mercredi 29 novembre 2006

Ils sont fous ces romains !

Les historiens se sont perdus dans les théories concernant la naissance du peuple étrusque fondateur de la cité de Rome. L’explication de Massimo Pallotino, spécialiste reconnu de cette civilisation semble pertinente: « Le défaut des théories sur les origines des Étrusques nait du fait qu'on s’est attelé à un problème concernant la provenance alors qu'il ne s'agissait que d'un problème de formation ethnique".

Son apparition serait le résultat de l'intégration de différents éléments ethniques, culturels et linguistiques intérieurs et extérieurs sources d'une culture et d'une tradition nouvelles et spécifiques. Le mythe de la fondation hellénique par des descendants d’Enée ne serait qu'une récupération à visée mythique fruit de l’admiration un tantinet complexée des romains pour la grande rivale athénienne tombée sous son joug. Assimiler sans anéantir plutôt que diviser pour régner serait la maxime à retenir dans cette histoire. Exit l’image d’Epinal : le despotisme romain, ses tyrans sanguinaires imposant à coups de glaives leur religion et leur culture à un Empire monolithique. Que resterait-il en fait de la civilisation romaine si elle ne s’était imposée que par la force? Peu de choses sans doute.

Le propos de mon billet d’octobre (huitième mois du calendrier Julien) porte en fait sur ce sujet d'actualité brulant. On pourrait y voir un mauvais jeu de mots en ce mois anniversaire de l’embrasement des banlieues « aux quatre coins de l’hexagone » pour reprendre cette formule journalistique calamiteuse aux antipodes de la géométrie de base. Nous avons gardé des latins bon nombre de leurs acquisitions : au premier chef, leur alphabet et une foultitude de racines étymologiques communes à de nombreuses langues européennes. Ajoutez les à celles héritées des Grecs sans qu’aucune académie de l'époque ne s’en courrouce et vous raflez la mise. Même dans le domaine religieux, les Romains, peu enclins à se raidir sur leurs traditions, se sont fait les apôtres d’une religion monothéiste qui a fait flores. Hautement présents dans tout le bassin méditerranéen aux temps de l’expansion des principales religions monothéistes (le premier essai de monothéisme remonterait au pharaon Aménophis IV), ils ont su assimiler les mutations des grands courants d'idées qui allaient modeler la civilisation moderne. La chose publique mâtinée de quelques principes de démocratie à la grecque se sont elles aussi imposées peu à peu comme modèles politiques à succès. Dans le domaine des Sciences, des Arts, de l’Architecture et de l’urbanisme, nombre des avancées romaines, elles aussi enrichies au contact des civilisations annexées, ont permis à l’Empire de laisser perdurer sa trace bien après sa chute.

Voies romaines, culture de la vigne, techniques architecturales, modèles administratifs, art de vivre, autant de domaines dans lesquels subsistent en France, l’empreinte de ces fameux envahisseurs qui plutôt que de laminer la Gaule après sa conquête ont donné naissance à la civilisation gallo-romaine. Dans l'affrontement Christianisme - Islam dont le paroxysme a lieu à l’époque des croisades, le raffinement de la Renaissance italienne semble avoir mis un temps un frein à l’escalade. L’attitude romaine à l’égard des pays conquis eut l’heur de servir les deux camps. Passer de la haine au respect ou à l’admiration, ne serait-elle pas la bonne idée pour nous faire perdre la peur de l’étranger qui comme nous le savons est en nous ?

"Bonum vinum latificat cor hominis" : je vais aller m’ouvrir une bonne bouteille à déguster avec une pizza devant le match Lugdunum - Nancy pour perpétuer le rite des jeux du cirque, héritage douteux il est vrai de la Rome Antique : « Panem et circenses ». Si Nancy perd, cela ne m’empêchera pas de manger fissa dans mon alcôve en plein zénith un couscous malgré le triste résultat formulé en chiffres arabes. Ces derniers ont inventé le zéro. Emprunt douloureux qui va cependant dans le sens de l’histoire !


Octobre 2006

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaire de :