La coquetterie devrait m’inciter à taire le fait que j’ai connu enfant le crépuscule des machines à vapeurs. Ce symbole phallique de taille respectable pourrait avoir participé à la résolution de mon Œdipe. Enfant, je faisais le cauchemar récurrent de me trouver dans une gare de triage où des locomotives à vapeur arrivaient de toutes parts, tentant de m’écraser malgré ma fuite éperdue en tous sens. Alfred Hitchcock aurait pu emprunter ce scénario onirique pour un de ses films! J’ai mis fin un matin à cette affaire en me rendormant calmement, l’idée en tête, qu’après tout, ce n’était jamais qu’un rêve, et qu'il fallait au moins une fois dans sa vie tenter l'expérience de passer sous une locomotive... Bon, à mon avis, en vrai, ça doit faire mal. Mais le truc a fonctionné: fin du cauchemar récurrent et de l’anecdote.
Les locomotives, pour m'échapper en douceur du sujet, sont pour moi avant tout symboles de voyages. Les plaques apposées sous les fenêtres avec leurs inscriptions cabalistiques «Do not lean out of the window», «E pricoloso sporgersi (le père y colle au zoo ce porc de Gersi)», «Nicht hinauslehnen», participaient déjà à l'aventure. Bruit des tablettes qu’on tire au moment du casse-croute, claquement sec du couvercle des cendriers en aluminium, filets à bagages bombant sous l'attirail des vacanciers, cadres en verre vissés au dessus des sièges proposant des photos en noir et blanc de sites géographiques français remarquables. Bruit infernal aux passages acrobatiques des soufflets, dignes d'une attraction foraine, le vacarme assourdissant dans les tunnels et par dessus tout, l’intense vertige de pisser dans les toilettes dans un grondement sourd en observant le défilement rapide des traverses de voies en contrebas par l'orifice de la cuvette! Et par la fenêtre du compartiment: le spectacle hypnotique du déroulement infini de la portée musicale des poteaux télégraphiques avec par endroits des croches oiseaux, l’arrivée sournoise, fenêtre ouverte, de panaches de fumées grouillant d’escarbilles mordantes, le passage éclair des sémaphores et par temps de pluie, l'étrange parcours des gouttes d'eau sur l'extérieur des vitres. Les gares aux quais luisants de mica, le spectacle passionnant du dételage et de l’attelage d’une nouvelle machine, le son rassurant des coups de marteaux des contrôleurs sur les roues des bogies des voitures (mon père précisait que le commun des mortels disait "wagon" alors que le terme n'était réservé qu'aux trains de marchandises). La porte du compartiment qui s’ouvre suivie du salut jovial mais professionnel du contrôleur. Quelques explications techniques complémentaires du paternel sur la notation à trois chiffres servant à la classification des locomotives selon la succession des roues porteuses et des roues motrices et la 132, panache en tête, entrait en gare de Menton. C’était alors un nouveau choc : une Côte d’Azur de carte postale d’avant le grand bétonnage. Celle du film de Hitchcock, on y revient: «Le chat / To catch a thief ». Bien sûr, ma mère, sitôt arrivés dans la location, s'empressait de me laver les mains et de me débarbouiller le visage: "Tu as la bouille d'un chauffeur." me disait-elle.
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Le même extrait que la vidéo ci-dessous en HQ sur You Tube
Une excellente vidéo sur une locomotive à vapeur
Une excellente vidéo sur une locomotive à vapeur
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Y'a pas d'images !
RépondreSupprimerClient> Effectivement. Ces abrutis de NEUF ont une fois de plus vidé une partie de mes pages perso. Ils vont avoir droit à un courier ronflant qui bien entendu va aller droit au panier. Le principe, c'est que ça défoule tout de même. Intérêt de toujours faire des sauvegardes.
RépondreSupprimerDe bien belles images, comme on aimerait en voir plus souvent...
RépondreSupprimerclient versatile> Ne nous réjouissons pas trop vite. Neuf persiste et signe ce matin. Upload d'un secteur annexe de nouveau nécessaire. Le tonneau de Danaïdes ! Vous devez désormais avoir accès à des vidéos pour un certain temps (Ferrnand Reynaud)
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