mardi 14 juin 2011

La fille qui danse dans la lumière

Highslide JS
Valeria Ciangottini née à Rome le 6 août 1945. Personnage de Paola dans la Dolce Vita

Barlow faisait grincer les marches de l'escalier de bois d'une vieille bâtisse de la périphérie nancéienne. Le temps, l'alcool et le tabac avaient accompli un inexorable travail de sape. Il soufflait comme une baleine en entrant dans la mansarde où le conduisait sa dernière enquête. Une vague odeur de tabac froid flottait dans l'air confiné de la pièce. La tapisserie aux arabesques orange criard hypnotisait l'imprudent qui s'attardait à la fixer. Les fans d'Andy Warhol auraient donné une fortune pour s’en procurer un rouleau. Le choc passé, Barlow constata qu'il se trouvait dans un microcosme colonisé par les souvenirs. Les quelques meubles et étagères de la soupente croulaient sous un embrouillamini d'objets disparates. L'unique fenêtre de la pièce ouvrait avec bonheur sur une perspective moins oppressante. Il dominait les toits d'un quartier moutonnant sagement aux pieds d'une imposante basilique néogothique : "So french". Sur le lit défait, une guitare reposait en compagnie d’un recueil de chansons d’Alain Souchon. Barlow ne connaissait pas cet auteur. Piaf et Aznavour étaient ses seules références françaises dans le domaine musical. Il ouvrit le « songbook » et lut un couplet :

Rétines et pupilles / Les garçons ont les yeux qui brillent / Pour un jeu de dupes / Voir sous les jupes des filles / Et la vie toute entière / Absorbés par cette affaire / Par ce jeu de dupes / Voir sous les jupes des filles…

Sur un petit bureau gris mélaminé, un matériel informatique préhistorique était cerné par un inventaire d’objets à la Prévert: une étrange pipe mexicaine en terre cuite, une statuette égyptienne de chat, un penseur africain stylisé en bois d'ébène, une lampe de bureau télescopique, un verre transparent bourré d’un fagot de stylos variés, un couteau "Laguiole", une inclusion sous résine de rouages d'une vieille pendule sur lequel reposait un médiator "Gibson", un "Rubik's Cube", un "Zippo", un téléphone sans fil. Barlow actionna la touche «bis». Le mobile était déchargé. Une fouille du courrier lui indiqua que le dernier pli ouvert portait la date du 23 février. C’était un relevé bancaire dont le solde lui fila illico l'angoisse des profondeurs. Même pour un ricain maîtrisant mal la conversion Franc Dollar, le chiffre était pathétique. Barlow compatissait. Le tiroir de son bureau contenait des documents aussi poignants.

Posées probablement par la propriétaire au fil des jours sur la tablette de la fenêtre, quelques lettres non décachetés attendaient le destinataire. Seules, deux d'entre elles, pouvaient intéresser le limier. Le reste n’était qu’une morne déclinaison de publipostages dont la pléthore explique en partie la déforestation progressive de la planète. Il les ouvrit sans se gêner. La première contenait la confirmation d'une réservation sur un vol Paris-Catane à la date du 28 février, la seconde, un relevé intermédiaire de compte courant faisant mention d’un retrait récent en devises italiennes dans un hôtel de Taormina. Le solde approchait désormais du zéro. Le fugitif brûlait ses dernières cartouches.

Le privé continua à fouiller la pièce sans vergogne. La propriétaire des lieux, et mère de l'occupant occasionnel de la mansarde, lui avait laissé carte blanche. La vieille dame faisait partie de ces personnages qui se plient sans sourciller à toute demande présentant le moindre semblant d'officialité. Qu’un certain Bob Barlow lui présentât sa carte de détective privé américain et débarquât chez elle en précisant, dans un français plus qu’approximatif, qu’on l’avait mandaté pour retrouver son fils, ne l’avait pas étonnée plus que cela. La disparition soudaine de son rejeton justifiait tout, même qu’un gaillard aux allures d’Humphrey Bogart sénescent fut sur ses traces. Si son enquête aboutissait, elle lui baiserait les pieds. L'oiseau sautillant qui avait ouvert la porte à Barlow l'avait mitraillé illico de propos angoissés sur la dérive sociale récente de son aîné. Un crève-cœur évident pour ce personnage d’où émanait un puissant conformisme. Cette vielle mère sublime s'usait dans l’exercice de son sacerdoce de génitrice exemplaire bafoué une fois de plus par l'ingratitude d'un fiston d'à peine 47 ans parti subitement sans laisser d'adresse. Quelques lueurs sinistres, augures de douleurs à venir, filtraient au travers de son discours touffu et volubile. L’hypothèse d’une histoire sentimentale à la base de cette disparition soudaine ne minimiserait aucunement la faute. Il était évident que chez cette femme, la quête du plaisir avait une connotation suspecte. Barlow l’avait jouée fine pour échapper à sa logorrhée. Il était monté vers la mansarde qui servait de bureau occasionnel à l'homme qu’il recherchait, juste après lui avoir confié la mission de dénicher une photo récente du fugitif. Parfaitement utopique de supposer l’efficacité d’une telle manœuvre dilatoire. La petite flèche humaine ne lui laissa qu’un court répit. Derrière son dos, il l’entendit aussitôt reprendre sa mélopée truffée de circonlocutions et de digressions capable de faire perdre le fil de ses pensées à un monstre de concentration. Elle tenait en main la photo demandée. Barlow donnait à la mère plus de soixante quinze ans. Diantre, elle conservait une pointe de vitesse hors du commun !

En reposant discrètement sur la tablette le courrier qu'il venait d'explorer, Barlow renversa malencontreusement une pile de livres. Deux photographies et deux cartes de jeu s'échappèrent des ouvrages : un cliché noir et blanc d’une fille blonde au large sourire et aux yeux clairs tombée d’un Guide Bleu de la "Région Aquitaine" ; un instantané en couleur d’une belle brune aux traits latins assise sur un rocher avec un bouquet de fleurs à la main d'un Guide Vert sur "Les arbres d'Europe" ; les deux cartes, des arcanes majeures d'un Tarot de Marseille, d’un digest de la carrière du groupe de rock américain "Led Zeppelin" et non dans un Guide Rouge comme on l’aurait attendu pour compléter la triade chromatique. Il connaissait le personnage de la première photo! Au dos, à l'encre bleue délavée, une date ancienne, une adresse allemande et un nom : Elsa Funk… Mais oui, bien sûr, une photo ancienne de la femme qui venait de l’engager dans sa nouvelle enquête! Il avait entendu parler de Jimmy Page, guitariste d’un groupe célèbre à l'origine du Hard Rock. Le lascar avait défrayé un temps la chronique au milieu des années soixante-dix. On lui avait prêté à l’époque une admiration sans borne pour le sulfureux Aleister Crowley dont il collectionnait les reliques. Il était allé jusqu'à racheter son manoir au bord du Loch Ness. Louis Otis, l'auteur de nouvelles, était-il un fondu d'ésotérisme? Barlow fuyait comme la peste ces agités du bocal qui frétillent au moindre semblant de bizarrerie. Ils y voyaient illico l’intervention de forces occultes. Leurs cervelles assoiffées d'univers magiques traquaient l'irrationnel qui pourrait illuminer l’ennui dans lequel baignaient souvent leurs vies.  Barlow se demanda si, une fois de plus, il n'avait pas mis le nez dans une sale affaire? La superbe garce qui avait mis les pieds dans son bureau de L.A. une semaine plus tôt l’avait probablement roulé dans la farine. Cette blonde platine aux yeux pervenche avait croisé si haut les jambes et empilé avec une telle sensualité les billets verts sur son bureau, le gratifiant en sus dans sa manœuvre diabolique d'un décolleté mirobolant, qu'il aurait dû se méfier. Takie, sa chatte persane, était venue renifler les liasses avant de s'y vautrer. Voulait-elle indiquer son profond mépris pour l’argent ou la lascive féline affichait-elle ostensiblement sa vénalité femelle?

Bob tirait régulièrement le diable par la queue. C’était le seul contact qu’il avait avec les forces des ténèbres. Un handicap de taille pour cet amateur de jolies femmes. Le bougre, malgré son age, restait un romantique éthéré. Pour lui, il était impensable que la relation homme-femme pût s'entacher du moindre soupçon d'intéressement. Beauté devait rimer avec noblesse de cœur. Rime désastreuse dans un sonnet dédié au genre de fille qui l’avait mandaté. Il connaissait bien sa faiblesse coupable dès qu’une créature du style effectuait une manœuvre d’approche. Malgré cela, il continuait à se fourrer dans les pires guêpiers. Elsa Funk, la blonde platine, lui avait indiqué qu’il était possible que les recherches, s’il acceptait de se lancer dans une filature, le conduisent en Europe. Elle lui offrirait alors un défraiement consistant et la traversée de l’Atlantique en Concorde. Il avait mollement tergiversé avant d'accepter. Ça le titillait de revoir le pays, où, 50 ans plus tôt, il avait débarqué avec l’armée américaine. Elsa Funk lui avait confié qu’elle était l'amie très chère d'une certaine Nico Tiger qui s’était vaporisée en compagnie d'un desperado du nom d'Hugo Sanchez, il y a 25 ans, en lisière du désert Mojave. La fatale au regard lagon et aux jambes fuselées connaissait l’instigateur du carnage: Louis Otis, un nouvelliste français qui l’avait embringuée dans une autre de ses nouvelles. Les romanciers doivent finir un jour ou l’autre par payer leurs crimes. La fiction n’excuse pas tout. Trop commode de construire des marionnettes qu'on manipule au gré de l'inspiration, pour finir, sous le coup d'on ne sait quelle impulsion, par les occire d'un trait de plume. Elsa voulait que Barlow retrouve l'alchimiste de cette machination et lui arrache les motifs de cette abomination. Bob comprenait sa révolte. Lui-même n’avait-il pas été, sa vie durant, un pantin manipulé par un créateur qui lui avait fait mener une existence tourmentée? Astreint à jouer, quand celui-ci voulait bien le sortir du placard de son imagination, un personnage, un tantinet désabusé, en quête d'un idéal féminin sans cesse ruiné par la réalité. Il était licite qu'un jour la rébellion s'emparât des esclaves des romanciers. Barlow, cautionné par Elsa, s’imaginait bien prendre le flambeau des mains de Spartacus. Dans l'heure qui avait suivi l’entrevue, il avait passé quelques coups de fils en France aux adresses qu’Elsa lui avait fournies. Tous les renseignements qu’il avait recueillis convergeaient: Otis avait effectivement prit la poudre d’escampette sans laisser d'adresse. Sa compagne, qu’il avait pu la joindre facilement à son domicile, n'avait plus de ses nouvelles depuis une bonne semaine. Barlow devait bel et bien commencer sa traque en France, au dernier domicile connu.

Il était arrivé à Nancy, début mars, par un froid glacial. Le californien avait dû promptement s'emmitoufler. A cette heure, il se trouvait au bout du monde, dans une petite mansarde au bureau gris anthracite, paillasse des méfaits du créateur. Il était seul désormais. Le moulin à paroles avait quitté les lieux. Le vieil ordinateur du bureau n'était pas de manipulation trop retorse. L'écran à peine allumé, Barlow sursauta. L'effigie du "Joker", le célèbre personnage de bande dessinée, avait giclé en effet zoom sur le moniteur, accompagné de son habituel et tonitruant éclat de rire sardonique. C'était malin! Il ouvrit un dossier "Hugo" qui contenait des fichiers textes que Barlow consulta pour avoir une idée de la prose de l’oiseau. Plusieurs éléments du brique-à-braque de la mansarde entraient dans le puzzle des nouvelles. Barlow était sûr qu'en la fouillant de fond en comble, il trouverait facilement d'autres pièces. Un passage dans un livre de la bibliothèque, une séquence de film de la vidéothèque, des clichés dans un album photos. L'imaginaire des romanciers a des sources tangibles. Comme l'inconscient, il grouille d'objets disparates prêts à s'associer pour les besoins de la cause et inventer des chimères étranges propices aux travestissements créatifs. Barlow préférait cependant la lecture d'un bon roman à celle d'un traité de psychanalyse. Comment lui jeter la pierre !

Hugo, le personnage principal d’Otis, était l’acteur principal de nouvelles sur la passion amoureuse. Flottant dans l’espace temps et géographique, il était en quête d’un idéal parfois entrevu mais jamais atteint. Barlow savait bien que c'était foutaise que de prétendre qu'un écrit puisse échapper totalement à l’autobiographie. Le bureau chez la mère castratrice, une vie sentimentale décousue, le départ pour un haut lieu de l'homosexualité cosmopolite du début du siècle, Barlow craignait maintenant d'être aux basques d'un nouvelliste inverti. Quelques lignes à tendance misogyne n’étaient-elles pas le signe d'un commerce inadéquat avec la gent féminine? L'écrivain avait été marié (cela ne torpillait pas l'hypothèse), était père de famille (et alors?), mais plus complexe pour étayer l’hypothèse naissante, semblait animé par la passion des femmes. Barlow se méfiait des élucubrations de la secte des psys. Il ne souhaitait pas éplucher les écrits d’Otis pour récolter des traits névrotiques, une angoisse de castration fil rouge, une ambivalence filigrane, ou un Œdipe en friche renforçant le soupçon. Son boulot requérait plus d’empirisme et il se gaussait suffisamment de ces cocos pour ne pas donner dans leurs travers. Quelques lignes d’Otis indiquaient sa méfiance envers les élans sentimentaux trop idéalisés. Le romantisme exagéré tourne vite au sentimentalisme. Certaines blondes platine aux allures d'archange illustraient les dangers de la dérive, Barlow en convenait.

Il s’intéressa aux deux cartes de tarot. Elles ne se trouvaient pas là par hasard. A quels endroits du puzzle devait-on les emboîter? Il décida de se plonger quelques minutes dans un bouquin déniché sur la tablette : "Le Tarot de Marseille". Cela pourrait peut-être s’avérer utile à l'aube de sa retraite. La cartomancie devait être bien plus lucrative que son job. Après avoir consulté l’index, il se reporta aux descriptifs des deux lames qui étaient tombées du bouquin :

L'hermite, arcane IX - Arbre d'apprendre de l'Age adulte. Le NOM fait référence au sage qui s'est retiré du monde pour se consacrer à la méditation. Il cherche une réponse qui ne saurait venir dans la précipitation du quotidien. Parce qu'il sait prendre son temps, il est hors d'âge. L'IMAGE montre un vieil homme qui tient un bâton de sa main droite et une lanterne dans sa main gauche. Le bâton (énergie) est de couleur chair (la Terre) : l'Hermite s'appuie donc sur les énergies de la Terre pour découvrir la loi. Il regarde la loi de "la Justice" aidé de sa lanterne. Il faut du temps et de l'application pour comprendre et pour chercher! À l'age adulte, on n'est plus naïf. On sait qu'il faut de la patience et de l'application pour apprendre le mode d'emploi de la vie. Il sait qu'il ne perd pas grand chose en laissant le manège du monde tourner sans lui.

 


La Tempérance, arcane XIV - Arbre de se reposer de l'Age adulte. Le NOM fait référence à la vertu qui modère les désirs trop impatients et les passions trop aveuglantes. On ne confond plus vitesse et précipitation, on peut user de tout sans abuser de rien. L'IMAGE montre une femme avec des ailes qui fait circuler le flux entre deux récipients. En latin "Temperare" signifie mélanger ou doser en harmonisant. L'énergie cosmique, blanche, circule bien entre les deux vases rouges et bleus, entre activité et réceptivité, Conscient et Inconscient, principes féminins et masculins. On est à l'âge adulte, toutes les énergies sont maintenant en place, bien maîtrisées, assumées sans réserve, sans démesure ni refoulement. La femme est sereine sur l'aboutissement des choses et s'en réjouit d'avance. Cette lame est de bon augure pour les artistes et les écrivains ou pour tous ceux qui souhaitent appréhender autrement un projet. On peut avoir confiance dans l'évolution harmonieuse des choses et dans le fruit promis de l'amour, du moment qu'on a maîtrisé ses énergies.
Dans la marge, des annotations manuscrites, probablement de la main de Louis Otis: « La chanson de Page m'avait toujours turlupiné, ainsi que l'image intérieure de la pochette du disque. Sans doute un bout d’explication. Bon pour les écrivains! SVP, le numéro de téléphone de la femme de lumière pas trop tempérante tout de même… »

Bof, Barlow n'était guère convaincu par ces galimatias de diseuse de bonne aventure. Quoi qu'il en soit, il était clair que sa cliente avait parfaitement raison : Louis Otis avait bel et bien éparpillé Hugo et Nico au milieu des sables dans sa dernière nouvelle. Celle-ci laissait transparaître le peu de goût de l'écrivaillon pour l' «american way of life». Un européen de plus qui vitupérait contre les travers du Nouveau Monde. Barlow n'était pas un défenseur aveugle des idéaux naïfs du rêve américain mais il appréciait le spectacle varié et chatoyant que lui offrait le pays de la libre entreprise. Il était en France depuis peu, et trouvait déjà le vieux continent étriqué et sans surprise. De plus, l'hiver dans l'Est de la France était détestable. Le soleil de la Californie lui manquait déjà. Il n'était pas mécontent de savoir que sa traque allait le conduire vers l'extrême Sud de l'Italie. Ses aïeux étaient grand-bretons. Ceci pouvait expliquer son aigreur envers la Lorraine de Jeanne. Avant de quitter la pièce, Bob jeta un regard sur les photos à droite du bureau, juste au dessus d'une collection de pipes. Otis aimait ses enfants à l'évidence: un pêle-mêle affichait nombre de leurs clichés. La femme qui tenait dans sa main ce magnifique chaton chinchilla, sans doute sa compagne, avait du charme. L'auteur des nouvelles ne pouvait pas être une crapule intégrale. Il aimait ses enfants, appréciait les belles femmes, semblait adorer les chats et fumait probablement occasionnellement la pipe. Barlow fourragea dans la poche de son manteau à la recherche de son calumet préféré. Il utilisa le "Zippo" du bureau comme boutefeu puis tira quelques bouffées en contemplant l'aquarelle marine sur laquelle on distinguait en frange de rivage une petite femme flamme qui remontait la plage.

Barlow débarqua le lendemain à Catane, tard dans la soirée. Il prit le dernier bus pour Taormina. Le décalage horaire dont il avait bien du mal à se défaire, une journée harassante à Paris, l'inconfort des transferts, il somnola pendant la quasi totalité du trajet. Une nuit de plomb au creux d'un lit douillet du "Villa Paradiso" le remit à flot. En milieu de matinée, après avoir petit-déjeuné dans sa chambre, Barlow descendit dans le hall de l'hôtel. Le réceptionniste lui confirma que Louis Otis avait pris pension pour quelques jours dans cet établissement de la Via Roma. Il l'avait vu partir à pied dès l'aube après avoir demandé les horaires du téléphérique. Muni d'un plan de la ville, Barlow partit à la recherche de la Via Pirandello où se trouvait la station haute.

Le seuil de l'hôtel à peine franchi, l'américain reçut un direct de poids lourd au plexus. La transition était drastique. Contraste des lumières, des couleurs, des senteurs et des sons. Pâle soleil givré du nord de la France contre ardent soleil méridional. Camaïeu de grisaille et d'ocres contre large éventail de couleurs vives et chaudes. Odeurs d'échappements et atmosphères confinées de couloirs de métro luisant, contre senteurs méditerranéennes intenses et variées. Vacarme impersonnel et stridences d'une cité affairée, contre voix amènes et musicales d'autochtones volubiles en palabre dans une ville inspirant le touriste à la musarde. Les balcons des maisons croulaient sous les géraniums lierres multicolores et les bougainvilliers purpurins. Les terrasses disparaissaient derrière les lauriers roses et les bacs de citronniers et d'orangers chargés de fruits. Les rocailles et les murs de pierre des ruelles abruptes étaient truffés de cactées variées dont certaines arboraient d’immenses fleurs écarlates. Les étals et devantures des commerces offraient à foison les spécialités locales : fruits confits en pléthore, norias de poivrons et de kumquats multicolores, essaims de figurines chatoyantes en pâte d'amande. Un printemps chaud et bruissant s'imposait déjà ici. Quel plaisir de flâner à pareille heure. Définir précisément le style architectural de la ville était une gageure. Se côtoyaient pêle-mêle les tendances les plus opposées en une surprenante harmonie. Les inspirations grecques, romaines, byzantines, arabes, andalouses et gothiques s'interpénétraient avec bonheur. Cet heureux compromis prônait à l'évidence les bienfaits du métissage et de la tolérance culturelle. Le monde antique, ce n'était pas la tasse de thé de Barlow. Cependant, les vieilles pierres et les effluves qu'elles continuaient à exhaler au delà des siècles lui apprenaient plus sur l'art de vivre des anciens que l'ouvrage le mieux documenté. Il était évident que cette ville avait été de tout temps un objet de convoitise pour les colonisateurs successifs qui n'avaient pas manqué d'y trouver un petit paradis.

L'anglo-saxon fraîchement débarqué se trouvait lui aussi en plein "innamoramento". Les sens chavirés, il en oubliait peu à peu sa mission. Une erreur d'aiguillage le jeta sur la Piazza del Duomo. Le parvis de la sévère cathédrale aux tours crénelées était orné d'une fontaine baroque dont les d'hippocampes et les angelots faisaient escorte à une étrange statue: un centaure mi-femme mi-taureau. Cette chimère minérale symbolisait à merveille la passion amoureuse mélange de créativité céleste et de pulsion animale. Cette flamme porteuse de libérations collectives ou individuelles, réceptacle de l'esprit et de la beauté se dévitalisait d’un coup, coupée de ses racines telluriques. La femme flamme s’étiolait et sa face radieuse tournée vers le firmament piquait du nez si on l’amputait de son corps musculeux d'animal fougueux. On sentait celui-ci gorgé d'une sensualité copieusement évoquée par les lourds attributs caudaux. Certains observateurs avaient, paraît-il, poussé la hardiesse jusqu'à prétendre que cette statue avait inspiré quelque esthète du début du siècle dont l'inconscient était entré en résonance avec le symbole d'une toute autre manière. Comme quoi tout être possède bien en lui une part masculine et une part féminine quel que soit ses goûts amoureux? On pouvait voir aussi dans cette statue une réplique du Sagittaire, mi-humain mi-animal lui aussi, dont l'élan terrestre se poursuit infailliblement en une trajectoire céleste indiquée par la flèche qu'il décoche vers les étoiles.

Barlow continua son chemin à mille lieues de ces interprétations d’esthète. Il finit par déboucher dans la Via Teatro Greco. Poussé par la curiosité, il s'engagea à l'intérieur de l'édifice monumental laissé par les Grecs peu avant l'ère chrétienne. Arrivé au sommet des gradins, notre homme reçut le coup de grâce. Le panorama était somptueux. On dominait la ville et ses ruelles. En contrebas, la côte déroulait son feston effrangé d'anses et de criques piqueté d'îles baignées par une mer déclinant la gamme allant du cobalt à l'émeraude. C'est sur ces rivages qu'Homère et Virgile avaient fait louvoyer un temps leurs héros. Barlow dominait Charybde, ses récifs et ses gouffres, et distinguait Scylla à courte distance, de l'autre coté du détroit de Messine, au large des côtes calabraises. Raison Passion, deux continents qu'on croît séparés par les eaux alors qu'ils sont reliés sous les flots par la croûte terrestre. Naviguer trop proche ou trop continûment le long de ces littoraux acérés faisait courir le risque d'un proche naufrage. Il faut apprendre à louvoyer entre ces deux intégrismes. Passion et Raison sont les deux comburants de la vie. Trop de Raison le moteur cafouille, trop de Passion il explose. Dominant les arches monumentales du portique du mur de scène, le cône majestueux de l'Etna faisait admirer ses neiges couronnées en cette fin de matinée d'un panache éruptif. Belle allégorie. Le feu sous la glace, la passion incandescente bridée, prête à déferler sur les terres boisées pour les fertiliser après le saccage.

La brique rose de la Rome Antique conquérante s'alliait merveilleusement au marbre blanc de l'Athènes humaniste dans ce bel amphithéâtre. Quelques touristes parcouraient les gradins ruinés, mais c'était la population féline qui régnait véritablement sur les lieux. Languides, des chats se prélassaient un peu partout au soleil. Un gros matou à la fourrure léonine vînt se frotter aux jambes du détective. Alors que Barlow lui flattait le dos, il entendit une voix dans son dos. Quelqu'un s'adressait à lui en Anglais : « Vous aimez les chats ? »
- Oui, c’est vrai. Mais j'ai à ce point le profil de l’amerloque pour que vous vous adressiez à moi dans ma langue, sans hésiter ?
- Le feutre mou, le costume anthracite et la cravate noire, il ne manque que le grand imper pour qu'on soit face au privé de "pulp fictions". Vous faites fort reconnaissez le!

Barlow ne put s'empêcher de sourire. N'ayant aucune raison de cacher son identité, il serra la main de l'intervenant et partit du rire complice dont il aimait user pour ferrer l'interlocuteur.
- Barlow, Bob Barlow, privé à Los Angeles.
- Vous voyez, j'ai mis en plein dans le mille ! Luigi Attore… Votre secteur s’étend jusqu’en Sicile ou vous faites du tourisme ?
– Encore plus baroque que ça ! Je recherche un frog en goguette ici. Vous êtes peut-être du coin ? Savez-vous où se trouve la gare du téléphérique qui descend à Mazzaro.
- C'est dans une rue parallèle, tout près d'ici. Si vous voulez, je vous y accompagne.
- Volontiers, c’est sympa. Qu'est ce qui se passe en bas près de la scène? On monte un théâtre de marionnette?
- Oui c'est ça. Une troupe de l'île prépare le spectacle de demain. C'est une tradition sicilienne qui remonte au Moyen-âge. On y voit souvent de preux chevaliers carolingiens, bons chrétiens, occire l'infâme Sarrasin. Les spectacles les plus prisés sont ceux dans lesquels Arlequin, l’amateur de jolies femmes, pactise un temps, contre une bourse bien garnie, avec Pantalon le vieux marchand crédule qui tente désespérément de masquer son age pour séduire la jeune Colombine. Capitan le fanfaron, Polichinelle le bossu sadique, Docteur le pédant phraseur et son latin de cuisine, Pierrot le serviteur rêveur et maladroit font parfois aussi partie du spectacle. Chaque fois, le charme et l'esprit de Colombine finissent par vaincre bêtise et cupidité. La Comédie grecque moderne, le théâtre de Plaute, la Commedia dell'arte, Molière, Marivaux, et Chaplin chez vous, ont tous pioché dans ce registre de personnages. Les Italiens ont toujours eu l'art de se moquer de leurs travers. Pour eux la vie est une vaste farce dont il faut rire avant tout. Les colons grecs les ont aidés portant déjà en eux l’esprit de Zorba : « La vie est trop courte pour la gâcher avec des soucis pesants et dérisoires! ».
- Au fait, pourquoi pistez-vous ce mangeur de grenouilles en Sicile, si ce n'est pas trop indiscret?
- Un peu compliqué. Un règlement de compte entre personnages de fiction et leurs créateurs.
- Ouh là ! Un vrai souk !
- Non ! une vengeance à l’encontre d’un irresponsable qui a éparpillé le chéri de ma cliente. Je dois lui demander des comptes.
- Attention! Ça va énerver l'auteur de notre nouvelle un truc pareil !

Un pressentiment glacé parcourut soudain l’échine de Barlow. Ne se faisait-il pas trimballer depuis le début ? Qui l’avait sorti au juste du placard où il dormait depuis bien des années ? L'éclair d'un instant, Bob se départit de son flegme légendaire. Luigi Attore le comprit bien qui le convia à le suivre sans le laisser s'absorber plus longtemps dans ses réflexions: «Andiamo a la spiagga, Signore Barlow. On part à la recherche de votre homme ! À moins que vous ne vouliez plus de moi? »

Barlow travaillait toujours en solo, mais, en pays étranger, l'appui d'un autochtone pouvait être utile, comme interprète, par exemple. L'homme du théâtre, il lui donnait environ quarante cinq ans, sourire jovial crâne dégarni, était physionomiste. À deux, cela augmentait les chances de repérer Louis Otis. Barlow sortit de sa poche la photo que la vieille mère avait bien voulu lui remettre. Il la montra à Luigi : "Vous recherchez mon frangin"
C'est vrai qu’Attore avait un air de famille avec l’homme de la photo. La remarque de l'italien pouvait être particulièrement rouée. Le coup serait joli ! Barlow chasseur qui devenait chassé. Il décida de garder l'hypothèse en stand by et de se tenir sur ses gardes. De la cabine du téléphérique, la vue sur la côte était splendide. On quittait les hauteurs de la ville pour un trajet de quelques minutes en direction de la plage. Désormais, les deux hommes se trouvaient en bordure de mer, assis à la terrasse d’un café pour se désaltérer, avant de passer le secteur au peigne fin. Il ne fallut pas cinq minutes avant que Barlow ne ramasse un nouvel uppercut. Un serveur vint le trouver avec un téléphone sans fil : " Signore Barlow? Per favore. "

Qui pouvait bien savoir qu’il se trouvait ici à ce moment précis ?
" Barlow, Louis Otis à l'appareil ! Impossible pour un personnage de roman d’obtenir un tête à tête avec l’auteur. Comment écrire et jouer son propre personnage en même temps ? Barlow tenta d'interrompre Otis sans succès. Bien sûr, il entendait une voix enregistrée ! J’ai du créer un personnage qui me ressemblât un peu. Vous avez deviné, Luigi est ce quelqu’un. Attendez un peu avant d’engager la partie avec lui. Il n'est au courant de rien et je n'ai pas encore écrit ses dialogues. Je manque cruellement d'inspiration depuis quelques mois. Et puis…, le ciel est bleu la mer est verte, laissons encore un peu la fenêtre ouverte."

Luigi avait observé le changement de physionomie de Barlow. Il commanda rapidement deux Gimlets bien tassés pour son compagnon et deux Martini secs pour lui. Il était clair que les choses allaient se compliquer.

L'alcool devait avoir sa part de responsabilité. L’élan en direction des cimes de la culture s'amoindrissait. Les deux personnages donnaient désormais clairement dans le registre macho imbibé du Café du Commerce. On rudoyait peu à peu la femelle, on dégoisait sur la fatale espèce envers laquelle les deux pochards semblaient avoir quelques motifs de rancune dissimulés. Les qualificatifs colorés flamboyaient. Le respect des oreilles sensibles du lecteur amène le narrateur, l'auteur s'étant éclipsé, à édulcorer les propos. Nous dirons que les femmes se virent dotées de qualités incomparables : sommets d'inconstantes, expertes en fourberies, parangons de vénalité, pauvres choses superficielles, monstres d'ingratitude, vecteurs constants de zizanie, comédiennes outrancières, simulatrices professionnelles. Extrait d’une tirade non censurée illustrant le ton qu'avait pris la conversation: « Casses couilles de première, oui les garces, enfumeuses de compétition, craqueuses d'élites. Elles ont l'arme absolue. Expertes dans l'art de se mentir à elles-mêmes et à se filer l'absolution à la va vite, elles jouent les pleureuses à vous faire pâmer Sarah Bernard. Violonistes prodiges, elles insinuent en virtuoses la culpabilité dans le mental des bonshommes sous influence. Ils seraient tour à tour des monstres d'égoïsme qui leur volent les plus belles années de leur vie, des minables à l'imagination de brontosaures qui ne pensent qu'à les sauter. Pignoufs lubriques, nous les hommes (version Iglésias) ? Poupées de chiffon, ouais, entre les mains diaboliques de ces hyènes à la perversité sans bornes."

C'est clair, les deux éponges ne faisaient plus dans la dentelle. Les adulateurs du beau sexe, la bouche dégoulinante d'une verve romantique en certaines occasions, montraient désormais un tout autre visage, l'alcoolémie grimpant. L'effet de meute fonctionnait, même si celle-ci était réduite au plus petit nombre. Au son de l'hallali, gueules de braillards et babines retroussées découvrant des crocs luisants, les molosses était en pleine curée.

Si parfois, ça les gène et qu'elles veulent pas / qu'on regarde leurs guibolles les garçons s'affolent /Alors faut qu'ça tombe / Les hommes ou bien les palombes,/ Les bières, les khmers rouges / Le moindre chevreuil qui bouge / Fanfare bleu blanc rage / Verres de rouge et vert de rage / L'honneur des milices / Tu seras un homme mon fils.

Avec entrain, on tirait par les cheveux les sorcières vers le bûcher avec le même enthousiasme qu'on les avait encensées et statufiées en d’autres temps. Quelques verres plus loin encore, pas une ne valait le fagot pour les brûler. Ils ne trouvaient plus de pierres assez acérées pour lapider les gourgandines et abjurer le réflexe funeste qui les faisait sans cesse se pencher comme de pauvres automates pour regarder sous les jupes des filles. Le vieux lion macho de "la Cité des Femmes" trinquait à leurs cotés, la carabine chauffée à blanc, prêt à faire feu sur la première femelle qui se présenterait.

Soudain, Luigi stoppa net. Pointant son visage en avant, il incita Barlow à faire de même. Chez un auteur qui mériterait d'être mieux connu, les terrasses de café se prêtent régulièrement aux mirages. Au travers des canisses de la pergola, la lumière perçait blanche et vive. L'atmosphère devenait irréelle. Les bruits s’estompaient et on n'entendait plus un son. Marcello, costume sombre et lunettes noires, monta sur les planches de la terrasse. Désinvolte comme à son habitude, il vint s'asseoir à califourchon sur une chaise. Avec sa moue ironique, un tantinet désabusée, le coude appuyé au dossier, il observait fasciné une jeune fille brune qui dansait avec grâce devant un vieux juke-box. Sa jupe volait, ses cheveux virevoltaient. Elle souriait tout à ses pensées qu'on imaginait radieuses. Elle avait mis « Come prima »

Come prima, tu me donnes tant de joie
Que personne ne m'en donne comme toi, C'est ta bouche qui m'apporte ma joie de vivre… Moi je t'aime comme on aime qu'une fois …"


Midi vibrait en noir et blanc. Ciel gris pâle, Mer gris perle, mouettes opalines, filaos virant à l’anthracite mat. L'ange aux cheveux sombres tournoyait sur la piste, sourire au ciel, lèvres mi-closes, sorti tout neuf de la chrysalide du premier amour. Marcello rêvait, Marcello revivait ses souvenirs. Claudia dansait devant lui, Claudia chantait pour lui. Midi lavait l'amertume et les taches de désespoir de la longue folie de la Dolce Vita. La fille dansait dans les rayons de lumière crue. Un souffle amoureux animait sa poitrine. Son corps attendait l’aimé. D’autres personnages montaient sur les planches. Luigi Otis dansait avec Elsa, noyé dans son regard. Bob suivait l'ombrelle de dentelle blanche et les volants froufroutants de la fille de Ryan.

"Come prima, tu me donnes tant de joie, que personne ne m'en donne comme toi..."

La fille portait dans ses yeux le feu sacré qui ne brûle qu'une fois. Marcello rêvait, Marcello souriait, Marcello savait que ce feu laissait la vie durant un souvenir intense qui pousse à retrouver la femme de lumière qui ravivera la flamme. L'amour absolu est le feu de l’adolescence.

Barlow tapa sur l'épaule d’Otis : «Alors, on écrit la vérité, ou, la vérité c'est ce qu'on écrit. Pourquoi as-tu fais mourir Hugo? »
- Une métaphore : l'abandon de la passion adolescente.
- Foutaise, l'aveu caché de la perte de l'inspiration, le suicide de ton imaginaire. Les personnages manipulent autant les auteurs que ceux-ci les manipulent. À leur insu, ils les guérissent parfois d’un mal mystérieux.

Federico en tête, la parade d'un orchestre de cirque traversa la piste. Marcello leur emboîta aussitôt le pas tout en prenant le bras d'Elsa. Acteurs, êtres chers, figures du souvenir, personnages imaginaires, grandissaient la chenille. Hugo, Luigi, Louis, L'Hermite, La Tempérance, Chandler, une blonde inaccessible, deux jumelles, une grenouille, un bouton d'or, une poupée gonflable, Jim Morrison, une femme aux petits yeux noisette, entraient dans la sarabande.

La fille qui danse dans la lumière tendit le cou et se dressa sur la pointe des pieds. Elle venait d'apercevoir au dessus de la farandole le garçon qu'elle attendait. Il courrait à perdre haleine le long de la grève, bondissant au dessus des vagues qui effrangeaient la plage. Elle partit comme une flèche à sa rencontre pour fondre dans ses bras et crier : "Hugo, tu en as mis du temps pour enfin me revenir."

L'instant d'un éclair on vit Paul Newman caramboler le losange multicolore des boules de 9 Balls. L'instinct vital, la hargne ricaine il en fallait aussi pour avancer. Hugo allait mettre une tôle aux petits frimeurs.
Barlow clignant de l'œil demanda à l’auteur: " Alors, vieux crabe ?"
- Rock & Roll, vielle fripouille ! Hé, hé ! Me revoilà !



Pierre TOSI - Septembre 1999


Raymond CHANDLER, créateur du personnage, et détective privé, Philip Marlowe


Liste des nouvelles du recueil

Note:
ce texte ancien revu et corrigé appartient à 
un recueil de nouvelles intitulé "Hugo, l'amoureux transit". Elle sert aussi de guide pour la reconstitution d'un puzzle dont les pièces sont les nouvelles précédentes. En effet, la fin pourrait paraître énigmatique au lecteur qui commencerait par celle-ci...

2 commentaires:

  1. Si Louis Otis a perdu son imagination, ce n'est pas le cas de Pierre T...
    bravo !
    Noëlle

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  2. Noëlle> Merci d'avoir pris le temps de te plonger dans cette nouvelle. Parmi ses thèmes, le cheval de retour de la part autobiographique dans l'écriture romancée y caracole. Un substitut du "Philip Marlowe" de Chandler traîne dans cette nouvelle à la recherche d'indices. Quelques-uns peuvent avoir échappé à sa sagacité. Tu en as probablement déniché un dans une anagramme, accolée à mon second prénom, ça tu ne pouvais pas le savoir. Je viens de découvrir que la fille qui danse dans la lumière, empruntée au film de Fellini "La Dolce Vita" tout comme une part de l'épilogue à son "Otto e mezzo",est née le même jour du même mois en "8" que l'auteur de la nouvelle. On n'en finira jamais dans cette enquête...

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