jeudi 24 février 2011

Les Gérard du cinéma 2011




Si vous avez raté certains chefs d'œuvre du cinéma de l'année écoulée, il n'est pas trop tard pour vous rattraper. Le 22 février ont été décernés les Gérard du Cinéma 2011.


Les lauréats 2011 dans les 18 catégories sont :

1/ Gérard du film français sorti avec un titre en anglais parce qu’on sait jamais, sur un malentendu, on peut croire qu’il est américain.
Kill me please avec Virginie Efira

2/ Gérard du chanteur qui fait l’acteur, ou le contraire, en tout cas dans un cas comme dans l’autre, il le fait mal.
Raphaël dans Ces Amours-là

3/ Gérard du film où on t'explique que le racisme, c’est pas bien.
La Rafle avec Mélanie Laurent et Hors la loi avec Jamel Debbouze ex æquo

4/ Gérard du film de partouzeur.
La Horde avec Claude Perron

5/ Gérard de l'acteur qu'on croyait mort depuis 1985, et qui en fait, tourne encore.
Henri Guybet, ex-Salomon est juif !, dans Protéger et Servir

6/ Gérard du film qui ose enfin dire la vérité sur les femmes.
Sans Queue ni tête avec Isabelle Huppert

7/ Gérard du réalisateur, quand tu vois ses films, ben t'as du mal à réaliser. Parce qu'en fait, lui aussi.
Isabelle Mergault pour Donnant, donnant

8/ Gérard du film guimauve que tu te forces à aller voir uniquement pour emballer une meuf.
L'Arnacoeur avec Romain Duris

9/ Gérard de l’acteur qui avant nous faisait bien rire et qui maintenant nous fait bien chier.
Edouard Baer dans Mon pote

10/ Gérard du petit cul.
Clémence Poésy dans Lullaby

11/ Gérard du gros cul.
Judith Gros Derche dans Toutes les filles pleurent

12/ Gérard du « on n’est jamais mieux servi que par soi-même ».
Toutes les filles pleurent de Judith Godrèche, avec Judith Godrèche

13/ Gérard du petit couple qui se la joue Alain Delon et Romy Schneider dans Paris Match, mais qui fait plutôt penser à une pub de la Saint-Valentin pour des Mon Chéri.
Jean Dujardin et Alexandra Lamy

14/ Gérard du film que tu vas voir alors que ta meuf t’a largué... t’as perdu ton boulot... t’as appris que t’avais le cancer... mais bon, tu t’es dit : « la vie continue, je vais aller au ciné pour retrouver un peu de joie de vivre », et puis, t’arrives devant ton UGC, et là, au menu :
L’Absence avec Liliane Rovère

15/ Gérard de l’actrice qui bénéficie le mieux des réseaux de son mari, ou plutôt de son futur ex-mari, enfin bon on sait plus trop où ils en sont, toujours est-il qu’elle continue à tourner
Arielle Dombasle dans Roses à crédit

16/ Gérard du désespoir féminin
Jane Birkin dans Thelma, Louise et Chantal

17/ Gérard du désespoir masculin
Franck Dubosc dans Camping 2

18/ Gérard du plus mauvais film de l’année (et probablement de la décennie)
L’Immortel de Richard Berry, avec Jean Reno


Les présentateurs de la cérémonie




mardi 22 février 2011

La mondialisation, ou comment donner sa langue au chat.




La peur de la mondialisation est un sujet très en vogue dans les médias français depuis quelques années. Nos concitoyens semblent particulièrement angoissés par cette affaire. En fait, elle est vieille comme le monde, si l’on ne craint pas de jouer sur les mots. Refrain en vogue: l’État-nation est devenu roupie de sansonnet opposée aux devises agressives des puissances d’argent qui règnent en maîtres sur la planète. Perte d’influence de la France sur l’échiquier électronique du globe programmé par un cartel de conspirateurs affairistes qui se s'est affranchi allégrement des frontières géographiques, des lois nationales, voire des particularismes locaux. L’émergence soudaine de nouvelles puissances économiques donne la pétoche à beaucoup de nos compatriotes, au point que certains sont tentés de se recroqueviller, en but au classique réflexe conservateur, symptôme plus classique encore de la sénescence, leur faisant imaginer qu’en se claquemurant à l’abri dans leurs frontières, ils survivront paisiblement en autosuffisance. Cette parade ingénieuse constituerait l’arme absolue capable de faire front (national?). Probablement en faisant mourir de rire d’hypothétiques assaillants. Retrousser ainsi les babines pour exhiber ses maigres quenottes pourrait tout au plus inquiéter les dentistes. Débat sur l'identité nationale, sur le port du voile ou du kilt, discours populistes à composantes sécuritaires et au fumet xénophobe, et, enfin, la question existentielle bateau : « Qu’est-ce qu’être français ? ».


Les réponses tombent dru, souvent bien fumeuses. L’historien s’en arrache les cheveux qui sait bien que les concepts de nation, de territoire, ont toujours été mouvants comme les entités qu’ils souhaiteraient définir. L’arbre de la Nation a un système racinaire particulièrement touffu et pluri-centenaire. Les apports culturels et génétiques sont si variés que l’édition d’un catalogue ne saurait jamais être exhaustive. Il est cependant une réponse que je trouve bien trop rarement formulée par nos penseurs commis d’office: avoir une langue commune. Un outil apte à user plus que de simples mots pour commander un repas. Un langage, fruit d’une longue évolution, qui se doit, pour continuer à survivre et se perpétuer, de s’enrichir en permanence d’ajouts utiles. Une langue qui devrait amener à tempérer certains de ses molosses de garde souvent prompts à se cabrer à la moindre velléité de prétendus adversaires d’y apporter parfois quelques réformes.


On prône actuellement l’emploi d’une langue universelle. L'anglais tient bien entendu la corde. Elle constituerait la panacée aux échanges de tous genres entre les peuples. On se doit de signaler que c’est parfaite utopie que d’imaginer la bonne maîtrise d’une autre langue que la sienne au point d'être capable d’exprimer toutes les subtilités, les nuances, les traits d’humour particuliers, les allusions datées, les maximes et proverbes ancestraux (complétez la liste…), les clins d’œil implicites (eh oui, œil reste au singulier) véhiculés par une phrase construite avec un peu d’aisance dans sa langue maternelle. Le sabir «angloïde» universel dont use (mon correcteur orthographique tente de m’imposer le pluriel) la plupart d’entre nous en pays étranger pour communiquer doit probablement laisser plus que perplexes nombre de nos interlocuteurs anglophones. Certains linguistes, fiers comme des poux sur la tête d’un galeux de leur prétendue maîtrise de cette langue étrangère, font probablement rire sous cape leurs hôtes. Leur tact voile le constat pathétique de la vanité de leurs efforts poussifs pour faire montre d’une finesse d’esprit imaginée mais perdue corps et biens au décours de leurs travaux de thème approximatifs. Il est tant de nuances linguistiques impossibles à traduire correctement dans une autre langue qu’il n’est point nécessaire d’alourdir ce propos.


La langue maternelle, et de façon accessoire son bon usage, n’en déplaise aux puristes, est le grand élément fédérateur d’une population. Elle dépasse en toute impunité les frontières d’un pays et ne constitue aucunement le pré carré d’une nation. Elle est le bien commun de tous ceux qui s’en servent mais ne saurait en faire ses détenteurs légaux. Les Français ont peur d’une absorption phagocytaire par un monstrueux macrophage qu’ils guettent au loin du haut de leur muraille et pensent venir du coté du Désert des Tartares. Plus ou moins prêts à le combattre, ils n’imaginent pas que c’est en fait le suicide collectif qui les menace à force de ne pas mieux défendre leur langue.

vendredi 18 février 2011

Le Syndrome d'Asperger

Clic pour agrandir l'image - Click image to enlarge

Il y a quelques mois, ma fille Caroline a été conviée à participer à la conception d'une petite brochure dont le recto propose un formulaire d'inscription et de donation à l'Association Asperger Lorraine.


Une exportation JPEG du fichier verso source au format Publisher est incluse dans ce court billet qui peut servir d'information utile en direction du grand-public concernant ce trouble envahissant du développement d'origine neurologique très mal connu de lui alors que son incidence est loin d'être faible.
Dans le monde «réel», nous trouvons de nombreuses personnes célèbres atteintes ou ayant probablement été atteintes de ce syndrome. On peut citer sous réserve: Albert Einstein, Bartok, Glenn Gould, Michel-Ange, George Lucas, Ludwig Wittgenstein (philosophe), Bill Gates...
Dans le monde «fictif»: Lisbeth Salander de Millenium, Dr. Virgina Dixon dans la saison 5 de Grey's Anatomy, Raymond, personnage interprété par Dustin Hoffman dans le film Rain man, le professeur Tournesol dans Tintin... Le Dr. James Wilson, dans la série Dr. House, évoque l'hypothèse que House lui-même soit atteint d'Asperger...


Lien vers le site de cette association lorraine: http://aspergerlorraine.fr/


Autres liens utiles:


http://autisme.france.free.fr/asper.htm
Asperger Aide
Le syndrome d'Asperger

jeudi 3 février 2011

Wight is Wight, but....


Wight, en 1970, était une petite île placide au large de la côte sud de l’Angleterre, encerclée par des yachts et peuplée d’officiers de marine en retraite. Un jour d’été de cette année, une nuée de plus de 600.000 sauterelles aux cheveux longs – soit six fois sa population habituelle – se répandit au travers d’Afton Down pour s’abattre finalement sur une colline que l’on nommera par la suite Desolation Row, en référence à la chanson éponyme de Bob Dylan. Vues d’hélicoptère: un nuage de poussière s’élève de la clôture en tôle ondulée que piétinent des squatteurs sans le moindre billet en poche pour forcer l’enceinte qu’elle délimite, et de la fumée monte des véhicules et des stands incendiés par des militants qu’on ne peut taxer de pacifistes. Assis dans l’herbe, face à une immense scène en plein air, des milliers de fans de musique au septième ciel ont passé les quatre derniers jours à écouter la musique proposée au cours de ce troisième concert annuel du Festival de l’île de Wight. Leonard Cohen a souhaité passer en avant-dernier, après Jimmy Hendrix et Joan Baez, juste avant Richie Havens, le 31 août, 1970 cinquième et dernier jour du festival.

Le plus grand événement rock britannique avait commencé petit en 1968, simple spectacle au profit d’un club de natation local, mais, dès l’année suivante, son statut monta en flèche quand 150.000 spectateurs vinrent sur l’île pour applaudir une pléiade de groupes célèbres, en particulier Bob Dylan qui faisait sa première réapparition en public après son accident de moto. L’année suivante, les organisateurs se promirent de battre le record de ce qui constituait alors le Woodstock à l’anglaise. Ce troisième festival proposait des artistes comme les Doors, les Who, Miles Davis, Donavan, Ten Years After, et donc, Leonard Cohen dont l’étoile montait au firmament en Angleterre, portée par son récent album, «Songs From a Room», placé en deuxième position dans les charts au Royaume-Uni. Cohen avait accepté sa participation à la condition que Bob Johnston, le producteur célèbre de Bob Dylan, Simon & Garfunkel et Johnny Cash, soit aussi le sien et se produise avec lui en tant que pianiste du groupe. C’est ainsi que partirent pour l’Europe une troupe composée d’excellents musiciens US dont le violoniste Charlie Daniels, le guitariste Ron Cornelius, le bassiste et joueur de banjo Elkin «Bubba» Fowler, et les choristes Corlynn Hanney, Susan Musanno et Donna Washburn.

L’orchestre n’avait pas de nom au moment du départ, mais arrivé à l’île de Wight, ils se baptisèrent «The Army» (l’armée), du fait que leur récente tournée européenne de 1970 avait été par moments une véritable bataille. Au cours d’un concert en Allemagne, un spectateur avait braqué un revolver sur Cohen. De la sorte, Leonard était prêt à prendre part à ce que «Melody Maker», la revue musicale anglaise en vogue, appelait alors: «Cinq jours qui allaient choquer le Monde», et, ce qu’un remarquable CD/DVD de 2009, constitué d’enregistrements sonores et d’un film de Murray Lerner réalisé à l'occasion atteste, en sortir victorieux.

D’après une traduction personnelle adaptée à la tonalité du billet d'un extrait du texte de Sylvie Simmons appartenant au fascicule de l’album: «Leonard Cohen Live at th Isle of Wight 1970.»


J'ai eu récemment la bonne idée d’extraire d’un des bacs de la médiathèque municipale de ma ville le CD/DVD en question. Le DVD vaut vraiment son pesant de cacahuètes.

Scène introductive: le bon Leonard arrive sur scène paré d'un pyjama kaki assez proche dans sa coupe d’une tenue de safari. Faciès éberlué, on vient de le tirer en pleine nuit d’un sommeil pas franchement réparateur. Cheveux longs et barbe de deux jours, il monte tranquillement sur les planches calcinées. Quelques minutes plus tôt, de joyeux drilles y ont mis le feu pour saluer la prestation incendiaire d'un Jimmy Hendrix bourré jusqu'à la gueule d'un cocktail chimique dont il ne donnera jamais la composition exacte pour le bonheur des générations à venir. Jimmy n’y vit alors que du feu, continuant à jouer au milieu des flammes.

Court interview du régisseur du spectacle :  il affirme que lorsqu’il vit s’avancer sur scène le groupe de Cohen - qui avait prit tout son temps pour arriver car il n'y avait pas le feu - il s’attendait à un véritable désastre. L’ambiance était plus que mitigée. Bien que la violence fut désormais moins à l’œuvre, les spectateurs fatigués de conspuer continûment les artistes précédents, au point que certains d’entre eux pensaient qu’ils vivaient ici leur dernière heure et qu’on allait probablement les lyncher, pour lui, il était couru d’avance que la prestation essentiellement acoustique de Cohen allait relancer la vindicte d’une foule dans l’attente de quelque chose de plus copieux en termes de puissance sonore. Ce qui restait de la scène allait-il finir en cendre sous les effets pyrotechniques des artificiers de cette foule pataugeant dans un bourbier immonde conséquence d'une journée arrosée, et s’ébrouant au milieu de ce qu’il fallait bien nommer une véritable chienlit ?

La séquence irréelle : "Le Leonard" et sa troupe, sont enfin en place. Face au micro, le Messie se fend d’une courte parabole introductive. D’une voix plus calme tu t’endors sur place, genre maître zen en fin de karma, il balbutie un remake du Sermon sur la Montagne. Ses apôtres sont à l’unisson. Les choristes en particulier, drapées dans des saris made in Katmandou, sont en lévitation, regards perdus, baignant dans l'aura du Maître. L’inhalation de quelques vapeurs d’herbes de Provence aux vertus dysleptiques favoriserait-elle plus particulièrement  leur état second? En plein trip "good vibrations", aucun ne semble avoir eu vent des événements antérieurs. La pieuse cérémonie qu'il souhaitent proposer au public a toutes les chances de tourner pour eux au cauchemar, ou finir en carnage.

Les paroles des chansons de Cohen ne manquent pas de poésie. Cependant, l'atmosphère de quelques unes d'entre elles auraient pu pousser au suicide en moins de deux un Bernard Tapie au meilleur de sa forme: pendaison dans un cimetière lugubre un soir de Toussaint glacial. De plus, elles n'éructent aucun message de révolte sauvage.

Cohen fait une pause au milieu de sa première chanson. Il demande aux spectateurs d’allumer des briquets ou des allumettes afin qu’il puisse distinguer dans le noir leur présence, observer l’union de leur énergie vacillante, faible, trop faible, pour venir à bout d’un système qu’ils souhaiteraient terrasser, mais cependant capable de suggérer une unité possible des forces en présence. Une oraison délirante, lénifiante, adressée à des pitbulls. La foule se tait. Diamonds in the Mine, Famous blue raincoat. Pas un sifflet. Les lumières se multiplient même peu à peu sur la colline. Bird on a Wire. La foule applaudit. The Partisan. La foule en redemande. Seems So Long Ago. Nancy: l’histoire d’une jeune fille peu avare de son corps qu’on pensait parfaitement bien dans sa peau, mais que Cohen a retrouvée morte de nombreuses années en arrière, dans une baignoire où elle s’était tailladé les veines. Une histoire à la Piaf. Une autre, une autre scande la foule…

Wight is Wight, Dylan is Dylan… but Cohen is really, and simply, Cohen.



Note du 05/02/2011: honteux charabia de ce billet pondu en dépit du bon sens vaguement corrigé. Il est des jours où, effectivement, on doit s'interdire d'entreprendre quoi que ce soit. Celui-ci en était un...

mardi 1 février 2011

La notion douteuse de races humaines



La couleur de la peau (épiderme, poils, cheveux) des Mammifères est due à la présence de mélanines: eumélanines, phaeomélanines, trichochromes. Ces pigments sont portés par des organites intracellulaires appelés mélanosomes. Ceux-ci sont produits par une cellule spécialisée, le mélanocyte, qui les transfère ultérieurement aux kératinocytes avoisinants par l’intermédiaire de ses dendrites. Chez les Mammifères, l’ensemble de la population mélanocytaire de la peau peut être considéré, dans les conditions normales, comme un système bicompartimental : compartiment épidermique et compartiment folliculaire.

L’individualisation de ces deux sous-populations repose sur des bases anatomiques et physiologiques. En effet, si le fonctionnement des mélanocytes est dépendant du programme génétique qui est commun aux cellules pigmentaires des deux compartiments, il peut être influencé par l’environnement interne et externe qui est différent dans l’épiderme et dans le follicule pileux. Cette distinction est importante pour l’étude comparée de la pigmentation cutanée de l’Homme (peau dépourvue de pelage) et des autres Mammifères. Dans les conditions normales, les facteurs les plus importants dans le déterminisme de la pigmentation constitutive de la peau sont : la nature biochimique des mélanines synthétisées et le niveau d’activité des mélanocytes.

Les mélanocytes cutanés dérivent de la crête neurale. Les cellules de la crête neurale sont initialement des cellules souches pluripotentes mais leurs potentialités de différenciation se restreignent au fur et à mesure de leur développement. Elles constituent un modèle de choix pour l'étude de la migration et de la différenciation cellulaire.

Les précurseurs des mélanocytes, les mélanoblastes, correspondent à de grandes cellules rondes ou ovales. La différenciation des mélanoblastes en mélanocytes (acquisition du caractère dendritique, positivité de la DOPA réaction) se produit chez l’Homme entre la 8e et la 14e semaine de la vie intra-utérine. Après une migration qui s’effectue selon un axe dorsoventral et craniocaudal, les mélanoblastes atteignent leur territoire définitif, c’est-à-dire l’assise basale de l’épiderme et les follicules pileux. Il est donc clairement établi que les mélanocytes tégumentaires des Mammifères ont pour origine plusieurs clones mélanoblastiques qui se sont répartis symétriquement à la surface du corps. Les mélanocytes colonisent donc l’épiderme avant la différenciation des poils.

Au stade initial de l’apparition des poils, les mélanocytes se répartissent au hasard sans localisation privilégiée dans l’ébauche pilaire. Ce n’est qu’après le sixième mois de la vie intra-utérine, que les mélanocytes se localiseront à l’infundibulum (assise périphérique de la gaine épithéliale externe) et au sommet de la papule dermique dans le bulbe pileux (I, SHIMMA & I,WDLAN 1966).

Diverses anomalies du développement embryonnaire peuvent perturber l’installation du système pigmentaire de la peau :
- par atteinte de la crête neurale avec absence de développement des mélanoblastes ou réduction de leur nombre ;
- par atteinte du mélanoblaste qui perd sa capacité de différenciation mélanocytaire;
- par l’influence néfaste de l’environnement tissulaire qui perturbe la migration du mélanoblaste et/ou empêche sa survie.

De telles mutations sont observées chez l’Homme (piébaldisme, syndrome de Waardenburg...) aussi bien que chez la plupart des autres Mammifères. Elles se caractérisent dans l’épiderme et dans les follicules pileux par une absence de mélanocytes (SHMER et al., 1979).

Dans l’épiderme, l’activité des mélanocytes est continue. Elle détermine la pigmentation constitutive de l’individu considéré. L’intervention de stimuli internes ou externes détermine l’acquisition d’une pigmentation facultative.

L’activité des mélanocytes folliculaires est au contraire discontinue, rythmée par le cycle pilaire. Ceux-ci ne synthétisent activement du pigment que pendant une phase très courte du cycle pilaire, à savoir de l’anagène III à l’anagène VI. Ces phases de synthèse des mélanocytes se traduisent par des modifications morphologiques (augmentation du nombre des dendrites et du volume du cytoplasme, développement de l’appareil de Golgi et du réticulum endoplasmique, augmentation du nombre de mélanosomes) et biochimiques (apparition d’une activité tyrosinasique dont les formes moléculaires séparables par électrophorèse sur gel de polyacrylamide se modifient au cours du cycle.

L’homéostasie de la population mélanocytaire est différente dans l’épiderme et dans les follicules pileux. Au cours de la vie, la population mélanocytaire de l’épiderme est relativement constante, bien que décroissant progressivement avec l’âge. En l’absence de toute stimulation externe, il est exceptionnel d’observer des images de mitoses mélanocytaires dans l’épiderme. Cependant, plusieurs arguments expérimentaux montrent que la population mélanocytaire de l’épiderme constitue un système dynamique dont le taux de renouvellement est faible mais continu. Par contre, la stimulation par les ultraviolets augmente beaucoup le nombre de mitoses mélanocytaires .

Dans les follicules pileux, la population des mélanocytes bulbaires est renouvelée à chaque cycle. Pendant les phases catagène et télogène, certains mélanocytes bulbaires survivent et se dédifférencient. Ultérieurement, ils prolifèrent, se différencient et repeuplent le bulbe durant le début du stade catagène. L’existence d’un réservoir de mélanocytes dans les follicules pileux des Mammifères est donc très probable (AMSUGlYA & KUKITA, 1976).

Il semble que les réponses des mélanocytes épidermiques et folliculaires à des stimulations hormonales diffèrent. Ainsi, le fonctionnement des mélanocytes folliculaires est profondément modifié par l’ovariectomie, l’oestrogénothérapie et la grossesse. Au contraire, les mélanocytes épidermiques sont comparativement peu affectés. Cette différence de réactivité peut suggérer que le seuil de sensibilité à ces stimulations hormonales est plus élevé pour les mélanocytes épidermiques que pour les mélanocytes folliculaires.

Enfin, il faut souligner que l’influence des facteurs externes s’exerce beaucoup plus sur les mélanocytes épidermiques superficiels que sur les mélanocytes folliculaires situés plus profondément dans le derme. Ceci est en particulier très frappant pour les ultraviolets. Les U.V.B. (7! = 290 à 320 nm) atteignent la basale épidermique et stimulent l’activité mélanogénique des mélanocytes. Au contraire, seule une quantité relativement faible d’U.V.A. (7! = 320 à 400 nm) atteint la partie profonde des follicules pileux, ce qui, dans les conditions normales est insuffisant pour entraîner une stimulation des mélanocytes.

CONCLUSION

Chez l’Homme, comme chez les autres Mammifères, la couleur de la peau et des poils est principalement déterminée par le nombre, la taille, le type et le mode de répartition des mélanosomes. Il est particulièrement intéressant de noter que dans les conditions normales, les différences raciales de pigmentation de la peau chez l’Homme ne reposent pas sur des différences numériques de la population mélanocytaire épidermique. Pour une zone déterminée, le nombre de mélanocytes épidermiques est sensiblement identique chez le noir, le blanc ou l’asiatique. Les facteurs prépondérants dans le déterminisme de la couleur de la peau sont donc le type de pigment synthétisé et le niveau d’activité des mélanocytes. Cette constatation s’applique aux autres Mammifères.



NOTION DOUTEUSE DE RACES HUMAINES

La notion de race humaine est aujourd'hui récusée. Déjà l'UNESCO recommandait dans les années 1950 d'y substituer le concept de groupe ethnique, lequel n'est pas biologique, mais culturel.

Cependant, la notion de race conserve un usage social, notamment dans les pays anglo-saxons qui continuent à l'utiliser. Les Race studies, en Amérique du Nord, visent à analyser la construction sociale et idéologique de la race, qui aboutit à produire des effets réels d'auto-identification et de reconnaissance en termes d'appartenance à telle ou telle race. Le droit n'y est pas étranger: ainsi, la race est incluse comme paramètre dans le recensement aux Etats-Unis, bien qu'elle soit facultative. En outre, la Cour suprême des Etats-Unis a eu maintes fois l'occasion de statuer sur la race - United States v. Bhagat Singh Thind en 1923, lois sur la déségrégation scolaire, lois sur l'affirmative action, etc.).

Il en va de même en Suisse où la Cour suprême a affirmé dans une jurisprudence de 1998 : « La race, au sens de l'art. 261bis CP, se caractérise notamment par la couleur de la peau (...); il n'est donc pas douteux que les noirs constituent une race au sens de cette disposition. » (ATF 124 IV 121, 124[53]). L'ONU dans le cadre de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale adoptée par la plupart des États de la communauté internationale entend quant à elle « favoriser la bonne entente entre les races et d’édifier une communauté internationale affranchie de toutes les formes de ségrégation et de discrimination raciales ».

Toutefois, cette notion a pratiquement disparu du discours politique en France, à l'exception de ceux professant des théories racistes. Pourtant, elle n'a pas complètement disparu, notamment du lexique juridique et législatif. On oublie souvent qu'elle est antérieure à Vichy, puisqu'elle apparaît dans un décret de novembre 1928 « déterminant le statut des métisses nés de parents légalement inconnus en Indochine ». Ce texte permet d'accorder la citoyenneté française aux enfants de mère indigène (et donc sujet de l'Empire français) et de père inconnu (et probablement citoyen français) dès lors qu'il est «présumé de race française». Introduite en métropole en 1939 sous la Troisième République avec le décret Marchandeau du 21 avril 1939, qui interdisait la propagande antisémite, la notion de race a été promue au rang de véritable catégorie juridique sous Vichy avec les deux statuts des Juifs, avant d'être décrédibilisée après-guerre (suite, notamment, au génocide des Juifs européens et d'autres populations considérées par le Troisième Reich comme indésirables (génocide des gitans, programme d'euthanasie, etc.). Les textes législatifs français continuent néanmoins à employer le terme de « race », d'abord en interdisant toute discrimination raciale. Mais le décret du 2 février 1990 a autorisé le fichage des origines raciales des personnes, en dépit de la non-pertinence scientifique de cette notion. En 1983, la loi relative aux droits et obligations des fonctionnaires se réfère à l'ethnie, et non à la race. Mais elle a été amendée par le Sénat, dans la loi du 16 novembre 2001 sur la lutte contre les discriminations, qui a réintroduit à cette occasion la référence au mot « race ». La demande du député Michel Vaxès (PCF), en 2003, de supprimer la notion de race du discours législatif et juridique français a été rejetée par la majorité. Quelques années auparavant, les signataires de la Charte Galilée 90, dont le ministre Jean-François Mattéi, avait demandé le retrait du terme de « race » à l'article 1er de la Constitution.

Même si la notion de race au sens humain ne se recoupe pas nécessairement avec une approche relevant de la biologie animale, il n'en demeure pas moins que la notion de race humaine est reconnue par la communauté internationale et réaffirmée régulièrement par les ordres internes. Les tentatives de gommer cette notion du lexique descriptif des caractéristiques de l'humain semblent ne pas avoir été accueillies de façon générale.


SOURCES :


http://www.hominides.com/html/dossiers/race.php
http://www.hominides.com/html/actualites/theorie-out-of-africa-confirmation-0057.php
http://www.embryology.ch/francais/vcns/tubecrete04.html#crete

Pour en savoir plus sur les molécules biologiques et le paysage phénotypique en construction :
http://pst.chez-alice.fr/1s3t1.htm