jeudi 8 janvier 2009

Otto e mezzo






Voilà deux ans, je publiais le premier billet du blog. Il était consacré à Federico Fellini, un de mes réalisateurs favoris. J’y faisais mention par là-même d’un de mes films italiens préféré: Huit et Demi (Otto E Mezzo) - Première à Milan le 17 février 1963. Le futur «maestro», peut-être en manque d’idées, avait choisi ce titre énigmatique tout bêtement parce qu'il avait réalisé jusqu’ici sept longs métrages et deux quarts de films, ses participations à «L’amour à la ville» et «Boccace 70».

Grande midinette devant l’Eternel, certaines scènes du film provoquent toujours chez moi une jubilation frénétique riche en émotions comparables à celles ressenties lors d'un face à face dans un musée avec un tableau d'un grand maître de la peinture. Rassurez-vous, cela ne va pas jusqu’au relâchement total des sphincters.

Après l’éclair de la «Strada», le coup de tonnerre de «La Dolce Vita», Fellini déclenche la tornade dans ce film à pleine vapeur où il montre qu’il maitrise déjà parfaitement le matériau de ceux à venir en nous donnant des extraits bonus (ou boni) des futurs Amarcord, Juliette des Esprits, Roma, et même de La cité des Femmes. La dépression à l’italienne, puisque c’est le point de départ du scénario, on la souhaiterait presque!

L’univers dépressif de ce réalisateur en panne d’inspiration, incarné par Marcello Mastroianni, est aux antipodes de celui habituellement décrit: un sujet recroquevillé au fond de son lit dans une chambre obscure tenaillé par des idées morbides et les affres de projets funestes de slave en pleine débâcle. Dans cette cité thermale, au milieu des curistes, notre homme convie une cohorte de personnages plus hauts en couleurs les uns que les autres. Sur un rythme de tarentelle, vrombissant comme un essaim d’abeille, elle l’accompagne à marche forcée vers la guérison. La catharsis provoquée par ce tumulte vibrionnant, l’amène à prendre la décision salutaire de donner enfin le premier tour de manivelle de son prochain film. Il échappe à l’avalanche des contrariétés et avis défavorables de ses proches et conseillers tentant de lui faire abandonner son projet. Une image noir et blanc éblouissante, des modes de transition spectaculaires, un Marcello Mastroianni au sommet de son art, chef d’orchestre d’une parade pittoresque, burlesque ou bouffonne. Je suis définitivement conquis par les passages oniriques de haute volée du film, rarement égalés par d’autres réalisateurs. Kusturica ou Bakhtiar Khudojnazarov dans leurs grands jours sont arrivés par moments à la hauteur d’un pareil spectacle dopé d’une vitalité suant l’adrénaline.

Inutile de se perdre dans les méandres interprétatifs de l’œuvre comme certains spécialistes l’ont fait. Son matériau est trop dense et sa trame quasi inextricable. Chaque vision du film fait découvrir un recoin nouveau et vous perd en conjectures. Qui ne verrait cependant dans ce film qu’un simple foutoir n’aurait rien compris. Peu de choses sont laissées au hasard dans les films de Fellini.

Copieurs envieux ou besogneux, évitez de vous lancer dans une pareille aventure! Vous ne feriez que vous y casser les dents.

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