dimanche 16 août 2009

Orfeu Negro




On pourrait dire de certains films, que leurs réalisateurs, en les tournant, ont été touchés par la grâce. C’est à mes yeux le cas de Marcel Camus pour Orfeu Negro. Ce film musical franco-italiano-brésilien reçoit la palme d’or du Festival de Cannes en 1959. Adapté d'une pièce de Vinícius de Moraes, Orfeu da Conceição (1956), il revisite le mythe d'Orphée et d'Eurydice en le transposant de Thrace aux favelas de Rio de Janeiro, pendant son carnaval. Il fait découvrir au grand-public européen la musique brésilienne.

Les esprits chagrins lui reproche parfois ses cotés clichés, et certains cariocas le considèrent comme une création trop française ayant trahi la pièce originale. Je ne ferai pas tant la fine bouche. Ce film de lumière mené de bout en bout sur un rythme de samba endiablé, interprété par des acteurs du cru étonnants de vérité, irradie la sensualité et la joie de vivre. Arriver à faire du mythe d’Orphée, triste à pleurer, il faut bien le dire, une histoire qui vous communique autant d’énergie est un des mystères du film. Les personnages sont plus hauts en couleurs les uns que les autres. On ne s’ennuie pas une minute lors de sa vision et l’on ne reprend son souffle qu’au lever du soleil, le matin qui suit la nuit de braise et de folie du défilé du carnaval. On garde alors pendant des heures en tête, les sons, les danses, les couleurs et la musicalité envoutante de la langue portugaise. Emporté dans la danse, on s’affranchit même souvent de la lecture des sous-titres. Je préfère garder des favelas de Rio cette image idyllique de carte postale plutôt que celle de plaques tournantes de la drogue et de la violence qu’elles sont devenues.

Orfeu Negro est un vrai bijou. La femme de Venicius de Moraes, quelques décennies après sa sortie, alors qu’elle s’était refusée à le revoir jusqu’ici attristée par la déception de son mari lors de la première, finit aujourd'hui par le dire elle-même, dans notre langue.

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