Pages

vendredi 2 novembre 2012

No country for old men


Sailing to Byzantium

That is no country for old men. The young
In one another’s arms, birds in the trees
– Those dying generations – at their song,
The salmon‐falls, the mackerel‐crowded seas,
Fish, flesh, or fowl, commend all summer long
Whatever is begotten, born, and dies.
Caught in that sensual music all neglect
Monuments of unageing intellect.

An aged man is but a paltry thing,
A tattered coat upon a stick, unless
Soul clap its hands and sing, and louder sing
For every tatter in its mortal dress,
Nor is there singing school but studying
Monuments of its own magnificence;
And therefore I have sailed the seas and come
To the holy city of Byzantium.

O sages standing in God’s holy fire
As in the gold mosaic of a wall,
Come from the holy fire, perne in a gyre,
And be the singing‐masters of my soul.
Consume my heart away; sick with desire
And fastened to a dying animal
It knows not what it is; and gather me
Into the artifice of eternity.

Once out of nature I shall never take
My bodily form from any natural thing,
But such a form as Grecian goldsmiths make
Of hammered gold and gold enamelling
To keep a drowsy Emperor awake;
Or set upon a golden bough to sing
To lords and ladies of Byzantium
Of what is past, or passing, or to come.

William Butler Yeats



En bateau pour Byzance

Ce pays-là n’est pas pour les vieillards. Les garçons
Et les filles enlacés, les oiseaux dans les arbres
- Ces générations qui meurent – tout à leur chant,
Les saumons des chutes, les mers peuplées de maquereaux,
Poisson, viande, volaille, font l’éloge l’été durant
De tout ce qui a été engendré, naît et meurt.
Ravis par cette musique sensuelle, tous négligent
Les monuments de l’intellect sans âge.

Un homme âgé n’est qu’une misérable chose,
Un manteau loqueteux sur un bâton, à moins
Que l’âme ne batte des mains et ne chante, et ne chante plus fort
A chaque nouvelle déchirure qui troue son habit mortel,
Mais il n’est qu’une seule école de chant, celle de l’étude
Des monuments de sa propre magnificence ;
Et c’est pourquoi j’ai traversé les mers pour m’en venir
Jusqu’à la cité sainte de Byzance.

Ô vous, sages dressés dans les saintes flammes de Dieu
Comme dans l’or d’une mosaïque murale,
Sortez des flammes saintes, venez dans la gyre qui tournoie
Et soyez les maîtres de chant de mon âme.
Réduisez en cendres mon cœur ; malade de désir,
Ligoté à un animal qui se meurt,
Il ignore ce qu’il est ; et recueillez-moi
Dans l’artifice de l’éternité.

Une fois hors de la nature, je n’emprunterai plus
Ma forme corporelle à nulle chose naturelle, mais
A ces formes que les orfèvres de Grèce
Façonnent d’or battu ou couvrent de feuilles d’or
Pour tenir en éveil un Empereur somnolent ;
Ou qu’ils posent sur un rameau d’or pour qu’elles chantent
Aux seigneurs et aux dames de Byzance
Ce qui fut, ce qui est, ce qui est à venir.


Note: les frères Coen ont donc lu Yeats. Leur adaptation cinématographique du poème s'éloigne cependant légèrement du sujet... La traduction prête à caution mais est plus fidèle que l'adaptation en question. Vive la cigale qui se cultive durant la Grande Traversée...