La comédie américaine continue à souffrir, aujourd’hui, d’un a priori négatif : un cinéma de pur divertissement, superficiel, sans prise sur le monde réel et ses enjeux, politiques et sociaux. Certes, des films comme Mary à tout prix, des frères Farrelly, ou Serial Noceurs, de David Dobkin, malgré quelques qualités évidentes, relèvent d’un humour potache, adolescent, délibérément peu soucieux du monde. Pourtant, dans l’histoire du cinéma hollywoodien, la comédie a souvent été, au contraire, le genre le plus audacieux quant au discours sur les mœurs et sur la réalité sociale et politique des États-Unis. De nombreux auteurs ont su profiter de la surface légère et consensuelle de la comédie pour faire passer en contrebande des idées qu’ils n’auraient pu exposer frontalement dans un film «sérieux»: lutte des classes, injustice sociale, homosexualité.
L’histoire de la comédie américaine se découpe en plusieurs périodes. Ce fut d’abord le burlesque, genre majeur du cinéma muet, dominé par les figures de Charlie Chaplin et de Buster Keaton. Dès l’arrivée du parlant, le talent des dialoguistes donna naissance à la screwball comedy (que l’on peut traduire par «comédie de cinglés»), caractérisée par la vitesse débridée des dialogues et une liberté de ton exceptionnelle dans l’histoire des studios. Les principaux auteurs furent Lubitsch, Cukor, Hawks, La Cava, et leurs acteurs fétiches Cary Grant, Gary Cooper, Carole Lombard, Katharine Hepburn.
Le genre déclina après 1945, et la comédie ne connut jamais plus pareil âge d’or. Parmi les maîtres de la screwball comedy, seuls Hawks (Monkey Business, 1952) et Cukor (Madame porte la culotte, 1949) prolongèrent la tradition. Sauf exceptions, la comédie américaine a perdu son insouciance, sa vitesse, son impertinence, est devenue plus sentimentale, douce-amère. Seul Billy Wilder parvient à imposer un ton singulier, sombre et acerbe, dans des films comme The Apartment ou Stalag 17. Dans les années soixante, une nouvelle génération d’auteurs renouvelle le genre, en opérant un retour au burlesque : Blake Edwards, Frank Tashlin, Jerry Lewis. L’efficacité comique de leurs films ne doit pas tant au dialogue brillant de la screwball comedy qu’à un burlesque des corps et des situations, comme dans le chef d’œuvre The Party (Blake Edwards, 1968).
Par Cyril Neyrat
Quand Harry rencontre Sally (When Harry Met Sally) est un film américain de Rob Reiner sorti en 1989. Il a obtenu les récompenses suivantes :
* Oscar du meilleur scénario original en 1990.
* Golden Globes du meilleur film comique ou musical, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario, du meilleur acteur dans un film comique ou musical (Billy Crystal) et de la meilleure actrice dans un film comique ou musical (Meg Ryan) en 1990.
* BAFTA Award du meilleur film en 1990.
Une compilation des critiques de la presse («Le Parisien», «Studio», «Le Monde») à propos du film donnerait à peu près cela: avec ce petit bijou d'humour et de tendresse, Rob Reiner réalise une comédie sentimentale drôle où chacun se reconnaîtra. Considérée par certains comme l'une des plus grandes comédies romantiques de tous les temps, elle est interprétée par Billy Crystal et Meg Ryan, un duo d'acteur qui multiplie le plaisir par deux. Portée par une musique exceptionnelle de Harry Connick Jr, voici la «plus passionnante des histoires», celle de l’amitié, de l’amour et du sexe.
Pour ce qui me concerne, j’ai eu l’occasion de regarder ce film à plusieurs reprises. A chaque fois, j’ai apprécié avec un plaisir non dissimulé les dialogues aux petits oignons de cette comédie ancrée dans les années 80 qui n’a rien à envier à celles de ses grands prédécesseurs (au passage, ce mot n'a pas de féminin). Jamais cucul, elle explore avec intelligence quelques travers des relations hommes-femmes et nous en montre le coté intemporel par de petites interviews de couples qui chapitrent le film. Incontournable.
Le genre déclina après 1945, et la comédie ne connut jamais plus pareil âge d’or. Parmi les maîtres de la screwball comedy, seuls Hawks (Monkey Business, 1952) et Cukor (Madame porte la culotte, 1949) prolongèrent la tradition. Sauf exceptions, la comédie américaine a perdu son insouciance, sa vitesse, son impertinence, est devenue plus sentimentale, douce-amère. Seul Billy Wilder parvient à imposer un ton singulier, sombre et acerbe, dans des films comme The Apartment ou Stalag 17. Dans les années soixante, une nouvelle génération d’auteurs renouvelle le genre, en opérant un retour au burlesque : Blake Edwards, Frank Tashlin, Jerry Lewis. L’efficacité comique de leurs films ne doit pas tant au dialogue brillant de la screwball comedy qu’à un burlesque des corps et des situations, comme dans le chef d’œuvre The Party (Blake Edwards, 1968).
Par Cyril Neyrat
Quand Harry rencontre Sally (When Harry Met Sally) est un film américain de Rob Reiner sorti en 1989. Il a obtenu les récompenses suivantes :
* Oscar du meilleur scénario original en 1990.
* Golden Globes du meilleur film comique ou musical, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario, du meilleur acteur dans un film comique ou musical (Billy Crystal) et de la meilleure actrice dans un film comique ou musical (Meg Ryan) en 1990.
* BAFTA Award du meilleur film en 1990.
Une compilation des critiques de la presse («Le Parisien», «Studio», «Le Monde») à propos du film donnerait à peu près cela: avec ce petit bijou d'humour et de tendresse, Rob Reiner réalise une comédie sentimentale drôle où chacun se reconnaîtra. Considérée par certains comme l'une des plus grandes comédies romantiques de tous les temps, elle est interprétée par Billy Crystal et Meg Ryan, un duo d'acteur qui multiplie le plaisir par deux. Portée par une musique exceptionnelle de Harry Connick Jr, voici la «plus passionnante des histoires», celle de l’amitié, de l’amour et du sexe.
Pour ce qui me concerne, j’ai eu l’occasion de regarder ce film à plusieurs reprises. A chaque fois, j’ai apprécié avec un plaisir non dissimulé les dialogues aux petits oignons de cette comédie ancrée dans les années 80 qui n’a rien à envier à celles de ses grands prédécesseurs (au passage, ce mot n'a pas de féminin). Jamais cucul, elle explore avec intelligence quelques travers des relations hommes-femmes et nous en montre le coté intemporel par de petites interviews de couples qui chapitrent le film. Incontournable.
Je suis un affreux béotien en matière de cinéma, et apprécie donc lorsque quelqu'un apporte une critique personnalisée et intelligente.
RépondreSupprimerMerci.
Denis
Denis> Ah bon! tu n'es plus au Japon?
RépondreSupprimerTu dois désormais te trouver en Grèce, Philistin le sent bien.
"Cinéma : un des seuls métiers où l'on puisse arriver à être célèbre en n'étant ni intelligent ni joli ni bon comédien ni distingué ni instruit : on comprend qu'il y ait tant de demande."
[Boris Vian]
J'interviens avec un commentaire plutôt tardif, mais comme c'est pour dire du bien de vos billets...
RépondreSupprimerbravo pour cette analyse fine et intelligente qui redonne un peu de crédit à un genre que j'adore !
Tonie> Dans un blog, les commentaires ne sont jamais trop tardifs. Qui plus est, s’ils sont sympathiques. Personnellement, je suis toujours content qu’un billet d’une strate précambrienne du blog soit encore lu par un lecteur ou une lectrice curieux(se).
RépondreSupprimerA une époque où le communautarisme fait florès, n’hésitons pas à revendiquer notre appartenance aux adulateurs de la « Comédie américaine », qui peut devenir une minorité, bien entendu, opprimée !