisers de l'histoire du cinéma : 55 secondes sans interruption, il faut du souffle…
- Par pure charité chrétienne, je ne signalerai que furtivement qu'un remake a été tourné en 1999.


Suite à réclamation:

à Mlle Myosotis