vendredi 8 octobre 2010

Le spectacle absolu


A la recherche de disques Blu-Ray pour donner la becquée à mon nouveau lecteur et histoire de tomber en pâmoison devant des d'images haute-définition tout en me poussant à me servir de mes anciens DVD comme combustible alternatif au charbon de bois pour mes barbecues, profitant d’une promotion racoleuse, "3 Blu-ray Discs pour 30 euros", j’avais inclus, dans ce que j’imaginais mon tiercé gagnant, « le film catastrophe le plus original qui nous ait été donné de voir depuis longtemps ». C'était marqué sur la pochette. Je m'en léchais les babines d'avance, ma serviette nouée autour du cou.

Film américain. Je m’attendais tout de même à quelques clichés irritants dont les grosses productions américaines ont le secret. Des héros plus-héroïques-tu-meurs, des assauts loufoques et parfaitement irraisonnés contre des monstres curieusement indestructibles malgré les mitraillettes Hi-Tech aux magasins inépuisables que tout citoyen des USA qui se respecte embarque dans son sac à main au-cas-où, des bimbos à la pelle - pour faire douter des statistiques pointant le fait que beaucoup d'américaines sont obèses - à extraire des décombres de tours venant de s’effondrer sur leur brushing sans pour autant exploser leurs prothèses mammaires en silicone ni entamer une once de leurs maquillages de combat, des poursuites effrénées à bord de véhicules d’outre-Atlantique dont la robustesse n'est plus à vanter - rien à voir, bien entendu, avec nos petites chiottes françaises - capables de cascades monstrueuses les délestant à peine d’un rétroviseur accessoire mais n’endommageant jamais leur tenue de route, l’intervention copieuse de la plus valeureuse armée du monde et de ses engins et armes de pointe aux gadgets outrageusement destructeurs que tout infâme dictateur de république bananière souhaite se voir offrir en cadeau d'anniversaire dans son jacuzzi bourré jusqu’à la gueule de filles nues, et maintes séquences saupoudrées d'arrière-plans de bannière étoilée claquant continument au vent, chaque fois que la justice triomphe au décours des carnages, que Dieu confirme qu’il a choisi le bon camp et nous « bless us », que les saintes vertus de la famille sont sauves au point de nous faire péter invariablement une larme au coin de l'œil, ou que les Yankees marquent un panier à trois points. Tout cela, et c’était le but principal recherché, sans le moindre pixel n’omettant de frétiller à l’unisson avec tous ses joyeux compères en extase sur mon écran plat.

Pas de générique. Pourquoi pas? Une image pourrie de caméscope des années 80 aux images tremblotantes, une succession de plans ne pouvant que donner illico le vertige à l’astronaute le plus chevronné. Un coup je vois des pieds, un coup le plafond, un coup les poils des jambes d’une adolescente attardée et donc hirsute à la fois, un coup le pif truffé de comédons du caméraman de service désigné d'office. Tout plan séquence dépassant la seconde est formellement proscrit. Ah, oui... c’est un coup de génie du réalisateur qui démarre son film par un rush de fête entre copains branchés qui vont mettre les meilleures scènes de cul et de beuverie sur le net. Après, le film normal va démarrer, c'est sûr...

... bein, non ! Quatre-vingt-cinq minutes de reality show déglingué au scénario faisant la nique à toute la série des Rambo réunis, sans pour autant voir les pectoraux de Loana dans la piscine. Des monstres tout pourris, rapatriés probablement de Jurassic Parc pour visiter Manhattan (les monstres hideux et agressifs, les envahisseurs de l'espace de tout poil, les cataclysmes en tout genre ne s'abattent que sur Manhattan, ou parfois la Californie. Le reste du monde, ils s'en tamponnent le coquillard), des cancrelats maous dans les couloirs du métro et Johnny Hallyday en cage à Medrano, un bordel de caméscope indestructible, malgré les bombardements hallucinants de l’aviation américaine sur sa propre population, et un super monstre, le boss de fin de niveau, impossible à cramer. Le héros est filmé tout du long par son copain abruti et suicidaire qui ne lâchera pas une seule seconde son engin démoniaque, même pour aller pisser, et témoigner à l'aide de sa vidéo que son pote a des testicules de la taille de pamplemousses en rut, et n'a jamais renoncé à voler au secours de sa chigneuse adorée qui s’est pourtant honteusement envoyée en l’air avec un autre avant de se faire embrocher par une ferraille de l’armature du bâtiment en ruine d'où l’on finit par l’extraire en la tirant bien tous ensemble pour éviter de trop la faire hurler quand le morceau de métal quitte son ventricule gauche…

Enfin, cerise sur le baeckeoffe, un happy-end frustrant: tout le monde meurt à la fin, parfait, mais le caméscope continue de tourner.

M’enfin, si malgré tout cela, vous voulez toujours acheter « Cloverfield », pour ne pas le citer, j’espère ne pas vous avoir découragé. Procurez-vous tout de même, par souci d’économie, la version VHS. L'image doit être meilleure.

Plus jamais, jamais, je n’achèterai un film sans avoir lu toutes les mauvaises critiques.

Note: je revends à un prix très attractif le Blu-Ray Disc n'ayant servi qu'une fois de trop à sa lecture.

Note N°2: restons positif. Il m'a été donné (mais là, je n'ai rien acheté) de regarder dernièrement et stoïquement le film lancé à grands renforts de matraquage médiatique "2012". Il mérite incontestablement la palme du film du siècle le plus affligeant dans le genre évoqué.


10 commentaires:

  1. bizarrement, vu d'ici, ça me donne plutot envie ... :)

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  2. Sylvain> le Blu-Ray disc est à toi pour 1 ou 2 kopecks. Tu peux même marchander un peu...
    Par contre, je garde "Alice au Pays des Merveilles" de Tim Burton et "Shutter Island" de Scorsese.

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  3. c'est gentil mais j'ai meme pas de télé, en vrai.

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  4. Il parait que si on accroche un blu-ray dans son cerisier il n'y a plus d'avions qui volent au dessus de la maison.

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  5. On peut avoir une photo de l'auteur avec la serviette autour du cou ?

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  6. peb> une technique à tester. Je pense que cela fonctionne aussi sur pommier? J'ai peur cependant de me retrouver avec les services du contre espionnage américain sur le dos si un avion furtif ou un drone tombe dans le jardin.

    PJB> la webcam de la Mansarde n'était pas en fonction pendant le visionnage du film par crainte d'interférences électroniques dangereuses. Dommage, on aurait pu voir aussi la projection d'une savate en direction de l'écran: variante du glaviot sur le présentateur ou la présentatrice du 20 heure quand je suis en désaccord avec son message de propagande diffusé avec zèle.

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  7. T’es qu’un vieux fonbou qui pense que Kubrick, Hitchcock, Renoir, Truffaut, Antonioni, Bergman, ou Welles c’étaient des réalisateurs qu’on peut kiffer grave alors qui savaient même pas faire du 3D et faisaient causer bêtement des acteurs qu'on peut même pas connecter sur MSN qui se la joue parle correk dans l’IPhone à nous souler alors que les djeunes jeunes y décodent pas clair comme dans Taxi 3 qui en plus coté philosophical hypercool envoit du lourd mortel que c’est de la bombe A à t'exploser la turbine à Nutela.

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  8. Trop de la balle ton kom, sale chacal ! C'est ki ces foncedés de sa race. Ziva prête moi ton gun, l'aut'batârd y m'a
    manqué de respect avec ses tarlouses mito chelous trop mortels qui font pas du Kinépolis pour les djeuns sur MSN fessesbouc.
    Kikoo les amis !!! :))))) Aujourd'hui, Internet c'est super-cool, ca le fait, moi je kiffe trop !!! :)))))) Même sur NRJ ils sont branchés sur le Net, alors toi aussi n'hésite pas, rejoins nous, on est super potes, on délire grave et on coince en duo des meufs trop de la chatte, zyva, files-moi ton 06 !!!! :))))))))))))) LOL !!! :)))

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  9. Pour plus de clarté, je pense que tu voulais dire:

    " Parfaitement bien senti ton commentaire apposé sous mon dernier billet, cher et fidèle lecteur ! Mais qui sont donc les personnages du Septième Art que tu évoques et qui ne semblent pas avoir un état d’esprit se rapprochant du nôtre ? Ceci dit, il n’y a pas vraiment de quoi fouetter un chat suite à cette déclinaison de metteurs en scène un peu maniérés ayant opté pour le cinéma d’auteur et ne s’adressant pas particulièrement à la tranche de population des moins de vingt ans adepte des conversations en ligne sur la toile. Je salue avec enthousiasme tous mes amis qui raffolent des nouvelles technologies de communication que j’apprécie tout autant qu’eux. On pourra constater que certaines radios de la bande en modulation de fréquence utilisent ces outils conviviaux. N’hésite pas alors à nous rejoindre, nous formons une équipe formidable, on s’amuse outrageusement tout en rencontrant parfois d’accortes personnes du beau sexe auxquelles on peut soutirer sans grande difficulté les coordonnées téléphoniques de leurs appareils cellulaires. J’en rie à gorge déployée à la simple évocation. Emoticônes multiples."

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  10. Ah! qu'en termes galants ces choses là sont mises. Fleurissent même en quelques recoins des toquées expressives, du plus bel effet, fleurant le jargon technocratique. Je dois confesser que certains passages m'ont demandé quelques efforts de retenue pour conserver le sérieux qui sied à nos entretiens et ne pas relâcher bêtement mon sphincter vésical alors que je porte un slip tout propre enfilé voilà à peine une semaine.

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