jeudi 11 septembre 2008

La politique du chien crevé au fil de l'eau


« Je suis pour le communisme, je suis pour le socialisme et pour le capitalisme, parce que je suis opportuniste. Il y en a qui contestent qui revendiquent et qui protestent, moi je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste, je retourne ma veste toujours du bon coté… Je crie vive la révolution, je crie vive les institutions, je crie vive les manifestations, je crie vive la collaboration… A la prochaine révolution je retourne mon pantalon. »



Encore une expression ou citation dont on finit par perdre l’origine. J’avais notion d’une source chinoise. Une recherche sur internet la prête à un listing d’auteurs dont je vous épargne les noms. Peu importe, cette métaphore s’applique parfaitement à nombre d’entreprises humaines depuis que des décisionnaires élus ou autoproclamés veillent aux trajectoires rectilignes des tribus, peuplades, peuples ou nations à la surface de notre globe. "L’Homo Politicus", obnubilé par l’idée fixe de se faire réélire, agit avec parcimonie et uniquement dans l’urgence. Ses choix ne sont pas motivés par une volonté farouche d’anticiper les problèmes, mais par la pratique experte du boniment cherchant à persuader ses concitoyens qu’on agit, alors qu’on ne fait que poser une rustine de plus sur une chambre à air grêlée de patchs comme un visage d’adolescent acnéique. Tout le monde sait qu’on ne finit par mettre un panneau "Stop" à un carrefour dangereux qu’après bien des hécatombes. Ainsi, pour reprendre l’image du titre du billet, aucun responsable ne prend la décision de retirer le chien crevé qui pollue la rivière mais on envoie un lampiste municipal, muni d’un bâton, repousser la carcasse échouée sur la berge pour qu’elle aille se prendre plus en aval dans des branchages hors des limites du secteur administré.

L’écologie est un domaine qui illustre avec splendeur les habitudes irresponsables ou cyniques d’hommes cultivant une autre expression qui va dans le même sens : « Après moi le déluge ! »

Lycéen de l’Est de la France dans les années soixante, un de mes professeurs de Sciences Naturelles abordait souvent le sujet des mines de fer et de charbon de la région. Il nous indiquait que leur exploitation dispendieuse en comparaison de celle d’autres pays du globe, aux minerais plus riches et d’accès plus facile, devait nous faire envisager rapidement la fermeture progressive de nos puits. Il affirmait également que les réserves pétrolières mondiales n’étaient pas élastiques. Il jugeait intéressant de trouver dès maintenant des sources d’énergie renouvelables pouvant soutenir la demande exponentielle d’une population mondiale qui explosait. Il embrayait alors sur les produits de consommation faisant appel à d’autres ressources mais devant suivre la même logique d'anticipation. Il soulignait le rôle essentiel des grandes forêts pluviales, poumons de notre planète, et les dangers d’une déforestation massive ou d’une exploitation inadéquate. Il nous faisait valoir les risques de la surexploitation des terres arables, du remembrement à tout crin, et ceux d’une politique aveugle entichée de productivité. La pollution était pourtant à peine au goût du jour. Il prophétisait la spoliation future des ressources alimentaires des océans qu’on imaginait inépuisables au vu des surfaces qu’ils couvrent. Il nous faisait surtout découvrir la fragilité de la chaîne écologique en nous exposant les conséquences funestes des générations précédentes d’apprentis sorciers. J’avais retenu à l’époque l'explication exemplaire de la disparition éclair de tribus d’Amérique du Sud à l’époque des conquistadors. C’était l’importation de maladies non endémiques chez eux, plus que les tueries, qui était à la base de la fulgurance du phénomène.

Un demi siècle plus tard, je souris vaguement au discours, soi-disant novateur, d’un politicien américain bâtissant son fond de commerce sur le réchauffement de la planète. Je ricane de l’engouement, aussi soudain que troublant, de nos responsables pour cette cause, forcés une fois de plus d’agir dans l’urgence alors que leurs prédécesseurs, qui avaient le temps, ont pourri la planète en laissant voguer au gré du courant des flottilles monstrueuses de chiens crevés.

2 commentaires:

  1. La photo du Webpupil en costume de mariage ??

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  2. Macheprot> Non, pire que ça, j'avais un "noeud pap" gigantesque et un pantalon "patdef".

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