Serait-il saugrenu de mesurer l’impact d’un mouvement social à la vigueur de la réaction qu’il continue à engendrer ?
Le physicien connaît bien cette loi qui veut qu’un corps reste immobile ou garde une vitesse constante quand l’ensemble des forces qui lui sont appliquées s’annulent : la fameuse loi de l’action et de la réaction. Quarante ans après, la révolution culturelle de 68 continue à faire couler de l’encre et à agiter ses détracteurs incisifs. Ce mouvement étudiant qui, en France dans la pratique, s’est essentiellement attaqué à la voirie publique, au monde de l’enseignement et au conservatisme d’Etat, avait-t-il touché à l’époque un point névralgique sociétal si réactif ? Si oui, il serait bon de connaître lequel afin de comprendre pourquoi on en glose encore de nos jours.
Sans comprendre exactement pourquoi l’on s’acharne à ne pas vouloir mourir idiot comme si mourir intelligent était plus glorieux, j’ai lu récemment l’ouvrage de Michel Houellebecq, « Les particules élémentaires », dont la sortie a excité comme une puce le microcosme de la critique littéraire. Quel ne fut pas mon dépit de bloquer sur le style et la qualité d’écriture attendus d’un ouvrage primé et qui plus est encensé par une bonne partie du sérail. Résultat des courses, un « déclinologue » de plus dans la cohorte des prédicateurs de début de millénaire. Le personnage d’Hergé prêchant la fin des temps dans « L’étoile mystérieuse » est toujours d’actualité. Les périodes d’agitation sociales ainsi que le passage d’un millénaire font bien sortir de leurs terriers les cassandres et autres oiseaux de mauvais augures. Le thème délirant de l’éternel retour nietzschéen appliqué à la connerie humaine pour le coup reprend de la vigueur. On réinvente sans cesse le combat des Anciens contre les modernes.
Bien que « Les parties de cul élémentaires » narrent souvent avec bonheur les dérives psychologiques pathétiques de vieux adeptes du mouvement soixante-huitard, on ne sait trop les motifs qui amènent l’auteur à y voir les racines essentielles du déclin de l’empire. Quel prurit continue à démanger la bonne société ? La reconversion burlesque de révolutionnaires d’opérette en bobos dépassés par les conséquences de leurs idées éducatives devient le sujet à la mode qui permet avec une facilité coupable à trouver bon de jeter le bébé avec l’eau du bain. Notre bon auteur, adepte de la branlette solitaire, a-t-il réellement compris qu’il touchait, si je peux dire, au "nœud" du problème ? La révolution culturelle de 68 ne continuerait-elle pas d’agiter l’esprit de certains intellos du fait qu’elle titille le domaine de la frustration de l’individu et plus particulièrement celui de sa sexualité ? La pilule, l’avortement, la nudité affichée, les expériences communautaires hippies, la libération sexuelle, continueraient-ils à faire bouillir les tenants de la morale ? Quand on sait que beaucoup d’anciennes mères maquerelles se reconvertissent impudiquement sur le tard en présidentes de ligues de vertu, il est facile de comprendre que la meute des détracteurs ne fait que croître au fil du temps.
Dans les séquences comportementales induites par notre instinct de conservation la censure s’attaque plus à ce qui touche le domaine de la sexualité qu’à celui de la bouffe curieusement. A croire que les tenants de la morale sont plus obsédés par le sujet que ceux qu’ils combattent depuis toujours. La frustration nous amène plus à tourner en boucle sur nos échecs que nos succès dans ce domaine. La censure n’illustrerait-elle pas par moment ce curieux mécanisme ? La frustration ne conduirait-elle pas beaucoup d’aigris à vouloir punir les autres en proportion de celle que leur imposent leurs souvenirs douloureux ? Les détracteurs du mouvement de 68 ne jalousent-ils pas plus ou moins inconsciemment l’exubérance sexuelle de l’époque et comme le Renard de la fable, n’en viendraient-ils pas à maudire ce raisin qu’ils n’ont pas pu atteindre : « Il est trop vert et bon pour les goujats »
Où se situe notre Houellebecq dans ce débat entre Anciens et Modernes ? Je crains bien que ce soit dans celui des anciens Modernes frustrés.
Sans comprendre exactement pourquoi l’on s’acharne à ne pas vouloir mourir idiot comme si mourir intelligent était plus glorieux, j’ai lu récemment l’ouvrage de Michel Houellebecq, « Les particules élémentaires », dont la sortie a excité comme une puce le microcosme de la critique littéraire. Quel ne fut pas mon dépit de bloquer sur le style et la qualité d’écriture attendus d’un ouvrage primé et qui plus est encensé par une bonne partie du sérail. Résultat des courses, un « déclinologue » de plus dans la cohorte des prédicateurs de début de millénaire. Le personnage d’Hergé prêchant la fin des temps dans « L’étoile mystérieuse » est toujours d’actualité. Les périodes d’agitation sociales ainsi que le passage d’un millénaire font bien sortir de leurs terriers les cassandres et autres oiseaux de mauvais augures. Le thème délirant de l’éternel retour nietzschéen appliqué à la connerie humaine pour le coup reprend de la vigueur. On réinvente sans cesse le combat des Anciens contre les modernes.
Bien que « Les parties de cul élémentaires » narrent souvent avec bonheur les dérives psychologiques pathétiques de vieux adeptes du mouvement soixante-huitard, on ne sait trop les motifs qui amènent l’auteur à y voir les racines essentielles du déclin de l’empire. Quel prurit continue à démanger la bonne société ? La reconversion burlesque de révolutionnaires d’opérette en bobos dépassés par les conséquences de leurs idées éducatives devient le sujet à la mode qui permet avec une facilité coupable à trouver bon de jeter le bébé avec l’eau du bain. Notre bon auteur, adepte de la branlette solitaire, a-t-il réellement compris qu’il touchait, si je peux dire, au "nœud" du problème ? La révolution culturelle de 68 ne continuerait-elle pas d’agiter l’esprit de certains intellos du fait qu’elle titille le domaine de la frustration de l’individu et plus particulièrement celui de sa sexualité ? La pilule, l’avortement, la nudité affichée, les expériences communautaires hippies, la libération sexuelle, continueraient-ils à faire bouillir les tenants de la morale ? Quand on sait que beaucoup d’anciennes mères maquerelles se reconvertissent impudiquement sur le tard en présidentes de ligues de vertu, il est facile de comprendre que la meute des détracteurs ne fait que croître au fil du temps.
Dans les séquences comportementales induites par notre instinct de conservation la censure s’attaque plus à ce qui touche le domaine de la sexualité qu’à celui de la bouffe curieusement. A croire que les tenants de la morale sont plus obsédés par le sujet que ceux qu’ils combattent depuis toujours. La frustration nous amène plus à tourner en boucle sur nos échecs que nos succès dans ce domaine. La censure n’illustrerait-elle pas par moment ce curieux mécanisme ? La frustration ne conduirait-elle pas beaucoup d’aigris à vouloir punir les autres en proportion de celle que leur imposent leurs souvenirs douloureux ? Les détracteurs du mouvement de 68 ne jalousent-ils pas plus ou moins inconsciemment l’exubérance sexuelle de l’époque et comme le Renard de la fable, n’en viendraient-ils pas à maudire ce raisin qu’ils n’ont pas pu atteindre : « Il est trop vert et bon pour les goujats »
Où se situe notre Houellebecq dans ce débat entre Anciens et Modernes ? Je crains bien que ce soit dans celui des anciens Modernes frustrés.
Décembre 2006
euh ... les physiciens savent bien que quand l'ensemble des forces appliquées à un objet n'annule cet objet se déplace à vitesse constante (c'est le principe d'inertie ou 1ere loi de Newton), l'immobilité n'étant qu'un cas très particulier. Et que la loi de l'action et de la réaction (la 3e loi de Newton) traite de l'interaction entre deux corps, et non pas du mouvement d'un seul corps.
RépondreSupprimeranonyme> intéressant le cours de physique, mais je ne vois pas le rapport avec le sujet du billet?
RépondreSupprimerMais pour satisfaire (je pense que vous l'avez compris)l'image empruntée à la physique, une idée qui s'oppose à une autre, ça fait bien deux trucs qui interréagisent non?