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mercredi 24 novembre 2010

Pour les vieux c....



Le chat de Philippe Geluck

"Old persons have the advantage that they are sure, at least, to have been young. Instead, no young person is sure to become old, one day."


Un présumé étudiant, dans un autobus plein à craquer, prit le temps d’expliquer à un monsieur âgé assis à ses côtés pourquoi la vieille génération ne peut pas comprendre celle des jeunes:

- Vous êtes nés et avez grandi dans un monde différent, presque primitif , dit-il d'une voix assez forte pour être entendue par tous. Nous, les jeunes d'aujourd'hui, nous avons grandi avec internet, la télévision, les jets, les voyages dans l'espace, l'homme ayant déjà marché sur la lune. Nos sondes spatiales ont visité Mars, nous avons des bateaux à énergie nucléaire et des ordinateurs qui calculent quasiment à la vitesse de la lumière. Et encore plus...

Après un bref silence, l'homme âgé lui répondit :

- Tu as raison jeune homme, nous n'avions pas toutes ces choses quand nous étions jeunes, par conséquent nous les avons inventées. Et maintenant, dis-moi, toi, ce que tu prépares pour la génération suivante qui t'expliquera pourquoi tu ne comprends pas les jeunes ?

jeudi 18 novembre 2010

Remaniement




Pantalon, personnage de la Commedia dell'arte - Provenance: Wikipédia




Doit-on pousser sa maîtrise de la tolérance jusqu’à l’ascèse? Faut-il convenir, comme d’aucuns l’affirment, qu’il fait bel et bien jour alors qu’on se trouve plongé au cœur d’une nuit sans lune? Libre à moi, en fait, de penser en mutin et de me demander, un brin chafouin, si le parangon, la quintessence de l’insignifiance, n’est pas tout bonnement le spectacle que nous donnent certains journalistes politiques, excités comme des puces et baignant dans leu jus, à l’annonce d’un prochain remaniement ministériel. Il est clair, même en pleine nuit, à les écouter et à les voir se dandiner de la sorte, qu’un manque total de personnalité mis au service d’une propagande qu’ils semblent ignorer est à la base de leurs comportements médiatisés bien étranges.

En fait, ne se trouve-t-on pas ici face à une simple variante dans son objet du besoin irrépressible qu’ont nombre de nos contemporains de s’enticher d’une quelconque idole, d’un mentor ou d’un gourou, pour donner sens à leur vie et les suivre jusqu’aux confins d’une addiction ouvrant au monde exquis de l’esclavage? Cherchent-ils, de la sorte, à se donner bonne contenance ou bon tonnage, à se gonfler d’importance, par la simple évocation des noms de leurs idéaux incarnés, pour les plus assujettis, le Jardin d’Eden où ils sont censés nous mener, pour les plus dévots. Lèvres gourmandes, ces gastronomes avertis de la restauration rapide nous proposent, tremblants d’émotion, le menu probable que sont en train de nous concocter les illusionnistes des hautes sphères politiques.

Mon copain Riton m’a toujours affirmé que c’était avouer qu’on s’emmerdait ferme à la maison que de se lancer un jour en politique. Que penser alors de nos serviteurs zélés de l’information qui suent le désir caché d’appartenir un jour à la caste idolâtrée, ou ragent, sans pour autant entrer en dissidence, de devoir se cantonner au rôle subalterne de messagers des dieux? Dans l’heure qui précède l’annonce solennelle et officielle, par l’endive commise à ce faire, des futurs séides ayant remporté le portefeuille garni à la Grande Tombola, ces instruments de la propagande, non contents de nous repasser à chaque fois le sketch élimé aux manches du meilleur pronostiqueur entre confrères spécialisés dans la daube, imaginent pouvoir nous tenir en haleine. Si l’on ne se trouve pas ici en plein reportage bateau – ceux qui demandant une imagination débordante comme pour les grands départs en vacances, l’arrivée du Beaujolais nouveau, les rentrées scolaires, ou l’augmentation du prix de la baguette - détrompez-moi vite?

Ces courtisans frétillants de la queue, alors qu’ils s’autoproclament spécialistes politiques, n’imaginent probablement pas une seconde que le spectateur ne puisse pas se trouver portés aux nues au décours de leurs subtiles arguties tactiques de stratèges napoléoniens, de leurs emportements magistralement contrefaits, de leurs abandons feints mimant piteusement l’extase, pour nous faire durer à ce point un suspens poussif au sujet d’une affaire qui n’agite en fait qu’un microcosme d’affairistes et d’énarques au comble des jeux d’intrigue, épiçant le clair brouet quotidien de leurs vies de quiche, à l’occasion de ces pantalonnades de grand théâtre burlesque.

A propos du personnage de Pantalon, Pantalone, de la Commedia dell'arte: lien Wikipédia